Zabou the terrible

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Mot-clé - Citations

Fil des billets - Fil des commentaires

jeudi, mars 2 2023

En chemin avec Sa miséricorde

Pour notre chemin de Carême sur lequel nous pourrions parfois être tentés de désespérer de nous voir si souvent à terre plutôt que de courir joyeusement à la suite du Seigneur, voici ce qu'écrit Basile de Césarée, sur la miséricorde : 

Souviens-toi des miséricordes de Dieu, qui soigne avec de l’huile et du vin. Ne désespère pas du salut. Remets-toi en mémoire ce qui est écrit : celui qui tombe se relève et celui qui se détourne se convertit ; celui qui a été frappé est soigné, celui qui a été pris par les bêtes les domine, celui qui avoue n’est pas rejeté. En effet le Seigneur ne veut pas la mort du pécheur, comme il veut qu’il se convertisse et qu’il vive. Ne fais pas le dédaigneux, à la pensée que tu es tombé dans un abîme de maux. C’est le temps du relèvement, le temps de la longanimité, le temps de la guérison, le temps du redressement. Tu as glissé ? Réveille-toi. Tu as péché ? Apaise-toi. 

Basile de Césarée, Lettre XLIV 

 

P.S. : Aujourd'hui même, ce blog a 18 ans ! Eh oui ! Il est enfin majeur... Je pourrais écrire de nombreuses choses. Mais, en dehors de vous remercier vous tous qui passez ici (MERCI !), j'aimerais surtout rendre grâce au Seigneur de tout ce que ce blog a permis comme rencontres. Quant au reste, ce billet qui parle de la Miséricorde de Dieu suffit : qu'y a-t-il de plus important que savoir qu'Il nous aime toujours infiniment ? :-) 

 

lundi, août 9 2021

Ste TB de la Croix

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/61/Carthusian_coat_of_arms-2006_04_22.png/180px-Carthusian_coat_of_arms-2006_04_22.png

            Hier soir, en regardant s’il y avait une fête le lendemain, je me suis rappelée que le 9 août, nous célébrions sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix ou Édith Stein au civil, co-patronne de l’Europe, une philosophe carmélite victime du nazisme. 

 

            Distraction de prof, j’ai pensé que son nom de religion s’abrégeait en T.B., abréviation professorale courante pour dire « très bien » qu’on se prend finalement à utiliser n’importe quand à l’écrit – c’est devenu un de mes SMS habituels avec « ok » et « super » ! Je me suis dit en outre que cela collait très bien avec la suite de son nom « de la croix » : qu’y a-t-il de « très bien » sinon la croix ? Mystère d’amour qu’on ne cesse de contempler mais aussi sombre profondeur de l’iniquité humaine qui conduit à cela : abysse du mal auquel répond le sommet de l’amour qui s’offre. Aussi, c’est vraiment face à cette croix que nous pouvons glisser toutes les horreurs de notre monde : elle est le TB ultime de toutes nos vies et appel à notre conversion. 

 

            Cette simple remarque vient de prendre une épaisseur supplémentaire à l’annonce de l’assassinat d’un prêtre ce matin et à la lecture des premières réactions sur les réseaux sociaux. Si la justice doit faire son œuvre de clarté et de recherche de responsabilités et de culpabilités, nous chrétiens, outre la prière pour l’agressé mais aussi pour l’agresseur, n’avons pas à laisser la colère nous habiter mais à contempler l'amour qui s'offre inconditionnellement. Car, avant tout, ce religieux a vécu l’accueil et le don de lui-même jusqu’au bout : exemple, à la suite d’un certain homme en croix, un homme nommé Jésus qui l'avait fasciné au point qu'il choisisse de Lui donner toute sa vie. 

 

            Sainte Thérèse-Bénédicte de la croix, justement, l’écrivait ainsi, en ce qui sonne comme un vigoureux rappel : 

 

« Pour le chrétien, il n’y a pas d’étranger ; le prochain est toujours celui qui se trouve devant nous et qui a le plus besoin de nous – qu’il soit parent ou non, que nous le trouvions sympathique ou non, qu’il soit ou non moralement digne de notre aide. L’amour du Christ ne connaît pas de limites, il n’a pas de cesse et n’est rebuté ni par la laideur, ni par la saleté. » 

In La Crèche et la croix

 

 

lundi, mai 18 2020

Poème pré-papal Désert de Judée

Aujourd'hui, Jean-Paul II aurait eu 100 ans. Je vous propose ici en guise d'anniversaire l'un de ses poèmes avant qu'il ne soit pape écrit sur les lieux saints, ici celui intitulé "Le désert de Judée" pour la méditation qu'il propose sur la terre et sur Dieu, que vous pouvez retrouver dans l'édition Poèmes - théâtre - Ecrits sur le théâtre, éd. Cana - Cerf.  

 Le désert de Judée 

Difficile de dire à cette terre : "Tu es belle !",
 les pierres fauves rouillent les coteaux
qui épousent la pente des nuages.
Les autos fendent l'air et la pluie. Pas question
de chercher trace de verdure.
Les hommes sont partis au loin. On ne peut vivre ici.
Ce lieu, la route n'y mène pas. Elle le fuit.
Ici Tu es venu, pourtant,
Non pas pour dire à cette terre : "Tu es belle !"
Le lieu était indifférent. Tu cherches partout les hommes.

Pour les chercher partout, 
il Te fallait t'arrêter en un lieu.
Tu as choisi celui-ci.
Toute la terre vient à cette Terre unique, et par elle
devient terre, de même que toute chose
ne devient ce qu'elle est que par
CELUI QUI EST.

Il n'y eut pas de rencontre entre Celui qui Est et la terre. 
Tout ce qui advint,
nous l'appelons création,
possession en propre, comme on possède une chose,
maintien dans l'existence.
Se rencontrer, cela veut dire
non seulement toucher (car rien ne Te touche)
non seulement être face à face
(y a-t-il rien qui puisse être face à Celui qui est ?)
cela veut dire aussi dépendre
(à quel point ! du début de l'existence au néant,
de l'existence à l'anéantissement)

Ainsi étais-tu dépendante, Terre, 


toi, une entre des terres nombreuses
- ensemble avec toute la terre
avec tout ce qui est -
Ainsi étais-tu dépendante et toujours tu l'es
Terre de rencontre ! Terre unique ! Terre, par qui
toute la terre est devenue terre,
comme toute chose est devenue ce qu'elle est
par Celui qui Est
mais je ne peux te dire : "Tu es belle".

La rencontre peut signifie le début de la séparation. 
Terre, grâce à Toi, nous ne sommes jamais séparés de Celui qui Est, jamais nous ne nous séparerons de Lui, - même si Tu cessais d'être Terre, même si tu Te désagrégeais en résidus de Toi.
Il n'y a pas de séparation après la naissance - "se séparer" - qui peut mettre un terme à tout "se rencontrer" - ne peut mettre un terme à la naissance. La naissance ne connaît pas de terme, elle ne connaît pas la séparation.
Terre, Terre non née ! Terre, où Celui qui Est nous est devenu Père. Tu t'es épuisée à notre naissance. Il n'est resté en toi nulle trace de fraîcheur ni de beauté.
- Mais même jeune, tu n'étais pas attrayante - tu n'avais que de plaisants recoins.

