On les
reconnaît de loin : ils sont endimanchés, un peu mal à l’aise, tant dans
leurs habits peu portés, que dans ce lieu où ils entrent peu.
On les
reconnaît à leur air presque outré quand, entrant dans l’église et les
apercevant, on les salue avec un grand sourire. Non, non, pas trop fort, pas
trop voyant… « chuuut ! M’enfin, pas ce sourire trop large ! ».
Le sacré, faut le respecter, si possible en étant un brin compassé !
Dimanche,
c’était jour de profession de foi par chez moi.
Assemblée
bigarrée, quinzaine de jeunes entourés de leur famille représentant toute la
gamme de la pratique religieuse du « pas du tout » au
« très » avec, sans doute, toutes les variantes possibles et
imaginables dans le relief des sensibilités. En plus, il y a ici, souvent
au-delà de la famille proche, les « très éloignés », les « pas
concernés » – c’est eux qui le disent -, les « de toute façon,
ça va être emmerd***, vivement l’apéro, tiens regardons les vitraux » et
autres apparentés : les professions de foi, c’est l’occasion de se réunir
en famille, même si c’est compliqué, même si l’on ne croit pas. Et tant
mieux !
Ca ne
doit toutefois vraiment pas être facile de prêcher ce jour-là, de dire des mots
audibles par tous, qui porteront un peu plus loin cette assemblée si disparate
du premier au dernier rang et, surtout, qui aviveront en eux ce désir.
Des mots qui nous concernent tous, puisque le Christ est venu pour nous tous.
Puis, au
premier rang de l’assemblée, il y a surtout ces jeunes…
A eux non
plus, leur tâche n’est pas facile. Bien sûr, personne n’est au fond de leurs
cœurs adolescents, mais ils disent des mots qui engagent, et vraiment.
Ils
clament, ils proclament une foi qui n’a jamais été facile à dire, même si elle
s’énonce en quelques termes clairs : pas facile à dire, parce qu’elle
engage à vivre.
Je n’y
peux rien, je ne m’y habitue jamais à cette profession de foi :
Elle est
toujours belle, qu’elle vienne d’un enfant ou d’un vieillard ;
Elle est
le cri de la foi, elle est cette réponse balbutiante donnée à l’Amour donné.
Après
ce credo, ils allument ce petit cierge de rien au cierge pascal.
Et ils
repartent ainsi que des étincelles encore crépitantes : lumineuses et
incertaines à la fois, prêtes à grandir et encore toutes fragiles.
Ils
repartent au sein de cette assemblée si disparate, de ces familles si diverses,
parfois si cassées, de ce monde étonnant… Et on a tellement envie de leur
souhaiter bonne route, de leur dire de ne jamais laisser cette petite étincelle
s’étouffer !
Ils
auront à donner à leur tour et ils auront encore à recevoir de leurs
frères :
Mais
aujourd’hui, ils choisissent de promettre, de promettre de vivre un peu plus ce
baptême qu’ils ont reçu.
Professions
de foi…
Petits
ruisseaux d’eau vive qui, je l’espère, ne s’étioleront pas en minuscules rus ou
ne s’endormiront pas en longs fleuves tranquilles, mais plutôt qui iront
s’élargissant en ces grands et vivifiants torrents !