Zabou the terrible

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Mot-clé - Poètes

Fil des billets - Fil des commentaires

mercredi, novembre 29 2017

Qu’est-ce qui vous donne votre vie ?

 

https://images-na.ssl-images-amazon.com/images/I/31mbYcVlwAL._SX350_BO1,204,203,200_.jpg

« Qu’est-ce qui donne du sens à votre vie ? », c’est la question posée au poète-narrateur dans ce petit livre… Il la dépasse, la décale, la fait sonner autrement pour livrer un ouvrage d’une petite poésie en prose à la saveur si spéciale de cet élan indicible vers l’Autre.

 

« Le travail : du néant. La pensée : du néant. Le monde : du néant. L’écriture qui est travail, pensée et monde : néant. Reste l’amour qui nous enlève de tout, sans nous sauver de rien. La solitude est en nous comme une lame, profondément enfoncée dans les chairs. On ne pourrait nous l’enlever sans nous tuer aussitôt. L’amour ne révoque pas la solitude. Il la parfait. Il lui ouvre tout l’espace pour brûler. L’amour n’est rien de plus que cette brûlure, comme au blanc d’une flamme. Une éclaircie dans le sang. Une lumière dans le souffle. Rien de plus. Et pourtant il me semble que toute une vie serait légère, penchée sur ce rien. Légère, limpide : l’amour n’assombrit pas ce qu’il aime. Il ne l’assombrit pas parce qu’il ne cherche pas à le prendre. Il le touche sans le prendre. Il le laisse aller et venir. Il le regarde s’éloigner d’un pas si fin qu’on ne l’entend pas mourir : éloge du peu, louange du faible. L’amour s’en vient, l’amour s’en va. Toujours à son heure, jamais à la nôtre. Il demande, pour venir, tout le ciel, toute la terre, toute la langue. Il ne saurait tenir dans l’étroitesse d’un sens ».

 

in Christian Bobin, Éloge du rien, éd. Fata Morgana, 1990.

dimanche, août 24 2014

Rends-moi fidèle

 

Vers la fin des vacances, prendre enfin le temps de finaliser ce petit choix, ce tout petit choix d’hymnes monastiques que je voudrais tellement léger qu’il puisse se glisser en format miniature dans un bréviaire sans y ajouter d’épaisseur. Pas grand chose, juste quelques textes particulièrement aimés dans lesquels on puisse puiser, à l’occasion, pour laisser plus de place à l’écoute du silence qui parle dans les mots.

 

En flânant à nouveau sur le site de la CFC (Commission francophone cistercienne), je retombe sur cette hymne-là et je la trouve décidément très belle : toute pleine de la justesse qu'a la sincérité d'un coeur pauvre, mais qui s'efforce de prier. 

 

Rends-moi fidèle (CFC – S. Marie-Pierre)

Rends-moi fidèle, Seigneur,

A ce fil d’espérance,

Et ce peu de clarté

Qui suffisent pour chercher.

 

Rends-moi fidèle, Seigneur,

A ce vin de ta coupe,

Et ce pain quotidien

Qui suffisent pour marcher.

 

Rends-moi fidèle, Seigneur,

A ce brin d’allégresse,

Et ce goût du bonheur,

Qui suffisent pour chanter.

 

Rends-moi fidèle, Seigneur,

A ton nom sur mes lèvres,

A ce cri de la foi,

Qui suffisent pour veiller.

 

Rends-moi fidèle, Seigneur,

A l’accueil de ton souffle,

A ce don sans retour,

Qui suffisent pour aimer.

 

 

mercredi, mai 21 2014

En argot, en poésie, en vie ?


En Argot

les hommes appellent les oreilles

des feuilles

c'est dire comme ils sentent que

les arbres connaissent la musique

Mais la langue verte des arbres

est un argot bien plus ancien

Qui peut savoir ce qu'ils disent

lorsqu'ils parlent des humains. 


Les arbres parlent arbre

comme les enfants parlent enfant 


Quand un enfant

de femme et d'homme

adresse la parole à un arbre

l'arbre répond

l'enfant entend

Plus tard

l'enfant parle arboriculture

avec ses maîtres et ses parents

Il n'entend plus la voix des arbres

il n'entend plus 

leur chanson dans le vent

Pourtant

parfois une petite fille

pousse un cri de détresse

dans un square

de ciment armé

d'herbe morne

et de terre souillée. 


