Zabou the terrible

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Mot-clé - hello Hello !

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mercredi, février 6 2013

Être du monde sans être du monde : en Esprit et non en esprit !

 

« Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du Mauvais. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde.

Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.

Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu'ils soient, eux aussi, consacrés par la vérité. »

 

Évangile selon saint Jean xvii, 15-19

 

 

… et, en écho, quelques mots d’Ernest Hello ?

 

« L’esprit du monde est contraire au don ; l’esprit du monde, c’est de retenir, ou, s’il donne, c’est de donner avec mesure, avec calcul, avec obligation : on donne quand on a reçu, dans la mesure où on est obligé de rendre. Il a fait ceci ; je ferai cela. L’esprit du monde (j’écris à dessein dans cette phrase le mot esprit sans majuscule), l’esprit du monde, c’est l’affreuse petite réserve du moi humain, qui calcule, à partir de lui, et en revenant sur lui, la restriction du moi humain, qui a toujours peur d’être trop bon. Ce n’est pas ce danger-là qu’il court, le malheureux ! Et c’est pourtant ce danger-là qu’il craint.

 

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jeudi, mars 3 2011

Viens dehors !

« Sors de chez toi : veni foras.

Le don de soi est la condition de la vie. Plus l’homme s’épanche, plus il se fortifie ; plus sa vie est communiquée, plus elle est concentrée ; plus elle est généreuse, plus elle est maîtresse d’elle-même : plus elle est rayonnante, plus elle est centrale.

Et l’absorption en soi-même qui se donne comme une garantie, une sécurité, une prudence de la vie qui se garde, est la condition même de la pourriture. »

  

E. Hello


mardi, janvier 25 2011

Dire Hello à/a la foi

 

       « Le même homme […] a renoncé à ses illusions, mais il les regrette ; il s’est rangé et il s’ennuie. Voici comment certains hommes conçoivent la conversion. Ils croient que la conversion, c’est le refroidissement. Ils croient que les jeunes gens doivent jeter leur feu, pendant un certain temps, mais qu’à un autre âge, il est temps de se convertir, c’est-à-dire de s’ennuyer suivant certaines règles. Ils ne s’aperçoivent pas que le contraire est vrai exactement.

 

Se convertir, c’est se tourner vers Dieu qui est un feu dévorant. Se convertir, c’est s’associer au transport des joies.

 

         Se convertir, c’est se tourner vers l’amour, demander à Dieu de nous prêter sa vie, afin d’aimer divinement. Se convertir, c’est se livrer sans mesure et sans réserve aux ardeurs inextinguibles de l’amour immense ! »

 

Ernest Hello, Les Plateaux de la Balance (1880)

 

mardi, août 10 2010

Au coeur des activités

 

« La volonté du Christ est qu’enrichis des trésors et des magnificences célestes, nous demeurions avec lui, dans la plénitude de l’activité.

 

La volonté du Christ est que, parmi les actes les plus pratiques et les plus multipliés de notre vie, nous rendions visite continuellement au fond de notre esprit, à notre unité et à notre image divine.

 

Car à chaque moment de sa durée, dans tous les points qu’embrasse le mot maintenant, Dieu naît en nous, le Saint Esprit procède, armé de tous ses trésors. Offrons aux dons du Seigneur la ressemblance qu’il veut en nous, mais offrons à sa génération sublime l’unité sacrée de notre essence. »

 

Rusbrock l’admirable, traduction d’Ernest Hello

 

lundi, juin 21 2010

Il demande une place pour naître




            « Placé entre le feu de ceux qui aiment et le feu de ceux qui haïssent, il faut prêter main forte aux uns ou aux autres. Sachez-le donc ! Ce n’est pas à l’homme en général, c’est à vous en particulier que l’appel est fait ; car toutes les forces morales, intellectuelles, matérielles, qui se trouvent à votre disposition, sont autant d’armes que Dieu vous a mises dans les mains, avec la liberté de vous en servir pour lui ou contre lui. Il faut vous battre ; vous vous battez nécessairement. Il ne vous est laissé que le choix du camp.

