Zabou the terrible

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Mot-clé - Variations huysmansiennes

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jeudi, janvier 14 2010

D'un regard placé sous Son regard.



Dans un coin reculé de la Sorbonne, un portrait.

Dans un local de la Sorbonne profonde, siège d’une certaine Société, un chapelet, sans doute le dernier à s’exposer ainsi  librement au regard de qui passe dans ce sanctuaire.

 

Et, en écho, un texte, un poème qui ne brille pas par ses qualités littéraires mais qui éclaire, un peu, ce qui fait de cet écrivain préféré un être si particulier.

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lundi, juin 22 2009

C'est fait : soutenance M1 over.

 
 
Je n'arrive pas à rédiger ce billet sans tomber dans la banalité, veuillez m'en excuser.
 
Que vous dire ?
C'est passé.
Et je pourrais renouveler ce cri du coeur que Maggy republie de façon si obligeante car,
Oui c'est passé et cela s'est bien passé.
 
Le stress aidant, les premiers mots me furent difficiles, accrochés sans cesse puis, peu à peu, je pus développer mes idées :
Mon mémoire : pourquoi ?
Mon mémoire : comment ? Mes galères et ma démarche.
Mon mémoire : ça donne quoi ? Mes résultats.
Mon mémoire : ça tend vers quoi ?
Bref, c'était un peu mon-mémoire-centrique mais c'était la règle du jeu, aussi.
 
Puis c'était à mon directeur de parler... glups.
Euh non pas glups finalement.
Beaucoup de compliments... du "vous avez très bien travaillé toute l'année" Embarrass à "vous aimez bien jouer avec les mots, cela se voit" (ah bon ? Ange Pleins feux sur l'artifice, va!), pfiou ! Ca fait plaisir mais ça fait tout bizarre !
 
Du coup, une belle note, 18, qui me donne une non moins belle mention : je n'en reviens toujours pas... à moi, l'ancienne scientifique devenue lettreuse, c'est fou !
 
Puis on a causé...
M2 ? Eh oui M2.
C'est partiiiiiii Clin d'oeil
 
P.S. : on attendra tout de même tous les autres résultats pour dire que le M1 est fini et bien fini !
 

jeudi, juin 11 2009

Avis de soutenance

 
Puisque la foule en délire me réclame : "C'est quand ta soutenance ?"
 

Avis à la population de ce blogue et d’ailleurs :

 

Je soutiendrai mon mémoire de littérature française pour l’obtention du master 1, intitulé

 

Les sensations dans l’expérience esthétique et spirituelle de J.-K. Huysmans

À propos d’À vau-l’eau et d’À rebours

 

le lundi 22 juin 2009 à 16h45 en Sorbonne

face à mon directeur.

 

Le jeu consiste à parler 15 minutes à un niveau « méta » puis à répondre aux questions et à écouter les critiques sur son mémoire durant 15 autres minutes.

 

Peut-être (certainement) un poil suicidaire, je relève le défi !

 

jeudi, mai 14 2009

Des claques, il mérite des claques

 
Plus je relis A vau-l'eau, plus je me dis que je pourrais jamais supporter un type aussi morne que Folantin sans rien faire : sincèrement, j'ai parfois envie de lui coller des baffes, des vraies, de fraternelles baffes, des claques salvatrices pour réveiller un tempérament aussi... aussi nul. Un nul, un rien, être rien du tout, ne rien désirer tout en désirant tout à la fois pour se plaindre sans cesse, c'est là tout son problème.
 
Il m'énerve, il m'énerve, mais il m'énerve parfois à un de ces points, si vous saviez !  
 
