Zabou the terrible

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dimanche, août 7 2016

Pèleriner par temps de terreur

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C'était l'autre soir, après une journée de pèlerinage. Je marchais, croix au cou, dans les rues de cette ville italienne pour chercher une glace. Et soudain, en passant dans une rue sombre et peu fréquentée, je me suis dit : "Tiens, et si je me faisais attaquer ?". J'ai un peu frissonné, j'ai pensé au récent assassinat du père Jacques... 

C'est vrai que cela changeait la donne : jusque là, c'était plutôt notre société occidentale post-moderne que Daesh semblait attaquer. Et là, clairement, un chrétien, et en plus un prêtre. Une volonté derrière de monter les religions entre elles ? Peut-être. Semer la terreur par des gestes incompréhensibles et imprévisibles ? Sûrement. 

Qu'on le veuille ou non, la personne du pèlerin a un caractère sacré. On peut ricaner de sa démarche mais, toujours, on la respectera et lui avec. Souvent, on l'aidera et, parfois, on l'aimera. Le plus souvent, il y a même de très belles rencontres et de beaux échanges à la clef. Nous ne sommes que des êtres de passage, à qui il est facile de se confier... J'ai souvent eu l'impression d'être considérée comme un cadeau, comme le Christ Lui-même parfois, par ceux qui m'accueillaient : et moi, j'ai dû apprendre aussi à recevoir ces cadeaux et à y voir le don de Dieu. Je ne dis pas que je n'aurai jamais de problème durant mes longues marches pèlerines – cela ne m'est jamais arrivé en 10 ans mais j'ai conscience que cela peut arriver – mais je sais surtout que, pèlerine, j'ai une "aura" qui me dépasse et cela me donne une grande confiance durant ma marche. Je marche, seule, sans peur, sûre en plus que le Seigneur fait route avec moi. Ma foi me porte. Je ne suis qu'une pèlerine, c'est ma seule identité en route, mais je m'efforce d'être pleinement cela. 

Et si j'étais attaquée pour cette raison même que je suis une pèlerine ? Ce serait dérisoire... Mais ni plus ni moins que l'attaque contre ce prêtre humble dans une petite ville de la banlieue de Rouen. Ce serait presque une suite logique car aussi absurde. 

Mais à quoi bon avoir peur et faire le jeu de la terreur ? Il suffit de continuer à marcher, à pèleriner, le cœur en paix... Poser un acte de confiance. 

Car le pèlerin, c'est celui qui découvre le monde à la seule vitesse de son pas ; 
Quand le terrorisme détruit l'homme et cherche à anéantir les ponts patiemment bâtis entre les civilisations, 
Le pèlerin reste celui qui rencontre le monde simplement à hauteur d'homme pour y découvrir les traces de Dieu. 

À poursuivre, sans cesse. 

jeudi, mai 26 2016

Pouce ?

 

Stop ! Pause ! Pouce !

Petit geste accompagnant la parole que je ne peux faire ces temps-ci. Rien de grave, mais un peu d’immobilisation forcée d’un doigt… bien utile.

 

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Le rapport avec la choucroute avec Dieu et ce blogue ?

Que je suis lente à tout faire et ai donc encore moins le temps d’écrire ? Certes.

Que cela me permet évidemment de goûter la charité des frères par leur sollicitude attentionnée dans les petits gestes du quotidien ? Oui ! Et mille fois oui !

 

Mais en réalité, ce petit incident au pouce est aussi joliment métaphorique.

 

Le pouce, ce doigt auquel on ne pense jamais et, quand il est bloqué par une attelle, on se trouve bien embêté pour faire les petits gestes du quotidien. C'est comme une invitation à faire attention au petit, à celui auquel on ne pense pas, à celui qu’on ne voit pas ou plus tant on y est habitué et qui pourtant fait tellement ! Il ne faudrait pas qu’il ne soit plus là pour qu’on se rende compte combien il est important. Cela vaut pour les personnes, cela vaut pour la prière.

 

Mais chez nous, humains, ce pouce possède la particularité non négligeable d’être opposable. Il faut ainsi l’opposition puisqu’on l’on puisse saisir adroitement (actuellement, je n’y arrive plus !) : n’est-ce pas un encouragement à la discussion, au débat fraternel dans le rapport même Corps / même main ? Invitation à l’unité dans la pluralité, invitation à une communion vraie même dans les oppositions apparentes, pour chercher à saisir, mieux, le mystère du Christ ?

 

Et si, aussi, il y avait une forme de « pouce » au rythme effréné de la fin d’année déjà en train de se cadencer, ou en tout cas le « pouce » vital de la pause prière à prendre, à garder, de l’attention à Dieu pour rester attentif à l’autre, même dans la tension ? 

 

Bref, depuis une semaine, la prière a muté des mains plus ou moins jointes aux pouces (mi)-en l’air en guise d'aide-mémoire... et c’est pas mal non plus ;-)  

 

mardi, mars 15 2016

Et si, entre le silence et les bruits... ?

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Comment ne pas être touchée par ce qui se passe actuellement autour du Primat des Gaules ? Comment ne pas être touchée dans le même temps dès qu’un scandale de pédophilie éclabousse notre Église ?

 

Je ne peux pas être d’accord avec ce qui s’apparente présentement à un lynchage en bonne et due forme du cardinal, un lynchage où les médias et les politiques semblent se répondre avec une escalade de violence jusqu’à demander, sans forcément connaître l’affaire, une démission de cet homme. Que diable, il est cardinal : c’est clerc et forcément pas clair ces bestioles-là.

 

Mais que cela soit clair, justement, je ne peux en aucun cas non plus cautionner un acte aussi grave que la pédophilie. C'est une honte ! Un acte gravissime qui brise des vies ! 