Est-ce... oh... est-ce 

la tristesse d'être abandonnée

qui me fait crier au secours

ou la crainte que vous m'oubliiez 

arbres de ma jeunesse

ma jeunesse pour de vrai


Dans l'oasis du souvenir

une source vient de jaillir

Est-ce pour me faire pleurer

J'étais si heureuse dans la foule

la foule verte de la forêt 

avec la peur de me perdre 

et la crainte de me retrouver 


N'oubliez pas votre petite amie

arbres de ma forêt. 


in Jacques Prévert, "En argot...", dans Arbres, 1968. 


jeudi, février 6 2014

Adoration

"En la nuit heureuse 

En secret nul ne me voyant 

Ni moi ne regardant rien 

Sans autre lumière ni guide 

Que celle qui dans mon cœur brûlait 


Celle-ci me guidait 

Plus sûrement que la lumière de midi 

Au terme où l'espérait 

Celui que moi je savais bien 

En lieu où nul ne paraissait 


Ô nuit qui me guidas 

Ô nuit aimable plus que l'aube 

Ô nuit qui joignis 

L'aimé avec l'aimée 

L'aimée en l'aimé transformée [...] 



Je restai et m'oubliai 

Le visage appuyai sur l'aimé 

Tout cessa je m'abandonnai

Abandonnant mon souci 

Entre les lis oublié." 


Nuit obscure, saint Jean de la Croix

vendredi, mai 31 2013

Frémissement d’intensité poétique

 

 

 

Pour lancer une séance sur la poésie, j’avais eu l’idée de demander à mes élèves de réfléchir à un lieu « poétique », un lieu qui leur parlait de poésie, à chacun.

Je les avais laissés réfléchir quelques instants et puis je les avais interrogés, un par un.

 

Il y a ceux qui, à moitié pour m’épater, me donnaient des grandes villes « Venise ! Je rêve trop d’y aller ! » ou encore « Eh m’dame, la ville de Roméo et Juliette, là, j’sais plus comment elle s’appelle, où il y a les verrous, ça parle de passion ! »

Ceux qui rêvaient aux classiques « la plage sous les étoiles » ou « une belle mer bleue »,

Ceux qui osaient et me donnaient des lieux plus inconnus, plus personnels, aussi…

 

Ce garçon-là, je le sentais qui réfléchissait « à l’intérieur » et, son tour venu, il dit :

- Le bled.

Deux autres l’avaient déjà dit pour plaisanter mais, chez lui, on sentait que cela venait du cœur : bien, c’était ce que je cherchais, la densité de paroles. Il poursuivit d’ailleurs : « parce que, là-bas, c’est vraiment chez moi. ». 

Le tour de classe se poursuivit, entre belles pépites et mots hésitants.

 

Quand il prit fin, le même garçon me fixait toujours et me demanda :

- Et vous madame ?

 

Sans réfléchir, j’ai répondu :

- Les bords de Loire ; la lumière du soleil irisant l’eau et dansant sur les vieilles pierres… c’est beau !

- C’est là que vous avez rencontré votre copain ?

 

Ca m’a fait sourire.

Il ne pouvait pas savoir – d’autant plus que je n’avais pas « réfléchi » ma réponse – que, pour moi, quand je parle de poésie, je ne sais pas la séparer de Dieu ; comme je ne sais pas séparer Dieu de la poésie ;

Parce que Dieu est le grand poète de la vie ;

Parce que j’ai fait mienne cette belle phrase de Scholtus dans son petit Christianisme d’insolence : « se faire les poètes de la grâce à travers les opacités de la chair » pour en rechercher toujours plus la justesse.

 

Il ne pouvait pas savoir que, sans réfléchir, j’avais parlé de « mon » lieu, de cette abbaye où je viens respirer, souvent,

Me ressourcer, vraiment,

Chercher à toujours mieux grandir et vivre en Lui,

Contrepoint essentiel de silence de mes jours devant et avec eux,

Beauté de la nature à conjuguer avec celle de l’humanité.

 

Oui, ça m’a vraiment fait sourire et j’ai répondu :

- En fait… c’est surtout là que j’ai rencontré le grand amoureux de l’humanité.