« Il devinait d’ailleurs que leur possession ne comblerait pas ce trou d’ennui qui se creusait lentement, dans tout son être. — Hélas ! le goût des livres ne s’apprenait pas, et puis, en dehors des éditions épuisées que ses faibles ressources lui interdisaient d’acheter, M. Folantin n’avait guère de volumes à se procurer. Il n’aimait ni les romans de cape et d’épée, ni les romans d’aventure ; d’un autre côté, il abominait le bouillon de veau des Cherbuliez et des Feuillet ; il ne s’attachait qu’aux choses de la vie réelle ; aussi sa bibliothèque était restreinte, cinquante volumes en tout, qu’il savait par coeur. Et ce n'était pas l'un de ses moindres chagrins que cette disette de livres à lire ! »
 
J.-K. Huysmans, A vau-l'eau (chapitre II)
 

lundi, avril 20 2009

Huysmans et l'humour noir

 
De nombreuses personnes reprochent à Huysmans la tonalité sombre de son oeuvre et me prennent pour une frappadingue quand j'affirme naïvement que Huysmans me fait beaucoup rire. Ce petit texte d'André Breton leur fera peut-être comprendre pourquoi parfois, en lisant, tout simplement, tout humblement, j'exulte !
 

          « Par l’excès des couleurs sombres de sa peinture, par l’atteinte et le dépassement d’un certain point critique dans les situations désolantes, par la préfiguration minutieuse, aigüe, des déboires qu’entraîne à ses yeux, dans l’alternative la plus banale, toute espèce d’opinion, [Huysmans] parvient à ce résultat paradoxal de libérer en nous le principe de plaisir.

Les réalités extérieures présentées systématiquement sous leur angle le plus mesquin, le plus agressif, le plus blessant exigent du lecteur […] une réparation constante de l’énergie vitale, minée par l’accumulation des tracas quotidiens qu’on lui rend tout à coup sensibles. […] Il paraît renoncer pour lui-même au bénéfice du plaisir humoristique et […] nous pouvons croire que ce bénéfice nous est exclusivement réservé, l’auteur ne se départant pas d’une attitude accablée qui nous donne à chaque instant l’illusion de prendre sur lui l’avantage. Il y a ici d’une intention délibérée, d’une méthode thérapeutique réfléchie, d’une ruse destinée à nous  faire surmonter sa propre misère. »

André Breton, Anthologie de l'humour noir

 

samedi, avril 18 2009

Hier midi

Hier midi donc (oui, je répète le titre parce que certains ne suivaient pas, ne dites pas le contraire, je vous ai vus), mes grands-parents m’ont invitée au resto alors que nous rentrions de Normandie.  Je suis sûre que vous êtes heureux de l’apprendre.

Le problème actuel de la Zabou, c’est que, ô surprise, vous ne vous en seriez pas doutés à la lecture de ce blogue, elle est actuellement passée en mode « rédaction de mémoire », un mode qui ne s’enclenche pas automatiquement mais délicat à passer sur « off » une fois que le cran est passé. Ce qui ne veut pas dire que ça rédige beaucoup mais que ça pense, un peu, ou parfois pas du tout, là-haut. En tout cas, ce qui est clair, c’est que l’intellect est à l’ouest. Alors, quand il l’était déjà un peu initialement…

Bref. Il y avait du monde, plein de monde. Et Zabou, seule, commença à avoir une terrible envie de rigoler, à la stupeur de ses grands-parents -gens comme il faut, pas de bruit, pas de désordre, insupportable d’avoir une terrible petite-fille !-, et à avoir une démangeaison insupportable. Il me fallait dégainer mon exemplaire d’À vau-l’eau pour déclamer ces quelques lignes :

 

Et M. Martinet s’arrêta sur le palier, devant une porte à tambour vert. Là sonnaient de grands bruits d’assiettes sur un bourdonnement ininterrompu de voix ; puis la porte s’ouvrit et, en même temps qu’un violent hourvari, des gens en chapeau se précipitèrent dans l’escalier et ! battant la rampe avec leurs cannes.

M. Folantin et son camarade se garèrent, puis ils poussèrent à leur tour la porte et s’introduisirent dans une salle de billard. M. Folantin, pris à la gorge, recula. Cette pièce était noyée dans une épaisse fumée de tabac, traversée par des coups de queues ; M. Martinet entraîna son invité dans une autre pièce, où la buée était peut-être plus intense encore, et çà et là, dans des chants de pipes bouchées, dans des écroulements de dominos, dans des éclats de rire, des corps passaient presque invisibles, devinés seulement par le déplacement de vapeur qu’ils opéraient. M. Folantin resta là, aliuri, cherchant à tâtons une chaise.

