Zabou the terrible

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dimanche, juin 19 2022

Don sans réserve de l'amour du Sauveur

 

« Pain véritable, 

Corps et Sang de Jésus Christ, 

Don sans réserve de l’amour du Seigneur, 

Corps véritable de Jésus sauveur. 

 

Pain de vie, 

Corps ressuscité, 

Source vive de l’éternité » 

(Chant « Pain véritable »)

 

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(Photo : pixabay)

 

            Le jour de la fête du Saint-Sacrement, nous entendons à la messe l’évangile de la multiplication des pains mais aussi le récit de la Cène par saint Paul, échos d’une même faim comblée par Celui qui est la Vie. 

 

Nous méditons particulièrement lors de cette fête le mystère de l’eucharistie où le Christ nous offre Son Salut et nous lui demandons plus spécialement que, transformés par la réception de ce sacrement, nous sachions toujours plus former un seul corps, le corps du Christ qu’est l’Église. 

 

            Mais aujourd’hui, vous voyez, en sortant de la messe, je suis allée faire un tour au petit-déjeuner solidaire du dimanche sur le parvis, temps convivial réunissant ceux qui ont de quoi vivre et ceux qui n’ont pas de quoi vivre : chaque semaine, j’apprends à mieux les connaître, à vibrer de ce qui les fait vibrer ou à appuyer délicatement une main sur une épaule quand ils disent ce qui les fait pleurer. 

 

            Et ce soir, encore un drame humain que je suis depuis plusieurs jours et qui me fend vraiment le cœur qui m’a incitée à aller acheter un gros panier repas pour nourrir quelques-uns qui n’ont simplement plus rien. On m’avait demandé si, éventuellement, je pouvais donner « un peu de pain » 

 

            Sans lien avec la fête du jour ? Complètement en lien : comment pourrais-je vivre de l’eucharistie si cette nourriture ne me faisait pas vivre pour les autres et ne servait qu’à me rassasier moi-même ? Comment serais-je membre du Corps du Christ en vérité si l’autre cellule proche n’avait pas de quoi poursuivre son existence et que je m’en moquais ? 

 

            Ce dimanche, j’aurais préféré ne pas avoir à vivre cette sorte de grand écart qui laisse le cœur si intranquille et pourtant c’est cette « intranquillité » qui nous pousse, je crois, à aimer toujours davantage l’eucharistie comme source de toutes nos actions, à la rechercher, à la désirer. Elle nous pousse à marcher à la suite du Christ et à L’imiter : et Lui, qu’a-t-il fait sinon le bien autour de Lui, y compris nourrir ceux qui étaient affamés ? 

 

            C’est en méditant le mystère de l’eucharistie que je peux prier ce soir pour tous ceux qui n’ont pas de quoi sustenter leur faim : 

Seigneur, Toi qui donnes toujours en abondance, Toi qui te donnes toujours sans compter, donne-leur de surmonter l’épreuve ; 

Et pour moi qui ai de quoi manger, Seigneur, je Te demande de creuser ma faim de l’eucharistie, de ne jamais m’arrêter dans mon confort repu : pour les servir toujours plus, pour que chacun puisse vivre pleinement sa vie d’homme et de femme à satiété, vraiment libres et debout comme Tu le désires, comme Tu les désires. 

 

jeudi, avril 14 2022

À notre place, là où Il est

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            Je dois l’avouer, j’ai commencé la Semaine Sainte d’humeur assez maussade. Depuis des semaines, les actes violents graves s’enchaînent dans mon lycée : j’en parle peu publiquement tout au moins pour l’instant car je refuse que cela soit instrumentalisé à des fins partisanes par temps d’élection et puis, je ne peux évidemment pas tout raconter. En tout cas, après une semaine chargée d’oraux blancs, lundi nous avions une rencontre là-dessus mais, que dire ? Que faire quand, en vrai, on manque de moyens humains pour accompagner mieux tous ces jeunes qui en ont tant besoin ? 

