Zabou the terrible

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dimanche, octobre 10 2010

Toujours nouvelle évangélisation

    On parle beaucoup de « nouvelle évangélisation » ces derniers temps, d’autant plus que Benoît XVI va créer officiellement d’ici quelques jours un tout nouveau « conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation ». En parler, c’est bien, et même très bien ; en vivre, c’est sans doute l’essentiel. En vivre dans une « pas si nouvelle évangélisation » que cela, bien qu’elle soit, de par sa nature même, toujours nouvelle. Voilà pourquoi je vous propose un extrait d’un texte d’Yves Raguin, lu en retraite il y a une quinzaine de jours, sur notre mission de chrétien. Rien de radicalement neuf mais rien que du vrai, rien que de la vie, je crois, pour propager une « beauté si ancienne et si nouvelle ». 

 

Nous pouvons maintenant préciser un peu plus clairement ce qu’il faut entendre par la « mission ». Si le but de la mission est de faire connaître le mystère caché depuis toujours et de « réaliser l’avènement de la Parole », en proposant aux hommes de croire au Christ, on peut dire qu’il y a « mission » quand cette « proposition » est faite !

 

L’Eglise et les chrétiens sont en état ou en acte de mission, là où le domaine de la foi au Christ rencontre celui de la non croyance au Christ. On peut donc se figurer que le « lieu » où s’accomplit l’acte propre de la mission est cette frontière des domaines de la foi et de la non-foi au Christ.

 

Ce « lieu » est partout. Il peut être au fond de l’âme du chrétien, il peut être là où un milieu croyant côtoie un milieu non-croyant. Dans tous les cas, la « mission » est définie comme une situation de frontières. Dans une telle situation, le chréiten rencontre ou, au moins, côtoie des non-chrétiens. S’il vit son baptême, il ne peut pas ne pas être heureux et fier de sa foi. Il se sentira toujours concerné par l’ignorance du mystère de foi chez ses voisins. S’il vit et agit en chrétien, sa vie, son attitude seront missionnaires, car tout ce qu’il est manifestera sa vie de foi dans le Christ. Sa seule présence sera une question discrètement posée à ceux qui ne croient pas.

 

Yves Raguin, s.j., L’Esprit sur le monde


mercredi, septembre 29 2010

Pause caté

 

Oh, bien sûr, je n’avais pas le temps. Mais voilà, mercredi c’était la rentrée du caté et la responsable était venue me demander dimanche si, par hasard, Zabou… « Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous ». Je n’avais pas le temps mais un trou dans mon emploi du temps : alors, oui, bien sûr, ce matin, j’étais là, dans mon église, emplie pour l’occasion de voix aiguës qui riaient, se bousculaient. Entre grands habitués du CM2 et petits nouveaux du CE2…

 

« Tu peux leur dire ce que la Foi ça change pour toi ? » m’avait demandé la responsable du caté. Je ne savais pas quoi leur dire… vraiment pas. La Foi, ce n’est pas quelque chose que l’on déballe là, facilement, devant tout le monde comme on agirait avec une explication de texte.

 

Parler de Dieu, ce n’est pas trop difficile ; dire à chacun la Bonne Nouvelle, ça peut encore se faire ; tenter de vivre en chrétien, c’est dur tout en constituant le chemin enthousiasmant de toute une vie ; mais parler de sa propre vie avec le Christ ? Parler de sa vie de foi, autrement qu’avec quelques amis choisis, c’est bien difficile. Pourtant, entre l’Indicible et ces choses que je ne puis dire, il y avait peut-être un espace pour quelques mots.

 

J’ai tenté d’écrire un court témoignage. J’ai supprimé. J’ai commencé une autre version pour la supprimer à son tour : mauvais, cela sentait sa copie universitaire à plein nez. J’ai recommencé une troisième fois : des mots, des paroles… Que dire à un enfant ? Il n’attendra pas de moi des beaux et bons mots, mais une parole juste, vécue. Je ne savais que faire : alors j’ai prié puis ai écrit quelques lignes.

