Zabou the terrible

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Mot-clé - Douceur

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jeudi, mars 28 2024

OSEF ? Ou à l’interface du monde ?

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           C’est jeudi saint ce jour et nous le célébrons spécialement ce soir. Toujours cette drôle d'impression, les jours saints, de faire encore plus que d'ordinaire le grand écart entre un monde qui ne sait pas ce que c'est et un univers où ces jours sont importants, voire essentiels. Pour moi, ce sont les jours que je préfère dans l'année liturgique. 

 

            Mais voilà, j’ai passé une bonne partie de la journée au lycée, dans mon lycée de banlieue pas franchement catho et le monde est indifférent à ce qui se passe ces temps-ci dans notre Église catholique. Il faut dire que c’est Ramadan et que cela nous impacte bien plus : avez-vous déjà essayé de faire cours à un ado qui a faim et qui n’a pas assez dormi ? On rame alors c’est au cœur de nos discussions. 

 

            Oh, certes, j’ai bien eu l’occasion de dire quelques mots sur le carême à un collègue qui croyait qu’il y en avait deux dans l’année... mais aujourd’hui ? Aujourd’hui, j’ai parlé du Triduum à ma compère catho l’agente d’accueil mais sinon nada. Comme on dit sur les réseaux, la vaste impression de lire en hashtag #OSEF, c’est-à-dire, de manière peu raffinée « on s’en f*** ».

 

            J’y pensais en finissant les cours et en regagnant ma voiture, jetant un regard sur le terrain de foot du stade voisin où certains de mes élèves s’entraînaient, me surprenant à prier en mon cœur : « Et pourtant, ça les concerne aussi ! Seigneur, c’est aussi pour eux ces jours-là, c’est même pleinement pour eux ! ». Et puis, j’ai croisé 4 de mes élèves qui étaient surpris de me voir là, on a ri ensemble avant que je ne file, vite : il y a messe ce soir et ils ne le savent pas. 

 

            Tout au long de la journée, pourtant, j’ai pensé que c’était jeudi saint, comme je penserai demain que c’est vendredi saint : à moi, il revient de ne pas être indifférente et de ne pas faire comme si ces jours étaient ordinaires. 

 

Ce soir, nous rappelions le don de Jésus lui-même dans le pain et le vin consacré et son appel à nous aimer les uns les autres jusqu’à nous laver les pieds les uns des autres. Organiser un lavement des pieds dans mon lycée ne serait pas aisé ! Mais, en revanche, il me revient de vivre ces derniers jours de carême en cherchant à être plus « aux pieds » (métaphoriquement, hein !) de mes élèves : peut-être en cherchant la douceur et en demandant la grâce de la patience quand les ados affamés sont excités, peut-être en cherchant un peu mieux, ou tout au moins un peu moins mal, à être cette interface du Corps du Christ dont je suis membre avec le monde qui l’ignore. Être le bout de Ses doigts pour agir, un peu, en cherchant à le faire comme Lui. 

 

J’ai pensé à ça en riant avec mes 4 lascars à la sortie des cours car les heures précédentes n’avaient pas été simples avec eux et là m’était offert un petit sas de décompression où offrir mieux un peu de douceur et d’espérance. 

 

            J’ai pensé à ça ce soir, devant le reposoir, en cherchant à Lui confier les élèves du jour avec des prénoms souvent peu chrétiens : Seigneur, bénis tous ceux-là, bénis toute cette humanité qui ne te connaît pas mais que tu as voulu aimer jusqu’au bout ! 

 

 

 

 

dimanche, novembre 28 2021

Vivement l’Avent ? Vive l’Avent !

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            Je crois que j’ai rarement autant attendu le beau temps de l’Avent dans lequel nous entrons. D’ordinaire, ça se vit un peu rapidement, même si j’aime marquer le changement d’année liturgique par un réveillon priant et, après, j’ai toujours besoin de quelques jours pour prendre mes marques et mettre en place mon calendrier spirituel de l’Avent. 

 

            Cette année, je crois que je n’ai jamais autant désiré l’Avent. Il ne vous aura pas échappé que nous sommes dans une grosse tourmente, ecclésiale et mondiale : les nuages sombres s’accumulent autour de nous, sur nous, auprès de nous… et l’étincelle de l’espérance semble parfois dure à garder. 