 

            Dans le même temps, patatras, moi qui prévoyais d’aller à la messe chrismale de mon diocèse mardi en fin de journée... voilà que j’apprends le lundi justement que je devrai faire passer à la dernière minute des « grands oraux blancs » le mardi jusque tard (précisons que ce ne sont pas là mes horaires de travail habituel). J’étais en rogne intérieurement... Et puis, comme cela avait déjà été le cas il y a deux mois, mardi arrive et puis paf : le Seigneur est venu me rejoindre dans les nuages noirs. Avant, entre et après les oraux, des dialogues en vérité avec des élèves : Unetelle à aider dans une formalité administrative dont dépend beaucoup, Untel à encourager dans ses débuts de progrès pour qu’il ne perde pas pied, Unetelle dont les vannes s’ouvrent soudain et se mettent à me narrer les galères de sa vie... Beaucoup de dureté et pourtant la certitude paisible d’être là où je devais être pour rencontrer le Seigneur. Il ne m’attendait pas dans ma vie rêvée de consacrée, menée à la force de mes bras et de mon agenda, mais dans ma vie réelle de consacrée, très axée tout-terrain par temps boueux. 

 

            Et ce soir, comme tout le peuple chrétien, il y a une autre place où se trouver : auprès de Lui, exposé au reposoir, pour veiller et prier avec Lui. Avec Lui, consentir au réel jusque dans les horreurs.. puisque Lui y est passé, nous savons que nous n’y serons jamais seuls et qu’au bout se trouve la Vie. 

 

Saint Triduum pascal les amis ! 

 

 

mercredi, juillet 1 2020

Ablutions hydro alcooliques

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            Depuis la reprise des messes avec assemblée, je suis la personne qui fait souvent « pschitt pschitt » aux messes de semaine, comprenez la personne qui lave les mains des paroissiens avec du gel hydroalcoolique. Forcément, ce geste n’a pas été sans me faire me demander quel sens on pourrait lui donner, au-delà de la simple norme sanitaire. 

 

            J’ai d’abord pensé au lavement des pieds mais pas la même classe que Jésus qui y révèle tout entier ce que nous sommes appelés à faire : être aux pieds de nos frères pour les aimer et les servir. Mais là, ce n’est pas franchement cela qui est en jeu. 

 

Ensuite, j’ai pensé à la pécheresse chez Simon (Lc 7, 36-50). « Toi, tu n’as pas lavé mes pieds » s’exclame Jésus à Simon le Pharisien en comparaison de la femme pécheresse jugée avec mépris par celui-ci qui non contente de laver les pieds de Jésus, les essuie avec ses cheveux et les embrasse. Geste d’hospitalité que de laver les pieds après une longue marche dans la poussière du chemin… qui est en plus allé pour la femme jusqu’à ce geste d’amour. Mais y a-t-il mesure dans l’amour ? Sans aller jusque-là, celui qui vient à la messe ne pose-t-il pas un acte de foi, cette foi qui sauve la pécheresse pardonnée ?

 

            Dans une période plus récente, ce sont les mains qui ont été / sont lavées en signe d’hospitalité, bien au-delà d’une simple contrainte sanitaire : dans de nombreux monastères bénédictins, le père abbé lave les mains aux hôtes en signe d’accueil au réfectoire. Il faut dire que la règle demande d’accueillir chaque hôte comme le Christ lui-même, ce qui n’est pas rien ! Dans des traditions plus orientales, on lave les mains aux hôtes : certes parce qu’elles serviront à manger, certes pour purifier mais c’est aussi un vrai acte d’accueil et d’hospitalité. Je garde un souvenir ému de ce geste presque ritualisé qui était parfois fait par certaines familles au Maroc : il y a quelque chose de très touchant à se laisser laver les mains. 

 

Bien sûr, nos ablutions au gel hydroalcoolique n’ont pas tout à fait la même saveur. Et pourtant, et si les normes sanitaires étaient un appel profond, pour chacun, à renouveler notre accueil en Église, et à être capable de voir dans mon frère le Christ qui se rend présent ? Sois le bienvenu, toi/Toi qui te rends chez toi/Toi !

 

samedi, avril 7 2018

Pour vivre notre foi à plein corps, comme Lui !

