Zabou the terrible

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mercredi, février 1 2023

D'une parole libre avant que la parole ne se libère : in memoriam

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         Cela fait 10 ans aujourd’hui qu’un des prêtres ayant compté dans ma jeunesse est décédé et je dois dire que je ne peux que penser à lui ces temps-ci, très souvent. Pourquoi ? Parce qu’il fut abusé dans sa prime jeunesse, quand il servait la messe. 

 

         Je ne pense pas tant à lui parce que c’est une horreur de plus que parce que, à une époque où la parole ne s’était pas encore libérée, je me souviens de sa manière de nous en avoir parlé, à nous servants d’autel qu’il accompagnait, à tous les plus grands à partir de l’adolescence : à la fois en vérité, sans aucun voyeurisme, mais avec pudeur : que ce mal était possible, qu’il blessait plus qu’horriblement, que cela marquait à vie. Et, dans le même temps, que, dans son histoire, le Seigneur était plus fort que cette mort intime et qu’il Le servait comme prêtre, dans le même diocèse où il avait été abusé : dans ce mal qu’il nous confiait, il y avait aussi cette lumière incroyable dont il témoignait. Sans grands mots, jamais : dans la simplicité. Il faisait preuve d’une belle écoute, d’une prière pudique, un peu secrète, qu’on devinait avec une fidélité du quotidien même dans les tourments de la maladie, jusqu’à son dernier souffle. 

 

         Oh, certes, c’était loin d’être un homme parfait : ses coups de gueule sont restés célèbres et, sans doute, s’il avait vécu aujourd’hui, il en aurait poussé de plus gros. Parfois, il m’arrive même de les imaginer avec un grand sourire ! Mais c’était bien ainsi qu’il était aimé des paroissiens et des jeunes et qu’il les aimait, avec affection et exigence. 

 

         Pourquoi est-ce que j’en parle maintenant au-delà de l’anniversaire de ce décès ? Parce que je me dis qu’avoir entendu cette histoire dès mon jeune âge m’a rendue sensible à toutes les révélations qui tombent depuis plus d’un an, m’a préparée, m’a « sensibilisée » au sens allergique du terme et que c’est extrêmement précieux. Comment être prêt à dire "non" si nécessaire dans une Église que vous aimez ? Comment se préparer à écouter celui ou celle qui vient vous confier l’inimaginable ? Il n’y a sans doute rien de mieux que la parole, libre et vraie et cela dès l’âge où nous sommes aptes à l’entendre : cela n’enlève rien à l’amour du Christ et de l’Église, cela rend simplement aussi sensible qu’exigeant. 

 

Merci, père Claude Thibault pour cela comme pour le reste : je suis sûre que, là-haut, le Seigneur a essuyé toute larme de vos yeux... et que vous intercédez aussi pour que toute cette vérité se fasse au service d’abord des plus souffrants, pour le bien du plus grand nombre. 

 

 

 

mardi, octobre 8 2019

Traduction OR - Et vous madame, est-ce que vous croyez en moi ?

Aujourd'hui est paru dans L'Osservaro Romano, le journal du Vatican, un petit article de ma part témoignant de ma rentrée, pour toute une série de leur part sur l'école et l'éducation. On peut le trouver en italien donc ici sur le journal complet ou encore sur l'article spécifique.  

 

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            Encore une rentrée. Une rentrée ordinaire ? Oui et non car un enseignant ne peut jamais s’habituer à la rentrée : il y a de nouveaux visages à découvrir, d’autres élèves, c’est-à-dire d’autres êtres en croissance qu’il va falloir aider à grandir et c’est toujours neuf, comme un défi à relever. Le mélange d’excitation et de stress qui nous habite les jours précédant la rentrée est assez caractéristique : saurons-nous non pas continuer mais bien commencer à nouveau cette année ? Avec un regard si neuf qu’il porte l’espérance chez ceux sur qui il se pose ? Pour moi, professeur de Lettres dans l’enseignement public, cette rentrée marquait aussi le passage dans un nouvel établissement, du collège au lycée mais qui n’est pas un grand déménagement puisqu’il se trouve dans la même zone de cette banlieue dite pudiquement sensible dans laquelle j’enseigne depuis six ans. Je n’ai pas choisi d’y être envoyée mais, touchée par ce que j’y ai découvert, j’ai décidé d’y rester. 