 

            Mais je crois, malgré tout, ou parfois même j’ose dire que « ça croit en moi », mieux que moi. Et ma foi m’incite à demander au Seigneur Sa lumière dans les difficultés, les galères et surtout dans les drames. Devant tous les nuages, ma foi m’incite à dire « viens Seigneur Jésus »… n’est-ce pas précisément ce grand désir que nous célébrons durant l’Avent ? Alors c’est maintenant bien le temps favorable ! 

 

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samedi, juillet 10 2021

La croix clé des cœurs

Un truc que j’aime bien en pèlerinage à pieds, c’est que cela ôte tous les oripeaux dont nous nous couvrons habituellement. Nous sommes juste nous-memes. Quand je pèlerine, je ne présente ni mon identité de consacrée, ni mes titres universitaires, je ne suis que cette personne de passage – qui en plus, reconnaissons-le n’est pas super présentable en arrivant : un pèlerin c’est rayonnant… mais c’est sale et ça pue ! 

 

En revanche, j’ai toujours une croix ostensible autour du cou en pèlerinant : elle n’est pas oripeau, elle dit mon identité la plus profonde. 

 

Alors c’est vrai qu’elle peut mener à dire que je suis consacrée mais en général, en pèlerinage, elle permet avant tout d’engager la discussion sur des sujets plus profonds, plus essentiels, voire directement sur la foi. 

 

Hier soir justement, j’ai bénéficié d’un accueil exceptionnel dans un petit village reculé. Un homme d’un âge très vénérable m’a accueillie chaleureusement : il n’y avait qu’une seule nuit libre dans son gîte de tout l’été, celle-ci. « La Providence certainement ! »

 

Quand je fis quelques pas dehors après ma douche et un peu de repos, il me fit faire le tour du propriétaire avec sa terrasse magnifique à la vue exceptionnelle. Et puis regardant encore ma croix il me dit « ça vous ferait plaisir de voir la chapelle ? ». Acquiesçant, il me montra le four à pain, entièrement remanié à l’intérieur pour en faire un superbe oratoire. Il m’expliqua le sens de chaque objet et je trouvai beau que le crucifix soit au-dessus de l’ancien endroit de cuisson du pain et puis il me parla de sa dévotion. C’était très beau… et nous continuâmes un peu à discuter. 

 

Comme quoi, une simple petite croix peut être la clé des cœurs ; et cela est bon.

dimanche, avril 11 2021

En blanc !

 

 

            Aujourd’hui, une semaine après Pâques… c’est encore Pâques, nous fêtons le dimanche in albis, c’est-à-dire le dimanche « en blanc ». Cela concerne initialement les néophytes qui sont encore en blanc une semaine après avoir reçu les sacrements de l’initiation chrétienne – et hier, j’ai eu la grande joie de voir une belle partie de ceux de mon diocèse ainsi vêtus : ils étaient simplement resplendissants ! C’est pour eux… mais c’est aussi pour nous, comme un rappel, même si nous n’étions pas forcément tout de blancs vêtus aujourd’hui, nous avions à vivre le cœur tout plein de notre baptême, de notre confirmation et de notre participation dominicale ou quotidienne à l’eucharistie. 

 

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mercredi, janvier 13 2021

A l'ordinaire

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Podcast disponible  sur  https://www.podcastics.com/podcast/episode/a-lordinaire-57202/

            Continuons d’explorer les variations du temps ordinaire avec cette expression « à l’ordinaire » qui signifie « comme à l’accoutumée ». Il est vrai qu’en ce moment, on ne fait rien vraiment à l’ordinaire à cause de ce fichu virus. L’ordinaire des jours ne fonctionne donc pas à l’ordinaire ! Et, en même temps, de nouvelles pratiques se trouvent pour essayer de vivre au mieux ou au moins mal.

 

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dimanche, janvier 10 2021

Bonne année 2021 !

Chers amis, 

Me revoici ici après quelque temps de vacances du blog et du podcast (et de vacances et de reprise "en vrai") ! 

Même si la pandémie nous travaille encore au corps et en corps encore, il est néanmoins bon de souhaiter, à chacun d'entre vous qui passez par ici, une belle année 2021 car, à la suite de Noël, "la lumière sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre a resplendi" ! Peut-être que nous ne voyons pas encore celle-ci mais l'année sera aussi fonction de notre aptitude à discerner la lumière, à la protéger et à la faire grandir autour de nous, en la partageant aux autres, comme autant de flammèches brûlant dans le monde. 

