Le jour de l’an, la première lecture fait retentir ces mots tirés du livre des Nombres :
Voici en quels termes vous bénirez les fils d’Israël :
“Que le Seigneur te bénisse et te garde !
Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage,
qu’il te prenne en grâce !
Que le Seigneur tourne vers toi son visage,
qu’il t’apporte la paix !”
Que le Seigneur te bénisse et te garde ! J’ai entendu cela sur un fond où, dans l’Église, l’on parle beaucoup de bénédictions. Beaucoup de mots comme une prolifération, beaucoup de peurs aussi je crois, beaucoup d’arguties… tout ceci me semble mal masquer le fait que, trop souvent, en Église, on préfère maudire que bénir. Combien de malédictions nous lançons-nous les uns à la figure les uns des autres dans le monde mais presque a fortiori en Église (et en particulier sur internet : c’est plus simple que d’avoir un visage en face de soi qui constitue, au-delà de toute colère, un irrépressible appel, malgré soi, à se laisser désarmer).
Il est évident que ceci n’est pas une invitation à ne pas penser, bien au contraire, mais non seulement la pensée s’inscrit plus dans le temps que dans l’immédiateté, mais surtout il me semble qu’elle n’est pas antinomique à la bénédiction. Le document de la congrégation pour la doctrine de la foi n’est-il pas une invitation à retrouver, pour chacune et chacun, le sens profond de la bénédiction ? Apprendre à dire du bien les uns des autres comme Dieu qui porte un regard infini d’amour sur chacun de nous !
Est-ce irénique ? Est-ce faire du catholicisme une religion rose bonbon pour les bisounours ? Je ne crois pas, bien au contraire même, bien qu’il faille assumer que l’amour et ce qu’il comporte de faiblesse est au cœur de notre foi puisque Dieu est amour : notre religion ne sera jamais celle de la puissance ni de la perfection mais celle de ceux qui tombent et qui se laissent ramasser.
Voyez-vous, quand je corrige des copies ou que je remplis des bulletins, je m’efforce de penser à dire quelque chose de bien, de beau, d’encourageant à mon élève, même le plus mauvais. Bénir, c’est alors trouver, espérer du mieux, à partir du bien perçu ce qui n’empêche pas d’inviter à faire bien, voire beaucoup mieux ! Je n’y parviens pas toujours et je vois justement dans cette affaire un encouragement à toujours puiser à nouveau à Celui qui est la source de toute bénédiction et de tout bien.
Et si, décidément, cette histoire était une occasion idéale pour retrouver le sens des bénédictions dans nos vies ? Parce que ce qui est vrai pour mes élèves l’est encore davantage pour la bande de pécheurs que nous sommes ! Déjà en n’hésitant pas à solliciter et à faire usage de toutes ces bénédictions qui nous sont offertes et, pour chacun de nous, de savoir bénir autrui de la part de Dieu.
Un regard qui bénit de la part de Dieu… que pourrais-je vous souhaiter de meilleur pour 2024 ?
Bonne année riche en bénédictions !