M. Martinet l’avait quitté. Vaguement, dans un nuage, M. Folantin l’aperçut, sortant d’une porte. Il faut attendre un peu, dit M. Martinet, toutes les tables sont pleines ; oh, ce ne sera pas long !

Une demi-heure s’écoula. M. Folantin eût donné bien des choses pour n’avoir jamais mis le pied dans cet estaminet, où l’on pouvait fumer, mais où l’on ne se nourrissait pas. De temps à autre, M. Martinet s’échappait et allait s’assurer que les sièges étaient toujours occupés. Il y a deux messieurs qui en sont au fromage, dit-il d’un air satisfait, j’ai retenu leurs places.

Une autre demi-heure s’écoula. M. Folantin se demanda s’il ne ferait pas bien de se diriger vers l’escalier tandis que son compagnon guettait les tables. Enfin, M. Martinet revint, lui annonça le départ des deux fromages et ils pénétrèrent dans une troisième pièce où ils s’assirent, serrés comme des harengs dans une caque.

Sur la nappe tiède, dans les éclaboussures de sauce, dans les mies de pain, on leur jeta des assiettes, et l’on servit un bœuf coriace et résistant, des légumes fades, un rosbif dont les chairs élastiques pliaient sous le couteau, une salade et du dessert. Cette salle rappela à M. Folantin le réfectoire d’une pension, mais d’une pension mal tenue, où on laisse brailler à table. Il n’y manquait vraiment que les timbales au fond rougi par l’abondance, et l’assiette retournée pour étaler sur une place moins sale les pruneaux ou les confitures.

Certes, la pâture et le vin étaient misérables, mais ce qui était plus misérable que la piâture et plus misérable que le vin, c’était la compagnie au milieu de laquelle on mâchait ; c’étaient les maigres servantes qui apportaient les plats, des femmes sèches, aux traits accentués et sévères, aux yeux hostiles. Une complète impuissance vous venait, en les regardant ; on se sentait surveillé et l’on mangeait, découragé, avec ménagement, n’osant laisser les tirants et les peaux, de peur d’une semonce, appréhendant de reprendre d’un plat, sous ces yeux qui jaugeaient votre faim et vous la refoulaient au fond du ventre.

 

Bon, je n’ai pas lu à voix haute mais ricanais consciencieusement : le mémoire nuit gravement à la santé. Finalement, cela a tardé mais je peux vous le dire : j’ai bien mangé.

samedi, mars 7 2009

Lire Huysmans, toujours

             "Ombres projetées sur un personnage qui demeure toujours un peu mystérieux pour nous. Huysmans est fantomatique, spectral ; peut-être sa spécificité est-elle d’être insaisissable. [...]

             Qui entre dans Huysmans est obligé de laisser tomber ses vieux vêtements de structuralisme invétéré. Ici l’homme est l’œuvre, l’œuvre l’homme. D’ailleurs l’homme Huysmans l’a explicitement voulu ainsi. C’est sa poétique qui en témoigne. Tout en enchevêtrant de la manière idiosyncrasique qui est la sienne ce qui appartient à la vie et ce qui vient de la littérature, Huysmans nous force d’accepter qu’il est impossible de séparer la littérature et la vie. […]

             C’est comme si l’on signait un pacte avec l’auteur. Si vous voulez lire mes livres, il faut accepter que vous fassiez autre chose que de lire simplement un texte. Vous allez me rencontrer dans mon œuvre, moi, mort-vivant vous adressant la parole d’outre-tombe."

 Marc Smeets, "Images de Joris-Karl Huysmans", in Joris-Karl Huysmans, CRIN n°42, 2003

jeudi, mars 5 2009

De l'art problématique

  

Voilà.

 

Un jour, j’ai pris un texte que j’aimais, sans problème.

 

Et l’on m’a dit –alors je me suis dit- qu’il fallait que je lui pose et que je me pose un problème. Ca m’a posé de sacrés problèmes pour le trouver ce problème, et pire pour l’expliquer ! Non pour le guérir en l’explicitant mais pour expliquer pourquoi je trouvais que c’était un problème. Après, il ne restait plus qu’à résoudre ce problème, ce qui va encore me poser plein de problèmes.

 

Je crois que je suis folle, à moins que je ne sois déjà à rebours du sens. Ca vous pose un problème ?