 

            Ici, la pauvreté, matérielle ou humaine, est fréquemment présente, parfois de manière cachée : il faut simplement gratter les apparences pour la voir apparaître. Tel élève n’a pas de famille, cet autre vient arrive toujours en retard mais c’est parce qu’il vient de chez son parent qui habite loin, tel encore est en situation de souffrance. Et il faut faire cours dans ce contexte trop souvent lourd qu’ils apportent avec eux : si ces soucis viennent de dehors, on ne peut leur demander d’en faire totalement abstraction. Je crois qu’il s’agit pour chacun de nous, enseignants, de rester présents et de savoir donner généreusement de notre temps dans des relations interpersonnelles, à leur écoute. 

 

Un problème dramatique ici est la quasi-absence de mixité sociale, notamment sur le plan culturel : comment montrer autre chose aux élèves que ce qu’ils côtoient au quotidien ? C’est l’importance pour moi des sorties scolaires, grandes ouvertures sur le monde, mais, sans changement sociétal réfléchi, cela ne peut aller loin. Comment favoriser une culture de la rencontre et non la ghettoïsation actuelle, aggravée par l’individualisme moderne ? Selon que votre banlieue sera riche ou misérable, votre établissement aura une réputation favorable ou bien minable. Cela a aussi des conséquences très pratiques sur la manière de faire cours : mes évidences culturelles ont dû faire place à de longues périphrases pour expliquer certains textes. Et j’avoue ne jamais être aussi heureuse que lorsque mes élèves comprennent enfin une œuvre en se l’appropriant avec leurs mots, parfois fleuris : la barrière de la compréhension a été franchie, on peut alors avancer et faire savourer la beauté d’une langue. 

 

En banlieue française fortement marquée par la présence de jeunes issus de l’immigration, la place des filles se pose également de manière cruciale : beaucoup se sentent en effet limitées par le poids culturel dans le choix de leurs études alors qu’elles sont d’une grande intelligence. Comment leur laisser les mêmes chances, les mêmes ouvertures qu’à leurs collègues masculins ? Il y a tout un travail de sensibilisation, ne serait-ce que pour les aider à croire en elles et je me rappellerai toujours de cette élève qui, un jour, s’était effondrée en larmes devant moi en me questionnant : « et vous, madame ? Vous croyez en moi ? ». Enfin, de manière plus large, dans l’ensemble de la France, la réforme du bac et du lycée laisse aussi augurer de nouveaux défis dont il va falloir apprendre à se saisir : les filières ont été supprimées au profit de choix de spécialités pour permettre des parcours normalement plus personnalisés. Cela sera-t-il le cas ? Le temps seul le dira. 

 

            Mon travail est d’être professeur mais mon être profond est tout au Seigneur comme vierge consacrée. L’insistance du pape François sur la joie me marque beaucoup : « Là où il y a des consacrés, il doit y avoir de la joie » a-t-il martelé à plusieurs reprises. C’est très vrai. Alors, je crois qu’il s’agit également d’une part essentielle de ma mission : diffuser cette joie profonde que donne l’amour de Dieu parce que, je le crois, mes élèves sont aimés eux aussi. C’est l’humble fidélité du quotidien, les manches retroussées pour servir, et c’est ma joie. Et ce métier de professeur, qui est aussi vocation, en devient alors à chaque rentrée plus rayonnant : il s’agit d’aider, chez nous par notre prière, en classe par notre témoignage et par notre proximité à tous, à faire signe vers un Amour plus grand, qui précède chacun. 

jeudi, juillet 14 2016

C'était comme une relecture d'annonce

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C'était comme un murmure,
Le murmure un peu sourd, un peu caché, de l'onde se frayant un chemin capricant... L'onde vive, qui va, à chaque ressac, plus loin, qui creuse plus profondément la pierre à chaque passage.
Sillons d'eau comme sillons de vie cherchant à irriguer la profondeur. 

 

C'était comme un murmure qui d'un coup était passé à plein volume sonore : des écailles de mes yeux et de mon coeur étaient tombées.
Pas assez, mais suffisamment pour entendre clairement, du murmure, émerger une Parole. 

 

C'était comme un murmure toujours présent dans ma vie, qui sourdait, toujours plus fort, jusqu'à faire éclater tous les barrages bien construits, faits de sécurité et de certitudes. 