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Coïncidence : j'ai fini de lire presque en même temps L'esprit de la liturgie du cardinal Ratzinger et Ceci est mon corps de Sr Anne Lécu. Alors, l'esprit ? Le corps ? Ce qu'il faut, c'est tenir évidemment l'équilibre entre les deux. 

Mais je me demande parfois si, moi la première, je n'oublie pas parfois notre premier lieu de rapport au monde qu'est le corps - n'y sommes-nous pas parfois invités presque malgré nous par le monde actuel ? - et c'est tout le propos de ce très beau livre : pas de vision éthérée de l'eucharistie mais une vision incarnée, en conformité avec Celui qui a dit "ceci est mon corps" avant de Le livrer tout entier pour que nous vivions. Mais cela ne reste pas un unique moment dans la semaine, c'est bien, à notre tour, notre vie entière qui est concernée afin que nous livrions notre vie à nos frères, en Eglise. 

En bref ? J'ai surkiffé énormément aimé ce livre qui n'est pas une description mais bien un petit traité incarné de l'eucharistie. Pour moi qui ai découvert la foi au pied de l'autel en servant la messe et qui y ai découvert cette vie de relation avec le Seigneur qui, plus tard, aura pris un tournant encore plus décisif dans ma vie, je n'y peux que consentir en écho... y compris aux pages plus sombres qui parlent de ces fois où nous nous sentons tout moches et n'arrivons plus bien à consentir au don qui nous est fait. 

Ce livre, il faudrait que tout le monde l'ait entre les mains, je pense, pratiquants occasionnels et réguliers : pour que nous fassions corps et devenions davantage, ensemble, Son Corps. Sans jamais l'oublier. 

 

L'homme eucharistique, c'est celle ou celui qui se fraye un chemin au milieu des embûches, malgré son mauvais caractère ou les débordements dans lesquels il se noie, pour tenter chaque jour d'aimer, un peu, et de vivre mieux qu'hier ou moins mal. L'homme eucharistique, c'est celui qui accepte un jour de perdre le sévère jugement qu'il portait sur lui-même pour recevoir dans la pauvreté cette parole que le Christ offre à tous ceux qui veulent la recevoir : "Moi non plus, je ne te condamne pas" (Jean 8, 11).

L'homme eucharistique, c'est celui qui - alors qu'il ne peut pas pardonner - espère qu'un jour, il aura le désir de pouvoir pardonner.

L'homme eucharistique, c'est celui qui abandonne la fascination pour la mort et fait un pas de côté pour que la vie soit possible. Qui, comme Elie, accepte une galette amenée par un corbeau, se relève alors qu'il se laissait mourir et entend cette parole qui accompagne - qui est ? - le pain du ciel : "Lève-toi et mange, autrement le chemin serait trop long pour toi." (1 Rois 19,7) 

Sr Anne Lécu,  Ceci est mon corps, p. 146. 

lundi, octobre 30 2017

Fioretti d'EPJ et d'eucharistie

 

Et me voici de retour de l'EPJ (Ecole de Prière Jeunes) édition 2017 ! Comme toujours le coeur en action de grâce et la tête consonnant avec le coeur et l'âme de multiples fioretti. Parmi ceux-ci, ces deux-ci... comme un moyen de vivifier notre désir du Seigneur !  

 

En début de semaine, une enfant de 7 ans qui n'avait pas encore fait sa première communion est allée communier avant qu'on ne s'en aperçoive. Des plus grands lui tombèrent alors dessus pour lui dire que ce n'était pas bien ce qu'elle avait fait et c'est en pleurs que la petite finit la messe. A l'issue de celle-ci, je la récupérai pour essuyer ses larmes et elle de me dire entre deux sanglots : "Tu sais, c'est que j'en avais tellement envie !!!" 

 

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Fin de semaine, une autre petite de 7 ans en pleurs à la fin de la messe (encore !), je la récupère là aussi : 

- Mais pourquoi pleures-tu donc ? 

- C'est parce que... parce que... moi je voulais prier ! Et F. m'a embêtée ! Je n'ai pas bien pu prier Jésus alors que je voulais ! 