 

mardi, février 17 2009

Juste un détail

 
     Le verdict du séminaire de vendredi était clair : démarche valable mais III (Grand Trois pour les non-initiés) à développer. Aujourd'hui, je m'y suis mise et ai annoté la chose. En rentrant et en me relisant ce soir, j'ai de suite trouvé ça plus clair.
 
Mémoire yourself
 
Pas vous ?
 

samedi, février 14 2009

N'importe où hors du monde

Le gros problème de des Esseintes (le héros d’A rebours), c’est qu’il ne trouve pas ce qu’il cherche. Et pourtant, il cherche ce petit-là, partout, pour se libérer de ses « impuissances à vivre » (le mot est de Barbey, dans l’article du Constitutionnel, du 28 juillet 1884). Où ? Comment ? Mon futur mémoire tentera en partie de répondre à cette dernière question, intrinsèquement liée à ma problématique, mais peu importe ici.  

Pour le lieu, l’adulation du personnage pour Baudelaire et en particulier pour l’un des poèmes du Spleen de Paris nous en donne peut-être une réponse.

48. Any where out of the world

(N'importe où hors du monde)

    Cette vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir de changer de lit.  Celui-ci   voudrait souffrir en face du poële, et celui-là croit qu'il guérirait à côté de la fenêtre.

    Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas, et cette question de déménagement en est une que je discute sans cesse avec mon âme.

    «Dis-moi, mon âme, pauvre âme refroidie, que penserais-tu d'aller d'habiter Lisbonne?  Il doit y faire chaud, et tu t'y ragaillardirais comme un lézard.  Cette ville est au bord de l'eau; on dit qu'elle est bâtie en marbre, et que le peuple y a une telle haine du végétal, qu'il arrache tous les arbres.  Voilà un paysage selon ton goût; un paysage fait avec la lumière et le minéral, et le liquide pour les réfléchir!»

    Mon âme ne répond pas.

    «Puisque tu aimes tant le repos, avec le spectacle du mouvement, veux-tu venir habiter la Hollande, cette terre béatifiante?  Peut-être te divertiras-tu dans cette contrée dont tu as souvent admiré l'image dans les musées.  Que penserais-tu de Rotterdam, toi qui aimes les forêts de mâts, et les navires amarrés au pied des maisons?»

    Mon âme reste muette.

    «Batavia te sourirait peut-être davantage?  Nous y trouverions d'ailleurs l'esprit de l'Europe marié à la beauté tropicale.»

    Pas un mot. -- Mon âme serait-elle morte?

    En es-tu donc venue à ce point d'engourdissement que tu ne te plaises que dans ton mal?  S'il en est ainsi, fuyons vers les pays qui sont les analogies de la Mort. -- Je tiens notre affaire, pauvre âme!  Nous ferons nos malles pour Tornéo.  Allons plus loin encore, à l'extrême bout de la Baltique; encore plus loin de la vie, si c'est possible; installons-nous au pôle.  Là le soleil ne frise qu'obliquement la terre, et les lentes alternatives de la lumière et de la nuit suppriment la variété et augmentent la monotonie, cette moitié du néant.  Là, nous pourrons prendre de longs bains de ténèbres, cependant que, pour nous divertir, les aurores boréales nous enverront de temps en temps leurs gerbes roses, comme des reflets d'un feu d'artifice de l'Enfer!»

    Enfin, mon âme fait explosion, et sagement elle me crie: «N'importe où! n'importe où! pourvu que ce soit hors de ce monde !»

 

mardi, février 10 2009

Prière "conclusive"

 
        Chaque relecture d'un livre éclaire d'un jour nouveau l'oeuvre étudiée et aimée. Mais certaines lignes -ici, la prière conclusive d'A rebours- provoquent toujours ce petit quelque chose au coeur indéfinissable et toujours présent, qui nous pousse à croire toujours plus loin. En quoi ou en Qui n'est pas de mon ressort. Ou peut-être finalement.
 
 
Ah ! Le courage me fait défaut et le coeur me lève !
 
- Seigneur, prenez pitié du chrétien qui doute, de l'incrédule qui voudrait croire, du forçat de la vie qui s'embarque seul, dans la nuit, sous un firmament que n'éclairent plus les consolants fanaux du vieil espoir !
 