Je ne peux que reconnaître que, dans l’Église, il a trop souvent régné sur ces affaires la loi du silence. Pour étouffer tout cela et ne pas nuire à la réputation de... C’est grave et il faut le dire : nous n’avons pas le droit au silence ! Ne pas se taire : pour les victimes, avant tout, pour les aider à se reconstruire. Mais il faut le dire aussi pour les chrétiens : un chrétien, ce n’est pas quelqu’un appelé à une vie médiocre, c’est quelqu’un qui est appelé à la sainteté… un chrétien qui n’aide pas son frère en détresse, c’est un contre-témoignage. Un chrétien qui se tairait sur ce genre d’affaires, c’est pire qu’un contre-témoignage : c'est un complice, en état de péché grave.

 

Le chrétien n’est pas appelé au silence : il est appelé à écouter, à suivre le Verbe de Dieu et à Le proclamer.

 

En revanche, si je ne suis pas d’accord avec le silence, je ne suis pas d’accord non plus avec les « bruits », ces choses qui courent, qui se disent sans fondement et qui ne provoquent que médisance et mépris croissants. On attaque comme si c’était le cardinal qui avait commis les actes en personne, on attaque comme si la présomption d’innocence n’existait pas, on attaque comme si l’affaire était déjà entendue, jaugée et jugée et qu’on avait déjà à prononcer un verdict.

 

Je ne connais pas l’affaire et ne m'étendrai donc pas sur ce que j'ignore : mais il faut tout de même reconnaître que Mgr Barbarin n’était pas archevêque de Lyon au moment des faits… on ne demanderait pas la démission du ministre actuel de l’Éducation Nationale ou du recteur de telle académie lors de la découverte de cas de pédophilie d’un prof remontant à des années où il ne l’était pas encore. Pas pareil ? Certes : le chrétien a un idéal de sainteté et, par là même, une exigence d’exemplarité s’il veut témoigner. Mais il y a aussi une exigence d’humanité et c’est à nous tous de la respecter.

 

Je ne sais pas quelle est la part de responsabilité de cet homme :

Ce que je sais, c’est que je lis des réactions aux tons de plus en plus énervés, partant inconsidérées.

Ce que je sais, c’est que j’ai reçu une proposition de pétition à signer demandant la démission du cardinal.

Ce que je sais, c’est que les bruits ne font jamais de bien : ils sont cacophonie et n’éclaircissent jamais les esprits.

 

Il me semble qu’entre le silence oppressant et le bruit médisant, il devrait y avoir place à l’écoute et à la parole. Celles des victimes, celles des témoins, celles des accusés et celles des juges.

 

C’est un peu comme dans l’Évangile de dimanche dernier avec la femme adultère : il a fallu écarter les bruits véhéments pour accéder à la Parole… Il a fallu écarter les bruits pour que le silence de la pécheresse s’ouvre aussi à la Parole et qu’elle puisse entendre et s’exprimer.

 

Laissons la justice faire son travail.

Et nous, prions pour les victimes et pour leurs agresseurs,

Prions pour les juges et pour le cardinal Barbarin ;

Et que chacun d’entre nous grandisse sur son propre chemin de conversion, en écoutant Sa parole. 

 

dimanche, mars 6 2016

Malgré tout, malgré nous... laetare ! :-)

 

Le père qui ouvre les bras, toujours, qui n’écoute même pas nos pseudo-excuses embarrassées dans lesquelles nous ne ferions que nous embourber…

Le père qui nous accueille, malgré toutes nos bêtises, malgré tous nos éloignements, malgré nos pires fautes, malgré nos manières de lui dire parfois brutalement « je n’ai pas besoin de Toi ! » - c’est bien là le péché dans le fond - ;

Le père qui nous attend toujours, toujours, toujours,

Le père qui nous montre qu’Il nous aime : toujours, toujours, toujours.

 

On peut avoir l’impression d’avoir entendu cette parabole des centaines de fois, et ce n’est pas faux ;

Mais on n’a jamais assez eu l’impression, on n’a et on n’aura jamais assez la certitude profonde de nous savoir attendus par Dieu à la maison, chez Lui et c’est donc aussi chez nous, c’est notre vraie maison familiale, tout le temps.

 

C’est, pour reprendre une expression historique, l’amour qui nous aime malgré tout, mais aussi malgré nous. Mais nous, nous ne sommes jamais incorporés de force : non, nous sommes patiemment attendus, nous sommes patiemment espérés…

C’est à nous de décider quand nous revenons au bercail où Il est là, déjà au seuil, sans doute déjà à nous guetter depuis bien longtemps, en fait, depuis toujours :

Malgré tout, malgré nous.

 

Bien sûr, ce « malgré tout », on pourrait se l’appliquer à nous vis-à-vis de Dieu, quand notre foi défaille devant l’énigme de la souffrance ou du mal : pour nous, humains, c’est parfois ainsi que s’appelle notre foi, un « malgré tout » poussif… mais là encore, elle est pourtant donnée.

 

Il n’empêche que, le « malgré tout », c’est le saut de la foi, dans les deux cas.

Pour nous, c’est donc croire en Dieu malgré les apparences météorologiques parfois bien sombres de nos vies ; croire en Lui, malgré tout.

Pour Lui, c’est sa foi indéfectible en l’homme : celle qui s’appelle amour.

C’est aussi pour la foi de Dieu en l’homme ce saut de la foi qui donne la vie et ne se lasse jamais de la redonner par amour quand venons à nous en éloigner.

C’est l’Amour qui nous espère toujours sur le chemin de retour, sur le chemin de la conversion et qui ne peut cesser de nous attendre parce qu’Il nous veut heureux avec Lui : on ne pourra jamais se lasser de la prévenance incroyable de cet Amour… malgré tout, malgré nous.

 

Et l’on peut louer et prier encore avec les beaux mots du p. Paul Baudiquey : « Bénis soient les regards assez tendres, assez fous, assez vrais, pour me donner le cœur de m'espérer encore, de m'attendre à quelqu'un d'autre en moi. Les vrais, les seuls regards d'amour sont ceux qui nous espèrent ».