- Mais, ce qui compte, c'est ce désir de prier, tu sais, c'est celui-là que Jésus regarde et il sait ce que tu as dans ton coeur. " 

... Deux parmi tant et tant d'autres... ! :-) 

 

dimanche, août 27 2017

A minima, Tu es le Trésor d'un coeur d'ancienne !

 

            L’ancienne région de Césarée-de-Philippe où Jésus se trouve dans l’épisode évangile de ce dimanche, j’ai eu l’occasion d’y passer récemment avec de belles balades à Dan et, surtout, à Baniyas. C’est magnifique mais ce fut une région marquée par l’idolâtrie. Est-ce un hasard si c’est le lieu que Jésus choisit pour demander « au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » puis le fameux « et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? ». Les uns et les autres ont des réponses qui divergent… Et ne serait-ce pas encore le cas aujourd’hui ?

 

          Césarée de Philippe, c’est un peu notre monde. Non pas seulement « eux », au loin, mais aussi « nous » avec toutes les idoles que nous nous construisons, toutes ces choses qui nous encombrent et nous détournent de « l’unique nécessaire ». Et les réponses divergent aujourd’hui encore, on pourrait les actualiser, elles seraient probablement un peu moins sympa que dans la Bible : « pour machin, tu n’es qu’une illusion ! », « Pour certains, tu n’es qu’un personnage de l’histoire », « pour d’autres, tu es un bon maître de sagesse ». « Quelques-uns enfin envient ton succès et demandent ta recette pour être un gourou autant suivi ».

 

        Certes, il y a nos croyances qui divergent, nos philosophies et nos histoires personnelles mais il y a aussi, dans nos propres vies de croyants chrétiens appelés à répondre au « pour vous, qui suis-je ? » des obstacles, des « idolâtries » faisant suffisamment écran pour nous empêcher de répondre non pas du bout des lèvres comme une ritournelle apprise mais bien avec tout notre être : « Tu es le Christ ! Le Fils du Dieu vivant ! ». Ou toute autre exclamation prononcée avec amour, avec tout le cœur et tout le corps. J’ai du mal à imaginer Pierre prononçant cette réponse autrement que se levant et s’élançant amoureusement vers Jésus. L’idolâtrie, ce sont tous nos « j’aime » possessifs, mal ajustés au « je T’aime » que nous pouvons dire au Christ.

 

            Ce midi, profitant de quelques derniers jours de vadrouille vacancières, j’ai eu l’occasion d’aller avec un ami récemment ordonné à une messe (très) anticipée du dimanche qu’il célébrait dans un EHPAD. Je suis toujours foncièrement marquée par les messes dans ce genre d’endroits où quelque chose de l’incroyable force de Dieu dans la faiblesse se dit ou, plutôt, se balbutie et s’écrit à travers les rides. J’y vis toujours l’eucharistie très différemment. Là, cela n’a pas raté et j’y ai vu comme un écho de l’Évangile : j’ai contemplé ces anciens après la communion, quelques-uns rudement éprouvés par l’âge. Certains arboraient un beau sourire, d’autres marmonnaient les yeux fermés une prière, celui-là levait les yeux au ciel et puis celle-ci, en fauteuil roulant, bouleversante, avait replié ses bras doucement sur son cœur comme si elle voulait conserver à jamais le trésor qu’elle venait de recevoir.

 

       A les regarder ainsi, j’ai souri, les considérant comme donnant la meilleure réponse qu’on puisse jamais faire à la question du Christ, Bien-Aimé de nos âmes, venu se faire pauvre avec ces plus pauvres afin de leur donner la Vie.

 

Banias - Temple of Pan 001.jpg
Domaine public, Lien

 

 

 

mercredi, mars 29 2017

Se laisser catéchiser

Avec des ados en chemin vers la 1ère communion, séance constituée d'un petit tour d'horizon général sur la messe à l'issue duquel je leur ai posé cette question : 

Et finalement, pourquoi est-ce important à votre avis que le pain durant la messe devienne le Corps du Christ ? 