In J.-K. Huysmans, A rebours.
 

mercredi, janvier 28 2009

Huysmans, mon amour

            Cette année, on me demande souvent –et bien curieusement, je dois l’avouer-, que lire de Huysmans. Les dernières en dates furent Clarusque par mail et Sophie sur son bien beau blog-éventail. Alors, que lire ?

Cette question me plonge toujours dans une gêne terrible car ce que j’aime moi ne sera pas forcément du goût de tout le monde. Mes deux œuvres préférées de mon cher Joris-Karl sont A rebours et En route, voilà, c’est dit, vous le savez.

Mais comment se retrouver dans son œuvre qui compte plusieurs… « périodes » tout en conservant cette plume splendide qui est la sienne ?

Je vais scinder quelques conseils par « catégories » mais cela reste très arbitraire et mon seul conseil est en réalité de vous laisser vous perdre au gré des pages ! Même s’il faut avoir le cœur parfois bien accroché, n’est-ce pas ô ma chère homonyme ?

- Si vous êtes à donf naturaliste, aimant les bas-fonds fangeux de Paris façon Zola avec une plume bien meilleure (subjectivité, quand tu nous tiens…) : Marthe, histoire d’une fille ou Les Sœurs Vatard.

Mais si vous préférez le Zola pessimiste de La Joie de vivre (Claire ?), je vous recommande à 200 % : A vau-l’eau et ce n’est pas parce que je travaille dessus ! (Il est disponible chez GF dans « Nouvelles » mais si vous voulez vous payer une belle édition, préférez celle de R.-P. Colin aux éditions du Lérot : vous gagnerez deux poèmes sulfureux en bonus !)

- Si vous êtes fou, lisez A rebours ! (oui, on le saura : je travaille dessus aussi ! Il y a plusieurs bonnes éditions)

- Si vous voulez lire une conversion bouleversante, plongez dans En route ! Et si vous avez le courage, c’est encore meilleur en lisant tout le « cycle de Durtal », dans l’ordre : Là-bas, En route, La Cathédrale et L’Oblat (y a même un tome chez Bouquins qui les réunit tous les 4, éd. par D. M.-G. avec préface de Paul Valéry)

- Si vous voulez aller en dehors des sentiers battus, lisez ses deux ouvrages de poèmes en prose, ses différentes nouvelles (surtout la toute première Sac-au-dos ou la guerre vue comme une grande diarrhée !), ses autres romans ou encore ses critiques d’art !

... Après, vous chanterez peut-être avec moi : j’aime Huysmans ? 

Jika Ache

 

lundi, janvier 19 2009

C'est par l'Art que Dieu s'y serait pris ?

 
 
                Le fait de chercher dans l’art un remède à l’insupportable viduité du monde, semble au Huysmans en quête de transcendance, le symptôme même du mal qu’il s’agit de guérir. Il y voit, dès A rebours, le signe de l’éréthisme du temps. L’art n’a pas pour mission de monter sur le trône du Dieu absent, mais de faire entendre à nouveau l’appel de l’au-delà par ce que j’appellerai un réalisme de la transfiguration.
 
              Les Primitifs ont, pour Huysmans, donné l’exemple. Ils ont mis le réalisme au service de la foi, et ont été les premiers grands peintres modernes. La grandeur et en même temps la modernité de Grünewald viennent de ce que le peintre a su donner une dimension mystique à des figures de son temps, de ce qu’il a su faire d’un reître de Franconie, ou d’un larron en croix, un prophète et un Dieu. Seuls les peintres de cette époque, dont Huysmans voudrait retrouver l’inspiration ardente et la spiritualité robuste, ont réussi à transfigurer la représentation réaliste, pour ne pas dire naturaliste, de la réalité. Sur leurs toiles, la chair se fait Dieu, la foi opère ce miracle sans qu’il soit besoin de l’auréole, ajoutée plus tard par crainte de l’insuffisance mystique de la représentation.
 