 

Je ne crois pas qu’il ait très bien compris,

Mais finalement, je ne crois pas que c’était très important de dire exactement,

Car il y avait déjà eu cet espace d’un frémissement,

Le petit interstice subreptice où Il pouvait dire, écrire, l’au-delà des mots.  

 

jeudi, novembre 8 2012

Harmonies poétiques orantes

 

Longues corrections d’automne de ces non moins longues anthologies poétiques de mes élèves. Des beaux travaux, d’autres moins profonds ou trop désinvoltes mais, toujours et si souvent l’éblouissement devant ce petit miracle que constitue un texte poétique.

 

Et quand l’accord du texte se fait avec celui de notre cœur, il crée une profonde harmonie. Parfois, même, en Lui.


 

« Aucune marche

Aucune navigation

N'égalent celles de la vie

S'actionnant dans tes vaisseaux

Se centrant dans l'îlot du cœur

Se déplaçant d'âge en âge

 

Aucune exploration

Aucune géologie

Ne se comparent aux circuits du sang

Aux alluvions du corps

Aux éruptions de l'âme

 

Aucune ascension

Aucun sommet

Ne dominent l'instant

où t'octroyant forme

La vie te prêta vie

Les versants du monde

Et les ressources du jour

 

Aucun pays

Aucun périple

Ne rivalisent avec ce bref parcours:

 

Voyage très singulier

De la vie

Devenue   Toi. »

 

 

in Andrée Chedid, Poèmes pour un texte.

 

samedi, octobre 13 2012

Mains tendues : les miennes, les tiennes, les Siennes

 

Parce qu’en folâtrant dans ses papiers, on finit toujours par retomber sur de vieux textes, recopiés là comme ça, sans trop savoir pourquoi, à une époque indéterminée de notre vie. On ne s’en rappelle même plus vraiment. Un jour, on les retrouve, sous une feuille, par un concours de circonstances, et il deviennent étrangement loquaces. Au coeur. 

 

 

« La grâce des grâces serait de s’aimer humblement soi-même, comme n’importe lequel des membres souffrants de Jésus Christ.

Encore faut-il avoir appris ce que « tomber » veut dire, comme tombe une pierre dans la nuit de l’eau.

Ce que veut dire « craquer », comme un arbre éclate aux feux ardents du gel, sous l’éclair bleu de la cognée.

Que peuvent savoir de la miséricorde des matins, ceux dont les nuits ne furent jamais de tempêtes et d’angoisse ?

Qui n’a jamais tendu la main, en criant « au secours », ne sait pas qu’un autre main peut secourir.

Qui a tendu la main en criant « au secours », entendra le cri – silencieux – d’autres mains que la sienne.

Pour retentir à ces atteintes, il faut avoir vécu – et vivre encore – en haute mer, menacé sans doute, naufragé peut-être, mais à la crête des certitudes royales.

L’amour alors peut faire son œuvre, nous féconder, nous rajeunir, nous re-joindre.

Que nous soyons dans l’inquiétude, le doute et le chagrin ; que nous marchions, le cœur serré, dans la vallée de l’ombre et de la mort ; que nos visages n’aient d’autre éclat que ceux – épars – d’un beau miroir brisé. Un Amour nous précède, nous suit, nous enveloppe…

L’Inconnu d’Emmaüs met ses pas dans les nôtres et s’assied avec nous à la table des pauvres.

 

Malgré tous les poisons mêlés au sang du cœur, au creux de ces hivers dont on n’attend plus rien, rayonne désormais un invincible été.

Morts de fatigue, nous ne saurions rouler que dans les bras de Dieu.

Nous avons rendez-vous « sur un lac d’or » !

Le miroir est sans ride.

Du fond de toute détresse émerge un vrai Visage. […]

Du fond des terres où rayonnent ces images, le Père des Miséricordes ne cesse de s’engendrer des fils, sous le couvert annonciateur et fécondant de mains plus vastes que des ailes.

L’ombre d’un grand oiseau nous passe sur la face.

Les vrais regards d’amour sont ceux qui nous espèrent. »

 

P. Paul Baudiquey

 

 

lundi, octobre 8 2012

Un grain de poésie, semé au vent…

 

Si le grain ne tombe en terre... ?

