Zabou the terrible

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Mot-clé - pensées inactuelles

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mercredi, février 6 2013

Être du monde sans être du monde : en Esprit et non en esprit !

 

« Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du Mauvais. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde.

Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.

Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu'ils soient, eux aussi, consacrés par la vérité. »

 

Évangile selon saint Jean xvii, 15-19

 

 

… et, en écho, quelques mots d’Ernest Hello ?

 

« L’esprit du monde est contraire au don ; l’esprit du monde, c’est de retenir, ou, s’il donne, c’est de donner avec mesure, avec calcul, avec obligation : on donne quand on a reçu, dans la mesure où on est obligé de rendre. Il a fait ceci ; je ferai cela. L’esprit du monde (j’écris à dessein dans cette phrase le mot esprit sans majuscule), l’esprit du monde, c’est l’affreuse petite réserve du moi humain, qui calcule, à partir de lui, et en revenant sur lui, la restriction du moi humain, qui a toujours peur d’être trop bon. Ce n’est pas ce danger-là qu’il court, le malheureux ! Et c’est pourtant ce danger-là qu’il craint.

 

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jeudi, juin 21 2012

Qu’est-ce que je dis ?

 


« Il répète trop : la foi, la foi, il s’accroche au mot comme à une bouée.

Quand on veut parler d’une chose, il faudrait ne pas la nommer trop vite. Les mots ne sont pas des objets.

La poésie seule pourrait faire deviner que le sens est au-delà et ne peut surgir que d’une rencontre, la rencontre de l’esprit chrétien et du Saint Esprit prisonnier dans la lettre. »

 

in Jean Sulivan, Consolation de la nuit

 

 

A lire, je me demande : qu’est-ce que je dis, quand je dis « Dieu » ?

Qu’est-ce que je dis, quand, témérairement, j’ose dire que je prie… 

 

 

Donne-nous et trouve en chacun de nous des poètes épris de Toi,

Te remettant, jetant en Toi d’un élan quotidien, écrits et cris,

Tentant de chanter et ne sachant, et ne faisant, que balbutier ;

Mais gracieux jusque dans leurs balbutiements porteurs de fragments étincelants,

Parce qu’échos, parce qu’éclats, dans leur vie, d'une rencontre impossible à contenir. 

 

 

vendredi, octobre 28 2011

Pensée inactuelle 9

 

« La myopie congénitale à la polémique fige dans l'instant et fixe caricaturalement ce défaut de perspective : elle charge contre des moulins à vent dont il faut aujourd'hui chercher les noms dans les dictionnaires spécialisés : ainsi Beaumarchais s'en prend au conseiller Guzman, Balzac à Gustave Planche, et Péguy à M. Fernand Laudet. »

 

Julien Gracq, En Lisant, en écrivant.

 

Pourquoi ? Parce que…

 

Une manière d’ « en » parler sans « en » parler,

Une manière d’éviter l’échaudement à vif,

Et de prendre le temps des justes et pacifiques mises au point optiques... 

  

dimanche, octobre 9 2011

Aux tons d’automne

 

« Une éternité de beau temps pèse aux membranes closes du silence, et la maison de bois qui bouge, à fond d’abîme, sur ses ancres, mûrit un fruit de lampes à midi

pour de plus tièdes couvaisons de souffrances nouvelles. »

 

Saint-John Perse, Poème à l’étrangère

 

Automne ;  

Dépouillement progressif des teintes visibles ; 

Retour progressif vers le plus intérieur où le Froid touche moins : 

Couvaisons de souffrances, couvaisons de joies, ou, peut-être plus justement, tout simplement, de tout ce qui sera…

 

mardi, mai 17 2011

Pensée inactuelle 8

 

« De tout ce qui est écrit, je ne lis que ce que quelqu’un écrit avec son sang.

Ecris avec ton sang : et tu verras que le sang est esprit. »

 

Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra

 

Ecrire, lire, penser

Au rebours, parfois, mais toujours :

avec ses tripes, avec son sang, avec sa vie.

 

mercredi, mars 30 2011

Pensée inactuelle 7

 

Révisions de littérature comparée. Thématique n°2 , « Théâtre et violence ». Tout y tourbillonne, les violences s’enchaînent, les violences se répondent dans une atrocité cinglante. Soudain jaillit cette citation de Lévinas. Vrai joyau d’inactualité dans le tourbillon étouffant des quotidiens stressés : pour affirmer notre présence, nos choix, ou bien, encore, aller au-delà. Et cela est doux.