Karol Wojtyla

mercredi, juin 26 2019

A Philémon

 

data:image/jpeg;base64,/9j/4AAQSkZJRgABAQAAAQABAAD/2wCEAAkGBxISEBIPEhAVFQ8VFxAVFRUVFRYVDxcXFhcXFhUVFRYYHSggGRolHxUVITEhJikrLi4uFx8zODMtNyguLisBCgoKDg0OGxAQGy0lHyYtLS0uLS0tLS0tLS0tLS0vNS8tLS0uLS0tLS0tLS8vLS0tLS0tLS0tLS0tLS0tLS0tLf/AABEIARgAtAMBIgACEQEDEQH/xAAcAAABBQEBAQAAAAAAAAAAAAAAAQIDBAUGBwj/xABHEAACAQMBBAgDBQMICQUAAAABAgMABBESBRMhMQYiMkFRcZGxUmGBBxQjQqFicrMVMzV0gpKywSQ0c4Oi0dPh8BYXJVST/8QAGAEBAQEBAQAAAAAAAAAAAAAAAAECAwT/xAAkEQEBAAIBAwQDAQEAAAAAAAAAAQIRIRIxUQMTIkFhofDBgf/aAAwDAQACEQMRAD8A9pghXSvVHIdw8Kk3C/CPQUW/YXyX2FSUEe4X4R6CjcL8I9BUlFBHuF+Eego3C/CPQVJRQR7hfhHoKNwvwj0FSUUEe4X4R6CjcL8I9BUlFBHuF+Eego3C/CPQVJRQR7hfhHoKNwvwj0FSUUEe4X4R6CjcL8I9BUlFBHuF+Eego3C/CPQVJRQR7hfhHoKNwvwj0FSUUEe4X4R6CjcL8I9BUlFBlbRjAYYA5DuHiaKdtPtjyHuaKir9v2F8l9hUlR2/YXyX2FSVUFFFFAUUUUBRRRQFFFVRfprkTPWjCs/A4AIyMHv4D9RQWqKzV2zHpLEOoCNJhkIJRRklfHHDhz4ipE2mhJUhlYFBpZSD1zpUjxGeHy76aTa9RWY+241jMzB1iGk62QhSGYKCPlxB8uNXVuVLmMdoKrHwwxIHH+yaG01FFFFFFFFAUUUUBRRRQZm0+2PIe5oo2n2x5D3NFRV+37C+S+wqSo7fsL5L7CpKqCiiormdY0aRjhFVmY+AAyaCWivO9lrtDaga5F01paksIkjHXIBxlj3+vOun6MWF5CJEuroTpkbo6cSaccdZ7znu48udbyw6fvliZb+m7RXnXT7bVz953NpIy/dojPNpOARkYVvEAYOP2q7fZ9+s9ulwh6siBx8sjOPpS4WYy+SZy2xdJrBTZ84CuWUu2/3i4wQJsnGvPW0kIOXIVx32fdKZd+Le5maRZv5tnOSsg/LnwYZ+oHjXQWl9KduzQGVjAIFYR5/DDdTrAePE1q+nljbP+sz1JlJWjcW80sQTdFNEUgGpl1M7RmMAYJAXiTk/LhUpsJBIxLGTrW5V2IBCq+XTAAH7We/OO4VxnR63v737w67Sli3c0kYXAYHHEce4ccY+VbPRzbd1HeHZl8VaUqXhmUYEgHMEDvwD3flPyzcsLN6pM5dcNO3sn3QiMThgYNWtw0RCyKzaRqOOGe4eFWtk2TxSyg4MIWNYWz1tILnQw/Z1YB7xjvzWL0LvpZLvaaSSs6Rz6Y1Y5CLl+C+A4D0rO6f7ZufvAt7SRkaCJriYqcZUcg3jgDOP2hU6LculeqSbeg0VR2PfrcW8VwvZkRW8iRxH0ORXAdFrO+vYpJRtSaPTI6Y7XLjnOR4/pWccN73daW59tPTaWuI6NbXuQ97YXL65rdCyyjAYgjgTjv4qfrWV0Xsdo3lqt0u1JEYlwFZQwypxxPzx4Vr2u+6nueI9LzS1yXRDb08ks1jdqBdw4OpezIh/MB48R55rra55Y3G6reN3NiiiiorM2n2x5D3NFG0+2PIe5oqKv2/YXyX2FSVHb9hfJfYVJVQVl9J4Gks7mNe20UgA8TpNalIasurtLNzTmPs3vUk2dCFI1Rgo47wwJPEfMEH610U1wqqzkjSgJY+AAyc/SuWv+gkbTNPbzy2sj51iI4Rs8SdPDHH54p9t0JRLa4t1uZtdxjeys2pzjnhTwGRwzxOK6ZdGV3tjHqk1pyPR/b6h7y4ltLiZrtmGY4y0YiwQEz49xx4Ctz7Mb47iezbUGgJKBhhxG+SAwPeCD6iux2Rs5LeCO3TOiNQoJ5nxJ+ZOT9az/wD04ovmv1kdWePdvGAN23DGo9+eC+lay9THLc1/RmYZTVeebM2K0+x99Hn7xbzTOuO0VGCwHzGAw+a/OtToVtI3W1TcEdZrVQ3gWXQpYfI867PovsBbKD7usjONTvlwA3Wxw4d3Cqexuh8VrdyXccj9cOBEQN2utgxC8M4yP1rV9XG9X6SenZr9sz7Luxff1qX2Wo9rTLNt6zjjIYwJI0pHHTkHgfVf74qX/wBvFBcrfXCB2ZiEKqMsSe4fPFbvR3o1BZKwiUl37cjnVK2PE+HE8qzlnju5SrMctSOf6DyBbva7McKJ2JPcAGkJNYGwOkCia8u5bS4mN0xUGOMsgiHVCZ8cYB8q7EdD1C36rcSA3rFnOFymSSwThyIYjjW1sTZiW1vHbJnRGMAnGSeZY47yST9at9THm+dJMMuHIfZbfYSeyIYbpi8auCJBG/5WB5EEf8VYHRe42hHaXEtpujCkkpdWUtMWAGrQORGMcPlXoDdHV+//AMorI6uU3bxgDduO4t357P8AdFL0Y6PrZRvEsjOHkaQlwMjVgYGO7hT3Meb50vReI53oRaK9tc7QM+9nuFfWQMBMA9Qjx/TGMVe+yv8AoyP9+b/GaubL6KJby3LxSuIrgNqhwN2rH8ycMg8T/wCCsiH7OFVRGL65EfeqsqqfHgBipcsbub8ExymuDdmTLPt6eWI6o4oBG7DipYkcM/Qj+ya7yszYWw4LOPdQJgE5Yni7HxY99adc88pbw6YyyciiiisNMzafbHkPc0UbT7Y8h7mioq/b9hfJfYVJUdv2F8l9hUlVBRUVyG0NoIEmltJYZUNjqkgcxnFZfR/bJm1wypu7uHSJo+7jnTIh/NG2CQfkQeIppdcbbNFFFEFFFFAUUUUBRRRQFFFFAUUUUBRRRQFFFFAUUUUGZtPtjyHuaKNp9seQ9zRUVft+wvkvsKkqO37C+S+wqSqiK4lVFZ2OFUFie4ADJNYHRDbMlwJd+ipMNDqFGCYJAWhJz38GB+dP6