Aujourd’hui puis toute la semaine, nous aurions dû lancer et vivre une marche pèlerine en groupe comme tous les ans : pas tout à fait le même principe qu’à l’ordinaire en Italie mais en France, non dans la suite du chemin d’Assise du fait de l’épidémie mais sur un autre chemin de pèlerinage. Nous avions prévu un plan B qui envoyait tout de même du rêve… Cette même épidémie nous a contraints à annuler : trop peu d’inscrits suffisamment en avance et trop de contraintes pratiques et sanitaires. Nous avions prévu de vivre et de faire vivre un « chemin de création et de désert », appuyés sur la lecture du cycle d’Élie : alors il est vrai que cela faisait quelque chose d’entendre la 1ère lecture de ce dimanche tirée de ce même cycle, en 1 R 19, 4-8.
Élie, fuyant l’horrible reine Jézabel, marche dans le désert, sans doute ce que nous aurions dû faire… et pourtant n’est-ce pas plutôt un symbole de la situation qui nous étreint non si nous avions marché mais bien aujourd’hui, découragés, sans trouver l’oasis bienfaisante dans un monde à la marche claudicante ? Comme tant d’autres organisateurs, à divers niveaux, nous avons dû annuler un projet où nous avions mis du nôtre et nous nous retrouvons en plan, nous demandant quand sera le retour d’un temps plus riant. Pour ce projet, comme de nombreux autres depuis plus d’un an, il peut nous arriver de récriminer ou de nous assoir, sans envie, sans voir un sens à tout cela.
C’est donc bien dans ces circonstances que nous pouvons davantage nous identifier au prophète et à son ras-le-bol ! Mais c’est justement en ces lieux qui ne sont pas seulement désertiques mais carrément marqués par la mort que le Seigneur vient nous retrouver, nous faisant nous lever et manger car « il est long le chemin qui nous reste ». Depuis plus d’un an ½, rien ne se passe comme prévu mais nous continuons de prier chaque jour ou au moins à chaque messe le Notre Père, Lui demandant de nous donner le pain quotidien. Alors je crois, profondément et intensément, que le Seigneur, même dans ces imprévus, vient nous redire de nous nourrir car le chemin est encore long : à nous de discerner et d’accueillir ce que Sa grâce veut nous donner en chaque méandre de l’inattendu pour vivre pleinement, fortifiés par Lui.
Illustration : icône de l'atelier St André