Zabou the terrible

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Ensemble, un bout de chemin

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Hier, je me rendais en Bretagne afin de poursuivre mes vacances. Le temps d’une prof consacrée doctorante en vacances est assez chronométré afin d’écluser les copies, prier, avancer la thèse tout en réservant un peu de temps nécessaire au repos du corps et de l’esprit. Alors quelle ne fut pas ma fureur quand les galères SNCF commencèrent à s’enchaîner et que je me retrouvai après le dernier train dans une gare loin de ma destination, pas encore arrivée, et sans solution immédiate ! 

 

         Heureusement, il y avait BlaBlaCar... Et me voici partie dans la voiture de Mohamed. Très vite, nous en vînmes à parler de religion et à nous tutoyer, la confiance aidant. Après avoir essayé les premiers temps de me convaincre, il comprit assez vite que mon propos n’était pas là : que non seulement, j’avais quelques codes de l’islam bien en tête – louée soit la très laïque Éducation nationale... et surtout mes élèves ! Je suis notamment devenue très forte au jeu des correspondances de prénoms musulmans / chrétiens au fil des ans ! – mais surtout que j’étais enracinée très profondément, vitalement, dans ma foi mais pleinement ouverte à la rencontre avec l’autre. 

 

         On a ainsi échangé pendant une grosse heure avec beaucoup de respect : je lui ai même parlé de Christian de Chergé et du « puits » qu’il creusait avec son ami musulman par la prière, on a parlé sourates, psaumes et « organisation » de nos prières. C’était un simple bout de chemin, animé, certes, mais très fraternel. 

 

         Dans le même temps, j’ai reçu une alerte sur mon téléphone : des drones venus d’Iran avaient frappé la Terre Sainte. Toujours et encore de la violence et des vies humaines ravagées, comme l’impression que la spirale de la violence et de l’horreur monte toujours d’un cran dans notre monde, en particulier – mais pas uniquement – au Proche-Orient.

 

Terreur, terrorisme et violences multiformes frappent notre monde chaque jour davantage, nous incitant à vibrer de compassion et de prière. Mais ils pourraient nous inciter à la peur, au repli sur nous-mêmes au lieu de nous encourager à rester et à devenir toujours plus artisans de paix. 

 

Peut-être qu’un jour je serai victime du terrorisme imbécile des hommes, de par mon métier, de par ma consécration à Dieu ou peut-être simplement parce que je me serais trouvée au mauvais endroit au mauvais moment, comme c’est le cas de tant de victimes actuelles : mais pour lutter contre tout cela, quand on n’est pas au gouvernail des grandes puissances, quand on n’est pas spécialiste de géopolitique, il me semble, de manière très naïve mais avec conviction, qu’il faudra continuer à faire des bouts de chemins avec Mohamed, mais aussi avec Sarah ou Arya. Pour apprendre, à l’heure des drones vidéo-commandés et des guerres où la technologie voile le visage de celui qu’on croit être un ennemi, à découvrir le visage de l’autre et les traits de son histoire ; pour apprendre à y reconnaître, dans une commune vulnérabilité, un frère, une sœur.

 

Illustration : Georges Rouault, Crucifixion, 1937.

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