              Les chairs peintes par Degas sont sans doute vivantes ; sous la peau on sent courir le sang et vibrer les muscles, mais aucune spiritualité ne se dégage de cet art génialement mimétique. Cette représentation est même déceptive par l’excès de sa perfection. Elle ne nous revoie que l’image de notre contingence. Or l’art ne doit pas être cette école de scepticisme ; il ne doit pas enfermer la chair dans la chair, mais extraire de la contingence des choses au monde, une forme d’éternité qui les illumine. Les Primitifs y sont parvenus parce qu’ils avaient la foi, les civilisés, eux, ont fait de l’art une foi, leur foi, et ils sont tombés dans un artificialisme ruineux dont des Esseintes est l’une des plus exemplaires victimes. Le salut du réalisme moderne est donc pour Huysmans dans sa transmutation en réalisme mystique.
 
 
Extrait de : Françoise Gaillard, "Modernité de Huysmans", Huysmans, une esthétique de la décadence, actes du colloque de Bâle, Mulhouse et Colmar, p.111.
 

dimanche, janvier 18 2009

Si même Zola le dit !

 
          "Huysmans est un raffiné de la langue, un des stylistes les plus précieux, les plus délicats que nous ayons. Il a outré le rendu intense de ses aînés, il est allé plus avant dans la curiosité des tournures, dans la vie tourmentée des images, dans la traduction nerveuse des choses et des êtres. [...] Littérature morbide, dira-t-on. Oui, peut-être. Il y a là une recherche du cas pathologique, un goût pour les plaies humaines. Mais ce que personne ne veut voir, c'est que, si le romancier va à la bête dans l'homme, l'artiste est un sensitif des plus délicats et un merveilleux ouvrier de la langue."
 
in Emile Zola, "Céard et Huysmans", Le Figaro, 11 avril 1881
 

dimanche, décembre 28 2008

Sur une autre planète ?

 
Déjeuner dans ma famille maternelle. Discussion avec une grande-tante qui, adorable entre toutes, tente de s'intéresser aux études bizarroïdes que je fais : c'est vraiment plein de bonté, délicat et j'ai vraiment apprécié cet effort de sa part. Mais...
 
- Alors, ma petite Isabelle, tu travailles sur quoi maintenant ? En septembre, c'était sur Ui.. Huy... Euh, quelque chose, en -ance à la fin ? Ah oui, Huysmans ! C'est ça ? Tu fais quoi maintenant ?
- Ah mais je travaille encore sur lui !
- Encore ? Mais il a écrit tant de livres que cela ?
- Eh bien, pas tellement mais je travaille toujours sur les deux mêmes livres : A vau-l'eau mais surtout son roman -enfin le terme est discutable mais bref- le plus célèbre A rebours.
- ENCORE ?
- Eh bien, euh, oui. Je suis loin d'avoir fini en plus. Tiens, hier encore, j'étais en bibliothèque ! Tu sais, là, ce cher Huysmans, c'est un peu l'homme de ma vie durant un an, en CDD renouvelable !
- Hein ?
- Euh, bon, alors, c'est l'histoire d'une pataugeoire...
 
Vive la recherche ?
 

samedi, décembre 20 2008

Peut-être...

 
"S'enfoncer dans l'érudition, c'est atteindre ces régions où l'on ne vous rejoint plus, s'avancer vers ces pointes extrêmes de la connaissance, ces fins fonds de tiroir où, peut-être, se trouverait Autre chose."
 
in Pierre Jourde, Huysmans : A rebours ou l'identité inchangée
 
Peut-être...
Et si... ?
 

vendredi, décembre 5 2008

De l'imagination selon J.-K.

 
"L'imagination est décidément une bien belle chose ; elle permet de prêter aux gens des idées encore plus sottes que celles qu'ils ont eues sans doute"
 
in Joris-Karl Huysmans Croquis parisiens.
 

mardi, novembre 25 2008

Oh ! Sérieux ?

 
         Ce que je fais quand je vais en bibliothèque ? Eh bien, je travaille sur un auteur sérieux, très sérieux. Parce que c'est "mon" auteur sur lequel porte "mon" sujet (je deviens terriblement possessive depuis que je suis en master, moi : va falloir que je me calme). Et puis d'ailleurs, en littérature, nous sommes toujours très sérieux, c'est bien connu. Pardon, ô mes lecteurs, pour ce texte lu ce jour... mais le pire, c'est qu'il est intéressant même si pas en rapport direct avec mon sujet. Et je suis sérieuse. Comme toujours d'ailleurs.
 