 

  

 

 

"J’aurais tant voulu vous aider

Vous qui semblez autres moi-même

Mais les mots qu’au vent noir je sème

Qui sait si vous les entendez

 

Tout se perd et rien ne vous touche

Ni mes paroles ni mes mains

Et vous passez votre chemin

Sans savoir ce que dit ma bouche

 

Votre enfer est pourtant le mien

Nous vivons sous le même règne

Et lorsque vous saignez je saigne

Et je meurs dans vos mêmes liens

 

Quelle heure est-il quel temps fait-il

J’aurais tant aimé cependant

Gagner pour vous pour moi perdant

Avoir été peut-être utile

 

C’est un rêve modeste et fou

Il aurait mieux valu le taire

Vous me mettrez avec en terre

Comme une étoile au fond d’un trou." 

 

in Louis Aragon, « Le discours à la première personne », Les Poètes, 1960.

 

 

jeudi, juin 21 2012

Qu’est-ce que je dis ?

 


« Il répète trop : la foi, la foi, il s’accroche au mot comme à une bouée.

Quand on veut parler d’une chose, il faudrait ne pas la nommer trop vite. Les mots ne sont pas des objets.

La poésie seule pourrait faire deviner que le sens est au-delà et ne peut surgir que d’une rencontre, la rencontre de l’esprit chrétien et du Saint Esprit prisonnier dans la lettre. »

 

in Jean Sulivan, Consolation de la nuit

 

 

A lire, je me demande : qu’est-ce que je dis, quand je dis « Dieu » ?

Qu’est-ce que je dis, quand, témérairement, j’ose dire que je prie… 

 

 

Donne-nous et trouve en chacun de nous des poètes épris de Toi,

Te remettant, jetant en Toi d’un élan quotidien, écrits et cris,

Tentant de chanter et ne sachant, et ne faisant, que balbutier ;

Mais gracieux jusque dans leurs balbutiements porteurs de fragments étincelants,

Parce qu’échos, parce qu’éclats, dans leur vie, d'une rencontre impossible à contenir. 

 

 

mardi, juin 12 2012

Tel l'hysope ?


Au gré des révisions…

 

 


Asperges me

 

Moi qui ne suis qu'un brin d'hysope dans la main


Du Seigneur tout-puissant qui m'octroya la grâce,


Je puis, si mon dessein est pur devant Sa face,


Purifier autrui passant sur mon chemin.


 

Je puis, si ma prière est de celles qu'allège


L'Humilité du poids d'un désir languissant,


Comme un païen peut baptiser en cas pressant,


Laver mon prochain, le blanchir plus que la neige.


 

Prenez pitié de moi, Seigneur, suivant l'effet


Miséricordieux de Vos mansuétudes,


Veuillez bander mon coeur, coeur aux épreuves rudes,


Que le zèle pour Votre maison soulevait.


 

Faites-moi prospérer dans mes voeux charitables


Et pour cela, suivant le rite respecté,


Gloire à la Trinité durant l'éternité,


Gloire à Dieu dans les cieux les plus inabordables,


 

Gloire au Père, fauteur et gouverneur de tout,


Au Fils, créateur et sauveur, juge et partie,


Au Saint-Esprit, de Qui la lumière est sortie,


Par Quel ainsi qu'une eau lustrale mon sang bout...


 

Moi qui ne suis qu'un brin d'hysope dans la main.

 

Paul Verlaine, Liturgies intimes


jeudi, mai 10 2012

Si, toi aussi, ta vie quotidienne ne te semble pas tous les jours franchement méga poétique

 

 

 

De passage par ici, mes yeux s’arrêtèrent bien sûr – esprit de contradiction oblige – par là ;

Sur un calendrier délicatement posé en chevalet à la page du jour, on pouvait lire une simple phrase attribuée à Rilke :

 

« Si ta vie quotidienne te paraît pauvre, ne l’accuse pas, accuse-toi plutôt.

Dis-toi que tu n’es pas assez poète pour en convoquer les richesses. » …

 

Si ta vie quotidienne te paraît pauvre,

Et que tu peines, et que tu râles devant la feuille souvent grisâtre de la vie,

Demande Lui d’en convoquer toutes les richesses !

 

Si ta vie quotidienne te paraît pauvre,

Demande Lui de te faire prophète de Sa Beauté inaltérable,

De te faire poète de Sa grâce !