 

C'était devenu en réalité comme un torrent,
Le torrent du murmure de Sa joie,
Parole qui murmure en nos vies, n'attendant qu'accueil,
Parole qui n'attend chaque jour plus que notre "oui", comme adhésion à Son amoureux imprévu,
Pour se déverser à plein régime,
Pour offrir au monde comme un ru supplémentaire d'eau vive, où transparaît malgré les pierres le reflet irrisé de Sa joie. 

 

vendredi, décembre 12 2014

Ut unum sint… de Paris vers Krakow

 

Comme souvent en décembre, les temps furent chargés, d’où moins de temps passé sur le blogue, moins de temps disponible pour écrire… mais plus de choses à vous y narrer désormais sans doute !

 

C’était samedi dernier, une première réunion pour les JMJ de Cracovie.

Des hommes de toute langue et des femmes de tous les diocèses de France,

Des prêtres, des laïcs, des consacrés, des mariés, des jeunes, des moins jeunes physiquement.

Un évêque pour présider, des tonnes dizaines de prêtres pour célébrer.

En les voyant passer, je me disais que c’était un peu comme une belle grosse messe diocésaine mais en pire, ou plutôt encore en mieux : toute la diversité du clergé, du plus débraillé au plus engoncé s’y disait avec toutes les variantes.

Puis en regardant l’assemblée, j’ai souri, c’était exactement pareil…

De tous nos diocèses, de toutes nos sensibilités,

Mais venus pour un même projet,

Mais surtout venus animés par un même Esprit,

Mais surtout pleins d’une même Foi au Christ.

 

J’aime toujours la diversité quand elle se dit unité,

Mais là, j’ai aussi senti quelque chose qui se disait de l’Église :

On faisait Église.

Et c’était très juste, très beau.

 

 

 

mardi, décembre 2 2014

Adorez-Le, bénissez-Le

 

C’était hier : commencer tôt la journée par un temps d’adoration, la finir par une heure syndicale dans mon établissement.

En mettant en route ma voiture pour rentrer chez moi, complètement explosée de fatigue par la longue journée, je pensais à cela et j’ai souri tant cela pourrait sembler incohérent à simple vue « mondaine ».

 

1h d’adoration, en silence : le cœur qui babille ses multiples cris, ses multiples intentions, ses multiples louanges, ses multiples demandes de pardon, ses multiples « j’essaie de T’aimer » ;

Et puis le cœur qui tente aussi de rester en silence, à écouter, à recevoir.

 

Au milieu : des cours. Enseigner, faire grandir, au mieux.

 

1h d’heure syndicale, « en bruit » : les bouches qui parlent, qui râlent, qui s’exclament, qui murmurent, qui interrogent ;

Temps nécessaire du débat, pour améliorer, ensemble.

 

Du silence à une progressive cacophonie ?

Quelque chose comme une harmonie.

 

Hier, j’ai eu l’impression que quelque chose d’essentiel dans ma vie de chrétienne s’était fait sentir très concrètement ;

Hier, il n’y avait aucune incohérence, mais, au contraire, une profonde cohérence ;

Certes, c’est impossible à réaliser tous les jours sans aménagement d’emploi du temps,

Mais cela permet de toucher, un peu mieux, cette profonde réalité de notre vie chrétienne que, sans Lui, nous ne pouvons rien faire.

S’exposer à Lui pour rester au plus proche des hommes.

Recevoir, se recevoir de Lui, chaque matin,

Pour se donner, Le donner, chaque jour, à nos frères humains.

 

 

 

mercredi, octobre 29 2014

Back from the school

L'école de prière, c'est toujours un peu pareil, et toujours un peu différent.

Les thèmes reviennent, systématiques : confiance, Marie, pardon, eucharistie, croix, résurrection et mission. 

C'est un peu comme un chemin de notre vie chrétienne, c'est un peu comme une Semaine Sainte en miniature. 

Tu ne sais jamais ce qui portera du fruit, tu ne sais jamais ce qui n'en portera pas. 

Alors, comme "berger", tu suis toi aussi cet itinéraire, 

Et "l'école de prière jeunes" devient école de prière pour toi aussi, où tu apprends à te mettre à l'école de Sa Parole, où tu sens bien au fond de toi que les moments où tu cafouilles sont ceux qui ne furent suffisamment non pas préparés — parce que, dans le fond, tu te prépares à la semaine depuis un an, depuis la fin de l'EPJ précédente en fait — mais priés. 

