Zabou the terrible

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« La France, pays de mission » : pour nous tous, ici comme là !

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croisement inattendu de vies à la rencontre du Christ

 

Je n’aime pas le jeunisme, particulièrement dans l’Eglise catholique. Si je trouve bon que chaque tranche d’âge puisse se retrouver périodiquement pour grandir et vivre leur Foi avec les problématiques propres au moment de leur vie, je trouve important que tout le monde soit réuni pour prier ensemble, surtout pour la messe. Par définition, je ne vais donc pas là où « c’est cool parce qu’il y a des jeunes », je vais simplement à la messe paroissiale tant je trouve belle et tellement importante cette diversité du peuple de Dieu. Richesse infinie que nos pauvretés et nos dons partagés !


 

En vacances, la question ne se pose plus : je vais à la messe simplement là où je le peux. Et, si je dois me serrer la ceinture pour les messes de semaine (quand on pense qu’à Paris, la paroisse à côté de laquelle arrive mon train quotidien propose 7 messes par jour : serait-ce une grâce que les vacances rurales pour mieux prendre conscience de la chance que nous avons ?), la messe dominicale, elle, pas question de la rater ! Seulement… comment faire quand on est perdue en pleine campagne, que le curé est le pasteur d’une bonne dizaines de clochers éloignés les uns des autres, que vous n’avez pas de voiture et que votre entourage proche n’est pas catholique pratiquant ?

 

Le vélo !!!

Ancien, un peu rouillé de partout, mais qui roule quand même !

 

Sur ce fier destrier,  aller se renseigner pour les horaires de messe sur la porte de l’église voisine – éloignée d’un km déjà… - et constater que la messe du dimanche aura lieu à 10 km de là…

 

Dimanche arrive. Motivation dure à trouver pour se lever plus tôt mais je sais bien que Dieu m’attend à la messe : pour m’y retrouver et se donner ! Je ne peux que venir, que courir à coups de pédale à pareil rendez-vous !

 

La route est longue, avec des montées et une chaleur qui commence déjà à devenir accablante mais, enfin, j’y suis, et à l’heure. La toute petite église est pleine : je me glisse discrètement au fond. A la campagne, tout le monde se connaît et je sens quelques regards qui me dévisagent pas vraiment discrètement : peu importe.

 

Nous autres Franciliens avons souvent en tête une image assez caricaturale des messes de province, très fausse ; là, elle était malheureusement assez vraie : l’harmonium grinçant, des chants poussiéreux entonnés par des voix chevrotantes à deux à l’heure… Bref, pas besoin de descriptif plus long puisqu’après tout l’Essentiel n’était pas là : Dieu était là, venait s’offrir, dans ce pain et ce vin consacrés. Source d’émerveillement dont je ne puis me lasser ; source de joie qui me fait vivre ! Merci mon Dieu ! Et pourtant, pourtant… quelle tristesse car il n’y avait là aucun, mais vraiment aucun jeune : que sera cette paroisse dans 10 ans ?

 

Ne connaissant personne, j’allais filer dès la sortie de la messe et j’étais déjà en train de récupérer mon vélo lorsqu’une voix familière me héla : il s’agissait d’une de mes tantes ! Qui retournait désormais fidèlement à la messe tous les dimanches pour véhiculer des personnes âgées qui n’auraient pu autrement s’y rendre. Je souris, trouvant le geste admirable : chapeau !

 

Alors elle me présenta à plusieurs personnes, qui se mirent à me parler, toutes surprises de mon « « « courage » » » d’être venue à la messe (!!!)… et à vélo !!! Alors que je pensais partir vite, je me suis finalement attardée de longues minutes à la sortie.

 

Ici, j’étais finalement plus à ma place que jamais, comme en mission d’espérance… D’une part ces personnes me confiaient la rareté des jeunes, la désaffection de leurs enfants et petits-enfants et s’amusaient de ce vélo rouillé qui m’accompagnait tel Rossinante, quand une dame âgée se rappela : « Vous êtes venue d’A. comme ça ? Eh bien… Pourtant, dans le temps, on faisait tout comme ça, c’est vrai ! Avec la voiture, on a tous perdu le courage… Mais c’est bien, au moins la messe, c’est important pour vous ! ».

 

Je ne disais pas grand-chose car je n’avais vraiment rien fait d’extraordinaire ! Mais j’ai eu l’impression que ma présence était essentielle : ils étaient heureux de voir une jeune qui trouvait important de venir à la messe, même lointaine. Je fus, visiblement, un rayon de soleil par ma pauvre présence joyeuse : preuve supplémentaire que Dieu nous demande d’être ainsi en mission dans le plus ordinaire de nos vies, par le simple témoignage d’une présence désireuse de rendre témoignage à une Présence.

 

Et moi, j’ai fini par les remercier, eux, car ils étaient aussi comme autant de rayons de soleil qui transparaissaient à travers les rides de leurs visages : pour leur courage, pour leur fidélité si précieuse, de continuer à venir ainsi, semaine après semaine, en des lieux de plus en plus distants pour vivre l’Eucharistie. Pour se nourrir du Pain de Vie et en vivre, dans la Confiance : car c’est Lui la source de toute notre Espérance.

