Zabou the terrible

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Mot-clé - Ta gu****

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vendredi, octobre 28 2022

Sais-tu le silence ?

 

         Dans les offices monastiques, il y a toujours du silence : un beau silence, un silence plein de densité, du côté des moines comme du côté de leurs hôtes. 

 

         Ce n’est pas que les gens se font la tronche ou qu’ils ne savent pas quoi se dire, encore moins qu’ils se cachent des choses. Ou plutôt, ce n’est pas tout à fait qu’ils se cachent, ils sont pleinement présents, c’est que ce silence est révélateur de quelque chose de plus profond. Un silence extérieur qui révèle en intérieur une écoute, un babil amoureux, parfois suppliant, un colloque avec Celui qui est au plus profond de nous-même : un espace, un temps, un blanc juste pour le Seigneur. 

 

          Et, dans ces offices, le silence des uns veille sur le silence des autres, qu’on y soit pleinement ou parfois un peu distrait, pas franchement présent, avec l’esprit qui rêvasse. Ce n’est pourtant pas le silence contraint d’un groupe avec un enseignant pour dire « chut les enfants » ou le silence mêlé de nos réseaux qui bruissent : c’est plutôt le silence des amoureux qui savent qu’il y a du temps à savourer simplement ensemble. Là, le silence amoureux s’est répandu et se garde comme un cadeau à s’offrir les uns aux autres avant de chanter, de parler ou de repartir dans le vaste monde : il est une source que tous s’entraident à garder la plus désensablée possible, l’oasis pour savoir mieux traverser les déserts de nos existences. 

 

         Et demain, je repartirai vers ma vie quotidienne pleine de ce beau silence qui viendra faire résonner autrement mes paroles et mes gestes, en les accordant un peu plus justement à Lui. 

 

mardi, décembre 22 2020

Comme un silence pour faire ressortir le reste de la mélodie

https://medias.podcastics.com/podcastics/episodes/1505/artwork/comme-un-silence-pour-faire-ressortir-le-reste-de-la-melodie-inspi.jpg.5bfd5ecb227fd68fb3a60cf147c1aac6.jpg

Podcast audio disponible à partir de 7h15 sur  https://www.podcastics.com/podcast/episode/comme-un-silence-pour-faire-ressortir-le-reste-de-la-mélodie-55332/

 

Ce matin, je vous quitte pour 48h… mais il y aura tout de même des petites méditations, plus brèves, les deux jours à venir ! 48h, ailleurs, dans le silence d’une abbaye où je vais souvent : temps de silence pour moi, pour préparer mon cœur à Noël, par le cœur-à-cœur. Si cela va se vivre d’une manière privilégiée pour moi, je vous invite, chacun, là où vous êtes, à tenter de prendre ce temps de silence à votre mesure, selon vos possibilités. 

 

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mardi, avril 24 2018

Silence !!!

http://fr.web.img6.acsta.net/pictures/17/01/09/14/51/018918.jpg

J’ai profité des vacances pour enfin voir en DVD le fameux Scorsese qui avait tant fait couler d’encre : Silence. 

 

Inspiré du livre homonyme (que je n’ai pas encore lu mais que je souhaite lire du coup), les retours que j’en avais eus étaient mitigés. Après l’avoir vu, je comprends mieux pourquoi : le film est complexe et peut facilement mettre mal à l’aise tant il sait habilement détourner nos attentes et nos facilités de penser. Il sait déjouer nos tentations de classer le monde de manière binaire. 

 

Le sujet ? Des missionnaires jésuites partant au Japon non seulement pour évangéliser mais aussi pour retrouver leur mentor qu’on signale perdu, ayant apostasié. 

 

Sujet ô combien rebattu déjà que celui de l’évangélisation des autres peuples ? Pas tout à fait. N-ième film sur le martyre, le fait de tenir bon ou pas, sur le reniement façon péplum romain sur les premiers chrétiens ? Non plus. 