Tels sont ceux du Seigneur qui ne cesse de nous regarder, même quand nous semblons déjà perdus à l’horizon où la lumière s’efface,

Tels sont ceux du Seigneur qui ne cesse de nous espérer et de nous aimer, malgré tout, malgré nous.

 

mardi, janvier 5 2016

Petits mots de confiance pour mal de foi

 

http://www.rapelite.com/wp-content/uploads/point-d-interrogation.png

Qu’aimerais-je te dire, à toi qui doutes ?

Je ne sais pas, ce n’est pas simple, c’est même redoutable.  

Il est difficile d’oser répondre à des doutes,

Il est difficile d’oser poser des mots qui pourraient sembler définitifs, certains, clairs…

Alors que la Foi n’est pas objet de savoir, et encore moins d’un savoir dont il y aurait des maîtres.

 

La foi, c’est une grâce posée au creux d’un cœur,

La foi, c’est cette confiance mystérieuse offerte en retour,

La foi, c’est ce chemin de vie entre grâce et réponse libre de l’homme.

 

La foi, c’est un peu comme cette succession de jours et de nuits qu’est le rythme de notre temps, partant celui de notre vie ;

La foi, je l’ai déjà dit ailleurs, ce n’est jamais du tout cuit :

C’est comme une graine de grâce en notre cœur, il faut tout mettre en œuvre pour l’aider à germer, à grandir… et, parfois, on a beau tout mettre en œuvre pour qu’elle pousse, cela ne marche pas bien et on ne comprend pas pourquoi.

 

La foi, parfois, souvent, c’est de nuit.

C’est ainsi.

Et, chez nous, humains, la nuit, c’est souvent le moment des luttes et des doutes…

Et il n’y a pas un doute, il y en a pleins, autant que d’êtres humains.

 

Mais la nuit n’est pas le moment pour changer de cap, y compris pour rejeter ce qui fut fait, 

Mais le doute n’est pas le moment de lâcher,

Mais le combat n’est pas le moment d’abandonner.

 

Tu as reçu ce corps : il t’est aussi donné pour lutter ;

Avec l’aide de ton cœur et de ton âme.

Tu as tout cela pour prier.

 

Tu as peut-être mal de douter, et pourtant, c’est paradoxalement le moment d’avancer, un peu plus.

La foi, quoi qu’on en dise, ce n’est pas avant tout la certitude, c’est la confiance,

La confiance de faire ce pas dans la nuit, même si tu ne vois rien, osant croire qu’Il est là, prêt à Te récupérer, tendrement, comme un Père,

L’audace de la prière quand personne ne semble là, à t’écouter, 

L’audace du cri vers Lui, quand tout semble désespéré et insoluble,

L’audace de l’agenouillement devant l’invisible quand tout paraît sombre,

L’audace du « je crois », malgré…malgré tout. Car Il est là. 

Comme un petit pas à faire, même s’il coûte bien plus parfois qu’un long périple.

 

Et peut-être que certains jours, ta foi vacillera encore plus et que rien ne te semblera plus possible :

Il restera alors la foi et la prière de tes frères : 

Leur foi qui te redira le Roc du Christ sur lequel notre vie est fondée,

La prière qui sonnera comme un cadeau de leur amitié et te redisant la plus grande Amitié sur laquelle on puisse compter, celle qui a l’unique saveur de Charité.

 

jeudi, août 27 2015

L’un et l’Autre

 

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Beaucoup de bruit pour pas grand chose : c’est la première chose qui me vient en tête lorsque je lis les débats récents sur internet autour de l’Église et du FN.

 

Rappelons les faits : une élue de ce parti a été invitée par un évêque à une université d’été.

 

Évidemment, cela a tout de suite grossi puis, comme souvent, dérivé dans la presse… L’Église serait-elle devenue pro-FN ?

 

Heureusement, un communiqué très juste de ton du p. Olivier Ribadeau-Dumas, porte-parole de la Conférence des Évêques de France est venu ce jour redire et clarifier les choses : certaines des « grandes » idées du FN ne sont pas compatibles avec l’Évangile.

Donc, non, un chrétien ne peut pas « être FN » (avant de pousser de hauts cris, notez bien l’emploi du verbe « être », merci) ;

Tout comme, non, un chrétien ne peut pas « être communiste » (idem) ;

Car, tout simplement, il « est » chrétien.

Essentiel.

 

Je mets ce balancement de deux partis extrêmes en avant car c’est celui qui est beaucoup utilisé comme moyen de comparaison sur internet, comme s’il fallait absolument faire pencher la balance vers l’un ou l’autre bord et faire le jeu d’une absurde binarité qui n’a pas lieu d’être. En réalité, dans les deux cas, c’est la même chose qui est en jeu : le chrétien, parce qu’il est chrétien, ne peut chercher qu’à faire grandir l’homme, quel qu’il soit, dans toute son humanité. Donc :

Le chrétien ne peut pas aimer qu’on attaque la dignité humaine de quelqu’un parce qu’il est étranger, bref, dans son altérité ;

Le chrétien ne peut pas aimer qu’on attaque la dignité humaine dans son unicité et dans sa grandeur propre.

Il est bon de le dire et de se le redire, au-delà des querelles partisanes.

 

Mais alors… inviter une élue FN dans une université d’été catholique, quid ?

Il me semble que, dans tout cela, c’est au discernement individuel des motivations qu’il convient de laisser sa part.

 

S’il s’agit de faire le jeu des puissants et n’inviter que les élus de partis faisant de gros résultats, il semble dommage de laisser le plus grand parti de France, celui des abstentionnistes, ne pas être très largement représenté… plus sérieusement, c’est surtout avec tous qu’il convient de savoir dialoguer, y compris les petits partis. 

Si c’est pour flatter un penchant nauséabond que j’aurais au fond de moi, une accointance secrète, il me semble que c’est néfaste… est-ce que je serais capable d’avoir la même démarche avec quelqu’un d’un parti opposé ?