Tu ne sais jamais ce qui atteindra le cœur des jeunes, comme tu ne sais jamais à l'avance ce qui atteindra celui de ta super équipe d'animateur, ni le tien. 

L'EPJ sonne donc simplement comme une puissante invitation à se mettre à l'écoute et à se convertir assez pour ne jamais faire écran à la grâce de Dieu dans les cœurs : 

Et durant toute une semaine, tu as prié, tu as regardé et tu as écouté ; 

Et, au retour, posant à nouveau dans la prière les sourires des enfants, leurs phrases, leurs beaux actes d'amour tu t'aperçois combien cela fut grand, 

Combien cela fut bon, 

Et ton cœur reste dans une paisible action de grâce. 

 

vendredi, mai 23 2014

D’actions de grâce mâtinées d’émotions

 

Entre lui et moi, tout a commencé par une confession. Une confession toute simple et pourtant des conséquences de laquelle je pourrais parler durant des heures, voire durant une vie.

 

Cela fait pas loin de 8 ans désormais que nous marchons ensemble, lui cherchant à m’aider à mettre mon pas au rythme de celui du Seigneur.

 

Rien ne nous rapprochait concrètement – ni âge, ni lieu, ni formation – et, pourtant, nous sommes devenus de joyeux compagnons de route.

 

Ici n’est pas le lieu de narrer cette route, et il n’est pas l’heure de rendre hommage mais c’est un moment favorable pour constater la profondeur de cette réalité qu’est l’accompagnement spirituel.

 

De la route parcourue,

De l’ouverture de cœur qui s’est élargie jusqu’à une liberté joyeuse de confiance,

D’une amitié imprévisible et incommensurablement profonde,

Des conseils mine de rien, sans avoir l’air d’y toucher, qui font simplement, mais vraiment, grandir.

 

Je pourrais en parler des heures là encore, surtout à ceux qui aiment se faire de l’accompagnement spirituel les contempteurs mais, alors que le grand âge et ses maladies viennent rudement toucher ce compagnon, je préfère regarder, contempler, étonnée, admirative, la justesse de cette relation qui dépasse.

 

On peut dire ce qu’on veut sur la « paternité spirituelle »… Lui-même me disait il y a quelques mois, alors que nous parlions de « fécondité spirituelle », quelque chose comme « tu sais, je ne me sens pas le père de ceux que j’accompagne, non… Mais il faut bien avouer qu’il y a quelque chose de la Vie qui se joue. Qui nous dépasse surtout et dont on n’est jamais propriétaire. »

Oui, on peut dire ce que l’on veut sur cela.

Mais, hier, en discutant avec simplicité et vérité avec ce compagnon tourné déjà vers la Vie,

En ayant le cœur tout barbouillé d’émotion, je l’avoue,

Je constatais, au-delà de la circonstance, la profondeur d’un lien qui nous unissait, qui nous dépassait : la grâce était là, dans la faiblesse, guidant le tout.

Et j’en suis restée à rendre grâce.

 

Hier, vos mains, décharnées et tremblantes, se sont posées sur ma tête pour me donner l’absolution.

Car le Seigneur agit malgré, et dans, et au travers de la faiblesse.

 

Oh, on dit souvent – et c’est vrai – que la chair est faible

Mais, tout de même… qu’est-ce que la grâce est forte !

 

jeudi, avril 10 2014

D’émois de Toi

 

A chaque fois, quand je prends une douche là-bas, je me rappelle des copains, d’une retraite ensemble et de ce délire-là d’imaginer, à chaque fois, les moines en train de suer à la tâche et de nous maudire quand nous avions besoin d’eau chaude ;

A chaque fois que je prends une douche là-bas, je pense à cela et j’explose de rire toute seule sous la douche.

 

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mercredi, janvier 8 2014

Trier, relier, marcher


Déménager, c'est aussi trier tout ce qu'on a pu vivre des années durant : en quelque sorte une relecture grandeur nature, en choses réelles et concrètes. 

Cela prend, ô combien, du temps. 


Trier : de la petite paperasse aux vieux vêtements… 

Trier et retomber sur ces journaux spiritualo-littéraires de relecture qui accompagnent mon quotidien depuis 2006. 