auWgW0Xt3UkcH9hjmY/RA1R7RUW9/aTAYjlVrV/DI68J9Q4/tVuTh1xxnT+b/jpBWR0pv5YIA8OneNJBGC4JQbxwuSAR41risDpr/MRf1mz/jLUx7s+nPlNmGHauP5+0/8AylAP/HwqJduSSW14jruby3R9YU5XihKSxk81OP0NdMa47azBrraJU8EsVRzzGo7xlB+YHvVx5bwvV3jp9kyFreFmJLGOMknmSVGSamuWYIxQAuA2kE4UtjgCe4Zrmdm2F3PBE5uXtUCII44gjPgKMNK7A5J56RgDPM1Js7alwI7y3nKm6tkLLKq4WRGQtHJpPBWyCCOXCpYzcObqpbi7n+87NVzu2kW430aNqj1CNTjOOIBzg1uXdwI43kbOlFLHAJOAMnAHEn5Vy8Vw0kux5HOXeOdmOMZJhUk4HKr+2r2d7hLG2YI5QyzTFdW6jzpUKp4F2IbGeACk8atnZcse0/u9T9H5rmUPPON2kmkwwEDeRoORlPxtnJX8vLxrZFcptCG6s0Nyt29xFHhpoplTJjHbaNkUFWA44OQcY4c6kvr+6e9+7W7qI3gik1sARGC7hnVebsw0gAnAxk55GdO+UuO+Z2dPSZrkb6S8sWR9+13BIwjKShElSR+EbB0AGgnAII4d1TXOy9oKhnW/1XABbdbpBZtjjoA7Y8A2rNOn8nt/mOppM1zU/SVms7aaFAbm6KpFGx6quQS+sj8qBXJ8dPzobYt8F1rtJ2uOeloo/upPw6ANQXuzqzTp8p0ebp01JmuTu+kcrWSXCJpuBPHFJEME6w+iSIM3DieTeBFWJNk37gym/Mc/NY440NqvgrBhrfwLZGe4CnT5X2/N06Wisjo1tR7iHMihZ43kilUdjWhwSv7J4Eeda9Zs1wxZq6rM2n2x5D3NFG0+2PIe5oqC/b9hfJfYU80y37C+S+wp5qo5DaUlxLtHNskb/dI9J3rMqCSbicFQSSEA/vUzb8O0pYGVobYadMilJZDIGjOtSoKDJyP1re2FsowCUs+uWaWSV2Ax2uCKB4KoUfStQit9Wuzr7klmp2VdlXqzwRTr2ZERx9RnFZHTpSbZFB0kz2gDDGVJlXDDPeOf0q90e2WbaJodeqMPI0fDBRGYsE+eMkZp23tmm4jSMPp0ywSZxnO7cPj64xmpNTJmWTPf0zm2Bc8v5Un/ALkIP0Omi52PFa7PukjyS0c7u7nVLIxQ5Z2PM10VVtqWu9glhB0mRHTOM41AjOPrSZVeu/Zmxf8AVoP9lF/hFYN3/re0f6nF7TV0dhBu4o4yclERc8s6QBn9KzptkFprmXWMTwpCBjslQ/WJ7+3y+VJZLTHKbv8AfbEs+DbEPdupR9TApA/Q+lTlZv5UuRC8aM0Nq34iM+pVMi9XDDGDnP7wq9c9HQ9pBbmUrLAIjHMgwyyRjAcA8MHiCDzBIqO42FPIsMrXCrfwl9M0ceI2RjxjkjJOpThcjPMZGK1uN9U8+Z+9nXthfSxvE1xbhXVkJED5wwwcfifOodmwbvaO6znRY26Z8dMjDP6VYis79mXe3MKRqVLCCI63xx0lpCQoPfgZ+dXE2aReNd6+qYUh0Y45V2fVn+1jFTbG9cKfTP8AmI/6xafxVrdfkfrWft3ZpuI0QPp0ywyZxn+bcNj64xWiw4VnfEZ3OmRwOwjp/khm7Ja+QHu1trK/oGrvawI+jCmxSzkkOpCWWVOq6OHLq6eBGfrx8aiaw2ky7k3kKpxBmSI/eceIBOgN88fStZaydM9Z3uxZ+Mdw47DbTh0nu6rRK2PqDXf1h3HRxBbQ2sTaEikhkycszaHDtqOeLMc5PzrcNMrtnPKXswOinavf63P7LXQVm7H2aYTOS+rezSSjhjSGx1fnyrSrN7s53d3GZtPtjyHuaKNp9seQ9zRWUX7fsL5L7CpKjt+wvkvsKkqoKKKKAoopM0C0UUmaBaxL3ac4lmjihRxCkbtqkKO2rWdKgKRnCcye+tuuX2zsOWaS6dXZS0duI8SFY5ChctHIB+VshSeeGOOVWM5b+l5dvRl4FDIFlRJDrbDgSD8JQvxMcgZx2TjJqnbdIHlnG7MRgE5tyvWM2QjkyE5wo1RkBcHIGc8cVX/k2QvMjRzCC5aB8R7nRGBFFE0bluK6d3nK/Fw4irT2cqoriPU0d3NNoUrqaNzIuVycZxJqwccsVdRndrUO2rcM6GdNSBywLAABOL5PLqjn4d9SPeprVAyFiwBGsBhlWdcDvJC5x4ZNc9Z7PlQBHilcwNcSRgGEW8hYSBOONeWWU5B5EnJI4mGx6PzpEtuQMiWV98DzWW2kQZB4/hsyxgfAqceeJqL1V0cO27Z9ZWeMiMFnOoaVUZBck8NPA9blwoj23bMjyCdNCEBzqGBq7OfPu8e6udu7CeeIR/dd2YraaLBZNLs6qgjjweMfU1ZOPy8OeNHbGzy0zSbp2TRBpMTKswdHdgy6jg6Q3I+Jq6hutmO8jaPeq6mLBOvI0YGcknuxg+lR2u1IZMbuVWySBgjJIAJwPkCD9aowQSyWbx3MZd2Eo0ZVZGQsd2GIOkSadOccM1mwx3KyRTtFLJHG8iqr7r73oeMAsdJCsAw8c4Oaml3XQHakGpE3qF3LBFDAsxUkNgDwIIPhVyuc6P7PlSQSSxBSUuO8MVMlw0gXI+RGfKujpVlFFFFRWZtPtjyHuaKNp9seQ9zRUVft+wvkvsKkqO37C+S+wqSqgooooCsDZ+1HW1WVlMrmS4XtRpwWWRVGXIHJQBW/XOLsCRSmmSNhHJcMgkQsuic6mDDPF1JIB8CQeeasZu/pa2ntHVs+W5hYqTC7ocYYHSSOHiDVXa21WWVI0LllmtgyKFAYSRynSCTyyoJzjGKuQ7GAsfuJfgYnjLgBT1gRqC8hjPKqsuxJmYTb5ROGt3PUO6JiWRCMZyA288eGKs0l2lXpBq0osEhuC0qtDlAybvGpmYtp09dMEHjrX54WPbwkOIoZGO53xJ0hV7ahDlu3qjZcDl41Uk6OuSJi8b3GqVn1odwRJoGlQDkaRHHg/I551pWOy9DM2V0tFFEURdCAoZCzKM8Ad5y+VOD5MtNtTSRW5WKQTGOO4mRN3q3fHABZsDWVOBxOFblzrWudqotutwoMiuI92EHXcyY3YXOBk5HMgDmayR0bcaCGid1jEBMsbFTGhYxNgHg4DsD3NnurX2hs7XCscbCNozG0ZC9RWjIKgr8PDGPA8KXRNs2fasyTL/o8p/AkdoVaM6SsgBYtqwSRyGeOe7jUz9I4+LLG7RrHDJrAGk74fgooJyzscDHdkZNWYbGQvvZXXWYnjIQEJxfUCMnPAcKor0b/AAHgaTOqO0UHTwDW4GliO8FlBx9KcHyQDbU8YjiMTPciWISgmIHRLrKsuGxjqso456hz4m822cMY0jeWUvOAo0JhYyoY5YgaQWUDvJbzNRfyK+74bmO4DxyK0cZEZMfJZATlgct3jGrh40256PEvvVZGkDznTIhaPTKVYrwIIYFAQfMd9OE+UOfpMukukEroqJLIwCgIjagcgt1mXS2VHh5Zkk6QqHZdzIYkljhebC7sPIE0YGdTLmRASBwz8jh42L1J1DKolhSIBV0ohCuCyrnl184pDsU7uVN5/OTQzZ08t3uerz453XP9qnC/IsG2w0irunETu8ccpK6HdQSQADqAOlsEjjp+Yzs1g7N2HupAcRNErSMhKH7wNRJA1Zxw1MM4zjFb1S6+mpv7FFFFRWZtPtjyHuaKNp9seQ9zRUVft+wvkvsKkqO37C+S+wqSqgooooCiikzQLRSZozQLRSGkoHGkpKKBc0ZpKSgdmlqIvTlagfRRSZoFooooCiiigzNp9seQ9zRRtPtjyHuaKir9v2F8l9hUlRW/ZX91fYVIaqDNGaSigKKKKAoopKBaKSgUA3KsXpbt0WNo14ylo49GtV7eGOnq5IGckd/LNbLGuM+1/wDoW68of4i1ZN1K58fbXa//AFrn+6n/AFKG+2u0wT92ueHHsR/9SvIrHZ7yI7qhKppBIxgE93nQlhqjZskHrDBHPx+dej2sHLryfUOzL4XFvDcJlVljSQBh1gGAOCPrUxbHMfUcR/2rL6Hf0bY/1eD/AACtbNee8V1h0cnEceFSR/5moF5iplqKkozSCgUDs0ZpKKDO2n2x5D3NFG0+2PIe5oqKvQdlf3V9hT6jg7C/ur7Cn1UFFFFAUUGkzQLRSCg0BmkoooEauN+1/wDoW68of4i12LGuO+13+hrr/c/xFrWPeJezxjYl9GiaD1R3kntE9+K0Lu1jJ1n8wOePA/8AeuUQ+vd41670U6OWIss3UeudwwYszFgWHZRc4XHAZ+Vd8/jy5Y88PQ+jqgWdqB2RDEB4Y0irxqrse3EdtbxKSUSONVLdogLgE44Z4VZrzOxV5rUwqAcxUwNA6lWkooHUtNpRQZ+0u2PIe5pKXaXbHkPc0lRV6Dsr+6vsKfUcPZXyX2FOqodRSUlA7NJRSUBRRRQFFJQaBGNcb9rX9D3XlB/EWuwauO+1o/8Aw9z/ALn+IK1j3iZdngCr8+Nd9sPpTE+iGVGQkY3gORqA4cB4kVwiiun2BsdGVLh2bmepjTxXkc88e9enOSzl58LZeHvmz/5iH/Zp7VMarbNkzDB4mJDj6VYNeR6QOYqVTUI5rU1A8UtNU0tAtLSUUFDaXaHkPc0UbR7Q8h7mioq7F2V8l9hTs0yLsr5L7Cn1UFGaKSgWiiigSijNFAUhozSUCNXI/anCX2VcKvM7n/GK61q5b7TGxsu4Pf8Ag/4xVx7pl2eWWNjHuhG0anI48OJPxedXlXQoUEkAYGeeByrBO0m0BRz7z4/KtODaCNgcQSO/lnFdMpk5TKPY9lx5htZNRBEKDgfECtE1U2KP9Etv9lF/hq0QfEe9cnYDmKlU1DniOOalWgkFLmmg0tA6lpAaWgobR7Q/dHuaSl2h2h+6Pc0lFXIuyvkvsKfUcfZXyX2p1EOoptFA6kzSaqSgdmkpKKAzRRTSaBGrmftGiZtmXAUZOIzj5BgT+ldK1ZnSFA0DKQSp05CnDEZ5A91WXV2lm48Y6K7LiuJ2ilLBNBIZMag35eqe0PlWztnoTMjRi3/FDIxdiyogde4Z5dXHDxzWx99UIkKII0QaRgDeDxGrGavyXh3QVWG8ORjv4jGflyrV9W27YnpzWnV7ER1tLZWX8QQxBl8DpGatHP7I/Wm2K4hhB5hEz54p1YdAvDHHNSJ/zqLPKpFNBIKdTAacDQOFOFMzS0FPaHaH7o9zSUu0D1h5D3NJRVmM9VfJfanZqOM9UeS+1OzRDs0oporlL+/llkjQRuG4gx8RCZQxCgy4xp0ElueeoPGrjNpbp1tIDVDZtm0etnlMkkhLN3RqT3IPAcACeOAKu5qLD80mabmjNAppKQmkzQDVhdM2IspCOf4f6sBW2xrF6YhTZyhidP4ecc+DAgVKsecJK/5kbzxketX4bg8hGQfHmagtbrB0qGPy76W8u5MFSCueA7u7xrPI9SsT+DDnnu0z6U8mq+yM/drb4t1Hz8qncDv4/otbQ3PEVKpquW4j/wAFSof86CanVGDT80D80uajzTgaCpfnrDyHuaKbfdoeX+ZpaKsRqdI8l9hStwBJ5AEnyHGpoR1V8l9hT9NEc2168oVCciVA4UR9qI6evkNkEa14cDwNPsbx5GjiQssbb5yxIL6YyqADJbgWPM4OBW2LRBjCKMcsDl5f8qitdnhHZ+GSAigDSioGZsAeJLHJ78CtbmmdJGFJg1Y00aay0r4NJpNWdNGigrYNJoNWtFKFoKe6PjUN9stZozDIToOM4xnh51p6aNNBx6fZ/aqciWfP744f8NTT9DbdozG0s5X94Z+RB011JSmtFmpoZ9vAI444lJKoioC3aIXgMnxqG4uFU6eJY8lXi/p3fWrE9rKxxqCJ4rxkPlkYWnwWAQYUc+Z5sfMnnVFGFZCdTAKO5RxPmW8fKrSIatCGl3dBXANOGanEdO0UEGDShTU2mlC0GbfDrDy/zNFSbQ7Q8h7mkqKuwSrpXrDkvePAU/fL8Y9RRRVNDer8S+oo3qfEPUUUUNF3yfEvqKTfL8Y9RRRQ0XfJ8S+oo3y/EvqKKKGhvl+JfUUb5fiX1FFFDQ36/EvqKN+vxL6iiihob9fiX1FG/X4l9RRRQ0DMnxL6im71fiX1FLRQ0Ter8S+oo3q/EvqKWihom9X4l9RS71fiX1FFFDRN6vxL6il3q/EvqKKKGmftGQFhgjkO/wCZoooqD//Z