 

Ce matin, je suis arrivée devant eux avec mon papier dans une main, le micro dans l’autre. J’étais intimidée. Bien plus que pour un exposé. Ils étaient 150 et j’avais leurs grands yeux posés sur moi. Leurs grands yeux pleins de questions, leurs grands yeux attentifs, accompagnés de leurs sourires. Je crois bien que j’ai commencé en balbutiant tant je n’avais jamais pris conscience à ce point de cette question : comment dire en étant vrai devant un enfant ?

 

Rapidement, je leur ai parlé de la vie chrétienne comme vie avec Quelqu’un toujours présent. Je leur ai parlé du service, de l’engagement, de l’amour et du bonheur. Et j’ai terminé par leur parler de la prière comme plus belle activité possible pour l’homme… Je ne sais ni comment ni si mes quelques mots porteront un jour du fruit dans leur cœur mais ce que je sais, c’est qu’en disant tout cela, je me rendais compte du propre chemin qu’il me restait à parcourir.

 

Devant un enfant, on ne triche pas : on est ramené à la simplicité et à la vérité de sa parole. Parler d’aimer, parler de prier… quand on aime, quand on prie si peu, si mal ? Et qu’on a l’impression de dire beaucoup et de vivre si peu ? Non, particulièrement devant eux, on ne peut pas tricher. Témoigner ouvre alors un chemin de conversion,  provoqué par ces petits qui sont les Siens. Histoire de parvenir à incarner un peu plus en sa vie la Parole du Seigneur.

 

samedi, septembre 4 2010

Je ne sais pas mais je pars.

 

            Ces derniers jours, j’ai pris le temps de regarder les photos de mes précédents tronçons du Camino. Des photos de qualité inégale, des photos de lieux qui ne veulent pas dire grand-chose et pourtant des photos qui me parlent, beaucoup. Elles font remonter à ma mémoire des souvenirs, certes, des douleurs (… de pieds !), des anecdotes, des prières… mais elles m’ont surtout permis de me replacer avec plus de précision sur l’endroit où j’en étais, l’endroit d’où je partais VRAIMENT cette année, dans le fond de mon cœur.

 

            Il n’y a guère de sens, me semble-t-il, à faire ce chemin par morceaux si l’on ne prend pas le temps de les replacer dans leur continuité, en tenant compte de ces bouts d’années qui s’intercalent entre chaque et qui ne sont pas sans me changer, forcément, un peu. Chercher ce qui en fait la cohésion, au-delà des évolutions et des choix désormais posés, avant ceux qui viendront plus tard. Marcher ainsi, déjà, vers son unité propre, en enlevant chaque année un bout d’écorce de superflu, cette écorce qui colle si bien à la peau qu'on ne la remarque même plus.

 

            Demain, je quitterai une fois de plus mon quotidien confortable, ma chambre toujours pas vraiment rangée, les miens, les soucis administratifs et associatifs, pour avancer vers Dax, dans la simplicité et la rencontre de l’Autre. Je ne sais pas de quoi ce demain sera fait, je ne sais pas vraiment ce que je rencontrerai sur ce chemin mais j’en sais la direction profonde et cela suffit.  

 

            Seigneur, sur ce chemin que j’emprunterai à nouveau demain, je me confie à Toi. Et je ne marche pas seule, loin de là, je marche avec la foule innombrable des pèlerins : les jacquets, oui, mes deux compagnons de route, oui, mais aussi tous ces autres, en marche chaque jour sur ce chemin si unique qu’est leur vie.

 

 Avec vous tous donc, en chemin : e ultreïa !

 

samedi, février 13 2010

Duc in altum ?

 

Il paraît que, dans la vie spirituelle, il faut savoir se jeter à l’eau. Soit.

Mais certains jours, la descente, pourtant extérieurement facilitée, s’annonce périlleuse… vous ne trouvez pas ? ;-)

 

mercredi, octobre 7 2009

Si le Seigneur ne bâtit la maison...


Tous, je les connais.

 

Un an déjà de passé ensemble… Mais notre compagnie mutuelle nous plaisait bien : on a donc ressigné de part et d’autre pour un an. Alors, ce soir, il était temps de les retrouver.

