À cause – ou grâce, je ne sais pas – de mon travail au
secrétariat du bac, j’ai découvert le jeu Candy
Crush sur mon téléphone : petit jeu sympathique, délicieusement
addictif. Le principe ? Rien de bien neuf : faire des lignes de trois
éléments pour les faire exploser.
Pouf, voyez comme c’est joyeusement coloré !
La nouveauté réside dans les différentes
« missions » proposées qui varient les plaisirs ET les obstacles,
toujours liés aux confiseries puisque ce sont des bonbons qu’il s’agit
d’exploser.
Depuis quelques niveaux, c’est le chocolat qui
est apparu. Le chocolat, voyez-vous, c’est sympa en soi, ça fait super envie.
D’autant plus qu’au début, c’est super localisé dans le niveau, c’est pile dans
les côtés, élément marginal.
Vous voyez, avec ça, il y a encore de la place pour le
reste !
Le problème du chocolat dans ce jeu c’est que,
dès qu’on n’y touche pas, dès qu’on ne fait rien pour l’enlever
eh bien, ce chocolat, il prolifère. Et il prolifère tellement qu’il en devient
énorme et central !
Et voilà le (non-)travail : ça en fait des tablettes
de chocolat tout ça !
Mais le chocolat, c’est exactement l’exemple type du
péché : non pas que le chocolat soit mauvais, bien au contraire,
mais, comme ça, il semble mignon, si peu important, complètement inoffensif…
N’est-ce pas ce à quoi ressemblent nos péchés parfois ? Parce que le gros
péché, là, même s’il est dur à confesser on le voit bien mais quid de tous nos manques d’amour
quotidiens ? « Bof, c’est pas si grave, c’est un truc marginal dans
ma vie… puis ça ne m’empêche pas de vivre, ça ne m’empêche pas
d’aimer ! »
Cela fera bientôt 4 ans que j’ai fixé pour ma
part un rythme régulier pour recevoir le sacrement de réconciliation – sans
doute trop peu important, mais là n’est pas l’objet de cet article – et,
finalement, sur ce laps de temps, je me rends compte que j’achoppe presque
toujours sur les mêmes points, sur les mêmes péchés. Bien sûr, vus comme ça de
l’extérieur, certains sembleraient minimes et pourtant… non.
Parfois, j’en ai plus qu’assez de les confesser
ces points-là parce que j’ai l’impression humaine que cela ne sert à rien. Et
là, voyez-vous, le chocolat de Candy
crush est pile l’exemple qu’il me faut pour m’encourager, pour me montrer
leur importance : parce que, si je ne fais rien – ou plutôt, si je ne
demande pas au Seigneur de venir les exploser par la force de Son Amour – ils
prolifèrent.
Non seulement le péché prend alors de plus en plus de place et
on s’habitue à le voir à une place de choix, centrale, mais, plus grave encore
à mon sens, il prend surtout toute la place de notre vie qui serait disponible
pour aimer. Il ternit tout, il uniformise tout, il englue tout.
Décider d’aller demander pardon avec confiance,
c’est la pichenette, le petit mouvement qui déclenche l’explosion en chaine du
péché : alors la vie redevient un peu plus lumineuse, parce que l’Amour aura
redonné à chaque chose et à chacun sa juste place dans notre existence, aimée,
pardonnée, libérée.