Commentaires

1. Le mercredi, août 3 2011, 14:43 par François

"Venez à moi vous tous qui avez faim... même si vous êtes loin et n'avez qu'un vieux vélo..., venez !" nous disait Isaïe !
Il disait encore "Qu'ils sont beaux les pieds qui pédalent pour l'Evangile" (Is 52,7 version cycliste)

2. Le mercredi, août 3 2011, 14:49 par unouveaucompte

"Eh bien… Pourtant, dans le temps, on faisait tout comme ça, c’est vrai !"

s'aérer avant et après, c'est très bon !

tente l'hyppomobile si il y des haras dans le coin :)

3. Le mercredi, août 3 2011, 17:53 par Tigreek

Cette désertion ne date pas d'hier, tu sais, Zabou... :/

4. Le mercredi, août 3 2011, 18:24 par Corine

Bon, déjà vécu ça mais sans le vélo ;-)...et je me rappelle m'être dit à peu près ça: catholiques: rares, catholiques pratiquants: très rares, jeunes catholiques pratiquants: très très rares...Nous, on vit parfois dans le prisme un peu déformant de nos paroisses pleines d'amis toujours là et heureux d'y être, de pélé Lourdes, Taizé plus que réjouissants ou de JMJ enthousiasmantes...alors, c'est vrai que ça rassemble et qu'il faut continuer à rassembler...mais la réalité, c'est que ça touche une petite minorité de concitoyens...sauf que c'est PAS GRAVE!!!!Il faut continuer à enfourcher nos bicyclettes, aller à la messe, montrer que notre Foi nous fait rouler avancer sur un chemin qui nous fait VIVRE ...et AIMER.Et finalement, à te lire, j'ai l'impression que tu en as surpris quelques-uns...et c'est peut-être ça aussi, il faut continuer à oser surprendre ;-)

5. Le mercredi, août 3 2011, 22:32 par Nitt

Ça me rappelle des choses tout ça.
Merci d'avoir rappelé où est l'essentiel dans nos messes de campagne, et de nous rappeler, à nos autres "jeunes", que le témoignage n'est pas toujours à faire hors des églises !

6. Le jeudi, août 4 2011, 00:29 par L.

Vélorution !!!!!

On ne goûte jamais autant le plaisir d'un bon vélo neuf qu'après être monté sur ces véhicules anciens, qui ont le mérite de ne pas disparaître aussi rapidement que les récents...

Expérience similaire du "dévisagement ecclésial" quand je vais dans une paroisse que les langues dures diraient sans doute "intégriste" (parce que je passe devant). Moi ça me dérange pas plus que ça, hein: ça va très vite, je comprends rien (mais comme dit Alex, ça m'empêche pas de suivre l'histoire), pas de sermon, c'est quand même un super moment pour se recueillir, et surtout, en face de Biocoop ! Les deux personnes qui y assistent à la messe font une tête... On diraient qu'elles ont vu le Saint Esprit !

Moi aussi, j'aime beaucoup les villes où il y a des messes à peu près toute la journée. Trou regrettable dans l'après-midi à Toulouse, mais bon, il y a les confessions... toujours bon à prendre. Le pieds, ce serait le monastère en plein centre ville. Ici, il est quand même à deux dizaines de minutes... à vélo.(les anciens cloîtres du centre sont devenus des musées, terre de mission oblige.)
Il faudrait suggérer au site "seloger.com" de rajouter dans les critères de recherche de bien immobilier un item "proximité d'un lieu de culte". min ... . max .... .

Bises

7. Le jeudi, août 4 2011, 18:56 par Fanfan

Oui, c'est ça, les voix chevrotantes, l'harmonium poussiéreux, les têtes chenues et puis... l'Essentiel !
et l'impression alors de savoir vraiment pourquoi on est là, de toucher le Coeur de la messe tout humble tout nu...
Merci de nous offrir une fois de plus un touchant billet plein d'échos...
Bon été (et bon courage pour le vélo !!!)

8. Le mercredi, août 10 2011, 18:44 par Alain

Merci à vous pour cet excellent billet.
Oui! Vous avez bien raison d'écrire que "l'Essentiel n'était pas là", dans ce que beaucoup auraient vu, à savoir les imperfections de cette célébration.
L'Essentiel était sur l'autel et dans les cœurs: la Présence du Christ et la bonne volonté des participants, malgré les difficultés.
Et notre Dieu discret et aimant (Celui de la "brise légère" d'Isaïe, Celui du nouveau-né de la crèche, Celui du tombeau vide de la Résurrection ...) de rajouter son "petit clin d'œil" en "improvisant" une rencontre fraternelle à la sortie de la messe où chacun peut mieux découvrir le vrai visage de l'autre ...
Oui, discret et aimant, Il est aussi dans ces petites choses de la vie, si nous savons faire l'effort de regarder avec Ses yeux.

9. Le jeudi, septembre 1 2011, 15:54 par Glaz

"Jeunes et vieux sont dans la joie ;je vais changer leur affliction en allégresse"! Jérémie 31,13

10. Le samedi, septembre 3 2011, 10:34 par Zabou

Parfaitement ! :-) 

11. Le samedi, décembre 10 2011, 18:46 par lapoussette.net

Coucou,un immense merci pour ce joli post que j'ai aimé lire.

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