Je les relis, 

Parfois, souvent, je souris ; 

Je perçois comme une cohérence de mes jours qui, le nez dessus, à l'époque, ne m'apparaissait pas ; 

J'y croise le sourire de Dieu, Son Esprit dans les lignes certains jours chargées. 


Déménager : une façon de rechoisir l'Essentiel, de se rappeler et de se laisser rechoisir par Dieu car c'est ce qu'Il fait tous les jours alors que nous L'oublions parfois ; 

Déménager : Pour rendre grâce ? 


vendredi, janvier 3 2014

Je Te demande une foi de grand-mère


J'étais entre collège et lycée quand elle s'était émue que, jeune fille pieuse, je n'aie pas accès aux textes de la Parole de Dieu de chaque jour pour la prier. Elle m'avait alors abonnée à Prions en Eglise, mensuel auquel je suis restée fidèle depuis, pour elle, à cause de ce geste qu'elle avait eu. Dans le fond, cela me donne encore aujourd'hui juste ce dont j'ai besoin, chaque soir, nourriture lors de mon temps d'oraison. Elle, c'était ma grand-mère paternelle retournée vers le Père il y a neuf ans. C'était une personne dont la Foi simple et solide, faite d'accueil de l'autre et de conviction sans prise au sérieux d'elle-même m'a marquée sans doute plus que je ne le pense. Avec elle, j'allais à la messe en vacances même petite et c'était bien. 



Elle, c'était il y a quelques jours : elle m'a tendu une petite boîte dorée avec une croix dessus. Elle, je me demande souvent ce dont elle se souvient exactement, ce qu'elle sait sur moi en plus de mon prénom ou de certains souvenirs partagés qui restent vifs. Elle, sa mémoire flanche, de plus en plus, et cela devient très problématique en sus de tous nous attrister. Alors, j'ai été plus que surprise quand elle m'a tendu cette petite boîte alors que je venais partager un café : "tiens, je veux que ça te revienne. Elle était sur ma table de nuit mais elle est à toi désormais." J'ai refusé avant d'accepter : cela lui tenait à coeur, comme s'il y avait une logique de cohérence. En lui disant au revoir, cette petit custode serrée dans ma main, j'étais émue : comme si, au-delà des mots et des choses oubliées, il y avait une mémoire de la Foi, forte, plus forte que tout. Elle, c'est ma grand-mère maternelle et, si mon rapport à la Foi plutôt très engagé a souvent été houleux dans tout ce bord-là, je ne peux que me souvenir que, toute petite, quand on était seulement toutes les deux, on s'arrêtait parfois ensemble à l'église durant les courses. Je devais avoir quatre-cinq ans quand je me souviens lui avoir demandé ce qu'elle faisait ainsi en silence. Elle m'avait répondu qu'elle demandait plein de choses à Dieu, par exemple que sa petite-fille soit heureuse. 


Avant-hier, j'ai eu l'impression qu'elle continuait en me transmettant ce petit objet. 

Avant-hier, j'ai pu voir et vivre de manière palpable que la Foi était bien plus profonde que tous les troubles de santé ; 

Avant-hier, il m'a semblé voir le Seigneur me sourire dans les rides de l'âge. 



A quelques encablures de la Sainte Famille, je repense à cela, ceux-là, nos plus anciens, parfois diminués aujourd'hui et qui nous ont tant apporté et qui nous apportent encore tant, et j'ai envie de prier spécialement pour eux, a fortiori dans le contexte actuel ; 

Et de rendre grâce pour la Vie si vive qui frémit encore en eux. 


A l'heure où la foi apparaît trop souvent comme un truc de vieux, comme un machin pour vieux décrépis, 

Je me dis que, moi, j'aimerais bien avoir une vraie foi de grand-mère parce qu'il me semble qu'il n'y en a sans doute pas de plus vivante. 


samedi, novembre 2 2013

Mission - voici l'Agneau de Dieu


             C'est une mission qu'il m'aura fallu un peu de temps pour accepter… "Berger" d'une nouvelle session de l'Ecole de Prière Jeunes de mon diocèse. Le truc enthousiasmant, certes, surtout quand on trouve la proposition de l'EPJ absolument géniale et qu'on y a goûté plusieurs fois comme animatrice, mais qui fiche un poil la pétoche et la pression : tout à créer malgré la base commune très bien conçue mais surtout une question terrible "est-ce que j'en serai capable ?". Il y avait plein de raisons qui me faisaient hésiter, dont mon âge pour une mission qui est autant concrète que spirituelle. J'ai beaucoup prié, beaucoup discuté et beaucoup écouté. Et il aura fallu un "fais confiance à l'Esprit Saint" épiscopal pour que je me décide finalement à dire oui. 