Certains doivent se dire "mais et le podcast In'spi alors ?". Puisque nous sommes dans un temps de couvre-feu et de pandémie, où l'on se voit finalement fort peu les uns les autres, j'ai décidé de le relancer avec une saison 2 ! Les épisodes de cette saison seront moins fréquents, non quotidiens, mais seront publiés : dimanche, lundi, mercredi et vendredi. Bon, c'est mon projet en tout cas ! 

Cela commencera dès demain avec le baptême du Seigneur mais l'épisode ne sera pas diffusé le matin tôt mais plus tard dans la journée. 

Dans la joie de vous "retrouver" par les ondes ! 

dimanche, décembre 13 2020

C'est quoi ta joie ?

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Disponible en podcast audio à 8h sur  https://www.podcastics.com/podcast/episode/cest-quoi-ta-joie-54682/

 

            On appelle le 3ème dimanche de l’Avent le dimanche de Gaudete, c’est-à-dire « réjouissez-vous », autrement dit en plus simple le dimanche de la joie. La faute à St Paul qui dit dans la 2ème lecture : « Frères, soyez toujours dans la joie ! ». 

 

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samedi, novembre 28 2020

Ne restons pas analphabètes !

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A retrouver en podcast audio sur : https://www.podcastics.com/podcast/episode/ne-restons-pas-analphabètes-53355/

            Hier, ayant un courrier important et urgent à poster, je me suis rendue entre deux cours dans l’agence postale du quartier de mon lycée. Autre salle, autre ambiance par rapport à ma poste habituelle… étant en train de préparer l’affranchissement de mon envoi, un homme m’aborda, manifestement non francophone d’origine comme c’est souvent le cas dans ce quartier. Il me demanda de lui montrer comment faire : je compris vite qu’en réalité, il ne savait pas lire… Alors, avec simplicité, nous réalisâmes de concert l’affranchissement de son courrier à lui. 

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mardi, novembre 24 2020

Simples étincelles de gratuité

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Disponible en version podcast audio à partir de 7h15 :  https://www.podcastics.com/podcast/episode/simples-étincelles-de-gratuité-44492/

 

            La situation de confinement fait disparaître les espaces les plus ordinaires de gratuité, notamment dans le temps passé ensemble, les uns avec les autres, en dehors des seules relations de travail. Si on le respecte strictement, les moments les plus gratuits de notre vie, que cela soit un temps d’amitié partagé ou le fait même d’humer l’air d’automne dans une promenade un peu longue n’existent plus vraiment : quoique ces moments ne se monnaient justement pas, nous nous apercevons d’autant plus combien ces moments sont précieux et finalement très chers. 

 

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mardi, novembre 17 2020

Souffler n'est pas jouer

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Ce billet est disponible mercredi 18 novembre à partir de 07h15 en version audio sur le podcast In'Spi https://www.podcastics.com/episode/41140/link/ >>  

 

            « Souffler n’est pas jouer » est une expression traditionnelle du jeu de dames – après avoir compulsé un site, il paraîtrait que cette règle n’est plus d’actualité mais je n’en ai pas confirmation – quand un joueur oublie de prendre un pion alors qu’il le pourrait. Le jeu de dames est une chose, la vie en est une autre et nous ne passons notre vie à nous attraper les uns les autres, du moins je l’espère ! Pourtant, je crois que cette expression nous rappelle aussi l’importance du souffle et celle du jeu. 

 

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Inspire-nous pour être Tes icônes

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Le billet déconfiné du jour est avant tout une prière... pour demander au Seigneur de faire de nous Ses icônes... malgré le masque ! Autant vous dire qu'on a besoin de Son inspiration ! 

Alors autant j'aime bien mettre texte et voix ensemble (je râle moi-même quand je n'ai pas d'écouteurs pour écouter un podcast ou une vidéo et qu'il n'y a pas de texte) mais je crois que là, je vous laisse simplement le podcast pour prier ensemble  : https://www.podcastics.com/episode/41073/link/ 

N.B. : Celui-ci est disponible à partir de 07h15

 

vendredi, novembre 13 2020

In'spi ?