Si, au contraire, c’est pour dialoguer en vérité avec quelqu’un de différent, cela est vraiment très juste et très beau et je prie pour que les échanges se déroulent dans la paix.

 

Le discernement, c’est la seule vraie question à se poser dans cette affaire et il revient à chacun de se la poser plutôt que de chercher à « scruter les reins et les cœurs » des organisateurs à la place de Celui qui s’en charge :

Suis-je capable d’entrer en dialogue avec l’autre, même si ses pensées sont antipodes des miennes ?

Suis-je capable d’entrer en dialogue vrai avec l’autre : l’écouter et parler, sans jamais rien perdre de ma foi chrétienne ? C’est-à-dire suis-je capable d’oser placer notre échange sous le prisme de la confiance et de la Vérité ?

Vérité qui, pour nous, est une personne, le Christ : appel sempiternel à la conversion, au diaLogue, à Le laisser paraître et transparaître au travers de nos échanges.

 

Illustration : Jérome Bosch,  Ecce Homo

lundi, novembre 24 2014

Provoc, où est ta victoire ?

 

 

 

Je me refuse à diffuser toute photo de cette femme nue au torse marqué « pope is not a politician » sur l’autel d’une très belle cathédrale française. Je me refuse aussi à toute comparaison avec le traitement des autres religions, comparaison stérile qui ne saurait aboutir qu’à la discorde par une escalade de jalousie façon « ils ont ça et pas nous ! » : quel intérêt sinon de semer la division ? En revanche, c’est à toi qui as ainsi voulu « parader » ? « claironner » ? « provoquer » ? que je souhaite m’adresser.

 

Je n’ai même pas envie de te parler de profanation, de choc… j’ai envie de te dire que tu es une vraie enfant. Connais-tu l’étymologie du mot « enfant » ? En latin, infans, c’est celui qui ne sait pas parler. Eh bien, toi, tu vois, aujourd’hui, ça a été ton cas : tu n’as pas su t’exprimer.

 

Crois-tu vraiment qu’encore aujourd’hui la nudité puisse choquer ? Tu sais, au-delà du fait qu’on est un peu tous faits pareil, il n’y a plus guère que des metteurs en scène déjà dépassés pour s’amuser à mettre des gens nus sur scène au théâtre aujourd’hui, croyant encore que cela choque. Aujourd’hui, c’est la nudité fragile, comme celle d’une mère qui allaite, d’une personne fragile ou âgée qui provoque les questions, pas celle de la violence, dont nos regards sont complètement saturés.

 

Vouloir faire réagir par le choc ? Tu ne dois pas connaître l’esthétique artistique in-year-face des années 80. Ils faisaient bien mieux… Je ne vois pas en quoi ton acte constitue une quelconque « performance esthétique révolutionnaire » : il est d’un conformisme affligeant. C’est la révolte de l’adolescent contre un parent, parfois violente d’irrespect et pas très intelligente. Je ne vois pas même pas en réalité où est le choc, quel est le message que tu as voulu faire passer.

 

Là où tu as encore plus été une enfant, c’est en brandissant le drapeau de l’Europe… Connais-tu son origine ? Te voir ainsi sous ce drapeau, c’est plutôt cocasse. En fait, quand j’y pense, ça me fait même rire devant mon écran. Les 12 pays du départ ? Oh, pas seulement… Voilà ce qu’on peut lire dans le livre de l’Apocalypse au chapitre 12 : « un grand signe apparut dans le ciel, une femme vêtue de soleil avec la lune sous les pieds et, sur sa tête, une couronne de douze étoiles. » Et c’est juste une représentation classique de la Vierge Marie.

 

Enfin, chère femen, prévenir ainsi les médias, c’est justement le signe de ton échec… Ce n’est pas à leur honneur d’être venus chercher un pseudo-scoop, de ne pas être intervenus pour interrompre ce que tu faisais mais c’est signe que ton action ne se suffit pas à elle-même, qu’elle n’est pas parlante, que tu as besoin d’un public. Le signe que tu ne sais pas parler.

 

Le pape n’est pas un politicien mais il est un chef d’état, même s’il s’agit d’un des plus petits états du monde depuis la dissolution des états pontificaux et les accords du Latran. 

Le pape n’est pas un politicien mais c’est lui qui est aux commandes humaines de la barque de l’Église qui rassemble des millions d’humains à travers les hommes : forcément, ses actes ont des implications politiques.

Le pape n’est pas un politicien mais il est un homme spirituel : comme on écoutera le Dalaï Lama, a-t-on le droit de postuler encore aujourd’hui, en dehors de toute religion, que l’homme peut avoir besoin d’entendre des paroles spirituelles profondes ?

Le pape n’est pas un politicien mais il n’a pas besoin de commander les médias, ils seront là : comme toujours, il sera ou encensé, ou critiqué, mais lui, il aura parlé.

 

 

Et, si tu cessais d’être une enfant, ô femen, si tu acceptais l’immense chance que nous avons d’avoir un esprit critique et une immense liberté - que je reçois pour ma part comme un don de Dieu mais que tu as tout autant que moi ! - , tu l’écouterais ce pape et tu pourrais alors réagir, en bien ou en mal, mais honnêtement. En faisant appel à ce qu’il y a de meilleur en toi.

 

Et, si tu crois que ce gars-là, le pape François, il ne raconte que des carabistouilles, eh bien, quel risque y a-t-il à le laisser parler ?

 

Mademoiselle, laisse ici ta crise d’adolescence, elle n’en vaut pas la peine et tu sèmes gravement la division.

Quant à moi, je ne m’indignerai pas mais je prierai pour toi : c’est aussi ma liberté.

 

 

samedi, septembre 20 2014

Synode pas sy-simple

 

« Lobby or not lobby ? »

C’est en ces mots que s’annonce, que s’écrit désormais le futur synode sur la famille. J’en suis triste.

 

Synode sur la famille donc… Et l’on transforme cela, trop abusivement, dans la presse et ailleurs – et, donc, dans les esprits de milliers de personnes – en un vaste jeu : « pour ou contre la communion aux divorcés remariés » ?