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dimanche, septembre 13 2009

Fidélité


Sr Huguette de La Garanderie

Fidélité, mot galvaudé

Fidélité, image de l’impossible ?

Hier, des rides, des fauteuils roulants, des gens impotents. D’autres encore valides, presque pimpantes mais sur lesquelles se sent tout de même le poids des années.

 

Et parmi cette foule disparate d’une maison de retraite religieuse, quelques-unes de fêtées, dont le regard s’éclairait d’une lueur bien particulière. Parmi ces fêtées, la doyenne d’âge et de profession « qui ne fait pas son âge », « qui court encore à travers toute la maison » : ma grande tante.

 

70 ans de profession religieuse… l’impossible ?

70 ans de fidélité à son Seigneur… sans en avoir jamais dissimulé les difficultés, les moments de doute, d’apparent échec et pourtant une certitude profonde d’avoir vécu, de vivre bien sur sa route à elle qui rejoint toutes les autres à sa destination finale.

 

Debout, le sourire aux lèvres, la voix ferme, elle a renouvelé hier ses vœux, ces conseils évangéliques que l’on juge partout si dépassés. Et j’ai été émue de la voir affirmer encore hier son engagement « pour toujours », pour demain dont elle ne sait de quoi il sera fait.

 

Dans ce monde où tout semble parfois mouvant, où l’on a peur, à vous qui fêtez aujourd’hui vos 93 ans, ma tante, merci pour la fabuleuse image d’engagement sans idéalisation d’un état, pour l’exemple de confiance, que vous nous donnez, que vous me donnez.

 


dimanche, juin 14 2009

Apprends-nous Seigneur....

 
 

Une année touche à sa fin. Encore une.

 

Comme toujours, il y a une part de rite dans ces fins d’années :

Le grand jeu, les engagements des novices,
Les rires, l’émotion.

 

Comme chaque année, moi aussi, l’organisatrice, la responsable, je me laisse toucher,

Émerveillée que je suis quand je regarde ce groupe.

Ou plutôt, non, pas ce « groupe », mais bien tous ces jeunes, un à un.

Ces regards, ces sourires, que je connais tant, que j’accompagne depuis plusieurs années.

 

Ceux-là, ceux-là même que j’ai connus tout petits, qui s’engagent maintenant au service des plus jeunes

Avec un rare sérieux, avec toute la difficulté que cela comporte à leur âge de s’engager.

 

Ces petits-là, qui s’engagent aujourd’hui après une année de découverte du service et du groupe.

À genoux, parrainés par un plus grand, ils prononcent ces paroles-là que nous tous qui les entourons avons dites un jour de notre enfance. Ces paroles qui se terminent par cette belle prière :

 

Je m’engage aujourd’hui à répondre à Ton appel,

Accorde-moi d’être un bon serviteur,
Apprends-moi à Te servir et à servir mes frères de tout mon cœur.

 

Émue de leur engagement si plein, heureuse de les accueillir désormais comme membres à part entière du groupe.

 

Ce matin, certains d’entre eux faisaient leur première communion et je sais qu’ils ont commencé à percevoir le lien profond entre l’Eucharistie et leur vie : c'était splendide, une vraie fête !

 

Ce midi, j’allais prendre le café chez mes… chez des proches. « Non mais Zabou, ça va pas bientôt cesser tes gamineries ? Avec les jeunes ? Et tes études, hein, tu n’y penses pas ? » <mes études vont bien, merci, je n’y pense jamais…>

 

Ceux-là même qui se plaignent des églises vides quand ils vont à la campagne.

Ceux-là même qui s’inquiètent de la place de la jeunesse dans l’Église durant de pompeuses réunions.

Ceux-là même qui râlent du manque de prêtres, de consacrés…

 

Immondes imbéciles…

 

Que j’aime, pourtant !

N’avez-vous donc pas compris, ô mes aînés, que le Christ n’a que nos mains et nos pauvres vies pour bâtir son Église ?