 

Quand on pense à notre foi et à l’adversité, voire à l’hostilité, il est facile de se dire à distance : « moi, Seigneur, je T’aime, je tiendrai bon, c’est sûr ! ». Las, un autre l’a fait avant : « Même si tous viennent à tomber Seigneur, moi je ne tomberai pas » et l’on connaît la suite. Néanmoins, si l’on peut raisonnablement songer et essayer d’évaluer notre résistance de foi face à notre propre torture, si l’on peut se dire qu’après tout, notre vie est déjà donnée dans notre vie comme dans notre mort, qu’en est-il quand, de notre choix, dépend la vie des autres ? C’est tout l’enjeu du film... Alors, même quand tu as mal au fond de tes entrailles quand tu vois quelqu’un piétiner l’image du Seigneur, tu te dis souvent que c’est aussi par amour qu’un tel apostasie ou, au contraire, ne le fait pas. 

 

Que fallait-il faire ? Bien malin qui saurait le dire, bien malin qui saurait juger...  Silence, c’est le drame de notre conscience, prise dans l’absurde, dans l’horreur mais aussi dans l’amour. 

Et puis, la fidélité est-elle seulement ce qui se dit des lèvres ou aussi de ce qui habite le plus profond des cœurs, des consciences, ce lieu où nous rencontrons Dieu ? 

 

Où est le choix de l’amour ? Sans spoiler, il est vrai que le film se termine sur l’énigme d’un cœur, sur l’énigme d’une âme... Et c’est peut-être une vraie note de justesse bien plus qu’une facilité : Dieu seul sonde les âmes, les reins et les cœurs et Martin Scorsese sait le faire ressentir d’une manière grandiose à travers ce film.

dimanche, février 25 2018

Au désert – 3

Vivant présentement moi-même le vivifiant désert de la retraite, un petit billet programmé… parce qu’il est parfois tentant de chercher le Seigneur toujours ailleurs, dans un lieu de pèlerinage, de désert ou de retraite (eh oui !), alors que ce lieu est avant tout au plus intime de nous-mêmes. Ici, c’est Grégoire de Nysse qui s’exprime dans une lettre au sujet de ceux qui tiennent absolument à aller en Terre Sainte : à transposer à tous nos désirs volontaristes ?

 

« Qu’aura de plus celui qui s’est rendu en ces lieux, comme si, jusqu’à ce jour, le Seigneur vivait corporellement en ces lieux et qu’il soit absent de chez nous, comme si le Saint Esprit abondait chez les habitants de Jérusalem et qu’il lui soit impossible de venir chez nous ? (…) Un changement de lieu ne procure aucun rapprochement de Dieu mais, où que tu sois, Dieu viendra vers toi, si la demeure de ton âme est trouvée telle que le Seigneur puisse habiter en toi et y circuler. (…) Conseille donc aux frères, mon cher, de quitter leur corps pour aller vers le Seigneur, et non la Cappadoce pour aller en Palestine ».

 

mercredi, octobre 18 2017

Au Souffle de Sa Parole

 

Dans les projets Zabouiens 2017-2018, il y a cette idée un peu folle de passer un w-e en abbaye entre chaque période de vacances scolaires. Tout simplement pour que, dans un début d'année que je savais d’avance être (sur)chargé, l'Essentiel garde primauté. A fortiori dans une vie de jeune consacrée : joie de donner et de passer du temps avec le Bien-Aimé ! Dont acte : premier week-end il y eut il y a quelques jours. Mais, afin d’orienter encore mieux ces week-ends au désert, j’y ai adjoint un programme de lecture de la Parole de Dieu.

 

Ainsi, ce week-end, ô folie, j’ai lu la Genèse et ses 50 chapitres à voix haute en une journée. Ne croyez pas qu’il s’agissait d’une expérience façon exploit sportif « I did it », malgré la satisfaction certaine d’arriver au bout : non, il s’agissait d’un moyen suggéré et préparé par un moine pour laisser la parole de Dieu entrer plus profondément en moi, cette fois-ci à travers les textes des origines.

 

Je me suis laissée surprendre par cette expérience incroyable avec un bonheur certain !