 

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vendredi, septembre 5 2014

Péguy le mystique et l’antimoderne – en l’honneur du centenaire de sa mort

 

« Charles Péguy a vécu pour l’humanité et il est mort pour défendre la conception grotesque qu’avaient de l’honneur national les pires de ses compatriotes. »

 

Notice nécrologique de Charles Péguy par Walter Benjamin (traduite par Hella Tiedemann-Bartels)

 

 

 

 

 

Afin de valider mon UE d’allemand en master 2, j’avais réalisé à l’époque un mini-mémoire sur « la réception critique de Charles Péguy par Walter Benjamin ». En ce 5 septembre 2014 où nous rappelons la mort de ce grand écrivain français, je publie ici en guise d’hommage quelques extraits de ma dernière partie d’alors, intitulée « Rechtsdenken ? La réception d’un écrivain pour qui la politique est une mystique » et de ma conclusion qui ne manquent pas de lien avec les sujets habituels de ce blogue. Attention, c’est un peu long : mais Péguy mérite bien qu’on s’y arrête !

 

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vendredi, août 8 2014

Lectures estivales #3 – un poil de Malraux et un brin de Yourcenar


Mais pourquoi donc associer ces deux livres dans ma suite de lectures estivales ?

 

Réponse 1 : Ce sont deux romans très célèbres du xxe siècle : vrai. Néanmoins, entre l’un publié en 1930 et l’autre en 1951, il semble délicat d’y voir un lien direct.

Réponse 2 : les noms des deux auteurs contiennent des lettres qui valent cher au Scrabble… si toutefois les noms propres y étaient admis !

Réponse 3 : Je les ai depuis longtemps (l’un me fut offert !), je les ai commencés tous les deux et, interrompue dans ma lecture, je ne m’y suis jamais remise. Il était donc temps de s’y mettre pour de bon et l’un se trouvant au-dessus de l’autre, l’occasion a fait le reste. Vrai aussi. 

 

… mais en réalité, la lecture successive des deux m’a fait apparaître un lien sans doute plus profond. Enfin, commençons ces quelques mots.

 

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samedi, juin 7 2014

Pour que tout feu tout flamme

 

 

 

La question était systématique et finalement très légitime ; depuis ces derniers mois, elle s’est malheureusement souvent muée en incompréhension ou en plainte douloureuse me concernant.

- Comment ? Toi ! Toi, catholique si à fond, tu travailles dans l’enseignement public ? »

Horreur, enfer, damnation et toutes les vieilles chaussures de Satan !

 

En général, cela finit par passer en expliquant que oui, que c’est un choix, un vrai. Mais là, récemment, j’ai eu droit à un complément : « Mais tu es en ZEP en plus !!!! Tu es une vraie martyre ! »

 

Dans le fond, c’était gentil et plein d’inquiétude pour ma personne. Mais c’était utilisé dans le sens de celui qui meurt : or, quitte à utiliser ce terme, j’aimerais que ce soit avant tout dans le sens étymologique de celui qui témoigne (ce qui peut aller jusqu’à ce genre d’extrémités, certes).

 

Le christianisme, rappelons-le, ce n’est pas le masochisme. Le christianisme, c’est avant tout une fabuleuse histoire d’Amour entre Dieu et l’humanité, histoire d’amour dans laquelle nous avons chaque jour plus à entrer, hommes tournés vers Lui.

 

Là encore, cela fait poncif éculé mais pourtant c’est vrai. Cette fabuleuse histoire, elle est contée dans l’Évangile. Et l’Évangile, ce n’est pas le pays des bisounours, cela passe par la croix, par l’exigence : parce que l’amour vrai – comme la vie - n’est pas un long fleuve tranquille comme dirait un fameux film.

 

La Parole est belle, elle enchante mais elle est aussi « tranchante comme un glaive », l’Évangile ne se contente pas de demi-mesures : c’est l’Amour, c’est la Vie, à l’état brut, à l’état de croix. Or, chrétiens, nous sommes appelés à être contemporains de l’Évangile, c’est-à-dire à être du même temps que ces paroles, c’est-à-dire à les vivre et à être au même tempo aussi, ce qui peut parfois déranger.

 

La radicalité évangélique, je postule, je suis sûre qu’elle est la même qu’on soit prof en ZEP ou dans l’enseignement catholique, qu’on soit moine dans un monastère, qu’on soit pape au Vatican.

La radicalité évangile, elle se vit dans la conversion du quotidien pour chacun là où il est, là où il est appelé : pas dans un ensemble de lieux, bien précis, bien délimités, bien fermés.

 

Prof catholique en ZEP, je suis toujours comme entre deux. Le week-end, dans mes temps libres, dans mes engagements, je côtoie mes frères chrétiens ; en semaine, au travail, je côtoie mes collègues que j’aime tout aussi profondément souvent athées ou agnostiques. Je côtoie d’un côté – même s’il y a plein d’exceptions – des gens plutôt très à droite, de l’autre – même s’il y a aussi des exceptions – des gens plutôt très à gauche. Il y aurait parfois de quoi devenir fou à entendre des discours si différents.

 

Je n’ai pourtant pas deux vies. Ma conversion, elle est aussi de me laisser recentrer, partout, sur l’Évangile. De laisser mes frères chrétiens m’appeler à un christianisme plus brûlant ; de laisser mes frères collègues me faire découvrir toujours plus la palette variée de l’humanité. Et, moi, d’être cohérente, partout. Dans un catholicisme ni triomphal, ni triomphant mais un christianisme se laissant toujours déplacer vers plus de justesse.

 

Cette grâce de la conversion pour vivre la radicalité évangélique là où je me trouve, je ne peux que la demander dans la prière, mon ancre de stabilité profonde dans le Seigneur.