 

« Seigneur, apprends-moi à Te servir et à servir mes frères de tout mon cœur »

et, surtout, ceux auprès de qui Tu m’as envoyée : ces « petits » qui sont les Tiens.

Comme il Te plaira.

 

 

vendredi, mai 22 2009

Bloguez, cathos !

 
Bon, c'est pas parce qu'on se connaît hein, faudrait pas croire à du favoritisme, mais je cite notre Vénérable David (en rouge, bien sûr !), qui livre ce jour quelques belles paroles à la presse. Et un bel idéal pour ses frères et soeurs blogueurs !
 
Place St Pierre, le matin, vous m'aidez à la remplir ?
 
Quoi qu'il arrive, que cela soit sur les plate-formes vidéo, blogs, sites web, il ne sera pas facile à une Eglise habituée à donner une parole de vérité de se situer dans ce contexte pluraliste d'Internet où quasiment aucune parole n'a d'autorité.
 
Les blogueurs catho s'approprient le message évangélique et le redonnent, incarné dans leur histoire, avec un ton très personnalisé.
 
Mais leurs voix résonnent au milieu du chaos, sans pouvoir revendiquer d'autre autorité que celle de la vérité inscrite dans leur vie [...]. Ce qui fera la différence, c'est l'enracinement de l'écrivaillon dans une relation à celui qui est la Vérité, et dans la tradition qui l'a porté !"
 
in Famille chrétienne n°1636, p.33.
 

mardi, mai 19 2009

Ecclésia mou, sou, tou, mas...

 
 

Certains jours, l’écriture est difficile, tiraillés que nous sommes entre ce que nous voyons, vivons et l’impuissance de nos pauvres mots. Parfois ce tiraillement est interne, parfois on se le prend en pleine face, quand le ressort est trop tendu et qu’il lâche d’un coup. Il faut alors prendre le temps d’accueillir ces événements au creux de soi.

 

Beaucoup demandent : « Qui nous fera voir le bonheur ? » -Sur nous, Seigneur, que… Hum, ce n’était pas ça en fait que je voulais dire. Beaucoup s’interrogent, questionnent : « Ouais, ben moi, je croirai au Christ quand les chrétiens montreront l’exemple ! » ou, apostrophent les cathos d’un « Tu te prétends catho ? Vous n’êtes pas meilleurs que les autres ! »

 

Non, nous ne sommes pas meilleurs que les autres, c’est évident. Nous ne cherchons qu’à devenir pleinement humains et cela, ça prend bien une vie, je crois ! Mais ces remarques sont salutaires, elles nous entraînent à bouger, toujours plus, toujours mieux et à ne pas regarder notre petit nombril bien formé de pharisiens béats.  

 

Alors oui, nos communautés paroissiales ne sont pas des modèles et même, horreur, mutent parfois en de terribles contre-modèles que l’on a honte à avouer, où la lutte acharnée pour le maximum de pouvoir ne le dispute qu’à l’ambition d’être en vue. Tristesses, coups de gueules, incompréhension, engueulades forcenées aux naïfs qui font leur job, ne demandent rien d’autre et à qui l’on veut absolument faire prendre partie dans une stérile guerre des clans. Il y a des jours, certes minoritaires mais réels, où l’on a envie de tout laisser tomber, de laisser braire et d’avancer seuls, chacun de son côté.

 

Mais une Eglise sans ecclésia, non, je ne peux pas, non, je ne veux pas. Et, même dans les instants où la tension est palpable, il est beau de voir, sans nul idéalisme, qu’il est bon d’avoir ces frères et sœurs qui nous sont donnés : ce regard, c’est l’étincelle susceptible de rallumer entre eux, plus grandes gueules qu’autre chose, le Feu puissant. En clair : l’amour.

 

Ces derniers temps dans ma paroisse, cela sentait l’orage général. Présente de loin pour préserver ma tranquillité en ces temps délicats, je sentais l’électricité dans l’air à chacun de mes passages, me demandant d’où la foudre venait et où elle allait encore tomber et blesser des chrétiens de bonne volonté sans raison. Et je fustigeais mon regard trop critique.