 

« Un coup de foudre nous transforme plus profondément que la lecture du Code pénal »[1]. C’est une des multiples belles phrases qui émaillent les Réflexions sur la liberté chrétiennedont le titre principal est A Philémon d’Adrien Candiard que j’ai enfin pu lire. A partir d’une épître minuscule de saint Paul, l’auteur développe une ample réflexion sur la liberté. 

 

            Trop facile ? Pas si sûr… Il est si aisé de nous enfermer nous-mêmes, parfois sans nous en rendre compte dans un donnant-donnant dans notre relation avec le Seigneur, comme s’Il nous rétribuait vraiment selon nos actes dans une justice très humaine ; comme si, en Lui donnant beaucoup, on croyait vraiment qu’Il nous donnerait plus… et surtout comme s’Il ne nous avait pas déjà tout donné, Sa grâce prévenante nous précédant toujours de Sa gratuité. 

 

            A le lire, c’est simple, on a tous envie de s’engager plus profondément dans cette voie de libération qui ne se vit qu’en relation avec le Christ. Ainsi, « la vie chrétienne ne peut être un ensemble de choses à faire pour mériter l’amitié de Dieu, mais l’accueil de cette amitié que le Christ propose. Et cette amitié, comme toute amitié vraie, ne s’impose pas à coups de commandements : elle se choisit librement. C’est elle qui, peu à peu, transforme le cœur de l’homme, qui peut changer non parce qu’il se sent coupable mais parce qu’il se sait aimé. (…) Voilà pourquoi il n’y a pas, dans la foi chrétienne, de vie morale sans vie spirituelle. Parce que c’est l’amitié avec le Christ, c’est la présence de Dieu en nous – que nous appelons l’Esprit Saint – qui peut à la fois nous éclairer sur ce qui est bon, nous donner envie de l’accomplir et nous libérer patiemment de tout ce qui nous retient. (…) La prière, la messe, les sacrements, ne sont pas des conditions préalables à cette amitié, mais des éléments qui viennent la nourrir et la faire grandir »[2].

 

            En entrant dans cette amitié spirituelle, « le monde se dépeuple de tout ce qu’il comptait d’esclaves, aussitôt remplacés par autant de frères, de frères possibles, avec qui vivre  l’aventure du Royaume de Dieu »[3]. Un bon livre spirituel pour commencer l'été ! :-) 

 

[1]Adrien Candiard, A Philémon – réflexions sur la liberté chrétienne, p. 47. 

[2]Ibid., p. 64-65. 

[3]Ibid., p. 114. 

samedi, juin 1 2019

Incroyable nouveauté du Christ toujours agissante

https://pmcdn.priceminister.com/photo/la-dramatique-divine-format-beau-livre-1177011724_L.jpg

Mais la plaie qui a été faite à l’histoire du monde avec l’entrée en scène du Christ continue à suppurer. Ce n’est pas sans raison que son apparition sur le plan de l’histoire du monde a divisé définitivement la chronologie en deux parties : le temps avant lui et le temps après lui. A ce symptôme correspond cette transformation intérieure (...) : avec l’apparition du Christ, quelque chose a été fait, affecte l’homme, qui continue d’agir ; il ne pourra plus jamais être le même que celui qu’il était avant le Christ. Un levain est inséré en lui, qui provient de l’absolu et qui, pour cette raison, a délié, rompu le lien de l’humanité à la nature cosmique et lui a donné une liberté et, par là, un rapport à l’absolu qu’elle conserve même quand elle est détachée de l’origine, du Christ. 

Balthasar, Hans-Urs (von), La Dramatique divine, II. Les personnes du drame – 2. Les personnes dans le Christ, Lethielleux/Culture et Vérité, p. 21 

mardi, février 26 2019

Lire la Bible ? Pour de bon ?

http://enluminures.fr/wp-content/uploads/f155r-Matthew-E115328a.jpg

 

L’engagement dans la lecture biblique n’a de sens que si un engagement de la vie de foi et la recherche pratique du royaume de Dieu lui correspondent. La lumière sur l’Écriture ne vient pas autrement. Ce n’est pas un propos édifiant, c’est une nécessité logique reconnue et confirmée par la tradition. Il ne s’agit pas d’autre chose dans la Bible que de ce bouleversement de l’homme par lequel on entre dans la crainte de Dieu jusqu’à devenir disciple. En effet l’engagement de la vie dans l’Évangile fait traverser inéluctablement beaucoup de situations inattendues et inimaginables auparavant.

