Regarder dès à présent sur la suggestion du futur
prédicateur la 1ère lecture de dimanche prochain sur aelf.org ;
Et voir ce sous-titre donné à la lecture :
« Le prophète doit souffrir pour son Dieu » peu engageant au prime
abord ;
Et lire, et finalement sourire : c’est d’un texte
particulièrement aimé qu’il s’agit là !
Un texte qui ne présente pas la vie en rose, certes, qui
parle de « raillerie », d’« injure » même et de la violence
dont le prophète doit faire preuve pour parler en Son nom.
Mais ce texte, il dit l’essentiel, il dit la vérité d’un
feu brûlant, d’une séduction qui n’est pas captatrice : alors, en réalité,
ce n’est pas de « séduction » dont il s’agit mais d’amour.
La séduction, ça rime avec tentation : avec Sa
grâce, on peut y résister ;
La seule « séduction » que puisse faire le
Seigneur, elle a nom Amour : et on ne peut que s’y sentir enflammé, brûlé
sans que cela s’éteigne, à tel point de ne pouvoir résister.
Oh, on pourrait, bien sûr, c’est la liberté… mais qui a
envie de dire non à l’amour ?
J’entends en écho St Augustin que nous fêtons ce
jour :
Je t'ai aimée bien tard, Beauté si ancienne et si nouvelle, je
t'ai aimée bien tard ! Mais voilà : tu étais au-dedans de moi quand j'étais
au-dehors, et c'est dehors que je te cherchais ; dans ma laideur, je me
précipitais sur la grâce de tes créatures. Tu étais avec moi, et je n'étais pas
avec toi. Elles me retenaient loin de toi, ces choses qui n'existeraient pas si
elles n'existaient en toi. Tu m'as appelé, tu as crié, tu as vaincu ma surdité
; tu as brillé, tu as resplendi, et tu as dissipé mon aveuglement ; tu as
répandu ton parfum, je l'ai respiré et je soupire maintenant pour toi ; je t'ai
goûtée, et j'ai faim et soif de toi ; tu m'as touché et je me suis enflammé
pour obtenir la paix qui est en toi.
Et ces paroles de Jérémie, donc, si souvent lues,
entendues, écoutées, méditées :
« Je me disais : « Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus
en son nom. » Mais il y avait en moi comme un feu dévorant, au plus profond de
mon être. Je m'épuisais à le maîtriser, sans y réussir. »
Je les aime ces paroles, parce que, souvent, ces
paroles, comme Jérémie, je me les suis dites : il y a des jours où,
sachant l’antagonisme rencontré ici ou encore là, je n’ai pas envie de parler
de Lui, je n’ai pas envie de vivre de Lui…
Il y a des jours, oui, trop nombreux ces jours, où j’ai
peur…
Mais qui ne saurait vivre quand l’amour l’anime ? L’anime
au sens étymologique du terme : quand l’amour fait vivre son âme et, donc,
alimente sa vie ?
J’entends encore en écho Isaïe dans le chant du
Serviteur souffrant « j’ai rendu mon visage dur comme pierre » mais…
mais la raillerie le transperce, même si nous sommes sûrs de ne « pas être
confondus ».
Parce que Le rencontrer, c’est apprendre à aimer ;
Parce que Le rencontrer, c’est devenir plus
vulnérable : comment aimer si l’on n’a pas abaissé ses barrières, si l’on
ne choisit pas de devenir chaque jour plus « désarmé » ?
On ne peut aimer, barricadé derrière des
protections : pas d’amour vrai sans risque.
Un disciple n’est pas plus grand que son maître :
et Lui, Il est mort sur la croix ;
Oui, le prophète – c’est-à-dire nous aussi par notre
baptême – devra souffrir pour son Dieu, le sous-titre donné par le site a
raison…
Mais est-ce vraiment l’essentiel à titrer ?
En nous laissant rencontrer par Lui, il y aura toujours
ce feu brûlant
Ce feu d’un « je t’aime » qui parle au plus
profond de ton cœur ;
Ce feu d’un Dieu qui change ta vie, en profondeur,
Ce feu qui déborde car tu ne saurais le maîtriser,
Ce feu qui te donne l’envie, que dis-je, le désir d’en
faire un titre de ta vie, un « Il t’aime, tu sais ? » à la face
du monde,
Qui que tu sois, quoi que tu fasses, où que tu sois,
Car, ô enflammé par Lui, tu sais qu’Il est avec toi.