En ces temps troublés, il m'est venu une petite idée... à découvrir par ici https://www.podcastics.com/episode/40962/link/ 

Ou à lire ci-dessous mais ce serait dommage ! 

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In’spi / inspiré / inspire ? 

            Je ne sais pas vous, amis confinés, mais ce qui est dur, en temps de confinement, c’est souvent lié à notre incarnation : réduction drastique des contacts personnels en dehors du travail, plus d’amicales tapes encourageantes, plus de bises depuis mars seulement des coudes vaguement effleurés, peu de rires échangés autour de verres qui trinquent à l’amitié l’amour la joie, et simplement quelques Zoomapéro qui ne nous permettent plus d’éprouver pleinement notre présence les uns les autres même si nous nous devinons dans une silhouette pixélisée où même le son de notre voix apparaît souvent quelque peu cassé, métallique. 

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lundi, novembre 11 2019

Hors-normes

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L'on m'avait dépeint ce film comme un "Intouchables"-bis. A part la thématique du handicap, prégnante dans les deux, je ne vois vraiment pas d'autre lien et encore s'agit-il ici de l'autisme et non du handicap physique. Certes, les réalisateurs des deux films sont les mêmes mais ce n'est pas cela qui est marquant. 

En revanche, ce qui est certain, c'est que l'un et l'autre font du bien parce qu'ils montrent des réalités qu'on a tendance à cacher - dans une société aimant les corps beaux et bien portants, où les rêves technologiques s'écrivent en allongements espérés de vie - ou à ne pas voir parce que notre regard accroche sur ceux qui sont différents. 

Alors, oui, il est bon de passer du temps en compagnie de ceux qui souffrent de l'autisme et de ceux qui s'efforcent, parfois difficilement, de les aider. Ici, deux éducateurs s'entourent de jeunes des cités pour aider et ce sont vraiment deux mondes problématiques qui se rencontrent et qui, l'un et l'autre, d'un pas mal assuré, vont de l'avant ensemble. Cela est beau d'entraide, d'humanité et d'espérance malgré tout ce que le film montre de violence et c'est à voir, vraiment. 

Pourtant, ce qui a le plus marqué mon regard de professeur en zone sensible, ce n'est pas tant le handicap mais bien la question de l'inspection d'une des associations qui traverse le film : pas d'agrément, alors, sont-ils aptes à aider ? C'est le cas dans la plupart des pauvretés aujourd'hui. On plonge dans le drame d'une administration française parfois trop absurde, avide de papiers, tandis que la société est malade d'argent. C'est la lutte trop souvent aveugle entre le désir du profit et l'humain délaissé, et l'individu laissé pour compte. Où l'on manque de moyens et où il ne reste que l'humain, on vient demander des normes, des objectifs, des choses bien carrées alors que le quotidien s'écrit en lettres vraiment minuscules mais il s'écrit et c'est cela l'important, non par des normes mais par des hommes et des femmes qui s'engagent pour la vie des autres, parfois portés par leur foi comme le montre en filigrane ce film. 

lundi, juillet 15 2019

Vu de l’homme sur le bord du chemin

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            Depuis ma plus tendre jeunesse, j’avais cherché à être un bon juif, selon la Loi donnée à Moïse et à nos Pères. Je respectais au mieux les commandements et je venais régulièrement à Jérusalem, la ville où adorer le Seigneur qui avait fait alliance avec nous et nous avait donné la Torah. J’étudiais la Loi et les Prophètes et cela rendait mon cœur heureux que m’ajuster à cette Loi de Dieu. Mais c’est justement alors que j’étais allé prier au Temple et que je redescendais vers ma ville de Jéricho par le Wadi Qelt que des bandits me tombèrent dessus. Littéralement : je n’eus même pas le temps de dire « ouf » ! Mais pourquoi Seigneur ce malheur ? N’étaient-ce pas encore des vils Samaritains qui venaient se mettre là en embuscade ? Ceux-là ne supportaient pas qu’on adore le Seigneur à Jérusalem et pas chez eux alors, attaquer les Juifs pieux, c’était probablement un de leurs plus grands délices.

