Zabou the terrible

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S'en laisser conter

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Sorbonne

         Il était une fois (et même plusieurs), dans une immense ville d’une contrée pas si lointaine, une ancienne université qui, chaque année, tentait de ramener en son sein ses petits étudiants dispersés. Elle aimait retrouver ces petits-là, pas toujours très sérieux, pas toujours respectueux de son vieil âge mais elle les aimait car, même dans leurs révoltes, ils l’aimaient.

 

         Seulement, voilà, depuis des dizaines d’années, elle accueillait chez elle de sombres sbires : impuissante à les repousser, elle faisait avec mais ils l’envahissaient de plus en plus, tant de leur présence que d’innombrables papiers qu’elle avait peine à digérer. Et, son grief principal était le châtiment qu’ils faisaient subir aux étudiants.

 

         Quand ceux-ci étaient déjà des habitués, que cela faisait déjà 4 ans qu’ils tétaient le lait de la sainte Connaissance dans sa belle maison, ces tristes sires manipulaient dans leurs laboratoires secrets les pires méthodes pour les décourager et les en chasser. Et Dame Sorbonne pleurait, pleurait encore, pleurait beaucoup : ces petits-là, elle les avait formés !

 

         Cette année encore, les larmes emplissaient ses yeux quand elle regardait ce qu’ils avaient inventé pour complexifier l’accès aux inscriptions et particulièrement l’inscription en 5ème année chez elle, sous prétexte que c’était sérieux. Un formulaire, couleur soleil et en 3 exemplaires, à retirer seulement une fois que tout le jury s’était réuni pour dire qu’ils avaient bien obtenu leur 4ème année avec plus de 13 de moyenne et ce de manière officielle. Là, encore cela allait : il suffisait ensuite de le faire remplir par le Maître que chacun s’était choisi pour progresser un peu plus dans ses études.

 

Seulement ? Non, l’étudiant qui poursuivait sa route s’apercevait, après avoir passé quelques matinées en quête de ses bulletins de notes dans un service où l’informatique était en panne (même si le service de littérature possédait les notes mais ne pouvait s’en servir) qu’il y avait d’autres pièges. Une fois son formulaire jaune rempli et ses bulletins de notes en main (3 tout de même : semestre 1, semestre 2 et délibération), fringuant, pensant enfin y arriver, il arrive au service des « masters » qui lui dit qu’il faut d’abord retirer un dossier de réinscription à la scolarité. L’étudiant perd de sa bonne humeur d’un coup.

 

         N’oubliez pas que toutes ces étapes se font avec un temps d’attente important où le jeune étudiant est appelé à attendre longtemps bloqué le long d’un mur. Bien sûr, à la scolarité, c’est particulièrement le cas. Une fois qu’il a attendu, il arrive devant un guichet où, plein d’espoir, il tend son formulaire citron et ses bulletins de notes :

- Non, mais je n’en ai rien à faire moi de vos bulletins de notes ! 

- Je voudrais simplement avoir enfin mon dossier de réinscription.

Un rapide regard sur le formulaire jaune fit sourire d’une manière narquoise le préposé au bureau :

- Ah, non, ce n’est pas possible, il faut aussi la signature du responsable de la mention, son avis, et le tampon de l’UFR avant d’obtenir votre dossier de réinscription. 

- Mais c’est absurde ! Puisque l’on vérifiera mes différentes pièces avec mon dossier d’inscription et que ce formulaire m’a déjà été délivré par l’UFR qui avait vérifié que j’avais bien obtenu mon année précédente avec les notes suffisantes.

- Ce n’est pas mon problème.

 

L’étudiant devient rageur et n’a personne contre qui se retourner. Seule moi, Sorbonne maternelle, je le prends en pitié mais le pauvre petit n’en sait rien et se dirige, passablement énervé, vers un autre service de l’université qui, logiquement, vient de fermer. Le lendemain matin, la nuit ayant porté conseil, c’est plus ser(e)in qu’il arrive et se positionne dans la queue. Il tend son formulaire et on lui dit : « Bon, vous devriez pouvoir venir le prendre à partir d’après-demain. J’espère ».

 

Et moi, la Sorbonne, rageuse, je pleure en regardant ces petits si fatigués, pas encore inscrits, tremblants alors qu’ils s’inscrivent à ce qui était autrefois le début d’un troisième cycle universitaire.

 

Commentaires

1. Le mercredi, septembre 23 2009, 13:24 par Hervé

Vive Kafka ! ;-) apparemment, ça ne s'est pas amélioré, le système d'inscription universitaire. Je crois qu'à mon époque (1995-2001), on y arrivait + facilement, avec moins d'interlocuteurs. Et pendant tout ce temps-là, les étudiants ne peuvent pas étudier, ni avoir des semaines de vacances supplémentaires : c'est vraiment du temps perdu (qu'est-ce que ça apporte qu'il y ait un tampon d'UFR sur ton formulaire, alors que tu remplis toutes les conditions pour te réinscrire ?) Il n'y a plus qu'à prier pour que Dieu vous donne de la patience et de la persévérance... Parfois, tu dois regretter de ne pas avoir continué ton pélé sur le Camino, non ?
J'imagine que vos agents administratifs ont suivi la même formation que leurs collègues de la Sécu. ça doit être super-marrant de passer ses semaines à tamponner des formulaires, la plupart du temps inutiles.

2. Le mercredi, septembre 23 2009, 14:26 par Henri

Conseille à Dame Sorbonne , l'informatique , c'est pas nouveau , ca marche mal mais ....... "PAPIER 0" plus de formulaaaaaaaaaaaaaaires papier.

3. Le mercredi, septembre 23 2009, 19:00 par Isabelle

Je n'étais pas à la Sorbonne, mais à Nanterre, et dans des temps encore plus reculés (1986-1994) mais comme on dit "rien de nouveau sous le soleil..."
A l'époque, nous déclarions que la première UV, UE ou je ne sais quoi que l'étudiant devait passer était son inscription.
Et j'ai toujours pensé à Astérix légionnaire dans ce genre de situations...
Bon courage...

4. Le mercredi, septembre 23 2009, 19:51 par inci

Un jour, je serai secrétaire générale de la Sorbonne et je réformerai complètement le système! On aura des UFR qui COMMUNIQUENT, des inscriptions INFORMATISEES et des horaires disponibles A TEMPS! ^^

5. Le mercredi, septembre 23 2009, 23:35 par Maggy

Je te soutiens Inci ! Je ne veux pas imaginer les micmac pour le jour où je vais à mon tour aller annoncer à ces braves gens que j'envisage également de passer en M2 :'(
Vuis tecum Zabou !!!!!!!!

6. Le jeudi, septembre 24 2009, 00:30 par Zabou

@ tous : vous vous demandiez encore pourquoi j'avais parfois des accès de folie ? Ne cherchez plus, j'étudie à la "Maison qui rend fou" ;-)

@ Inci : si je peux faire quelques chose en ce sens... Je vote pour toi, dans tous les cas !!!

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