            J'ai dit oui en me disant que je devais vivre cette mission dans cet élan spirituel. Ainsi, en même temps qu'avec ma super équipe on préparait cette belle semaine, je me suis donc cherché puis trouvé mon signe de bergère à moi : ce fut un sweat avec, au dos, un mouton une Bible à la main et la citation du psaume "le Seigneur est mon berger" afin de toujours replacer mes actes dans le seul vrai Berger qu'est le Christ. Appel et rappel pour moi à ne chercher à placer mes actes que dans cette unique dynamique : à être ferment d'unité du "troupeau" des jeunes et des animateurs, à transmettre Sa Parole pas la mienne, à ne les rassembler qu'en Lui. Chemin de conversion… 



               La semaine a commencé : j'ai découvert de nombreuses choses. Il y a eu des moments pas faciles et d'autres - la majorité ! - merveilleux. Instants de vie et de mission à prendre le temps de relire. 


                Et puis, il y a aussi un moment particulier qui m'a comme donné la clef de la mission qui m'était confiée. Voyez-vous, la petite P., sept ans et quelques, a passé sa semaine à venir chercher ma main et à me bombarder de questions diverses (quand, avec ses copains, ils ne m'infligeaient pas une séance d'attaque par les chatouilles : dure est la vie d'une bergère !). Jeudi soir, lors de la procession du St Sacrement, c'est donc tout naturellement qu'elle vint à côté de moi pour chanter, pour prier… Soudain, j'eus droit à une question : "Pourquoi on marche comme ça derrière l'hostie ?". En commençant à répondre et en lui désignant d'un geste l'ostensoir, je me suis rappelée de saint Jean-Baptiste, désignant et disant "voici l'Agneau de Dieu"… Mon saint préféré pour une multitude de raisons mais la première et la plus grande c'est qu'il ouvre toujours davantage au chemin du Christ. Toujours plus s'effacer pour Le laisser grandir : j'ai été profondément touchée de cet accord que je percevais soudain comme sens premier de la mission, un simple mais puissant appel à ma propre conversion. 


                C'était même une découverte lexicale vivifiante : car c'est vraiment très beau que l'autre nom de "mission", dans l'Eglise, soit "conversion". 


 

vendredi, septembre 27 2013

Déplacement au soleil caché


Parfois, le temps est tout gris à répétition. 

On a beau être certain du soleil, juste caché derrière, 

On a beau trouver toujours aussi belle la vie, 

Cela pèse quelque peu de voir le monde coloré par ces teintes grisâtres. 


Et puis, parfois, il suffit de s'éloigner de quelques centaines de mètres : le temps de se déplacer et de voir les nuages faire de même.  

Alors pointe le soleil ici et là, 

Et on fait plus qu'y croire alors, à ce soleil caché,  

On en sourit ! 

Et l'on revoit, ne serait-ce que par endroits et pour un moment le monde en tout lumineux. 


On repart avec des yeux plus apprivoisés à la lumière ensoleillée, 

Voulant la chercher et la trouver partout. 


Toute analogie avec Vous-savez-Qui-même-qu'Il-s'appelle-Lui-même-parfois-Je-Suis n'est pas tout à fait fortuite. 



dimanche, septembre 22 2013

Les JMJ, histoire de coeur

Puisque j'ai écrit un petit quelque chose sur les JMJ pour le bulletin paroissial de chez moi, je vous le partage ici aussi car j'en ai finalement peu parlé. Alors voici une simple histoire de coeur…  ;-) 

Des JMJ au cœur 

« Ma maison est petite mais mon cœur est immense ! » : c’est par ces mots que ma famille d’accueil m’a saluée dans la favela des Alagados à Salvador de Bahia. Là-bas, nous, Français, avons dû apprendre à nous laisser faire, à nous laisser accueillir par des personnes d’une extrême pauvreté : le ton était donné et c’était grand. 