 

Samedi, jour de fête. Un aumônier fatigué par un trop lourd traitement. Prêtre âgé, qui, chaque jour, vient les traits un plus tirés, qui tire sur la corde, on le sait, on le voit, on lui dit mais il en veut. Mais, quand je vois cet homme qui est aussi un ami j’ai à chaque fois un peu plus mal. Et, lui, ces 6 enfants-là du caté, il tenait à les baptiser, malgré tout.  

 

Quelques dizaines d’yeux pour le couver du regard. Disponibles pour le servir, lui approcher une chaise, lui tendre un micro : un ballet d’aubes blanches, ce soir-là curieusement concentrées en un mélange de joie et de détresse. Leur aumônier, notre aumônier…  mais ils n’étaient pas seuls à le veiller. Chaque baptême était joie, et douleur pour celui qui s’affaissait de plus en plus au dessus de la cuve baptismale : l’assemblée était unie dans une atmosphère orante. Ecroulement. Malaise. Pas de précipitation, pas de folie autour de lui, rien pour changer l’atmosphère : juste la certitude d’une Présence.

 

Doucement, l’assoir ; doucement, un verre d’eau ; doucement lui proposer un meilleur siège pour concélébrer le plus au repos possible ; doucement finir de vivre, ensemble -enfants du catéchisme, jeunes de l’aumônerie, orchestre des jeunes, servants d’autel, paroissiens habituels ou inhabituels, prêtres concélébrants- cette messe où le mot Communion s’est rarement fait aussi fort entre nous et en nous.

 

Quand l’ecclésiastique fit ecclésia.

 

A la fin de la messe, il prit le micro pour quelques paroles, qui n'étaient pas de lui, mais de l'Autre : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on vous reconnaîtra pour mes disciples »

 

Samedi fut tragique et fut Beau tout à la fois. Et je ne sais en parler, de ce moment qui m’a tant touchée.

Et je ne sais qu’en dire. Je ne peux qu’essayer de prier, pour lui, et pour un mot dont le désir n’aura jamais été si fort en moi, simple petite laïque de base : Unité.

 

dimanche, février 8 2009

Ite missa est

 

Ite missa est. Enfin, non, là où je vais à la messe, ça se termine pas tout à fait comme ça la messe, on cause en une autre langue plus familière. Puis là, il y avait un chant de sortie en plus.

 

Pour une messe « à l’arrache », comme ils disent, ça a été une réussite.

 

On avait bien pris le temps d’écouter les textes ensemble, ce qu’ils disaient, à nous, aujourd’hui (d’expliquer la figure de Job un peu aussi, le mec qui n’a jamais d’bol dans les ¾ de son livre) mais une réunion est brève et rien ne semblait prêt. L’autre équipe en charge de la messe était passée en mode silence radio, j’étais en Ecosse et recevais mail sur mail de l’aumônerie, appelant à chaque fois une même réponse de ma part (« non, je ne peux RIEN faire, je ne suis PAS en France ! »). Bref, la cata.

 

Bien avant la messe, j’arrive à la paroisse pour une autre réunion et j’apprends la chose suivante : « Ah le chauffage est encore en panne ». Juste avant la messe, tous les musiciens de mon équipe ne sont pas encore là, je cours partout, la prière qui devait être lue après la communion n’est pas là non plus et, quand arrive l’autre animateur d’aumônerie : « Bon, tu as les intentions de PU ? » « Ben, non ». Normal ? Normal. Sans compter un problème de sono.

 

Et puis, la messe commence, doucement, tranquillement. « Que vive mon âme à Te louer ». De suite, une autre ambiance. De belles lectures… préparées par les jeunes, lues vraiment oserais-je dire, en essayant de faire sens, d’en rendre ce qu’ils percevaient. « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile »… je commence à sourire franchement. Pourtant, qu’il fait froid sans manteau !

