
« Parlez-moi
d’amour » dit la chanson. Cela peut sembler simple…
Parler
d’amour, tout le monde le fait ou presque : en chansons, en poèmes, en
phrases lyriquement grandiloquentes comme en SMS de trois lettres.
Et
même quand on commente les beaux passages où le Christ nous parle
d’amour : commandement ultime, commandement nouveau !
Et
le problème, quand on n’a plus que ce mot-là à la bouche, quand on le met à
toutes les sauces parce que nous n’avons que celui-là en français, c’est qu’il
s’affadit.
Car
il n’est pas si simple de parler d’amour.
Montrez-moi,
donnez-moi à écouter une seule personne disant le mot « Amour » avec
tout ce qu’il recouvre ?
Il
est beau de dire de nous aimer, qu’il faut nous aimer, mais n’est-ce pas
toujours en deçà de la réalité ?
Dire
le mot, le répéter sans cesse, gomme tout ce qu’il a d’absolu.
Il
me semble toujours le percevoir non pas dans les multiples conjugaisons du
verbe mais bien plutôt aux silences qu’il provoque, à l’envers des mots qu’il
implique s’il est vécu :
Regards
silencieux de plénitude aimante entre amoureux, homme et femme ou homme et Dieu ;
Regards
silencieux d’amitié pétillante et complice ;
Babils
des enfants aux parents, et réciproquement ;
Actes
simples du quotidien posés avec ce je ne sais quoi de surcroît ;
Mots
qui s’arrêtent dans une conversation parce que, là, juste là, on touche au
sanctuaire du cœur et que seul le silence est de rigueur : la voix devient
rauque avant de s’éteindre, comme si on arrivait aux portes du plus intime de
la vie.
Si
Dieu est Amour, c’est qu’il ne l’a pas dit,
Ou
tout au moins pas seulement,
C’est
qu’Il l’a vécu : à fond, jusqu’au bout ;
L’Amour,
c’est Sa vie ;
C’est
Sa vie qui aboutit au silence étourdissant de la croix :
Parce
que l’Amour n’a plus de mots alors pour se dire,
Il
est vécu.
C’est
peut-être pour cela que le silence joue un rôle si important dans la prière,
Parce
qu’il n’y a que là, que dans ce silence, que nous pouvons apprendre un peu
mieux ce qu’amour veut dire,
De
quoi, ou plutôt de Qui,
Amour
est le Nom,
Amour
est la Vie,
Pour
qu’il devienne la nôtre.