« Éternel, je me tais ; en Ta sainte présence,
Je n’ose respirer ; et mon âme en silence
Admire la hauteur de Ton nom glorieux ;
Que dirai-je, abîmé en cette mer profonde ?
Pendant qu’à l’infini Ta clarté nous inonde,
Pouvons-nous seulement ouvrir nos faibles yeux ?
Je T’approche en tremblant, lumière inaccessible ;
Et sans voir dans son fond l’être incompréhensible,
Par un vol étonné je m’agite à l’entour.
Cessez, qu’espérez-vous de vos incertitudes,
Vains pensers, vains efforts, inutiles études ?
C’est assez qu’Il ait dit : Je suis celui qui suis.
Il est tout, Il n’est rien de tout ce que l’on pense,
Avec ces mots profonds, j’adore son essence,
Et sans y raisonner, en croyant je poursuis
Descends, divin Esprit, pure et céleste flamme,
Puissant moteur des cœurs qu’en secret je réclame ;
Et toi qui le produis dans l’éternel séjour,
Accorde Ta présence à mon âme impuissante,
Fais-en, car Tu le peux, une fidèle amante,
Et pour Te bien aimer, donne-lui Ton amour. »
J.-B. Bossuet