 

            Et voilà un temps qui me semblait infini que je gisais là, prostré, sur le bord de la route. Je voyais à peine ce qui se passait tant je n’avais pas la force d’appeler et encore moins de me relever. A deux reprises, j’entendis passer du monde : il me sembla même entrapercevoir la frange d’un vêtement sacerdotal… mais ni l’un ni l’autre ne s’arrêtèrent. Peut-être me croyaient-ils morts et avaient-ils peur de se souiller ? J’avais pourtant essayé d’appeler mais seul un son rauque sortait de ma bouche : j’avais mal, j’étais sans force et, plus le temps passait, plus j’avais terriblement soif. 

 

            C’est alors que j’entendis encore un bruit approchant… Celui-ci allait-il s’arrêter ? J’espérais mais je n’y croyais plus : peut-être est-ce ainsi que je devais mourir et être réuni à mes pères, en revenant de Jérusalem. Mais, cette fois, l’homme qui passait s’arrêta et il s’approcha de moi. J’étais tellement soulagé que je m’évanouis dans ses bras, juste après avoir vu son regard compatissant posé sur moi et qu’il sortait de l’huile et du vin pour panser mes nombreuses plaies. C’est sur sa monture que je me réveillai : il continuait à prendre soin de moi et ne m’avait pas abandonné ! Nous avancions bien et je distinguais une maison : c’était une auberge. Nous nous y arrêtâmes et il vint vers moi : « Comment vas-tu ? ». J’eus du mal à lui répondre alors j’essayais de lui sourire pour le remercier de tout ce qu’il faisait pour moi. 

 

            Il m’emmena jusqu’à une chambre et continua le soin de mes plaies en demandant de l’aide à l’aubergiste. C’est alors que je m’aperçus à son accent qu’il était Samaritain… Quand il gardait mon chevet, me donnant régulièrement à boire, je parvins à articuler : « Mais pourquoi fais-tu cela ? A moins que tu ne sois un ange déguisé, tu es Samaritain, je suis Juif ! Nos deux peuples se haïssent et en plus, moi, je reviens de Jérusalem ». Le Samaritain me sourit avec tendresse : « ne crois-tu pas que, depuis Caïn et Abel, nous avons tout spécialement à nous montrer le gardien de notre frère ? De tous nos frères ? Même quand le plus proche croisé sur la route, est aussi un presque étranger ! ». Je fus frappé par sa sagesse et la sérénité qu’il dégageait. Je m’endormis, confiant et remerciant Dieu d’avoir mis cet homme sur ma route. 

 

            Au petit matin, il avait disparu. Mais l’aubergiste vint à sa place prendre soin de moi : « Quel drôle d’homme ce Samaritain ! Il m’a donné deux pièces d’argent pour prendre soin de toi et m’a dit qu’il me donnerait davantage en repassant si tu en avais besoin pour être à nouveau sur pied ! ». J’allais déjà mieux et je me disais sincèrement que cet homme-là avait beau être Samaritain, c’était un juste : moi je respectais les commandements et j’adorais le Seigneur à Jérusalem. Mais lui, il adorait vraiment Dieu aussi et en esprit et en vérité en aidant, en aimant, l’homme. Et moi, il ne me connaissait pas et m'aimait : j’en étais bouleversé jusqu’au plus profond de moi-même. 

 

samedi, juin 22 2019

Comme une douce ondée de vie

 

 

            Ils sont jeunes, ils chantent en chœur pour la fête de la musique dans ce lieu de croisements de vies qu’est le hall d’un hôpital. 

 

            Il y a là quelques blouses blanches, peut-être venues égayer la pause trop courte de leur emploi du temps surchargé. 

            Il y a là des officiels venus moitié par devoir pour certains, moitié par plaisir pour d’autres. Ils sont venus aussi serrer quelques mains, prendre des photos, alimenter leur compte officiel certifié. 

            Il y a là des passants de tous les âges, il y a là des patients de tous les âges. 

 

            Les élèves chantent, la magie opère et l’ambiance naît dans ce lieu souvent plus triste qu’à son tour. Des sourires naissent sur les visages auparavant fermés, certains s’animent et tapent des mains : comme une joie, une allégresse qui se communique grâce à la musique chantée et surtout partagée à plusieurs. Il est l’heure de la fête. 

 

            Une petite enfant s’échappe des bras de sa maman dans le public pour rejoindre les chanteurs, tout sourire, toute chorégraphie : les sourires grandissent encore de cette vie toute pétillante. Oui, il est l’heure de la fête. 