 

La messe se poursuit, chacun y met du cœur et là quelque chose se passe, se fait comme la certitude d’une Présence. Malgré le froid terrible, qui fait trembler, chacun prie et les mots des chants portent, donnent un « pourquoi » parfois oublié dans la tourmente pré-messe, alors que Ste Thérèse nous susurre à l’oreille qu’il est tout simple :

Je n’ai d’autre raison

Que l’Amour de Ton Nom

Mon bonheur est de vivre

Ô Jésus pour te suivre

Je n’ai d’autre raison

Que l’Amour de Ton Nom.

 

Ite missa est, par un Souffle imprévisible qui fut une flamme qui réchauffe.

D’ailleurs, je file, j’ai gagné le droit d’y retourner !

 

mardi, décembre 16 2008

Ouvrir la fenêtre

 

 

Ouvrir la fenêtre.

Respirer à pleins poumons ce que le vent nous apporte,

Sans crainte.

 

Des pensées ?

Sourire, doucement, calmement, en y resongeant.

 

Je considère mon rôle de tutrice autant comme un rôle d’accompagnement que comme un rôle d’enseignement. Alors, au détour d’une crainte, de leurs peurs si nombreuses, qu’ils osent à peine poser au départ tant ils imaginent souvent quelqu’un qui est en master comme un « très grand très fort très doué », je les détrompe et leur confie l’une ou l’autre partie de mon  parcours atypique.

 

Oui, j’ai eu un Bac S (… spé maths…. avec 8 en maths au bac !). Oui, j’ai fait une prépa, mais… scientifique ! (… je lisais Les Confessions de St Augustin durant les cours de chimie du vendredi matin pour ne pas m’endormir !) Oui, j’ai galéré. Oui, je me suis réorientée encore ensuite après un an de médecine. Oui, j’ai disséqué des bestioles. Oui, j’ai déjà fouillé une vache (euh, bon, ça je ne leur ai pas encore raconté : histoire définitivement choquante en milieu sorbonnard ? Le test serait à mener). Oui, les lettres, c’était un pari fou. Oui, j’ai beaucoup lutté pour faire cela, contre vents et marées. Oui, depuis que j’y suis, je m’éclate (mais ne le répétez pas trop fort).

 

Histoire d’une passion.

Qui en rejoint une autre dans mon cas précis.

 

Mais qu’importe ?

Rien d’exemplaire dans mon récit, certainement pas une route modèle à suivre, simplement quelques mots avec un brin d’humour.

Mais juste pour leur dire que ça vaut parfois le coup de lâcher ce qu’ils pensaient juste.

Quitter ses certitudes, ses illusions (sa sécurité ?) et que, oui, la réorientation est possible.

Qu’il suffit d’oser poser son pas au-delà, même si c’est combat.

 

Bon, vous savez quoi ?

Je crois que j’aime bien mon rôle de tutrice.

C'est tout plein d'humanité.

 

Alors, j’ai refermé la fenêtre et je les ai accueillis.

« Bonjour ! Vous avez passé une bonne semaine ? Pas de questions ?

Aujourd’hui nous étudierons…. »

 

P.S. : Pourquoi ce titre ?

Lors de ma première année de prépa véto, certaines tâches étaient confiées par les carrés aux bizuths. Tradition pas bien méchante. Le jour de la rentrée, je m’étais escrimée à ouvrir une fenêtre sans y parvenir : il suffisant d’appuyer sur un bouton et de tirer, rires. Mes aînés m’avaient nommé en conséquence dès le lendemain « bizuth fenêtre ».

Mon surnom et ma fonction durant un an.

Pour finir cette confession et à votre grand désespoir, je n’ai finalement pas fait carrière chez Lapeyre.

 

dimanche, novembre 23 2008

"Un de ces petits qui sont les miens" - Christ Roi 2008

 
"Un de ces petits qui sont les miens..."
 
Alors tant de visages me reviennent.
Tant de regards, de sourires ;
Autant d'images ancrées en profondeur
Qui m'accompagnent au quotidien.
Tant...
 
 
 
Moments de diverses micro-missions où l'on n'est que "serviteur inutile".
Oui, tant...
 
 
 
Et pourtant... 
... bien pas assez !
 
