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La Panthère des neiges (Renaudot 2019)

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           Sylvain Tesson, l’écrivain-voyageur blessé dans sa chair, l’ancien fou d’escalade, celui qui rendit hommage de si belle manière à Notre-Dame, cet homme assez inclassable qui obtient le Renaudot avec un livre au titre si simple, La Panthère des neiges : cela ne pouvait que m’attirer, moi qui avais déjà savouré son itinérance Sur les chemins noirs emplie de réflexions en tout genre avec une verve assez incomparable. 

 

            On en retrouve toute la saveur mais, alors que la traversée de la France par les chemins de traverse oubliés des hommes s’écrivait pour lui immédiatement après son accident, forme de reconstruction par la marche, sa Panthère sonne davantage comme une longue quête contemplative. Celui qui provoque le récit, c’est un photographe naturaliste, Vincent Munier, qui le convie pour un voyage à la recherche de la panthère des neiges sur les hauts-plateaux du Tibet. 

 

            Est-ce parti pour une belle aventure en montagne à la Frison-Roche ? Pas tout à fait. L’exploit humain et sportif se fait ténu ici et se tient toujours derrière l’exploit chaque jour renouvelé de la nature et de sa grandeur. Car ce sont bien des amoureux de celle-ci qui voyagent en des lieux hostiles à l’homme, où celui-ci ne peut que survivre, mais où l’animal vit et ne se laisse approcher qu’après s’être imprégné et avoir deviné son intimité, à son rythme. C’est pour cela que le livre s’organise en une quête comprenant successivement trois parties aux noms jouxtant la quête spirituelle, lente et intense : l’approche, le parvis et enfin l’apparition. 

 

            Toutefois, il ne s’agit pas du simple témoignage d’un voyage exceptionnel : Sylvain Tesson le transforme, au gré de ses réflexions souvent littéraires, lentes et qui s’échafaude au pas de la marche, en une ode à la nature que j’écrirais, en chrétienne, à la Création. Dans cet écrin lumineusement rude qu’est le Tibet, la panthère est le joyau caché mais c’est bien l’ensemble de l’écrin qui se donne à contempler au regard exercé. La menace se renverse, n’est plus le fauve, mais probablement l’homme ayant oublié le rapport à la réalité et à sa beauté. Ce livre nous l’offre dans un français magnifique, merci Sylvain Tesson ! 

 

            En guise de finale, une citation qui est comme une clé de lecture : « on m’en veut d’esthétiser le monde, se défendait-il. Mais il y a suffisamment de témoins du désastre ! Je traque la beauté, je lui rends mes devoirs. C’est ma manière de le défendre ». 

 

Sylvain Tesson, La Panthère des neiges, Gallimard, coll. Blanche, Paris, 2019, 176 p. 

Commentaires

1. Le mercredi, novembre 20 2019, 13:00 par Marie.J

Tres envie de le découvrir. J'avais déjà été subjuguée par les forêts de Sibérie...Pourrait- on qualifier Sylvain Tesson de Ralph Waldo Emerson français ?

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