« Pour avoir accès au peuple brésilien, il faut entrer par la porte de son cœur immense » disait le pape François et nous avons pu comprendre un peu mieux pourquoi c’est la statue du Christ Rédempteur qui domine Rio : ces JMJ étaient placées sous le signe du Cœur, offert à chacun d’entre nous. 

Car le Brésil, c’est la chaleur, c’est la joie si grande qu’elle éclate de partout jusque dans les églises où nous, Européens timides, demeurons si surpris de les voir applaudir le Christ, dans Sa Parole et dans Son Eucharistie : idée folle et pourtant tellement signifiante ! On applaudit le discours de quelqu’un qu’on aime et, eux, ils applaudissent l’Amour. 

Il y aurait tant à dire : des cœur à cœur personnels avec le Christ, des sourires, des baignades et des chants qui en disaient long sur les cœurs de plus en plus ouverts et heureux des jeunes de notre diocèse et puis, bien sûr tous ces moments de communion si intenses lors des célébrations sur Copacabana. La joie de la Foi, donnée, vécue, prête à être transmise. 

« Allez, sans peur, pour servir ! » tels étaient les points de l’homélie finale du pape François. Comme si, plongés un peu mieux dans Son Amour, nous pouvions repartir, envoyés avec cœur, c’est-à-dire avec courage et amour. 

samedi, avril 13 2013

Gestes d’Esprit

 

 

  

Il est des gestes dont on ne saurait exactement dire en quoi ils sonnent juste mais qui le sont intrinsèquement, qui sont aussi beaux que porteurs de sens, aussi pétris de foi que vivifiants :

 

Se laisser choisir ;

Accompagner, une main posée sur l’épaule ;

Dire un prénom, ce prénom-là, pour présenter ;

Transmettre une lumière vive et réchauffante ;

Nouer une croix autour d’un tout jeune cou pour que celle-ci vienne battre le rythme de la vie à force de battre contre la peau ;

Marcher ensemble le temps d’une procession, pour marcher ensemble plus longuement.

 

Il est des gestes qui parlent, qui sont faits pour dire sans que l’on ait besoin de dire plus,

Parce qu’ils sont posés pour un(e) autre, comme un petit marchepied dans notre marche commune vers Lui ;

 

Il est des gestes qui, le soir venu, nous renvoient à la question d’un Autre  

« M’aimes-tu ? »

 

jeudi, janvier 3 2013

Seigneur donne-moi le haut débit

 

Un peu à l’improviste – ce fut décidé la veille – j’ai pris la voiture, enclenché la première et me suis éloignée un peu, un peu à l’écart.

 

Au fil des kilomètres, moi qui suis si « connectée », si geek diraient certains, l’envie de tapoter sur mon portable se faisait moins pressante, moins enviable, comme s’il me prenait un soudain goût de large, une soif champêtre de déconnexion impromptue.

 

Et puis arriver en ce lieu qui m’est cher,

Et puis l’éteindre avec naturel et même joie ce portable. Cela ne m’était pas demandé, non, mais la question ne se posait même pas : histoire de cohérence.

 

Alors respirer le silence à grand Souffle….

 

Non pas coupée des préoccupations mais au contraire légèrement de biais pour mieux les mettre au centre, mieux les observer sous une Lumière accrue, mieux les Lui confier.

 

Et puis goûter à la saveur d’une Eucharistie célébrée au milieu de la journée,

Lien qui fonde les autres, lien au cœur de tous les autres.

 

Prier, marcher, parler, souffler, se taire, prier et puis rentrer. Rien d’extraordinaire.  

 

Ce n’était même pas une retraite, c’étaient quelques heures comme volées, pour les Lui redonner : un écart simple par rapport au tempo ordinaire pour vivre un peu mieux 2013 selon le Sien.

 

Et le laisser mieux me connecter à Lui pour être mieux connectée à chacun, version haut débit d’Agapê.

 

 

 

dimanche, septembre 23 2012

Dans le rétroviseur de la semaine…

 

 

 

Journée de labeur, donnée à enseigner

Journée studieuse, passée à corriger, à lire, à étudier

Journée souriante et joyeuse, dédiée à l’amitié

Journée heureuse de voir ces liens se créer, ces deux-là un peu plus s’engager,

Journée orante, à Toi seul consacrée

Journée pluvieusement orageuse, de celui-là proche, salement amoché,

Dimanche… dimanche.