Il y a tous ceux que je ne vois pas,
 ou, pire, tous ceux que je ne veux pas voir au quotidien.
Parce qu'ils dérangent mon univers bien douillet ?
 
Et si nombreux ceux-là !
Petits du Seigneur, images du Christ que je ne vois pas !
 
Si la royauté du Christ n'est pas de ce monde,
Il ne revient peut-être qu'à nous de savoir l'initier,
humains à genoux, en apprentissage d'une plus grande humanité, 
apprenant à ouvrir grand leurs yeux fermés.
 
Seigneur, ouvre mon regard.
  

vendredi, novembre 7 2008

Et demain... Glossolalie

 
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Là, je prépare une conf. pour le MCR demain dans laquelle je parlerai des PCFF et d’AEP notamment. Voire du projet AdlM du RJI auquel j’ai participé l'été dernier.
J’sais pas s’il y a eu l’aval de la CEF mais il y a très certainement celui de l’EAP.
 

Cool : il suffisait de dire les choses !

 

samedi, novembre 1 2008

Alors, heureux ?

 
         

Accroche publicitaire : je m’en voudrais presque. Et pourtant…

 

Pourtant, je ne le puis. La Toussaint est LE jour des Béatitudes entre tous. En ces temps où rajouter -itude derrière un quelconque lexème est « in », la Béat-itude se fait pourtant rare en nos contrées, et en nos vies. Raison de plus pour en profiter !

 

Heureux ! Cela sonne comme un commandement.

Heureux ! Cela sonne comme une promesse.

 

J’ai tendance à penser que seul le silence est bon commentateur de cet Evangile si percutant, si prometteur et en même temps si… dérangeant.

 

Mais quand je vois nos gueules de déterrés, à nous humains, et particulièrement à nous chrétiens, nos gueules de tristes, de pas comblés, j’ai envie de clamer, de crier la seconde lecture de ce jour de fête avec tout mon cœur, avec toutes mes trippes, avec toute ma vie : « Voyez comme il est grand l’Amour dont le Père nous a comblés, Il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous le sommes ! »

 

Etonnante détonation dans nos vies -même minuscules !- qui s’emplissent alors d’une mystérieuse joie, qui grandit, s’étale et prend ses aises : et si l’on souriait ?

 

mardi, octobre 7 2008

Lancement d'une équipe

 

            Embarras : il est des mots qui ne sont prononcés qu’avec hésitation, en s’approchant d’un air gauche. « Dans ton équipe, il y aura… » Gêne suspecte. Qu’y a-t-il ? Allez, dis-le ! « Pourras-tu ? » Cap ? Pas cap ? En mon for intérieur, je l’ignore. Et quand j’en parle, les tons apitoyés ne le cèdent qu’à des lamentations sur le destin d’une jeune pourtant pleine d’avenir.

 

            Mais il est des regards qui ne trompent pas, une ambiance douce et complice qui se met en place, des gestes de service tout simples : petites choses qui disent qu’on a fait le bon choix.

 

            Alors, que tu sois dans un fauteuil et que tes bras ne répondent pas à ce que ton cerveau voudrait leur faire effectuer, peu importe Lise, sois la bienvenue parmi nous !

 

lundi, octobre 6 2008

Ligne directe ?

 

« Frères, ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, dans l’action de grâce priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, gardera votre cœur et votre intelligence dans le Christ Jésus. »

(2ème lecture 27ème dim. du TO A)

 

L’Seigneur, il a parfois une ligne directe avec notre cœur. Toujours surprenant.

 

Combien on disait de servants pour l’année à venir déjà ? 41 finalement ? Ah oui, c'était pas "presque 40" seulement ? Non ?

Bon, au point où on en est…

Fiat !

 

samedi, août 16 2008

C comme (la) Communauté

 
       Je ne puis, m'acheminant doucement vers la fin de ma série "Maroc 2008", omettre de parler d'un élément constitutif fort de cette expérience de 3 semaines à l'étranger même s'il peut sembler trivial : la communauté !
 