 

            Certains brancards passent. Si certains sont indifférents, la plupart des alités regardent avec attention nos élèves et leurs regards sont touchants : comme s’ils attrapaient au passage une dose de cette vie qui défaille en eux présentement et la respiraient, et s’en emplissaient. D’autres sont encore plus touchants quand ils agitent une main en cadence ou saluent d’un signe faible mais volontaire nos élèves qui leur répondent. Instants furtifs sur la totalité du spectacle, instants précieux, d’une immense qualité humaine : il est l’heure de l’humanité. 

 

            Parmi nos élèves, certains vivent aussi des drames, même s’ils sont moins visibles en apparence : l’une enterre sa maman un peu plus tard dans la journée et, si je fais partie de ceux qui frappent dans leurs mains pour l’ambiance, j’ai le cœur serré et un peu envie de pleurer quand je la regarde. En attendant, elle chante, elle aussi pleine d’un espoir, d’une vie plus grande encore que ce qui est limité et vient de se terminer. Il est l’heure de l’espérance. 

 

Un spectacle sans rien de très spirituel en apparence et pourtant empli de nombreuses gouttelettes de vie à guetter, à savourer, à chanter : parce que, simplement, il y était question de la vie à célébrer malgré tout, de la Vie à espérer, malgré tout. 

 

 

mercredi, décembre 26 2018

Nuits inouïes

 

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            J’y pensais en rentrant de la célébration de la messe de la Nuit suivie d’un thé – gâteaux chez ma mère : les deux grandes fêtes que sont Noël et Pâques font dans notre liturgie l’objet de célébrations nocturnes. Fêtes des fêtes, fêtes qui se tiennent l’une l’autre par la manche – oui, je sais qu’elles n’ont pas de bras mais les deux ont du chocolat ! – puisque l’une ne peut être conçue sans l’autre, fêtes qui ont tant à voir avec la lumière qu’elles sont d’autant plus éclatantes de nuit ! 

 

            Pourtant, je n’ai absolument pas le même comportement en rentrant de l’une ou de l’autre. 

 

              Après la Vigile Pascale, je suis surexcitée comme une puce, j’ai envie de sauter partout en chantant des Alléluia (oui, bon, ça m’arrangerait que vous ne caftiez pas trop à mes voisins) : une partie de moi murmure toujours que c’est une nuit d’ivresse, de folie, lors de laquelle il ne faudrait pas dormir mais juste clamer les merveilles de Dieu. 

 

            Après la messe de la Nuit, c’est presque l’inverse : une immense sensation de douceur m’emplit l’âme et j’ai envie de dormir comme un bébé, pleine de confiance et d’espérance en un monde meilleur. L’effet ou l’esprit de Noël dont on aime parler ? Peut-être bien… Mais chez nous, chrétiens, cet "effet" a les traits d’un nouveau-né : les traits de la nouveauté dont on ne se lasse jamais, les traits qui annoncent, même quand la désespérance s’accroît, une vie possible dans toute sa vulnérabilité mais, en même temps, dans son irréductible grandeur. Et c’est tellement simple et tellement beau qu’on se prend nous aussi à retrouver une intrépide confiance ! 

 

Quand l’une et l’autre fêtes célèbrent l’inouï du Dieu, elles nous invitent à emplir, de manière différente, notre cœur de Sa Lumière et à en rayonner dans les nuits de notre temps : 

 

Lumineux Noël à vous tous qui passez ici ! J

 

lundi, décembre 10 2018

2 ans de joie !

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Aujourd’hui, 10 décembre 2018, je fête mes 2 ans de consécration, le cœur en immense action de grâce, évidemment. …. J’aimerais remercier le Seigneur sans qui rien n’aurait été possible (c’est vrai en plus !) et, pour Le remercier très concrètement, j’ai aussi eu la joie de participer à la messe célébrée par mon cher confesseur pour rendre grâce au cœur de l’immense action de grâce qu’est l’eucharistie ! 

 

Le célébrant m’avait demandé de dire quelques mots sur ce qui faisait ma joie de consacrée et qui pouvait concerner tout le monde. J’ai parlé sans le papier que j’avais préparé, il peut donc y avoir quelques différences mais voici mes notes : 

 

  • Joie de la certitude profonde d’être à ma place, d’être là où le Seigneur le et me veut… Joie de répondre à notre vocation, quelle qu’elle soit ! Et c’est juste incroyable la profondeur de cette joie, malgré les épreuves et les difficultés du jour. Je n’ai jamais été aussi profondément heureuse que depuis que je suis consacrée : une joie liée à un amour d’une incroyable profondeur. 