 

Chaque jour est tantôt l’un, tantôt l’autre,

Tantôt aux thèmes tous mêlés, harmonieusement ou en dysharmonie brouillonne ;

Tantôt à dominante, à coloration unique et inattendue.

 

Semaine parvenant au sommet dominical : fin et début,

Aboutissement de la semaine et force pour la commencer.

 

Et, avant dimanche, regarder la semaine passée, le samedi soir, dans la prière ;

Te rendre grâce, Te demander pardon,

Te dire qu’il y a des trucs qui se passent dans ma vie que je ne comprends pas, où j’aimerais bien que Tu m’expliques ;

T’avouer qu’il y a des domaines dans ma vie où je galère grave ;

Mais m’émerveiller de la diversité de ce que Tu me donnes de vivre ;

Et de ces moments où j’aperçois Ton éclat quand je m’y attendais le moins ;

Et Te redonner ces jours, à Toi qui me les as donnés :

Sache lier, sache relier ensemble tant d’éléments disparates, parfois un peu de guingois, qui, en Toi seul, trouvent leur unité ;

 

Et donne-leur, à ces jours, d’avoir su, un peu, de savoir, un peu plus, Te refléter, même a posteriori, dans leurs fruits, comme pour donner l’exemple, l’élan, à ceux qui viendront !

 

mardi, mai 8 2012

St Jean Pied-de-Port / Roncevaux : l’étape mythique des Jacquets !

Le temps ayant filé un peu  vite, je suis à peine revenue sur ces 3 beaux jours passés sur le Camino, entre St Jean Pied-de-Port et Pampelune et c’est dommage. Je vais tâcher de retranscrire, dans les prochaines semaines, quelques notes prises en chemin… En tout cas, voici quelques mots du premier jour (le plus long !) de ce court tronçon, également appelé le Camino Navarro.

 

 

St Jean Pied-de-Port / Roncevaux : étape mythique. Ceux qui ont fait le chemin en parlent comme de vieux combattants. En moi, une immense envie de m’y frotter… Et puis, moi qui fais ce pèlerinage par étapes, qui suis partie de Paris voici déjà si longtemps, quelle joie de pouvoir ENFIN franchir la frontière espagnole !

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Temps de giboulées, dès le début, ça grimpe, ça pleut et, surtout, ça vente. A tel point que, moi qui suis plutôt du genre solide, je me retrouve jetée par terre sous l’effet du vent, le sac m’entraînant encore plus et les cheveux plus qu’ébouriffés en tout sens ! Je finis par avancer à quatre pattes, montant la côte jusqu’au prochain tournant, rejoignant deux Anglaises qui me précédaient et qui se sont couchées à l’abri d’un rocher pour attendre que cela se calme. Je tente de me redresser, un coup de vent m’envoie encore valser par terre. Sans aucun mal mais les mains boueuses et un peu dépitée, je jette un œil vers ces deux filles que je ne connais pas : on se regarde et on explose de rire… Mais qu’étions-nous donc venues faire dans cette galère ?

 

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lundi, octobre 10 2011

Sur le Camino 2011 – Sorde l’Abbaye -> Saint-Palais (part.2 : Eglise et Camino).



Si j’ai pu me poser et prier ce midi dans l’église d’Arancou ; si j’ai eu la chance d’y être accueillie par un paroissien qui m’a montré quelques-unes de ses merveilles, je n’ai pas toujours eu cette chance sur le Camino. Souvent les églises sont fermées, pour cause de vol. Et que dire des horaires de messe improbables ? Des propositions de prière trop souvent inexistantes sur ce chemin si peu fréquenté que j’ai suivi ?

 

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mercredi, août 31 2011

« Si tu savais le don de Dieu… »

 

« Si tu savais le don de Dieu… »

Moi, je vous le dis tout net : je ne sais pas le don de Dieu.

Il est immensité, ce don ;

Il est folie, ce don, folie si grande que ma pauvre vie sera bien insuffisante pour le comprendre mais n’aura pourtant de cesse de le recevoir et de l’accueillir, au mieux ou le moins mal possible.

Parce que je sais, parce que je crois qu’il est Vie, ce don.

Mais le « savoir »… ? Mais le « connaître » ?

 

 

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