 

Lire la Parole à haute voix,

Prêter mon souffle, parfois hésitant, à Son Souffle, toujours sûr,

Laisser en retour le Souffle marquer mon propre souffle,

Lui laisser donner Sa cadence, Son rythme, Sa folie…

 

Laisser les mots passer à travers mon corps, ma chair, ma vie,

Pour que le Verbe incarné y fasse chaque jour plus Sa demeure.

 

https://generationvoyage.fr/wp-content/uploads/2014/07/monastere-saint-georges-wadi-qelt-cisjordanie-3.jpg

 

mardi, novembre 1 2016

Oui, et l'EPJ justement alors ?

Et l'école de prière, justement, tu en rapportes quoi ? 

Plein de souvenirs... plein de moments forts, comme toujours. 7ème école de prière jeunes, 3 comme animatrice et ma 4ème comme bergère : chacune m'ont fait grandir... alors que j'étais censée aider les jeunes à grandir dans leur foi ! Mais, comme toujours, en voulant évangéliser, on se laisse évangéliser. En parlant de Jésus, on apprend à mieux en vivre. 

https://scontent-cdg2-1.xx.fbcdn.net/v/t1.0-9/14604837_1221297461277485_2536304543995295716_n.jpg?oh=4fab515419cd9ae004a06e10ab9dd4db&oe=5892FEA0

Peut-être que je reviendrai plus tard sur tel ou tel moment mais, s'il y en a un qui a été très fort alors que tout à fait anodin, ce sont sans doute ces deux grands moments de silence, de désert, que nous avons tous faits, enfants comme tous les adultes, exactement au même moment, les deux derniers jours. 

Imaginez tout un bâtiment dans lequel se trouvent 52 enfants et 16 adultes plongé dans le silence pendant 20 min ! (Je n'oserais proposer cela dans mon collège !). 

Imaginez un silence dense, parlant, priant... Imaginez des enfants jouant le jeu, s'éloignant pour éviter de se parler. 

Imaginez alors durant ce temps une pauvre typesse de Zabou assise à l'oratoire, entourée de petits gnomes sympathiques venus passer là leur temps de désert, tous plongés dans leur prière. Imaginez-la en train de les regarder doucement comme aides à sa propre prière... 

Je ne sais pas ce qu'ils racontaient à Jésus dans le secret de leur coeur.

Mais ce que je sais ou plutôt dont je suis certaine à voir leurs calmes sourires ensuite, c'est qu'il y en a eu des murmures amoureux de coeur à coeur dans ces moments-là... Alors, comment ne pas se sentir entraînés dans sa propre prière par celle des enfants ? Comment ne pas avoir envie de soigner la qualité de nos propres temps d'oraison ?

Alors, on rapporte de l'EPJ comme des brins de silence qu'on a envie de lier toujours plus pour affermir la qualité de notre relation personnelle avec le Seigneur.  

lundi, avril 13 2015

De qu(o)i silence est-il le nom ?

 

Chez moi, c’est souvent calme, c’est souvent silencieux…

Et comme par un fait exprès, j’aime le calme, j’aime le silence.

Repos des oreilles et du cerveau, le soir, après les journées collégiennes bruyantes, certes, mais pas uniquement :

Goût, saveur, choix de ce silence.

 

Silence du travail, de la concentration ;

Silence habité de la méditation,

Silence pensif de la réflexion,

Silence étonné ou admiratif d’un regard posé,  

Silence dense de la prière,

Silence chantonnant, habité d’une ritournelle…

 

Tous les silences ne sont pas les mêmes.

 

Il est des silences bruyants, que je ne sais emplir que du bruit de moi-même.

Il est des silences pleins d’internet, de réseaux sociaux, importants parce que divertissants et communicants, certes, mais qui ne savent trop souvent que rester qu’à la surface de nos vies, même s'ils peuvent aussi être des germes. 

A côté de ceux-là, le silence de la prière pourrait sembler plénier s’il n’était pas également d’une qualité chancelante : heureusement que la qualité de la prière ne se jauge pas à l’aune de celle de son silence mais à l’habitation laissée à l’hôte intérieur !

 

En réalité, à côté de ceux-là, il y a le silence attentif…

Ce silence-là, justement, peu resplendissant, qui n’est qu’attention petite, pleine, à la vie et à l’instant présent.