 

Car dire « Me voici ! » alors que la vie semble aller dans une direction toute contraire, puisque la vie ne veut qu’elle-même et commande la seule persistance dans l’être, c’est manifester par contraste quelque chose de supérieur à la vie et à la mort, glorieux par là même…

 

Emmanuel Lévinas, Ethique et infini, 1982.

 

jeudi, mai 13 2010

Pensée inactuelle 6

Savoir reconnaître ses maîtres ?

 

« Que la terre vous soit légère !

Que vos urnes recèlent un éternel printemps, ô vous qui voulûtes que vos enfants respectassent dans un maître la sainte autorité du père, ou regardassent un maître comme un père dont ils tiennent non la vie du corps, mais celle de l’esprit »

 

Mgr Huet, citant Juvénal et Quintilien

 

lundi, avril 19 2010

Pensée inactuelle 5

 

« Pouvoir perdre (amittere posse) est ainsi le point de départ de la détermination de l’aimer (amandum) parce que la vie ne cesse de se perdre en approchant de la mort »

 

Hannah Arendt, Le Concept d’amour chez Augustin

 

Et c'est ainsi que "perdre" peut vouloir dire "gagner", dans une logique où tout semble renversé.

 

samedi, février 20 2010

Pensée inactuelle 4




Sachons bien que la plupart des hommes de ce temps qui sont lancés dans le monde et dans les affaires ne lisent pas, c’est-à-dire qu’ils ne lisent que ce qui leur est indispensable et nécessaire, mais pas autre chose.

 

in Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. ii

 

Et je n’ai nul besoin de commenter.

mardi, décembre 1 2009

Pensée inactuelle 3


            Ernest Hello est un lien entre les Antimodernes du début et ceux de la fin du xixème siècle. Mystique, il scrute et interprète les signes du temps dans l’Absolu, préfigurant un Léon Bloy – pour lequel il comptera d’ailleurs beaucoup – mais il est aussi un indéniable pourfendeur de son temps, cherchant, plus que l’insipide scoop ou potin mondain, l’actualité du temps biblique où « un seul jour est comme mille ans et mille ans sont comme un seul jour » (2 P III)





 

L’actualité

 

Chercher des nouvelles est devenu une profession.

 

Cette profession a ses fatigues. Elle a aussi sa morte-saison. Plusieurs, qui ont consacré leur vie à saisir au vol sur les boulevards les commérages du jour, prêtant l’oreille à tous les bruits, pourvu qu'ils fussent insignifiants, plusieurs sont devenus vieux avant l'âge.

 

Ils faisaient tous les matins la récolte des riens qui courent par milliers, pour servir cette pâture à cinquante mille affamés. Mais les principaux d’entre eux sont fourbus maintenant, et le métier lui-même est devenu vieux. Pourtant, l’actualité n’est pas morte.

 

Ernest Hello, Le Siècle, les hommes et les idées (1896)

 

Et aujourd’hui ? Et… que penserait-il des blogues ?


mardi, octobre 20 2009

Pensée inactuelle 2

               Quelques mots de Péguy qui se passeront de commentaires de ma part. 


Donne-moi de m émerveiller

« Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise pensée. C’est d’avoir une pensée toute faite. [...] Il y a quelque chose de pire que d’avoir une âme même perverse. C’est d’avoir une âme habituée. »

 

Charles Péguy

 

(cité dans Robert Scholtus, Petit Christianisme d’insolence, que je viens de terminer et que j’aime décidément beaucoup)

 

lundi, octobre 12 2009

Pensée inactuelle 1

                Pensées in-actuelles : j’ai décidé de poster ici de temps à autre, sous ce titre, quelques citations de divers auteurs qui me semblent si in, donc si actuelles dans leur inactualité et qui me réjouissent. Avec, éventuellement, quelques lignes de commentaires. Ou pas, ce sera selon. Voilà. Bonne in-actualité à tous, on commence par du Platon.

 

« άρχή γάρ και θεός έν άνθρώποις ίδρυμένη πάντα »

 

« Le commencement est comme un dieu qui, aussi longtemps qu’il séjourne parmi les hommes, sauve toutes choses. »

Platon

 

Et si au commencement était le Verbe, alors là… Sourire