            Jésus Christ, quand il est venu au monde, a demandé tout aux hommes, s’étant fait pauvre plus que les plus pauvres. Il a demandé une place pour naître : on la lui a refusée. Les hôtelleries étaient remplies : c’est une étable qui s’est ouverte. Il a demandé une place pour vivre : on la lui a refusée. Le Fils de l’Homme n’a pas eu où reposer sa tête ; et quand il s’est agi de sa mort, il n’a pas eu cinq pied de terre pour s’étendre : la terre l’a rejeté entre le ciel et elle, sur une croix.

            Or, celui qui a demandé demande encore. Il demande une place pour naître. »

 

Ernest Hello, L’Homme

mercredi, mars 31 2010

Faim de mars… et ça repart, vers l’infini et au-delà !

 

            « Il y a tant de choses à dire sur la fin de mars, que nous nous trouvons dans la nécessité de choisir. C’est la fête de l’Annonciation ; mais c’est aussi la fête de l’Incarnation. Car l’Incarnation, après l’Annonciation, ne s’est pas fait attendre. »[1]

 

            « Le mois de mars, disent les Bollandistes, est le premier des mois. C’est en mars, disent-ils, que le monde a été créé, en mars que le Rédempteur a été conçu. Le mois de mars est le premier mois que la lumière ait éclairé. Le Fiat de Dieu qui a ordonné à la lumière de naître, et le Fiat de la Vierge qui a accepté la maternité divine ont été prononcés tous deux en mars. […]

 

            Ces anniversaires ne sont pas des coïncidences. Ils se répondent les uns aux autres comme les échos se répondent de montagnes en montagnes.

 

            Ils marquent les heures sur l’horloge du temps. La nuit qui guidait les Hébreux dans le désert était faite de lumière et d’ombre. Le plan gigantesque qui embrasse la création, la Rédemption, la consommation, est tantôt obscur et tantôt lumineux. La main qui guide l’humanité tantôt baisse et tantôt soulève le voile derrière apparaissent les mystérieuses et solennelles harmonies. »[2]

 

 

Mystérieuses et solennelles harmonies, symphonies printanières, taquinerie gracieuse du jeu d’écho.

Demain commencera un autre mois, demain s’ouvrira le Triduum Pascal : ouverture en service majeur d’une apothéose.

Demain s’éveille ce qui mène à l’aurore d’une autre Vie,

D’un moi(s) qui répond à l’a/Autre,

Dans la vigoureuse fraîcheur d’un éternel commencement.

 



[1] Ernest Hello, Physionomie des saints, « La fin de mars ».

[2] Ibid. « Privilège du mois de mars ».

jeudi, mars 25 2010

Selon st Jean

 

« L’homme sans amitié, dit-il, reproche les bienfaits, exagère les moindres faveurs. L’ami cache les services rendus, en dissimule l’importance, et semble tout devoir, quand tout lui est dû.

 

Vous ne me comprenez pas ; hélas ! je parle d’une chose qui ne se trouve maintenant qu’au ciel, et de même si je vous entretenais d’une plante des Indes que personne n’aurait vue, il me serait difficile, avec beaucoup de paroles, de vous en donner une idée exacte ; ainsi mes discours sur l’amitié demeurent inintelligibles pour vous, car c’est une plante du ciel… Dans un ami, on possède un autre soi-même. »

 

St Jean Damascène, cité par E. Hello


mardi, mars 16 2010

Lueur de calme

 

            Plusieurs Saints sont plusieurs hommes, et il n’y a qu’un seul Évangile. J’ai pris, pour dire ces choses immortelles et tranquilles, l’heure où le monde passe, faisant son fracas.

 

            Un des caractères de l’Église catholique, c’est son invincible calme. Ce calme n’est pas la froideur. Elle aime les hommes, mais elle ne se laisse pas séduire par leurs faiblesses. Au milieu des tonnerres et des canons, elle célèbre l’invincible gloire des Pacifiques, et elle la célèbre en chantant. Les montagnes du monde peuvent s’écrouler les unes sur les autres. Si c’est ce jour-là la fête d’une petite bergère […] elle célèbrera la petite bergère avec le calme immuable qui lui vient de l’Éternité. Quelque bruit que fassent autour d’elle les peuples et les rois, elle n’oubliera pas un de ses pauvres, un de ses mendiants, un de ses martyrs. Les siècles n’y font rien, pas plus que les tonnerres. Pendant que les tonnerres grondent, elle remontera le cours des siècles pour célébrer la gloire immortelle de quelque jeune fille inconnue pendant sa vie, et morte il y a plus de mille ans.