- Pour nous bénir ! / Tu sais ce que cela veux dire ? / Un peu...  / Cela signifie "dire du bien" / Donc pour que Jésus dise du bien de moi et des autres ! 

- Pour qu'Il soit ma force dans toute ma vie. 

- Pour qu'Il soit en nous. 

- Pour qu'il reste en nous. 

 

"Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite" (Jn 15, 11)

      :)         

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lundi, janvier 30 2017

Comme une pauvre tache...

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Ce moment de pause qu'est la messe du soir, après une journée bien chargée. 
Communion, ce moment où je regarde mes mains : ouille, pleines d'encre. 
C'est sûr que recevoir le Seigneur dans ces conditions, c'est pas top... Et pourtant...
Pourtant, cette encre, c'est celle de mon stylo qui fuyait tout au long de cette journée où j'ai fait passer des oraux ; 
Pourtant, cette encre, c'était juste le signe humble de mon travail, rien d'autre. 
Alors présenter ce travail au Seigneur pour Le recevoir ? 
Ce n'était pas "sale" cette tache de ma tâche, c'était comme un signe très concret qu'Il vient nous rejoindre dans ce que nous faisons, dans ce que nous sommes : 
Pour qu'Il soit, au-delà des marques disgracieuses, la seule véritable encre de mon existence, afin qu'elle s'écrive selon Lui. 

jeudi, août 11 2016

Don par amour, Amour par(-)don

 

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« Ceci est mon corps,

Ceci est mon sang »

Mystère de la foi !

Que cela soit avec 5 personnes,

Que cela soit avec des millions,

Que cela soit en province, à Paris ou encore aux JMJ,

Même bouleversement du Christ qui se donne,

Même bouleversement du Christ qui se rend présent.

 

Même bouleversement intérieur,

Du Christ qui s’offre à nous par amour,

Simplement par amour.

 

Le Concile de Trente définissait la messe comme un renouvellement non sanglant du sacrifice du Christ… qu’en est-il quand il se termine, quand il s’achève dans le sang ?

Chaque messe me saisit et me renvoie désormais encore plus à cela.

 

Mystère de l’Eucharistie,

Mystère de l’incandescence du don poussé à son degré ultime, qui permet celui de l’homme, porté par cet élan d’Amour, par pure grâce.

 

Désirer le martyre ?

Certainement pas.

Désirer la fidélité, jusqu’au bout,

Désirer être porté(e) dans le don de soi-même dans le seul et unique don du Christ, abandonné, livré, par Amour ?

Certainement.

 

L’assassinat de fin juillet ne fera pas se lever des chrétiens fanatiques,

Mais l’assassinat de fin juillet sera sans doute, selon la formule de Tertullien, « semence de chrétiens » :

Des chrétiens très « radicalisés » car le chrétien, c’est celui qui cherche à aimer comme Christ, qui l’aime et qu’il s’efforce d’aimer.

 

L’assassinat de fin juillet nous fera sans doute entrer toujours plus dans le mystère de l’eucharistie, comme il y a fait entrer d’une manière ultime le p. Jacques Hamel.

Dans le don de l’Amour,

Dans le don par Amour,

Pour y entrer nous-mêmes :

Dans l’Amour par don,

Dans l’Amour sans raison, incompréhensible…

C’est celui-là même qui nous permet de prier et d’entrer 

Dans l’Amour de ceux « qui ne savent pas ce qu’ils font »,

Dans l’Amour pardon.

 

dimanche, janvier 3 2016

L’offrande, l’offertoire et l'épiphanie

 

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Quand les mages arrivent devant le Christ, ils lui offrent leurs présents.

On les connaît : l’or, l’encens et la myrrhe (non, rappelons qu’il ne s’agit pas d’une lessive ni de la station spatiale russe) ;

On connaît aussi plus ou moins leur symbolique ;

Et on connaît encore mieux les noms que la tradition a donnés à ces mages : Melchior, Gaspard et Balthazar.

On connaît aussi la tradition de la galette et…

 

Mais finalement, les mages de l’épiphanie, c’est un peu nous à la messe.

Nous sommes venus L’adorer !

Et, mieux encore, nous venons Le recevoir !