Ce silence-là se détecte à la qualité du geste, même petit, posé, du geste même insignifiant, simplement vécu et voulu comme habité et qui devient alors d'une justesse presque transfigurée.

Ce silence-là sonne comme un instant volé à la plurivocité de nos jours pour les orienter,

Ce silence-là n’est que présence, révélateur d’une Présence.

 

lundi, novembre 17 2014

Des soirs orants

 

Il faudrait savoir apprivoiser le silence,

Ne plus vouloir jamais l’emplir de bruit,

Du brouhaha incessant de nos vies,

De toutes ces choses qui occupent, qui préoccupent, qui « rassurent ».

Pas besoin de bruit mais de l’habiter pleinement,

Surtout à ces heures auxquelles on lui donne plein droit en nos existences,

Comme un espace réservé, peut-être préservé.

 

Il n’est pas un « avoir »,

On peut le détruire facilement, trop facilement ;

Il ne peut être que surface,

Il faudrait le laisser creuser en profondeur,

Se creuser,

Puis nous creuser, surtout.

 

Silence, affaire d’être,

Silence, qualité d’une attention,

Silence, qualité d’une relation.

 

mardi, novembre 4 2014

Des vierges phosphorescentes et de l’oraison

 

Je discutais récemment avec un ami de ce qui est à mon sens un des objets les plus kitsch sur terre : les petites représentations phosphorescentes de la Vierge Marie qu’on peut acheter à Lourdes par exemple. J’en ai une de Fatima pour ma part – ne me demandez pas pourquoi elle est restée chez ma mère lors de mon emménagement !

 

 

 

J’y repensais en constatant combien les changements de rythme (type boulot <-> vacances… ou l’inverse) sont propices à laisser se réduire le temps l’oraison, ce temps silencieux de cœur à cœur avec le Seigneur que je considère être, non, plutôt, que je sais être, vital.

 

J’y pensais parce que ces bouts de plastique de pseudo-représentations, mine de rien, rapprochés d’une bonne grosse source lumineuse, ils rayonnent…

Tandis que, quand on omet de les présenter à la lumière, ils deviennent ternes et peu lumineux.

A l’inverse, l’objet phosphorescent bien chargé en lumière rayonne de telle façon qu’il devient moins moche, vraiment plus chouette : on remarque plus la lumière qu’il diffuse qu'autre chose.

 

Peu importe le contenant, c’est le contenu qui compte :

Alors, en prenant le temps de s’approcher du Seigneur, qu’est-ce que cela pourrait être, qu’on soit fait de bouts de plastique glauques ou raffinés !

Devenir non pas des lumières mais rayonner Sa lumière….

N’importe qui peut devenir rayonnant car, si tous les matériaux ne sont pas photosensibles, nous sommes tous Deo-sensibles : 

Il suffit de s’exposer à Lui ! 

 

samedi, mai 10 2014

Dans le secret du coeur


L'oratoire est simple : 

Une Bible, 

Une icône, 

Une bougie, 

Cette image-ci et, sur un bout de tissu, une croix : 

Rien de superflu ; 

Du silence pour conduire au secret du coeur. 

Dans le secret du coeur, que se murmure-t-il ? 

Autrui : pas toujours très en bien, j'en suis triste, honteuse... 

Mais Autrui aussi porté devant Toi, comme je le peux ; 

Moi : trop souvent, trop nombriliste, 

Et puis, tout de même, surtout Toi ; 

Du monologue trop verbeux au dialogue fructueux en passant par le nécessaire désert, long et fréquent. 

Dans le secret du coeur, 

Des mots qu'on n'entend pas, 

Des mots de silence, 

Des mots qui parlent de Vie, qui parlent d'Amour, 

Des regards yeux fermés, 

Des attitudes, des sourires, parfois des larmes. 

Dans le secret du coeur, 

Tout dire, tout confier. 