 

Demande Lui l’émerveillement pour, en tout, Le chercher,

Et, en étincelles cachées autant qu’en rayons éblouissants, L’admirer.

Demande Lui Ses mains pour agir,

Et pour, là où tu te trouves, ainsi L’écrire. 

 

Si ta vie quotidienne te paraît grise

Et que le monde semble crouler

Sous des malheurs bien trop grands

Pour tes pauvres petits moyens de petit poucet rêveur,

Demande Lui Ses yeux pour l’admirer ;

Demande Lui Son cœur, pour l’aimer ;

 

Tu l’enrichiras alors, ta pauvre vie quotidienne, 

Par toute ta pauvreté, donnée.

 

dimanche, mai 6 2012

L’exercice de la prière ?

 

 

  

 

 

Vous ne croyiez tout de même pas que le dimanche, c’était fait pour se reposer ? Sérieusement ? Bon, voilà un exercice pour vous et ne discutez pas !

 

 

« L’eau m’échappe… me file entre les doigts. Et encore ! Ce n’est même pas si net (qu’un lézard ou qu’une grenouille) : il m’en reste aux mains des traces, des taches, relativement longues à sécher ou qu’il faut essuyer.

 

Elle m’échappe et cependant me marque, sans que j’y puisse grand-chose.

 

Idéologiquement, c’est la même chose : elle m’échappe, échappe à toute définition, mais laisse dans mon esprit et sur ce papier des traces, des taches informes. »

 

 

Exercice :

·      Vous remplacerez « l’eau » par « Dieu »,

·      Et « aux mains » et « papier » par « au cœur »  dans cet extrait de « De l’eau », du Parti pris des choses de Francis Ponge.

Puis vous lirez le texte ainsi obtenu.

Vous avez même le droit de le relire, d’ailleurs.

 

Si le désir vous vient alors de prier,

De parler à Celui qui nous échappe et nous marque en même temps ;

N’attendez surtout pas que cela passe ;

Mais prenez-en votre parti, le parti de Dieu ! 

 

Car Il demeure en nous, et, bien qu’Il nous échappe,

Il laisse quelques traces, quelques indices étrangement familiers

Pour nous guider sur ce chemin d’apprentissage,

Ce chemin de disciple : demeurer en Lui.

 

mercredi, novembre 2 2011

Sur 
le chemin raboteux du salut, s'avance...

 

Qui ne connaît pas au moins de nom « la petite fille Espérance », si chère à Péguy ? Mais qui l’a lu(e) ? Qui est allé la quérir pour de bon dans ce livre au nom si étrange, presque rebutant de Porche du mystère de la seconde vertu ? Puis, qui a osé l’écouter pour apprendre à marcher avec elle ?

 

Au soir, quand les cierges sont allumés pour nos défunts, quand les êtres vacillent parfois au souvenir de chers disparus, quand la nuit se fait lourde et pesante alentour, lire quelques mots de Péguy. Ces mots pesants, répétés, martelés. Pour nous dire et faire entrer dans nos crânes tout hautains ce mot qui rime avec enfance : « Espérance ».


L'espérance, dit Dieu, voilà ce qui m'étonne.


Moi-même.


Ça c'est étonnant.


 

Que ces pauvres enfants voient comme tout ça se
 passe et qu'ils croient que demain ça ira mieux.


Qu’ils voient comme ça se passe aujourd'hui et qu'ils
 croient qua ça ira mieux demain matin.


Ça c'est étonnant et c'est bien la plus grande merveille de notre grâce.


Et j'en suis étonné moi-même.
 

Lire la suite...

dimanche, octobre 9 2011

Aux tons d’automne

 

« Une éternité de beau temps pèse aux membranes closes du silence, et la maison de bois qui bouge, à fond d’abîme, sur ses ancres, mûrit un fruit de lampes à midi

pour de plus tièdes couvaisons de souffrances nouvelles. »

 

Saint-John Perse, Poème à l’étrangère

 

Automne ;  

Dépouillement progressif des teintes visibles ; 

Retour progressif vers le plus intérieur où le Froid touche moins : 

Couvaisons de souffrances, couvaisons de joies, ou, peut-être plus justement, tout simplement, de tout ce qui sera…

 

vendredi, janvier 28 2011

"La Pensée est un espace étrange"

Poids spécifique 

Mots bouleversants. Que ta pensée s'achève
veut dire qu'elle doit s'épuiser dans les choses,
s'éteindre comme l'oeil,
dont le centre brillant nourrit le réel
et le transfigure,
sans le libérer pour autant des vibrations du temps humain. 