 

… je n’ai donc rien d’une triste martyre, souffrant de la situation ! Je trouve le challenge beau et humain, afin que le Seigneur transparaisse dans ma vie, en ZEP, comme ce doit tout autant être le cas dans l’enseignement privé : il n’y a pas de différence, sinon, simplement, dans les circonstances.

 

Justement, la Pentecôte peut aussi être l’occasion de tendre nos mains nues vers le Seigneur et de Lui demander, et de laisser Son Esprit inonder nos vies.

 

lundi, août 19 2013

Les sandales du scandale

 

 

Les sandales version « repos » du soir après l’étape : les tongs !

 

Petite, j’ai été biberonnée aux chansons de Jean-Jacques Goldman, ce qui fait qu’aujourd’hui encore, je connais tout son répertoire jusqu’à être capable d’en fredonner jusqu’aux parties instrumentales. Petite, je faisais aussi rire tout le monde parce que, dans la chanson « Je te donne », je comprenais – et chantais donc – « on s’ra jamais des sandales, des gens bien comme il faut » au lieu de « standards ».

 

Aujourd’hui, c’est encore à une histoire de « sandales » que j’ai été confrontée. Durant tous les tronçons de mon Camino, j’ai dû faire face approximativement 713 fois (+/- 5 %) à la remarque/question/indignation : « Mais tu marches en sandales !!! T’as un problème ? », et ceci dans à peu près toutes les langues européennes avec les variantes de ceux qui me croyaient gravement blessée ou en train d’accomplir une quelconque expiation.

 

Bref, quand je ne faisais que les croiser, je leur disais que j’y cachais un moteur pour me faire survoler le Camino ! Parfois, si la rencontre durait suffisamment longtemps, je leur expliquais que j’avais marché avec mes chaussures de randonnée qui me servent habituellement en montagne la première année et que cela avait été une catastrophe pour mes pieds jusqu’à la suggestion d’un ancien pèlerin qui nous accueillait d’utiliser – comme lui-même l’avait fait lors de son Chemin – des sandales (de randonnée, certes). Bingo, ce fut la solution !

 

Depuis, j’ai parcouru le Chemin de saint Jacques en sandales et, finalement, je dois dire que cela me plaît bien. Parce qu’avec des sandales, on est juste à sa hauteur, celle que le Seigneur nous donne d’avoir pour embrasser le monde entier ; parce qu’avec des sandales, aussi, on est justement proches de la terre, de cet humus qui donna son nom à l’humilité et nous renvoie toujours plus à la simple et à la fois grande mesure de notre humanité.

 

Et, si l’on dit bien souvent sur le Camino que la Foi y rentre par les pieds, j’ai pu goûter pour ma part à la spiritualité de la sandale sur le chemin.

 

Car, comme la grâce de Dieu, elles nous aident à avancer. Mais, même pieds nus, l’accord du pied et de la sandale n’est pas parfait pour glisser sur le sol : cela frotte, cela irrite, cela chauffe parfois fort entre les deux ! Des ampoules et des plaies se forment qui devront prendre le temps de se cicatriser. La comparaison reste certes facile mais il me semble qu’il y a quelque chose de notre manque d’adhérence à la volonté divine qui pourrait se visualiser ainsi : quand les rigidités de notre âme nous font achopper face à ce que l’Amour nous propose. Quand les ampoules se forment comme pour nous faire freiner des « quatre » fers devant l’Inconnu du lendemain alors que seul importe avant tout de vivre ce présent : sur le Camino en particulier, dans la vie en général.

 

J’aime imaginer le pied et la sandale qui seraient ainsi un jour parfaitement accordés, avalant les kilomètres sans usure respective ;

J’aime imaginer la saleté paisible car disant tant de paysages et de vies croisées de pareils pieds le soir ;

J’aime imaginer la beauté de ces pieds sales qui auraient vraiment ainsi été ceux d’un messager de la Bonne Nouvelle parce que celui-ci L’aurait vécue.


vendredi, août 2 2013

Paroles papales


Avant de revenir sur les JMJ de manière plus personnelle (... même si c'est encore bien chaud et que cela sera sans doute après mon retour du Camino !), voici un petit listing des paroles que le pape François nous a plus particulièrement adressées lors des JMJ. 

Il a prononcé énormément de discours, homélies & co donc je ne retiendrai que certains à partir de la cérémonie de bienvenue. 

Bref, un truc pratique et de la lecture spirituelle choc pour les jours à venir tant pour vous que pour mon usage personnel. 

... et tout son voyage disponible sur le site du Vatican, sur la page dédiée aux JMJ 2013

Bonne lecture et bonne mission à chacun d'entre nous ! :-) 

jeudi, juillet 11 2013

De Candy crush et autres considérations sur la confession régulière

 

À cause – ou grâce, je ne sais pas – de mon travail au secrétariat du bac, j’ai découvert le jeu Candy Crush sur mon téléphone : petit jeu sympathique, délicieusement addictif. Le principe ? Rien de bien neuf : faire des lignes de trois éléments pour les faire exploser.

 

 

Pouf, voyez comme c’est joyeusement coloré !

 

La nouveauté réside dans les différentes « missions » proposées qui varient les plaisirs ET les obstacles, toujours liés aux confiseries puisque ce sont des bonbons qu’il s’agit d’exploser.

 

Depuis quelques niveaux, c’est le chocolat qui est apparu. Le chocolat, voyez-vous, c’est sympa en soi, ça fait super envie. D’autant plus qu’au début, c’est super localisé dans le niveau, c’est pile dans les côtés, élément marginal.

 

 

Vous voyez, avec ça, il y a encore de la place pour le reste !

 

Le problème du chocolat dans ce jeu c’est que, dès qu’on n’y touche pas, dès qu’on ne fait rien pour l’enlever[1] eh bien, ce chocolat, il prolifère. Et il prolifère tellement qu’il en devient énorme et central !

 

 

Et voilà le (non-)travail : ça en fait des tablettes de chocolat tout ça !

