Zabou the terrible

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Poème pré-papal Désert de Judée

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Aujourd'hui, Jean-Paul II aurait eu 100 ans. Je vous propose ici en guise d'anniversaire l'un de ses poèmes avant qu'il ne soit pape écrit sur les lieux saints, ici celui intitulé "Le désert de Judée" pour la méditation qu'il propose sur la terre et sur Dieu, que vous pouvez retrouver dans l'édition Poèmes - théâtre - Ecrits sur le théâtre, éd. Cana - Cerf.  

 Le désert de Judée 

Difficile de dire à cette terre : "Tu es belle !",
 les pierres fauves rouillent les coteaux
qui épousent la pente des nuages.
Les autos fendent l'air et la pluie. Pas question
de chercher trace de verdure.
Les hommes sont partis au loin. On ne peut vivre ici.
Ce lieu, la route n'y mène pas. Elle le fuit.
Ici Tu es venu, pourtant,
Non pas pour dire à cette terre : "Tu es belle !"
Le lieu était indifférent. Tu cherches partout les hommes.

Pour les chercher partout, 
il Te fallait t'arrêter en un lieu.
Tu as choisi celui-ci.
Toute la terre vient à cette Terre unique, et par elle
devient terre, de même que toute chose
ne devient ce qu'elle est que par
CELUI QUI EST.

Il n'y eut pas de rencontre entre Celui qui Est et la terre. 
Tout ce qui advint,
nous l'appelons création,
possession en propre, comme on possède une chose,
maintien dans l'existence.
Se rencontrer, cela veut dire
non seulement toucher (car rien ne Te touche)
non seulement être face à face
(y a-t-il rien qui puisse être face à Celui qui est ?)
cela veut dire aussi dépendre
(à quel point ! du début de l'existence au néant,
de l'existence à l'anéantissement)

Ainsi étais-tu dépendante, Terre, 


toi, une entre des terres nombreuses
- ensemble avec toute la terre
avec tout ce qui est -
Ainsi étais-tu dépendante et toujours tu l'es
Terre de rencontre ! Terre unique ! Terre, par qui
toute la terre est devenue terre,
comme toute chose est devenue ce qu'elle est
par Celui qui Est
mais je ne peux te dire : "Tu es belle".

La rencontre peut signifie le début de la séparation. 
Terre, grâce à Toi, nous ne sommes jamais séparés de Celui qui Est, jamais nous ne nous séparerons de Lui, - même si Tu cessais d'être Terre, même si tu Te désagrégeais en résidus de Toi.
Il n'y a pas de séparation après la naissance - "se séparer" - qui peut mettre un terme à tout "se rencontrer" - ne peut mettre un terme à la naissance. La naissance ne connaît pas de terme, elle ne connaît pas la séparation.
Terre, Terre non née ! Terre, où Celui qui Est nous est devenu Père. Tu t'es épuisée à notre naissance. Il n'est resté en toi nulle trace de fraîcheur ni de beauté.
- Mais même jeune, tu n'étais pas attrayante - tu n'avais que de plaisants recoins.

Karol Wojtyla

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