Paul Beauchamp, Parler d'Ecritures Saintes, Seuil, p. 40

jeudi, décembre 27 2018

Noël comme à Bethléem, avec le Pape François

À Bethléem, nous découvrons que la vie de Dieu court dans les veines de l’humanité.Si nous l’accueillons, l’histoire change à commencer par chacun d’entre nous. En effet, quand Jésus change le cœur, le centre de la vie n’est plus mon moi affamé et égoïste, mais lui qui naît et vit par amour. Appelés cette nuit à sortir de Bethléem, maison du pain, demandons-nous : quelle est la nourriture de ma vie, dont je ne peux me passer ? Est-ce le Seigneur ou quelque chose d’autre ? Puis, en entrant dans la grotte, flairant dans la tendre pauvreté de l’Enfant un nouveau parfum de vie, celle de la simplicité, demandons-nous : ai-je vraiment besoin de beaucoup de choses, de recettes compliquées pour vivre ? Est-ce j’arrive à me passer de tant de garnitures superflues, pour mener une vie plus simple ? À Bethléem, à côté de Jésus, nous voyons des gens qui ont marché, comme Marie, Joseph et les pasteurs. Jésus est le Pain de la route. Il n’aime pas des digestions paresseuses, longues et sédentaires, mais il demande qu’on se lève en hâte de table pour servir, comme des pains rompus pour les autres. Demandons-nous : à Noël, est-ce je partage mon pain avec celui qui n’en a pas ?

Homélie de Noël du pape François

jeudi, décembre 20 2018

Sur un aubergiste fameux

Lorsque Joseph lui avait demandé une place, c'était vraiment trop ! Il avait répondu, avec l'air agacé qu'ont parfois les personnes fatiguées : "Il n'y a plus de place ici, jeune homme ! Mettez-vous, si vous le voulez, dans mon étable à l'entrée du village : pour une nuit ou deux, cela devrait aller..." Pouvait-il deviner qui frappait à sa porte ? Comme tant d'autres, il croyait que Dieu avait le visage de ses rêves. 

P. Raphaël Buyse, Lueurs de Noël - contes inspirés de l'Evangile, Salvator, 2018

mercredi, novembre 14 2018

Dieu ouvre un espace de liberté

Le récit de la création de l'univers (Gn 1, 1-2, 4a) est important puisqu'il livre la première image biblique de Dieu. Image de puissance créatrice. Toute-puissance entend-on dire souvent. Mais ne gomme-t-on pas trop vite un paradoxe ? C'est le septième jour que Dieu achève son oeuvre (2, 2), quand il met une limite à sa puissance créatrice et se repose. Il se montre ainsi "plus fort que sa force, ce qui est la définition de la douceur de Dieu" (P. Beauchamp). La création culmine donc dans une image de douceur déjà présente durant les six premiers jours puisque c'est par sa parole que Dieu exerce sa maîtrise sur le créé. Le sabbat de Dieu n'est pas non plus sans rapport avec ce qui précède immédiatement : la mission confiée à l'être humain de dominer la terre en maîtrisant les animaux (1, 29). En mettant un terme à son intervention créatrice, Dieu ouvre pour l'humanité, pour l'homme et la femme un espace de liberté où agir en responsabilité, où être créateurs à leur tour en exerçant une réelle maîtrise.  

André Wénin, L'homme biblique, Cerf, p. 21

https://www.editionsducerf.fr/images/livres_380/9782204074186.jpg

jeudi, août 16 2018

Aimer vraiment (par Shûsaku Endô)

https://i.pinimg.com/originals/e9/ce/64/e9ce64c5bd58b64f9258bd43d3f55271.jpg

Notre Seigneur s'était bien mis en quête des guenilleux et des malpropres. Il méditait ce fait tandis qu'il gisait sur sa couche. Parmi ceux dont parle l'Ecriture, le Christ avait poursuivi de son amour l'hémoroïsse de Capharnaüm, la femme adultère que les hommes voulaient lapider, des êtres laids et sans attraits. N'importe qui peut être séduit par la grâce et le charme. Peut-on appeler amour cette inclination ? Le véritable amour, c'est d'accepter une humanité avilie, pareille aux chiffons et aux loques. 

Théoriquement, le prêtre savait tout cela, néanmoins, il ne pouvait pardonner à Kichijiro. Une fois de plus, le visage du Christ, en larmes, s'approcha du sien, et son doux regard l'emplit de honte. 

 

In Shûsaku Endô, Silence

dimanche, juillet 22 2018

Pour évangéliser, se convertir

Au gré des lectures estivales... Dans cette lettre de 1892, le bienheureux Charles de Foucauld, alors trappiste à Akbès en Syrie, parle de la difficulté d'évangéliser en cette terre musulmane mais rappelle surtout immédiatement la nécessité de se convertir soi-même : 

la prédication dans les pays musulmans est difficile, mais les missionnaires de tant de siècles passés ont vaincu d'autres difficultés. C'est à nous d'être les successeurs des premiers apôtres, des premiers évangélistes. La parole est beaucoup, mais l'exemple, l'amour, la prière, sont mille fois plus. Donnons-leur l'exemple d'une vie parfaite, d'une vie supérieure et divine ; aimons-les de cet amour tout-puissant qui se fait aimer ; prions pour eux avec un coeur assez chaud pour leur attirer de Dieu une surabondance de grâces. 

 

mercredi, mai 30 2018

Mieux que la mémoire d'Abraham, la prière d'Abraham

Dans le cadre de mes études de théologie, j'ai la chance de participer à un groupe de lecture d'un ouvrage d'exégèse commentant la si délicate épître aux Romains. Dans cette dernière, il est fait référence à la foi d'Abraham, ce qui semble assez surprenant de prime abord puisque celui-ci ne connaissait pas encore le Christ et j'aime beaucoup l'interprétation qu'en tire l'auteur, assez nourrissante. 

C'est la foi qui nous a engendrés et c'est par elle que nous sommes ce que nous sommes : et par "foi" il nous faut certes entendre celle d'Abraham, mais aussi la nôtre, puisque l'acte de croire nous donne une ascendance, nous rattache à une histoire, celle des croyants. 

On voit ainsi pourquoi l'Apôtre choisit le cas d'Abraham, père de tous les croyants. Si'l y a une chose que le fils ne peut se donner, seulement recevoir, c'est son identité de fils. Il n'a rien à faire pour l'obtenir, seulement la recevoir, c'est-à-dire croire qu'il l'est. Mais il nous faut aussitôt ajouter que ce qui vaut pour les fils - que nous sommes - vaut d'abord pour Abraham, puisqu'il reçoit de la parole divine même son identité de père.

L'économie de la grâce ou de la foi acquiert ainsi son extension maximale, comme histoire d'une promesse en voie de s'accomplir, comme histoire d'une immense famille : du père jusqu'au dernier des fils, tant qu'il y aura des croyants ! Le plus beau est évidemment que l'acte de foi d'Abraham ne peut être le seul : d'une certaine manière, son identité de père il la reçoit aussi des croyants, de tous ceux qui, "aussi nombreux que les étoiles du ciel" (Gn 15, 5), croiront comme lui. Notre acte de croire confirme donc l'identité d'Abraham comme père des croyants, bref la fécondité de son (de tout) acte de foi. (...)

