Zabou the terrible

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            Chaque année, je me demande « comment vais-je les accueillir ? ». Car il y a toujours une part de tentation à plaquer ce que l’on sait déjà, à reproduire des comportements, à assimiler des élèves nouveaux à des élèves anciens – a fortiori quand on a déjà eu le même élève ou, peut-être pire, le grand frère ou la grande sœur –, à des « types » prédéfinis dont on saurait déjà comment ils fonctionnent… Une tentation même inconsciente, alors qu’il faudrait réussir cet accueil inconditionnel, toujours apte à laisser surgir la nouveauté d’un être neuf ou, simplement, grandi. 

 

            Pour cela, il convient de préparer nos cœurs et, pour un prof chrétien, cela passe certainement par la prière, notre attitude générale contre ce qui nous agace rapidement – mais si ce comportement précis-là que vous ne supportez pas et que les élèves utilisent pour vous faire tourner en bourrique –, notre forme physique aussi puisqu’il est plus difficile d’accepter l’autre quand nous nous retrouvons fatigués et d’humeur ronchon. 

 

            Il y a tout cela qui est essentiel et puis il y a la part de matériel qui n’est pas uniquement de l’accessoire. Cette année, dans mon lycée, les effectifs ont très sensiblement augmenté mais les salles sont restées de la même taille et aucune table, ni chaise, n’a pour l’instant été ajoutée. Aussi, à chaque début d’heure, y compris le jour de la pré-rentrée, il faut aller jouer aux voleurs chez les profs voisins qui, souvent, souffrent du même problème tandis que les profs qui ont un demi-groupe se trouvent dévalisés. On perd du temps sur le programme, certes, mais ce qui me semble encore plus grave, c’est bien le message implicite : tu es de trop, tu n’as pas ta place. Je trouve cela terrifiant.  

 

            Dans les lycées de banlieue, déjà, trop souvent, les locaux sont laids, mal entretenus, trop étroits et l’on y crie, et l’on s’y bouscule, et l’on a tendance à dégrader davantage ce qui l’est. Et l’on ne peut avoir de salle propre à une classe ou à un prof tant nous sommes nombreux : tout le monde bouge tout le temps. Le dynamisme ainsi créée pourrait être bénéfique mais il contribue aussi à ce que personne ne se sente vraiment habitant et responsable des lieux qu’il ne fait que traverser : tu es de trop, dans un lieu où ta présence semble si peu importer. Alors, comment accueillir ? 

 

La règle de St Benoît demande à ce que chaque hôte soit accueilli comme le Christ. Pour nous, profs, si nous voulons accueillir dans cette même perspective avec les moyens qui sont les nôtres, il ne reste que nos regards bienveillants, que nos mots pour encourager et que nos mains vides qui font du mieux qu’elles peuvent, même si c’est de bric et de broc. Comme un appel à tendre les mains vides vers Lui pour, à défaut d’offrir une hospitalité digne du Christ, dire avec vérité et charité ce qui doit être fait et apprendre à connaître et à espérer en chacun, pour un bout de chemin. 

 

 

 

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