 

  • Joie qu’une de mes missions soit de porter la prière de l’Église pour le monde. Pas seulement d’avoir les mains dans le cambouis du monde de par mon travail de professeur mais aussi de le porter dans la prière des heures et dans ma prière personnelle. J’en suis honorée et c’est très beau ! 

 

  • Joie d’être appelée à une conversion permanente pour chercher à être comme un panneau indicateur vers le ciel… De plus en plus, des personnes viennent me parler non pour voir « Zabou » mais parce que je suis consacrée, que j’ai un peu ce double ancrage de mes pieds dans le sol de notre monde et mon cœur ancré dans le Seigneur, pleinement donné à Dieu. En cela, il y a la découverte de mon immense petitesse, de ce que je ne maîtrise pas vraiment, c’est-à-dire de ce que le Seigneur fait et veut faire à travers moi pour témoigner de Lui. Et cela, c’est très grand ! 

 

.... J’ai fini en partageant la prière suivante, écrite en août (et que j’ai dite en « nous » pour l’occasion, en précisant que chacun pouvait en prendre ce qu’il voulait de par sa consécration baptismale mais j’en donne ici la version originale). Prions les uns pour les autres, afin de témoigner de Lui et de Sa joie, quel que soit notre état de vie !  

 

Seigneur, Toi, Tu brûles d’amour pour moi en tout lieu et, si souvent, je passe avec l’indifférence de mes préoccupations à côté de Ton buisson ardent qui ne s’éteint jamais. 

 

            Pourtant, je crois que ma vie de consacrée (et cette joie incroyable dont je ne me suis toujours pas remise d’être à Toi) est d’apprendre à T’aimer en tout. A me libérer de tout ce qui me préoccupe pour que Tu aies pleine place et que Tu aimes à travers moi. Apprentissage d’une vie : accueillir l’Amour, Le laisser emplir chaque recoin de notre être. Mystère d’alliance… Donne-moi, sur terre, de vivre comme Ta bien-aimée, dans la fidélité, témoin de Ta joie et de Ton Amour fou qui Te consume pour l’humanité entière. Cette humanité que Tu as aimée à jusqu’à te livrer pour elle. 

Amen. 

jeudi, septembre 27 2018

Aux arrêts de la grâce

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Je m’élançais vers mon rendez-vous parisien de 17h et, là, à la sortie de la gare, une drôle de petite bonne femme m’accoste : « S’il vous plaît, pourriez-vous m’accorder quelques instants ? Vous connaissez Jésus ? » 

 

Devant le caractère improbable et plutôt incongru de cette demande, j’arrête net mes grandes enjambées et lui fais un large sourire : « Oh oui, je Le connais mais surtout Il me connait…  à tel point que je Lui ai consacré ma vie ! » 

            Elle sourit et lève les yeux vers la croix qui est autour de mon cou : 

- Ah vous êtes religieuse ! 

- En quelque sorte ! 

- Et vous savez tout ce qu’Il a fait de grand ? 

- Oh, tout, je ne sais pas. Je ne crois pas non mais j’aime à le découvrir jour après jour. 

 

            Et la drôle de petite bonne femme de me raconter, après avoir évoqué le mystère de la croix, les grandes llignes de son histoire : une guérison, une conversion… Je ne sais pas si elle était catholique ou d’une autre confession chrétienne mais, à travers son récit un peu embrouillé dans certains détails se manifestait beaucoup d’amour et beaucoup de foi. Et elle de terminer : « et vous savez, je vous raconte cela car, moi qui étais timide, j’ai changé, je L’ai rencontré ! J’ai besoin désormais de raconter cela, de parler de Jésus et de tout ce qu’Il a fait pour moi aux gens ! » 

 

Et bim… Et moi, est-ce que je ressens si souvent ce besoin irrépressible de partager ce que le Seigneur a fait dans ma vie ? 

 

Post scriptum : Comme le disait la personne que je retrouvais ensuite et à qui je partageais cette rencontre improbable : « il n’y a qu’à toi que ça arrive des trucs comme ça ». Je n’en suis pas certaine pas mais je crois que Dieu avait envie de partager les merveilles qu’Il semait !