L'Apôtre considère avant tout l'enjeu de l'acte de croire, non ses modalités. Il retient surtout l'inouï de la situation d'Abraham, qui permet en quelque sorte de décrire à l'état pur l'acte de confiance : d'un côté la vieillesse du patriarche, la stérilité de Sara, de l'autre une promesse folle, celle d'une immense descendance. S'abandonner à l'apparente folie de Dieu, à une parole que tout semble frapper d'interdit, tel fut le choix du patriarche. Et en rappelant cela, Paul montre bien comment s'en remettre à la parole divine, accepter d'en dépendre totalement, ne fait pas tomber dans l'hétéronomie mais signifie qu'on opte pour la vie.

Il faut faire cette expérience pour en percevoir toute la vérité, en ses effets même, car seule la foi est féconde. Au demeurant, cette fécondité n'authentifie pas seulement l'acte du croyant, elle est le signe du vrai Dieu, celui qui, par la foi, fait vivre, parce qu'il veut la vie (cf. Rm 4, 17) : l'acte de croire révèle la gracieuseté, la confiance et la justice du Dieu qui, aprce qu'il est le Dieu de tous les hommes, les appelle tous à la même dignité de fils, d'héritiers. 

J.-N. Aletti, Comment Dieu est-il juste ? Clefs pour interpréter l'épitre aux Romains, Seuil,  p. 104-105

 

vendredi, mai 25 2018

Prière du matin... sacré gain !

Quand on a réussi à donner de l'unité à sa journée, celle-ci en reçoit ordre et discipline. C'est dans la prière du matin qu'il faut chercher et trouver cette unité, on la conservera dans le travail. La prière matinale décide de la journée. Le temps gaspillé dont nous sommes honteux, les tentations auxquelles nous succombons, la langueur et le manque de courage dans le travail, le désordre et l'indiscipline de nos pensées et de nos relations avec les autres ont très souvent leur raison dans le fait qu'on néglige la prière du matin. 

L'ordonnance et la répartition de notre temps sont plus fermes quand elles naissent de la prière. Les tentations inhérentes aux jours de travail sont vaincues par l'ouverture à Dieu. Les décisions qu'exige ntore tâche deviennent plus simples et plus faciles, quand elles sont prises non dans la crainte des hommes, mais seulement dans le face-à-face avec Dieu. "Quel que soit votre travail, faites-le avec âme, comme pour le Seigneur et non pour les hommes" (Col 3, 23). Même le travail mécanique sera accompli avec plus de patience s'il procède de la connaissance de Dieu et de son commandement. Nos forces sont plus grandes pour travailler, quand nous avons demandé à Dieu qu'il veuille nous donner aujourd'hui la force dont nous avons besoin pour notre travail. 

D. Bonhoeffer, Bible, ma prière... 

jeudi, mai 10 2018

Être ami de Dieu

Une petite citation savoureuse croisée au gré des pages... belle fête de l'Ascension à tous ! 

Contrairement à l'amour, l'amitié est par définition réciproque. On peut aimer quelqu'un sans qu'il le sache, mais on ne peut être l'ami de quelqu'un à son insu. Cela ne veut pas dire que la relation d'amitié est identique chez les deux amis, car chacun est bien lui-même, il a son histoire, sa manière d'aimer, de faire confiance, de manifester sa sympathie. Mais la relation est réciproque : chacun éprouve de l'amitié pour l'autre et se réjouit de sa présence. Cela est vrai de la relation que Dieu cherche à vivre avec l'homme. 

Il n'y a pas d'égalité entre Dieu et l'homme, car l'un est Dieu et l'autre est l'homme, mais il y a réciprocité dans la relation. Si chacun se donne totalement, si l'homme se donne comme Dieu se donne, ils entrent en relation de manière égale, totalement. Cela permet de regarder la foi, par exemple, d'un oeil renouvelé : la foi est l'une des dimensions essentielles de cette relation entre l'homme et Dieu. Elle participe donc à la réciprocité. Tu donnes à Dieu ta foi, et tu découvres que déjà, il croyait en toi. Tu cherches à l'aimer, et tu comprends qu'il te faisait confiance. La mesure de sa confiance en toi n'est pas ta confiance en lui. Car il t'a fait confiance, il t'aime en se donnant totalement

In Jean-Marie Gueulette, Laisse Dieu être Dieu en toi - petit traité de la liverté intérieure, p.32

jeudi, avril 26 2018

Entre deux écueils, la voie de la relation

Dans le deuxième chapitre de son exhortation Gaudete et exsultate, le pape désigne deux hérésies qui nous guettent et nous empêchent de marcher dans notre vocation à la sainteté : le gnosticisme et le pélagianisme. On pourrait se dire que François se contente de donner des baffes d’un côté comme de l’autre, avec justesse et bellement comme il sait le faire mais cela ne s’arrête en réalité pas là : en désignant les deux écueils d’un christianisme qui ne serait que science ou qu’effort de la volonté, il désigne ce qui est important, ce qui sauve et ce qui est l’essence de notre foi, notre relation personnelle avec Dieu : « Pour que nous soyons parfaits comme il le désire, nous devons vivre humblement en sa présence, enveloppés de sa gloire ; il nous faut marcher en union avec lui en reconnaissant son amour constant dans nos vies » (par. 51). C’est donc vers Lui que notre regard doit constamment être tourné : 

 

Cependant nous ne pouvons pas célébrer avec gratitude le don gratuit de l’amitié avec le Seigneur si nous ne reconnaissons pas que même notre existence terrestre et nos capacités naturelles sont un don. Il nous faut « accepter joyeusement que notre être soit un don, et accepter même notre liberté comme une grâce. C’est ce qui est difficile aujourd’hui dans un monde qui croit avoir quelque chose par lui-même, fruit de sa propre originalité ou de sa liberté » (Liucio Gera). (Par. 55)

 

mercredi, avril 4 2018

De résurrection et d'eucharistie

Alors nous sommes là, avec lui, ignorant ce qu'il façonne en nous, comme les femmes aux aromates qui veillaient dans la nuit, devant le tombeau du Seigneur. Et ces mêmes femmes étaient là, encore, le grand matin du premier jour, et par la grâce de leur persévérance, voilà que nous aussi, nous sommes là, à l'heure bénie où le Christ est ressuscité. Il s'était offert en remerciement, en sacrifice d'action de grâce. C'est à nous maintenant d'en faire autant. En déposant sa vie entre nos mains, il nous relève et nous envoie, afin que nous soyons nous aussi, eucharistie, en ce monde. 

Sr Anne Lécu, Ceci est mon corps , Cerf,  2018, p. 125

 

http://www.narthex.fr/events/agenda-2015-1/vignette-resurrection.jpg/image_largeManessier, Résurrection

jeudi, février 1 2018

Ce qu'est l'unité... pour vivre

"Le principe de la vie est l'unification. La tendance à l'isolement est source de mort. Toutes les choses qui se séparent, qui se ferment ou qui cherchent à s'auto-affirmer finissent par mourir. Dans la création également, le principe de la vie se caractérise par l'unification, par les relations. La vie passe à travers les relations ; la mort triomphe en brisant celles-ci. Le péché a trompé l'homme en lui promettant que, s'il s'occupait de lui-même et s'il se conduisait selon sa propre volonté, il vivrait, il s'affirmerait. Ce mensonge du tentateur est devenu le cimetière de l'humanité. (...) 