Secret du coeur : 

Face-à-face unique de silence, 

Ce silence-là même où s'allument et se contemplent les plus beaux feux, 

Face-à-face pour l'entretenir : 

pour qu'un jour, ses flammèches sachent réchauffer, voire embraser ceux qui passent à proximité ; 

Face-à-face de secret, 

Secret du coeur, 

Secret de la Vie. 

samedi, avril 19 2014

Samedi Saint le jour du monochrome


(Kazimir Malevitch, Carré blanc sur fond blanc


Mort, tombeau, jour de vide, 

Après l'Inadmissible, après l'Insoutenable.


Jour d'attente, jour d'Espérance, 

Vers le jour de Vie, 

Une lueur se dessine, à la limite du perceptible, 

Dans le grand silence des coeurs. 


vendredi, avril 18 2014

Le Nom et le pronom

Silence et nuit, 

Dessus, en surimpression, la dorure et le blanc, 

Comme pour donner, en visuel, la profondeur de ce qui est au plus intime du coeur. 

Tu es là, 

Tu es confiance, 

Tu es pardon, 

Tu es source d'espérance, 

Tu es don, 

Tu es Amour, 

Tu es le Bien-aimé tout autant que le mal-aimé, 

Tu es Celui qui se fait connaître, toujours, et qui est tant méconnu, 

Tu es Vie, 

Tu es... 

Mais ne serait-ce que dire cela, "Tu es", c'est déjà T'enfermer dans ces mots qui ne peuvent Te contenir. 

Je n'en reste qu'à Ta présence ici, 

Je n'en reste qu'à un mot dans ma prière, 

Un mot redit et décliné avec toutes les nuances de sens et de sentiment connues de mon être : 

Toi. 

jeudi, mars 13 2014

Le Carême, c’est comme… #4


Le Carême, c'est comme... 
... le silence du petit jour, à l'aurore. 



C'est un silence, dense, qui pourrait paraître dur s'il n'était promesse du jour ; 
C'est un silence profond où pourtant, déjà, pointent les premiers bruits des activités humaines ;
C'est un silence qui m'invite à l'écoute de ce que sera le jour, à percevoir dans le petit ce qui Te dit. 


Je l'écoute ce silence plein de petits bruits. 
Il pourrait sembler un simple désert habité mais en réalité, en me parlant du travail des hommes, il me parle de Ton oeuvre, il me parle de Toi. 

samedi, mars 9 2013

Parlez-moi d’amour

 

 

 

« Parlez-moi d’amour » dit la chanson. Cela peut sembler simple…

Parler d’amour, tout le monde le fait ou presque : en chansons, en poèmes, en phrases lyriquement grandiloquentes comme en SMS de trois lettres.

Et même quand on commente les beaux passages où le Christ nous parle d’amour : commandement ultime, commandement nouveau !

Et le problème, quand on n’a plus que ce mot-là à la bouche, quand on le met à toutes les sauces parce que nous n’avons que celui-là en français, c’est qu’il s’affadit.

 

Car il n’est pas si simple de parler d’amour.

Montrez-moi, donnez-moi à écouter une seule personne disant le mot « Amour » avec tout ce qu’il recouvre ?

Il est beau de dire de nous aimer, qu’il faut nous aimer, mais n’est-ce pas toujours en deçà de la réalité ?

 

Dire le mot, le répéter sans cesse, gomme tout ce qu’il a d’absolu.

 

Il me semble toujours le percevoir non pas dans les multiples conjugaisons du verbe mais bien plutôt aux silences qu’il provoque, à l’envers des mots qu’il implique s’il est vécu :

Regards silencieux de plénitude aimante entre amoureux, homme et femme ou homme et Dieu ;

Regards silencieux d’amitié pétillante et complice ; 

Babils des enfants aux parents, et réciproquement ;

Actes simples du quotidien posés avec ce je ne sais quoi de surcroît ;

Mots qui s’arrêtent dans une conversation parce que, là, juste là, on touche au sanctuaire du cœur et que seul le silence est de rigueur : la voix devient rauque avant de s’éteindre, comme si on arrivait aux portes du plus intime de la vie.