 

lundi, juillet 2 2018

Voguons sur la vie et les bénitiers - lecture estivale 2018 #1

Même si les vacances n'ont pas encore sonné, voici la première des lectures estivales de l'année. 

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Il est des livres avec lesquels on se sent consonner d'une manière profonde dans l'abord de la vie, dans le sourire qui point au pas de côté résolu sur les reliefs de celle-ci, des livres avec lesquels on est sur la même vibration de fréquence comme le dit l'auteur dans un de ses courts récits à propos des homélies. Et puis, en avançant et en constatant le nombre de références à Madeleine Delbrêl, on comprend mieux pourquoi on sent un peu en famille. 

Croisière dans un bénitier et autres petits récits à partir de la vie, ce sont 48 histoires nées d'un fait divers, toujours spirituelles, parfois dans les deux sens du terme. Alors, c'est bon, tout simplement, et le mieux, ce n'est pas d'en parler, c'est plutôt de le lire : en voici donc un extrait. 

Ma vie est simple. Je suis dans ce petit monastère caché au fond des bois. Et j'y prépare tranquillement une nouvelle étape, j'ai envie de me poser : je crois que je serai metteur en Cène. Oui, c'est ça : metteur en Cène. Alors, ici, je lis le Texte. Je l'écoute. Je l'apprends. Je le relis et je le scrute. Je le traduis. J'essaie de lire entre les lignes. Je contemple avec grande affection tous ceux qui le jouent d'une façon ou d'une autre autour de moi, et ceux qui sont plus loin, aussi. Je vais souvent les visiter, ne serait-ce qu'en pensée. Je me réjouis de leurs talents d'acteurs : ils transforment - chacun à sa manière - leur entourage et ce vieux monde. Ils transfusent leur vie qui se mêle à la sève du Texte. Je les vois impliqués dans certaines tragédies, car la vie n'est pas simple pour tous. J'en vois d'autres jouer des comédies légères : cela fait du bien. J'en connais quelques-uns qui vivent des drames, et d'autres qui semblent s'amuser dans des opéra-bouffes. Mais j'en connais aussi qui ne sont que figurants, plus à l'écart des projecteurs, presque dans l'ombre. Quand je dis "figurant", je pense au mot "visage". C'est un beau mot. Et c'est un beau métier. Sur le théâtre de la vie, ce sont les plus nombreux : il n'y a pas de vie possible sans chacun d'eux. J'ai un faible pour ceux-là, et j'aime être avec eux. Je les regarde envisager leur vie et, moi, je relis le Texte. Je croise leurs existences, ma vie et la Parole et, avec eux, je mets tout cela en Cène - il y en a qui disent "eucharisite". Quand la Cène s'allume, le soir ou à midi, chacun peut reconnaître que son histoire rejoint le grand poème de Dieu. 

In p. Raphaël Buyse, Croisière dans un bénitier, Bayard, 2018, p. 49-50

dimanche, juin 24 2018

Comme lui pour avancer et être comme Lui

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Comme Jean le Baptiste, savoir reconnaître le Seigneur qui s’approche, même caché… et en tressaillir d’une joie communicative ; 

Comme Jean le Baptiste, savoir si bien Le reconnaître qu’on est capable de Le désigner, clairement, nettement, à ceux qui nous entourent ; 

Comme la première lecture de sa solennité, savoir que nous ne sommes pas le fruit du hasard mais que nous sommes choisis, aimés, désirés de toute éternité ; 

Comme Jean le Baptiste, être prophète, parler de la part de Dieu… mais savoir que cela ne peut pas se faire sans lourde et permanente conversion de notre part ; 

Alors, comme Jean-Baptiste, sempiternellement savoir qu’on ne saurait même pas enlever les godasses du Seigneur mais qu’on peut parler de Lui, quand même ; 

Comme saint Jean-Baptiste, Lui laisser toute la place ; 

Comme saint Jean-Baptiste, savoir que le Seigneur peut nous faire perdre la tête, d’amour et par amour. 

 

Se servir de l’exemple de saint Jean-Baptiste pour mieux nous convertir, pour devenir un signe vivant tourné vers Son cousin, vers Lui et vivre, et aimer, et se donner, comme Lui ! 

 

 

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