Le bonheur se trouve dans l'unité, parce que l'unité est la garantie de la vie. C'est seulement dans une union qui n'exclut personne que la vie est garantie. Si une partie est exclue, c'est-à-dire repoussée dans l'isolement où couvent rancoeur et agressivité, tôt ou tard elle devient une menace pour tous, donc aussi pour elle-même. La vraie garantie de la vie est la communion de tous, sans exclure personne : une communion qui tient compte de tous, qui interpelle chacun, qui ne fait aucune pression, ne recourt à aucune violence, n'oblige pas à se mutiler pour entrer dans l'ensemble, mais qui, en affirmant tous, parvient à affirmer chacun. " 

RupnikAu regard de Dieu - l'examen de conscience 

 

lundi, janvier 22 2018

Bakhita chance et grâce pour le lecteur

 

Peut-être que vous connaissez déjà l’histoire vraie de Bakhita, histoire complètement improbable d’une petite fille enlevée comme esclave au Darfour, devenue domestique puis religieuse en Italie et enfin sainte ? Elle resterait improbable cette histoire si elle n’était toute pleine de grâce et c’est cette histoire à la foi si simple et en même temps si bouleversante que Véronique Olmi a entrepris de raconter dans son livre éponyme : Bakhita (éd. Albin Michel, 2017).

 

Le début est rude : c’est l’histoire d’un arrachement, de la violence humaine souvent bestiale et des espoirs déçus et, dans le même temps, celui de la vie plus forte, malgré tout ; le tout dans un style souvent dur également qui évolue en même temps que la vie de Bakhita. Une découverte de l’amour et de la confiance toujours plus forte dans sa vie. Cela donne simplement un magnifique livre qu’on quitte à regret.

 

http://www.laprocure.com/cache/couvertures/9782226393227.jpg

 

« Bakhita se demandait comment, avec quels mots lui dire. Elle connaissait certaines questions à l’avance, sur ses bourreaux, le pardon, sa conversion, et ce qu’elle avait à répondre lui paraissait toujours autre chose que ce qu’on attendait. C’était différent, et aussi plus simple. Ses bourreaux ? Elle les avait depuis longtemps confiés à el Paron, elle ne s’en encombrait pas, mis à part bien sûr quand ils décidaient de lui rendre visite dans les longues nuits de cauchemars. Mais elle est soulagée d’eux, parce que Dieu pardonne pour elle. Elle est sa fille et Il fait cela pour elle. Est-ce que ses histoires sont vraies ? Est-ce que ces souvenirs sont les siens ? Mais rien n’est vrai, que la façon dont on le traverse. Comment leur dire ça ? En vénitien ? En italien ? En latin ? Elle n’a aucune langue pour ça, pas même un mélange de dialectes africains et d’arabe. Parce que ça n’est pas dans les mots. Il y a ce que l’on vit et ce que l’on est. A l’intérieur de soi. C’est tout. » (p. 370-371)

 

dimanche, novembre 19 2017

1ère journée mondiale des Pauvres

Grande nouveauté de l'année 2017, le pape François a instauré le 33ème dimanche du temps ordinaire une "journée mondiale pour les pauvres". Et si fixer cette journée le dernier dimanche "officiel" du temps ordinaire était aussi une manière de nous dire qu'il faudrait réussir à mettre cette "option préférentielle pour les pauvres" en premier de tout ? 

Il ne suffit pas d'en rester au malaise de tous ces gens qui n'ont pas de quoi vivre et "résident" dans la rue à deux pas de chez nous, 
Il ne suffit pas de nous indigner,
Il ne suffit pas de les regarder de haut... ou, pire, de ne plus les voir, devenus indifférents,
Il ne suffit pas de nous dire que nous sommes tous des pauvres en quelque chose (même si c'est aussi vrai),
Il ne suffit pas de parler de la pauvreté et des "pauvres" en général... 

.... mais, justement, ce qui est certain, c'est que le pape François en a profité pour écrire un beau message, intitulé "N'aimons pas en paroles, mais par des actes" qui n'est pas qu'une parole en l'air mais bien une invitation concrète à aller rencontrer le Christ en nos frères les plus démunis et à les mettre au centre de nos actions, pour que celles-ci soient remodelées par une charité qui soit vraie. 

 

Un court extrait : 

§3 "Ne pensons pas aux pauvres uniquement comme destinataires d’une bonne action de volontariat à faire une fois la semaine, ou encore moins de gestes improvisés de bonne volonté pour apaiser notre conscience. Ces expériences, même valables et utiles pour sensibiliser aux besoins de nombreux frères et aux injustices qui en sont souvent la cause, devraient introduire à une rencontre authentique avec les pauvres et donner lieu à un partage qui devient style de vie. En effet, la prière, le chemin du disciple et la conversion trouvent, dans la charité qui se fait partage, le test de leur authenticité évangélique. Et de cette façon de vivre dérivent joie et sérénité d’esprit, car on touche de la main la chair du Christ. Si nous voulons rencontrer réellement le Christ, il est nécessaire que nous touchions son corps dans le corps des pauvres couvert de plaies, comme réponse à la communion sacramentelle reçue dans l’Eucharistie. Le Corps du Christ, rompu dans la liturgie sacrée, se laisse retrouver, par la charité partagée, dans les visages et dans les personnes des frères et des sœurs les plus faibles. Toujours actuelles, résonnent les paroles du saint évêques Chrysostome : « Si vous voulez honorer le corps du Christ, ne le méprisez pas lorsqu’il est nu ; n’honorez pas le Christ eucharistique avec des ornements de soie, tandis qu’à l’extérieur du temple vous négligez cet autre Christ qui souffre du froid et de la nudité » (Hom. In Matthaeum, 50, 3 : PG, 58)" 

http://cdn.carmes-paris.org/wp-content/uploads/2013/05/Le-bon-samaritain.jpg

lundi, juillet 31 2017

Parce que Son pardon transforme tout

... mieux qu'un phenix ! :-) 

« Le cautère de feu matériel, là où on le pose, fait toujours une plaie, et il a cette propriété que s’il s’imprime sur une plaie qui n’était pas causée par le feu, il la rend une plaie de feu. Il en est de même de ce cautère d’amour <de l’Esprit en nous>. Si l’âme qu’il touche porte d’autres plaies, des plaies de misères et de péchés, ou bien si elle est saine, il lui laisse des plaies d’amour, et les plaies qui venaient d’une autre cause deviennent des plaies d’amour ».

 

in Vive Flamme, st Jean de la Croix

 

N.B. : Le cautère est un instrument médical destiné à brûler un tissu.

 

- page 1 de 14