 

 

Mais le chocolat, c’est exactement l’exemple type du péché : non pas que le chocolat soit mauvais, bien au contraire[2], mais, comme ça, il semble mignon, si peu important, complètement inoffensif… N’est-ce pas ce à quoi ressemblent nos péchés parfois ? Parce que le gros péché, là, même s’il est dur à confesser on le voit bien mais quid de tous nos manques d’amour quotidiens ? « Bof, c’est pas si grave, c’est un truc marginal dans ma vie… puis ça ne m’empêche pas de vivre, ça ne m’empêche pas d’aimer ! » 

 

Cela fera bientôt 4 ans que j’ai fixé pour ma part un rythme régulier pour recevoir le sacrement de réconciliation – sans doute trop peu important, mais là n’est pas l’objet de cet article – et, finalement, sur ce laps de temps, je me rends compte que j’achoppe presque toujours sur les mêmes points, sur les mêmes péchés. Bien sûr, vus comme ça de l’extérieur, certains sembleraient minimes et pourtant… non.

 

Parfois, j’en ai plus qu’assez de les confesser ces points-là parce que j’ai l’impression humaine que cela ne sert à rien. Et là, voyez-vous, le chocolat de Candy crush est pile l’exemple qu’il me faut pour m’encourager, pour me montrer leur importance : parce que, si je ne fais rien – ou plutôt, si je ne demande pas au Seigneur de venir les exploser par la force de Son Amour – ils prolifèrent.

 

Non seulement le péché prend alors de plus en plus de place et on s’habitue à le voir à une place de choix, centrale, mais, plus grave encore à mon sens, il prend surtout toute la place de notre vie qui serait disponible pour aimer. Il ternit tout, il uniformise tout, il englue tout.

 

Décider d’aller demander pardon avec confiance, c’est la pichenette, le petit mouvement qui déclenche l’explosion en chaine du péché : alors la vie redevient un peu plus lumineuse, parce que l’Amour aura redonné à chaque chose et à chacun sa juste place dans notre existence, aimée, pardonnée, libérée.  

 



[1] Notez bien que je n’ai pas parlé de le dévorer, hein…

[2] Foi de chocolatophile ! 

dimanche, avril 21 2013

Route de nuit


Noctambule (et ayant surtout une importante échéance lundi), je suis rentrée en pleine nuit d’un mariage au loin ce week-end. Seule dans la Zaboumobile, j’ai songé à cette route de nuit que je faisais. Je me suis déjà dit que ça me rappelait le titre d’un album de B.D. de Michel Vaillant puis je me disais qu’à force de parler de « nuit » dans la Foi (merci St Jean de la Croix et ses potes), de se rendre compte qu’on en traversait une plus ou moins importante période, on ne faisait peut-être pas aussi attention que cela à la réalité de la nuit comme nuit et à ce qui s’y vivait. Car c’est tout de même plus souvent de nuit que nous avons à vivre notre Foi car c’est là qu’elle grandit, qu’elle s’affirme même réellement comme Foi.

 

La nuit dernière, j’ai alors prêté attention à ce qui se passait durant cette longue « route de nuit » et j’ai cherché à tracer des parallèles.

 

Nuit et ennui : premier effet des longues lignes droites de l’autoroute.

Ces moments de notre vie, de notre Foi où il ne se passe rien. Je me dis qu’on devrait plus considérer les autoroutes comme de vastes déserts, sinon qu’on y avance plus vite, sans forcément nous en rendre compte. Et l’accepter, quand même car, que ce soit dans la mécanique du moteur comme dans le mystère de l’Esprit Saint qui nous pousse, pour la plupart d’entre nous – et moi, surtout – nous n’y connaissons pas grand-chose.

 

Nuit et somnolence : de pleine nuit, quand l’ennui prédomine justement, les paupières se font lourdes.

C’est le gros risque de ceux qui roulent ; c’est le grand risque de nos chemins spirituels : se laisser endormir parce que tout ronronne. Le remède ? Une pause (en Lui) s’im-pause ! Slogan vital pour se poser, se reposer et repartir, vivifiés !

 

Nuit et beauté : lever les yeux, voir les étoiles, la lune et cet hérisson évité de justesse.

Trouver, au cœur de la nuit, les étincelles de Dieu qui illuminent faiblement notre vie :  mais des étincelles si brillantes qu’elles Le murmurent dans le fin silence seulement troublé par le bruit de nos roues sur les gravillons.

 

Nuit et louange : parce que c’est beau, parce que Tu es là, parce que Tu nous aimes, parce que… lancer quelques chants de louange.

Ces élans du cœur qu’on ne s’explique pas bien, qui sont prières nées en nous de ces gémissements ineffables de l’Esprit, alors même qu’il ne se passe rien et que les alentours sont plutôt sombres. Joie de Toi que Tu nous donnes de connaître, quand même.

 

Nuit et attention : parce que c’est à cela que nous sommes appelés.

Être toujours plus attentifs pour Te reconnaître et Te servir : dans l’homme croisé à la station service, dans ce chauffard me doublant à une vitesse plus qu’excessive par la bande d’arrêt d’urgence. Être attentifs, même de nuit, pour que Tu nous travailles.

 

La nuit comme exercice comme « bon combat »,

La nuit comme route de la Foi,

Pour arriver, enfin, un jour, à bon port,

à Toi, jour éternel.

 

lundi, avril 15 2013

Le Seigneur, quel kiff ?


Collusion de discussions en mon esprit : une discussion avec un collègue de maths qui aboutit à la décision suivante « c’est décidé, on va traduire la Bible en langage SMS ! » ; une discussion avec un prêtre de ma paroisse sur son sermon de ce dimanche (qu’il ne prêchait pas dans mon église) sur la pauvreté bien connue du français à propos du verbe « aimer » par rapport à d’autres langues… dont le grec biblique, si riche pour lire et comprendre l’évangile de dimanche dernier.