 

Si Dieu est Amour, c’est qu’il ne l’a pas dit,

Ou tout au moins pas seulement,

C’est qu’Il l’a vécu : à fond, jusqu’au bout ;

L’Amour, c’est Sa vie ;

C’est Sa vie qui aboutit au silence étourdissant de la croix :

Parce que l’Amour n’a plus de mots alors pour se dire,

Il est vécu.

 

C’est peut-être pour cela que le silence joue un rôle si important dans la prière,

Parce qu’il n’y a que là, que dans ce silence, que nous pouvons apprendre un peu mieux ce qu’amour veut dire,

De quoi, ou plutôt de Qui,

Amour est le Nom,

Amour est la Vie,

Pour qu’il devienne la nôtre.

 

jeudi, janvier 17 2013

États généraux de silence pour chacun

 

Ca chauffe…

Un lien posté sur Facebook, un mot trop haut, un mot plus ou moins rigolo et, hop, ce n’est plus la critique constructive, le débat d’idées, ça dérive en quelques instants.

 

Ca chauffe… et ça clashe parfois.

Et j’en suis triste.

 

J’en suis triste parce c’est déjà signe que, même si j’ai veillé à ce que rien de ce j’ai pu partager ici ou là ne porte de critiques contre les êtres, eh bien, je n’ai pas veillé assez pour que cela soit perçu comme tel.

C’est donc un échec, un échec personnel même.

Et si ces personnes me lisent, qu’elles sachent que je leur demande pardon pour les avoir blessées sans le vouloir.

 

Maintenant, je suis choquée également par un autre échec : celui de l’art du débat, celui de la disputatio intelligente dont je vantais les mérites il y a quelques mois ici même.

 

Sur les réseaux sociaux, il y a de moins en moins de débats : chacun est catalogué et sommé de se taire si la pensée diffère.

Est-ce réseaux-nner plutôt que raisonner ?

Est-ce débattre ?

Est-ce aimer ?

 

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vendredi, février 24 2012

Tu fais quoi pour le Carême ?

 

Je suis une catholique ordinaro-ordinaire. En plus, préparant un concours, je ne suis pas du tout en mesure de gravir l’Everest : ma vie elle est actuellement dans l’humble tâche quotidienne, chaque jour renouvelée.

 

Mon carême, il est donc tout simple, pas dans de flamboyantes résolutions que je ne saurais tenir, il est dans la suite de mon chemin, en prenant soin de rendre plus transparents les coins et recoins de ma vie avec le Seigneur qui se ternissent.

 

Une idée parmi d’autres qui m’est venue, une toute petite idée, c’est de prolonger le silence le matin, de préserver d’une manière toute particulière ce temps de l’éveil de la journée : 

De ne pas me précipiter - le 1er œil à peine ouvert et mon signe de croix matutinal esquissé  - sur mes mails, sur l’ordinateur ou sur un quelconque appareil créant du bruit mais choisir de me taire, et d’écouter.

 

De soigner cette qualité, cette densité du silence tout autour de moi. 

D'écouter le silence du matin, pour mieux écouter le Christ me parler au cœur de tous les bruits de la journée.

 

En bonus, quelques paroles tirées de l’excellent petit bouquin de fr. François de Sainte Marie, Conseils pour la vie intérieure dans son chapitre sur le silence justement – attention, c’est un carme qui parle, hein, donc ça se sent mais ça se veut invitation pour tous.

 

 

 

 


o   « Le silence permet à l’âme, dans la mesure où il contribue à la dépouiller davantage des apparences sensibles, de saisir plus purement ce qui est au-delà des apparences. »

 

o   « Les âmes vraiment intérieures détestent le bruit, elles rayonnent la paix et l’harmonie sur tout ce qu’elles touchent, elles glissent, apportent tous leurs soins à ouvrir ou fermer une porte. »

 

o   « Que les âmes fassent silence, suggère sainte Thérèse d’Avila. Peu à peu, elles percevront un murmure léger que les bruits de ce monde couvraient jusque-là. »

 

o   « C’est du reste à tous les chrétiens que l’apôtre saint Jacques propose l’ascèse de la langue, nullement nuisible à la santé et tellement profitable à l’âme. »