        Il y avait certes les Marocains avec qui nous passions la majeure partie de notre journée mais aussi les quelques personnes, mes compagnons de voyage, avec qui j'étais 24h/24. Et avec qui j'ai partagé moments extraordinaires et moments difficiles, moments de peine et de joie, moments d'avancée joyeuse et aussi de remise en question profonde.
 
Respect et robustesse, hommage à chacun d'entre eux !
 
 
 
Notre amie marocaine Sanae, Anne-Cécile, Sandrine, Anna, Béatrice, Marion and Zabou.
(ou comment faire la preuve que la dernière place est la meilleure !)
 
 
A ces filles, il convient de rajouter...
 
 
... Michel (ici après attaque de "ses" gazelles !
Palme du mérite gagnée à force de nous supporter)
 

vendredi, août 1 2008

Sourires

 

Peu de mots à dire car c’est peut-être, justement, ce qui dépasse le plus facilement les mots et engendre une compréhension au-delà de la barrière linguistique, si présente notamment avec les petits.

 

Car il y a une façon de tendre une main avec son visage. Une façon de sourire avec son cœur.

Et le dialogue naît alors, même sans se comprendre autrement. On peut marcher, jouer ensemble : tout semble simple. Et l’éclat de rire peut alors même naître de broutilles, dans la pleine présence à une joie partagée.

Avec Ajar

Au Maroc, j’ai vu des myriades de sourires naître sur les lèvres des enfants : je ne peux les oublier.


 

Impuissance

 
De l'arrivée au départ
 
On part avec des idées, son dynamisme, l'envie de tout bouger, l'envie de tout donner.
Et...
L'on se retrouve au lit avec 40 de fièvre, la tourista, des vomissements et des évanouissement dans le confortable lieu des escaliers.
Expérience déplaisante, remuante, révoltante.
 
Ma table de nuit
 
Et pourtant, pourtant...
Il faut mettre tout cela de côté et apprendre à passer de l'engagement au désengagement... puisqu'il en est ainsi.
Apprendre la démaîtrise, apprendre à accueillir. Expérimenter pour de bon dans ma vie que c'est lorsque je suis faible... que je suis fort ? 
Expérience fondatrice.
 
Un jour, on est de nouveau sur ses pieds, prêt à re-donner mais prêt à toujours recevoir tant la perspective s'est élargie.
S'engager dans l'action, comme au départ dans chacun de nos actes, mais dans une grande conscience de sa faiblesse humaine, de son impuissance face à l'immensité de ce qu'il reste à accomplir.
 
Nous n'étions qu'une goutte d'eau, offrant nos petites mains juste pour servir à notre humble mesure.
 
C'est peut-être cette prise de conscience qui nous faisait chanter ainsi, sur le bateau qui nous ramenait vers l'Europe...
 
 
... "Vous serez vraiment grands
Dans la mesure où vous êtes petits
Vous serez alors grands dans l'Amour
Vous serez alors grands dans l'Amour."
 
 

lundi, juillet 7 2008

A la veille du départ

 
Le désert marocain
 

Je pars demain, pour trois semaines.  

 

Trois semaines ailleurs, loin. Trois semaines que j’ai choisies, en profondeur, de vivre.

 

Trois semaines immergée en plein cœur d’une autre culture. Trois semaines à mettre mes pauvres capacités au service des autres, tout en gardant à l’esprit que je ne reste qu’un « serviteur inutile ».

 

Trois semaines à découvrir l’Autre, dans la plénitude de ce qu’il est.  

 

Je pars.

Non pour le simple plaisir de quitter la France. Non par fuite du quotidien. Non par un malin plaisir de contrarier les familiaux desseins. Mais bien plutôt pour découvrir, pour servir, pour aimer, pour grandir... Mots galvaudés du quotidien mais ô combien fondateurs.

 

Je pars avec des idées, des certitudes… faites pour être dérangées, bousculées, contrariées. Je pars, simplement et uniquement avec ce que je suis.

 

Je pars. Avec, dans mon cœur, vous tous, -bien sûr !- et l’intime conviction, vitale, de la véracité de cette phrase, reçue il y a peu : « Bon service. Sois heureuse, le Seigneur est avec toi. »  

 

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