 

1ère question du Christ : « γαπς με πλεον ; » (agapas) à réponse : « Να κύριε: σ οδας τι φιλ σε » (philô)  

2ème question : « γαπς με; » (agapas) à réponse : « σ οδας τι φιλ σε » (philô)

3ème question : « φιλες με; » (phileis) à réponse : « φιλ σε » (philô)

 

Pour comprendre cet abaissement du Christ qui vient chercher Pierre là où il en est : dans son triple reniement ayant comme besoin d’une triple affirmation pour se relever, dans son incapacité foncière à aimer d’agapê mais dans son amour déjà tout de même vraie amitié, affirmée.

 

En français donc, nous n’avons pas cette chance et le dialogue de la traduction liturgique dit simplement « aimer ».

 

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samedi, mars 9 2013

Parlez-moi d’amour

 

 

 

« Parlez-moi d’amour » dit la chanson. Cela peut sembler simple…

Parler d’amour, tout le monde le fait ou presque : en chansons, en poèmes, en phrases lyriquement grandiloquentes comme en SMS de trois lettres.

Et même quand on commente les beaux passages où le Christ nous parle d’amour : commandement ultime, commandement nouveau !

Et le problème, quand on n’a plus que ce mot-là à la bouche, quand on le met à toutes les sauces parce que nous n’avons que celui-là en français, c’est qu’il s’affadit.

 

Car il n’est pas si simple de parler d’amour.

Montrez-moi, donnez-moi à écouter une seule personne disant le mot « Amour » avec tout ce qu’il recouvre ?

Il est beau de dire de nous aimer, qu’il faut nous aimer, mais n’est-ce pas toujours en deçà de la réalité ?

 

Dire le mot, le répéter sans cesse, gomme tout ce qu’il a d’absolu.

 

Il me semble toujours le percevoir non pas dans les multiples conjugaisons du verbe mais bien plutôt aux silences qu’il provoque, à l’envers des mots qu’il implique s’il est vécu :

Regards silencieux de plénitude aimante entre amoureux, homme et femme ou homme et Dieu ;

Regards silencieux d’amitié pétillante et complice ; 

Babils des enfants aux parents, et réciproquement ;

Actes simples du quotidien posés avec ce je ne sais quoi de surcroît ;

Mots qui s’arrêtent dans une conversation parce que, là, juste là, on touche au sanctuaire du cœur et que seul le silence est de rigueur : la voix devient rauque avant de s’éteindre, comme si on arrivait aux portes du plus intime de la vie.

 

Si Dieu est Amour, c’est qu’il ne l’a pas dit,

Ou tout au moins pas seulement,

C’est qu’Il l’a vécu : à fond, jusqu’au bout ;

L’Amour, c’est Sa vie ;

C’est Sa vie qui aboutit au silence étourdissant de la croix :

Parce que l’Amour n’a plus de mots alors pour se dire,

Il est vécu.

 

C’est peut-être pour cela que le silence joue un rôle si important dans la prière,

Parce qu’il n’y a que là, que dans ce silence, que nous pouvons apprendre un peu mieux ce qu’amour veut dire,

De quoi, ou plutôt de Qui,

Amour est le Nom,

Amour est la Vie,

Pour qu’il devienne la nôtre.

 

mardi, février 12 2013

Le pape ? Le pape où ? #2

 

Des nombre(ux) cardinaux et de l’ordinaire de la prière

 

 

Ok, là, ce n’était pas une occasion ordinaire !

 

Forcément aussi, dans les prochaines semaines, les pronostics pour le futur conclave iront bon train

 

On cherchera le meilleur papabile puis l’on se rappellera posément, à intervalles réguliers et pour paraître sérieux et mesurés, l’adage « qui entre pape au conclave en sort cardinal ».

 

On tâchera d’évaluer les « forces » en présence ;

On mesurera l’impact des discours comme autant de « programmes » politiques : les amitiés, les inimités, les influences…

Bref, on parlera de l’Église comme d’une institution politique.

C’est vrai mais en partie car l’on passe comme souvent à côté de l’essentiel.

 

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mardi, janvier 29 2013

Fiat voluntas tua : matin, midi, soir a minima


 

Il y a les jours comme aujourd’hui, si bien remplis.

Bien remplis non parce que débordants,

Bien remplis parce que remplis « bien », ou en tout cas, au mieux que l’on puisse imaginer ;

De ces jours où l’on soigne son âme par des temps de prière conséquents,

De ces jours où l’on soigne son esprit par un travail intellectuel permettant de faire carburer un peu le cerveau,

De ces jours où l’on soigne son corps en l’exerçant quelque peu physiquement.

Et quand, en plus comme aujourd’hui, l’inattendu vient y semer sa joyeuse présence au gré d’un café partagé avec un ami, de connaissances croisées inopinément pour un bout de chemin et de papotages au bord d’une piscine, on a l’impression d’un accord simplement… parfait.

 

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jeudi, janvier 17 2013

États généraux de silence pour chacun

 

Ca chauffe…

Un lien posté sur Facebook, un mot trop haut, un mot plus ou moins rigolo et, hop, ce n’est plus la critique constructive, le débat d’idées, ça dérive en quelques instants.

 

Ca chauffe… et ça clashe parfois.

Et j’en suis triste.

 

J’en suis triste parce c’est déjà signe que, même si j’ai veillé à ce que rien de ce j’ai pu partager ici ou là ne porte de critiques contre les êtres, eh bien, je n’ai pas veillé assez pour que cela soit perçu comme tel.

C’est donc un échec, un échec personnel même.

Et si ces personnes me lisent, qu’elles sachent que je leur demande pardon pour les avoir blessées sans le vouloir.

 

Maintenant, je suis choquée également par un autre échec : celui de l’art du débat, celui de la disputatio intelligente dont je vantais les mérites il y a quelques mois ici même.

 

Sur les réseaux sociaux, il y a de moins en moins de débats : chacun est catalogué et sommé de se taire si la pensée diffère.

Est-ce réseaux-nner plutôt que raisonner ?

Est-ce débattre ?

Est-ce aimer ?

 

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