Extrait de BUISINE Alain, Huysmans à fleur de peau, "water closet", p.27-29 :
 
J.-K. H.
 

           Lisant très attentivement le second carnet de voyage de Huysmans, Voyage aux cathédrales rouges, dans lequel il reprend, sous une forme plus élaborée et plus écrite, les notes de son premier carnet prises sur le vif au cours de son périple, je ne peux manquer de m’étonner de son obstination à scrupuleusement relever la présence ou l’absence de « pissotières » et de « chiottes » dans les différentes villes qu’il visite. En résulte une alternance apparemment saugrenue des musées et des water-closets, des églises anciennes et des lieux d’aisance, des élévations mystiques et des besoins naturels. A Strasbourg : « La ville n’abonde pas de pissotières, mais enfin il y en a –une chiotte- ». A Fribourg-en-Brisgau : « Pas un urinoir, dans cette ville ! ». A Mayence, par contre qui est l’une des cités allemandes les mieux pourvues en toilettes : « Chiottes et pissotières partout ici ». Il en va de même à Francfort-sur-le-Main : « Des chiottes et des pissotières par toute la ville ». Mais quel désastre urinaire à Cologne, plus riche en œuvres d’art qu’en vespasiennes ! « ah ! l’immonde ville ! pissotières si rares, qu’il faut revenir pour pisser à la gare ».

         A moins de supposer en toute gratuité que mon écrivain est victime de quelconques problèmes d’énurésie ou de colique, je suis bien obligé de m’interroger sur ces rapports inattendus de la miction et de la peinture, de la déjection et de l’esthétique. Il convient alors (même si c’est désastreusement inconvenant, mais pas plus après tout que les répétitives digressions sanitaires de H. lui-même) de souligner une triviale évidence physiologique, à savoir que « pisser » et « chier » consistent très matériellement à évacuer à l’extérieur ce qui est à l’intérieur, autrement dit à se libérer de ce qui encombre et obstrue le corps, le soumet lamentablement à la pesanteur et à l’horreur des matières. S’il se révèle indispensable qu’une vieille ville fort riche en églises romanes et gothiques, en pinacothèques abritant maints panneaux de peintres primitifs, soit également équipée de nombreux et commodes w.c. publics, c’est que dans l’un et l’autre cas il s’agit prioritairement de faire dégorger le corporel, par l’art ou, de façon plus prosaïque, dans les petits édicules prévus à cet effet. C’est aussi évident qu’indécent : la critique d’art huysmansienne fonctionne (sur un mode très littéral et non simplement métaphorique) sur le modèle même de la satisfaction des besoins naturels, quand le corps se vide, s’allège les entrailles. Car la peinture telle que l’analyse et surtout la fantasme l’auteur des Trois Primitifs n’aura d’autre fonction que de soulager le réel. Oserait-on la définir de façon très physiologique comme une défécation par le réel lui-même (dès l’instant où il entre en représentation) de sa propre charge référentielle ? Le réel (se) décharge pour n’être plus que surface peinte.

P.S : Les anciens jmjistes de 2005 noteront avec intérêt le problème déjà réel des pissotières à Cologne au XIXème siècle. (Ok, ok, je m'auto-sors du blog).

 

jeudi, novembre 6 2008

En guise d'incipit...

 
"Il faut que je me réjouisse au-dessus du temps...., quoique le monde ait horreur de ma joie, et que sa grossièreté ne sache pas ce que je veux dire."
 
Rusbrock l'Admirable
 
~Epigraphe d'A rebours~

mardi, octobre 28 2008

Lire est érotique

 
« S’esquissent ainsi deux rapports érotiques possibles avec le livre : le chercher, parmi ses semblables, comme une sorte de trésor caché ; ou bien, inversement, le feuilleter, l’ouvrir, pour en surprendre le secret interne, pour en délivrer l’essence volatile. »
 
Jean-Pierre Richard, in "Quais de Seine", Cahier de l'Herne Joris-Karl Huysmans
 

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