Mais nous sommes venus L’adorer… Et moi, mon présent, c’est quoi ?

 

Le problème avec Dieu, c’est qu’il n’y a certes guère autre chose à Lui offrir que des choses que Lui-même nous a déjà données :

Mais enfin, comment un père – et a fortiori un Père – ne serait-il pas fan même des petits cadeaux que son enfant lui fait ?

 

Si nous sommes comme les mages à la messe, l’offertoire, c’est un peu notre venue à la crèche à nous.

Si nous n’avons que des mains vides, peut-être pouvons-nous offrir, quand le prêtre présente le pain et le vin, tout ce qui fait et forge nos vies : de notre travail à notre famille, de nos joies à nos difficultés, de tout ce qui habite et demeure en nous,

Lui offrir un peu, voire beaucoup et si possible tout de notre vie, pour qu’Il l'emmène toujours plus en Lui.

 

lundi, août 31 2015

Le Christ venu nourrir ses pauvres

 

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C’était il y a une dizaine de jours, une simple messe de semaine.

 

C’était une simple messe de semaine : la Parole de Dieu, le Pain qui devient Corps, le Vin qui devient Sang. L’extraordinaire présent auquel on ne s’habitue jamais.

 

C’était une simple messe de semaine : l’assemblée avait plus qu’aux 9/10èmes les cheveux plus que blancs mais, pour une fois, elle n’était absolument pas clairsemée. Elle était assise, parfois dans des fauteuils roulants, parfois avachie… Et là, il y avait pourtant une telle dignité régnante que nous, les quelques valides, n’osions même pas nous mettre debout : cela aurait eu quelque chose de malvenu, de malséant.

 

C’était une simple messe de semaine où les silences côtoyaient les réactions marquées à l’Évangile – un peu fort, semblait-il, à leur goût ! -, où les prières d’intercession étaient hésitantes, parfois oublieuses de leur fin, où personne n’avait envie de rire à des réactions inconsidérées des uns ou des autres, où les réponses de la messe et le Notre Père étaient dits encore avec une certaine conviction, car sus vraiment « par cœur », appris en ce temps-là où leur mémoire fonctionnait encore aussi bien que leur cœur et que leur capacité d’aimer. Et cette dernière, elle ne s’oublie jamais.

 

C’était une simple messe de semaine dans un lieu spécialisé pour ces personnes… avant tout des personnes : oui, des prières hésitantes, avec des balbutiements, des incompréhensions, des oublis, des rappels d’un temps très passé ressortis on ne sait comment à ce moment-là, mystère de la mémoire. Des prières semblant comme un peu ratées mais pourtant tellement réussies, tellement justes…

 

C’était une simple messe de semaine qui m’a remué les entrailles. Peut-être parce que j’ai un membre proche de ma famille aussi atteint de cette terrible dégénérescence cérébrale, peut-être surtout parce que cette messe, c’était vraiment le Seigneur qui se faisait proche des pauvres, très concrètement, parce que cette messe, c’était le mystère de l’Eucharistie à l’état brut.

 

C’était une simple messe de semaine qui redisait si fort combien elle célébrait la Vie.

 

dimanche, novembre 9 2014

Subversif ? Convers-if

 

En semaine, dès que je le peux, je vais à la messe : le matin tôt, en milieu de journée quand un grand trou me le permet, ou encore le soir, fatiguée, après une bonne journée de travail.

 

A chaque fois, je me dis que c’est le moment que je préfère :

Le matin, pour m’éveiller d’une manière particulière avec le Seigneur et offrir par avance la journée qui s’ouvre ;

En milieu de journée comme pour signifier la place centrale qu’a le Seigneur au cœur et au sommet de celle-ci ;

Le soir, comme une offrande finale de tout ce qui s’est vécu en Celui qui a tout porté.

A chaque fois, je préfère ce moment que je vis mais ce n’est jamais une contradiction avec les autres que le dire : c’est juste que ce sont chacun des moments qui me réjouissent, où l’Eucharistie m’émerveille… à chaque fois.