Mais quand le réel fonce sur moi de tout son poids,
il s'emplit de pensée, il sombre au fond de l'homme,
de cet homme que je connais si peu, tout en sachant
que je ne peux m'y disperser davantage,
la vision et l'Objet absolu l'ayant pour abîme commun.
J'en parle rarement, mais je sais alors
et le poids du monde, et mon gouffre. 

Karol Wojtyla 

vendredi, août 13 2010

Le square saint Jacques

            Dans La Croix d’hier jeudi 12 août figurait en dernière page un poème qui a attiré mon attention : il s’intitulait « le square Saint-Jacques », square dans lequel se trouve la tour de l’ancienne église Saint Jacques de la boucherie, point de départ de la via Turonensis du Chemin de St Jacques. C’est donc au pied de cette tour, alors en réfection, que je me suis lancée un jour de 2006 dans cette aventure qui, tronçon après tronçon m’amène toujours plus proche du tombeau de l’apôtre (cette année, départ début septembre pour quelques jours qui devraient nous mener jusqu’à Dax).

 

            Mais elle n’est pas que lieu d’un départ cette tour, elle est aussi cette fière architecture que j’aperçois dans mes nombreuses pérégrinations… parisiennes et qui n’est pas, pour moi, un simple bel édifice parmi toutes les merveilles qu’offre cette ville que j’aime. Car, au dessus de cette tour culmine une statue de St Jacques pèlerin, seule partie de la tour qu’on aperçoive d’ailleurs de loin. Elle me rappelle ma marche, elle me rappelle que je suis toujours en pèlerinage, sur la route de cette vie, ma vie, que je construis jour après jour, orientée vers Là-Haut ; et j’aime à croire que St Jacques, là-haut, veille à ce que je ne m’égare pas trop en chemin malgré les intempéries, avec l’aide et l’amitié de Celui qui fait route avec nous.

 

 


Paraît soudain la tour Saint Jacques,

Bloc de lumière taillée dans la pierre,

Son éclat neuf, substantiel et glorieux,

Rayonne de lui-même.

 

L’étoile de midi sculpte les arbres,

Modèle de clartés et d’ombres leur présence,

Et peint de tous les verts de l’été leurs feuilles

Se multipliant au vent.

 

Le jour me baigne, comme à l’origine.

Le soleil royal, dans ce square et au ciel,

Demeure pourtant muet.

J’écoute le silence, et l’aide à parler.

 

Michael Edwards

 

mardi, mai 25 2010

Au-delà ma fenêtre




Le ciel est, par-dessus le toit,
Si beau, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.

La cloche, dans le ciel qu'on voit,
Doucement tinte,
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit,
Chante sa plainte.

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.

- Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?

in Paul Verlaine, Sagesse

mardi, octobre 20 2009

Pensée inactuelle 2

               Quelques mots de Péguy qui se passeront de commentaires de ma part. 


Donne-moi de m émerveiller

« Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise pensée. C’est d’avoir une pensée toute faite. [...] Il y a quelque chose de pire que d’avoir une âme même perverse. C’est d’avoir une âme habituée. »

 

Charles Péguy

 

(cité dans Robert Scholtus, Petit Christianisme d’insolence, que je viens de terminer et que j’aime décidément beaucoup)

 

jeudi, mars 20 2008

Sourire de mots

 
" Les hommes parlent. Les hommes se sont mis à parler et le bonheur s'épanouit à l'aisselle de chaque feuille, au creux de chaque main pleine de dons et d'espérance folle. Si ces hommes parlent d'amour, sur la face du ciel on doit apercevoir des mouvements de traits qui ressemblent à un sourire."
 
In "Le bonheur des mots", La liberté des mers, Pierre Reverdy
 

vendredi, février 8 2008

Parler, chercher...

 
"Parler donc est difficile, si c'est chercher... chercher quoi ?
Une fidélité aux seuls moments, aux seules choses
qui descendent en nous assez bas, qui se dérobent,
si c'est tresser un vague abri pour une proie insaisissable..."
 
in Philippe Jaccottet, Chants d'en-bas
 

- page 1 de 2