 

            C’est en vain que le monde s’écroule. L’Église compte ses jours par ses fêtes. Elle n’oubliera pas un de ses vieillards, pas un de ses enfants, pas une de ses vierges, pas un de ses solitaires. Vous la maudissez. Elle chante. Rien n’endormira et rien n’épouvantera son invincible mémoire.

 

Ernest Hello, « Préface », Physionomie des saints

dimanche, février 28 2010

Hello ! Une page, « Deux étrangers »

 

            L’homme ignore ce qui peut se passer en lui, à l’instant où certaines choses qu’il a en puissance viennent en acte. Plongeant au fond de lui-même, le Prêtre y saisit subitement d’une main sûre toutes les forces qu’il avait ramassées et préparées depuis longtemps, et les présentant ensemble à Celui qui voit tout, il restant sans parole, comme s’il eût été vide, et dit enfin :

 

- Seigneur, je ne vois, ni ne sais, ni ne puis. Mais ayez pitié de ces deux hommes entre qui vous m’avez placé : car vous êtes leur Dieu et ils sont vos créatures. La terre est trop petite pour eux : ne les repoussez pas de vous ; ne les éloignez pas de la fête éternelle, car vraiment ils ont besoin de joie, et la joie est un de vos dons. Ils ont épuisé les choses de ce monde ; ils étouffent ; ils ont besoin de franchir les bornes de notre atmosphère. Ô Dieu de délivrance, qu’ils saisissent enfin de leurs mains vivifiées la jeunesse et la résurrection.

J’attends, Seigneur, j’attends : faites, faites. Amen aux explosions de la lumière qui va venir. Ne la ménagez pas, Seigneur ; faites-la couler sur nos fronts, sous nos pas ; car on ne sait où poser le pied, nous sommes encombrés de ténèbres. Amen aux splendeurs matinales de l’horizon qui s’allume, et que ces deux âmes soient délivrées !

Faites éclater votre voix qui soulage en parlant ! Esprit de paix, Esprit de joie, ô langues de feu, douces et dévorantes, souffle qui enflammes et qui rafraîchis, sérénité translumineuse, vivifiante, embrasante, devant laquelle meurt ma parole, j’ai prié, et j’attends. Du fond de l’abîme, Dieu de gloire, je vous parle pour eux dans toute la faiblesse, dans toute la terreur, dans toute l’impuissance, dans toute la solennité dont mon âme est capable. Ô lumière adorée, pour leur apprendre à dire : Amen ! ravissez-les jusqu’aux régions de la joie et de la foudre. Qu’ils disent Amen de plus près, Amen sur la montagne, Amen dans leur langue, dans la langue de leur patrie, dans la langue dont l’harmonie fait oublier, se souvenir, se reconnaître et pleurer ! Que leur Amen éclate enfin dans les cieux.

 

Ernest Hello, « Deux étrangers », Contes extraordinaires

 

mardi, décembre 1 2009

Pensée inactuelle 3


            Ernest Hello est un lien entre les Antimodernes du début et ceux de la fin du xixème siècle. Mystique, il scrute et interprète les signes du temps dans l’Absolu, préfigurant un Léon Bloy – pour lequel il comptera d’ailleurs beaucoup – mais il est aussi un indéniable pourfendeur de son temps, cherchant, plus que l’insipide scoop ou potin mondain, l’actualité du temps biblique où « un seul jour est comme mille ans et mille ans sont comme un seul jour » (2 P III)





 

L’actualité

 

Chercher des nouvelles est devenu une profession.

 

Cette profession a ses fatigues. Elle a aussi sa morte-saison. Plusieurs, qui ont consacré leur vie à saisir au vol sur les boulevards les commérages du jour, prêtant l’oreille à tous les bruits, pourvu qu'ils fussent insignifiants, plusieurs sont devenus vieux avant l'âge.

 

Ils faisaient tous les matins la récolte des riens qui courent par milliers, pour servir cette pâture à cinquante mille affamés. Mais les principaux d’entre eux sont fourbus maintenant, et le métier lui-même est devenu vieux. Pourtant, l’actualité n’est pas morte.

 

Ernest Hello, Le Siècle, les hommes et les idées (1896)

 

Et aujourd’hui ? Et… que penserait-il des blogues ?