 

Mais aussi, à chaque fois, en semaine, j’ai l’impression d’y aller un peu en clandestinité… Oh pas pendant les vacances mais en période scolaire car c’est un temps aussi fugace que fugitif, que j’ai l’impression de dérober à l’implacable marche du quotidien.

 

Et puis, la messe, et encore plus la messe de semaine, ça sonne un peu à l’oreille comme une vaste subversion du système quand on passe ses journée dans l’enseignement public… D’autant plus que je pense qu’il n’existe pas grand chose de plus subversif qu’une messe : tout y est toujours retourné par rapport à nos habituelles valeurs humaines et avant tout nous-même : l’ordre qui s’y dit est celui du don, de l’amour fou renversant tout.

C’est bon de se le dire, de se le redire quand, parfois, nous laissons l’automatisme s’installer : la messe, c’est subversif. On pourrait dire subversion, on pourrait dire révolution également.

 

Mais tout cela n’est juste que s’il y a conversion avant tous ces mots : la messe, je la reçois avant tout comme l’instrument de ma propre conversion où unissant nos vies à l’offrande de la Sienne, nous Le recevons pour apprendre à nous tourner mieux vers Lui.

Et, c’est peut-être en cela que c’est le plus subversif la messe, par la conversion même infime qu’elle provoque : je crois que ça rejaillit sur tout le reste de la journée… à chaque fois.

 

 

Avec ces chaussures, tu augmentes le degré de potentielle convers-ion au premier pas que tu poses en direction de l'église… ou pas.

(Photo ? Les chaussures de l’aumônier et de la bergère à l’école de prière le jour du Pardon… cela ne s’invente pas !)

 

lundi, décembre 9 2013

Si vous saviez...


Parfois, souvent, je pense à vous, vous mes élèves, quand je suis à l'église. 

Je me demande ce que vous diriez si vous connaissiez cette partie de ma vie qui est pour moi beaucoup plus qu'une partie : mes engagements, ma Foi… 

Enfin, ma Foi, j'espère ou tout au moins j'aimerais qu'elle transpire un peu, même un tout petit peu, malgré mon silence, malgré moi et le poids de mes péchés ;

J'aimerais même vraiment qu'elle transpire par tous les pores de ma peau. 


Aujourd'hui, vous étiez lourds, dissipés… J'ai passé plus de temps que de raison à élever la voix, à demander de se calmer, à lutter pour enseigner, pour faire grandir, un peu. 

Je n'aime pas jouer la Mère fouettarde et vous m'y obligez même si je vis souvent cela assez mal, comme un échec éducatif. 

Mais j'ai au moins autant passé de temps à vous écouter, à vous corriger, patiemment, à parler, à répéter, à noter : travail dans l'ordinaire de ma vie. 


Mais ce soir, après une longue journée, j'étais particulièrement fatiguée en arrivant à l'église, portant encore en mon coeur les heurts, les cris, les violences et encore plus vous tous qui ramez sans avancer et qui me préoccupez énormément. 


Quand je suis fatiguée, je "n'anticipe" pas ce qui va se passer durant la messe : je me laisse porter, guidée par la simplicité éducative de la liturgie qui vient me nourrir. 


C'était la consécration, j'ai repensé à vous en disant en mon coeur, "mon Seigneur et mon Dieu" devant le Pain et le Vin élevés, 

Comme si, par ma prière, c'était vous aussi que j'orientais vers le Seigneur ; 

Et je crois que c'est quand je suis à genoux, simplement, devant l'Eucharistie 

Que mon travail de chaque jour avec vous trouve son plus bel et son plus juste accomplissement. 


Si vous saviez, ô mes élèves…. 

Si vous saviez le don de Dieu ! 



dimanche, mai 20 2012

Tables spirituelles ?

 

Dans une famille où l’on aime bien souvent mesurer l’esprit à l’aune de la facétie, les mariages sont autant occasions d’agapes que de fraternelles joutes oratoires ; et mes cousins, just married, n’osèrent éteindre l’esprit - on n’oserait écrire Esprit en ces circonstances ? - en formant les noms de tables en autant de contrepèteries.

 

La mienne, curieusement, me fit sourire jusqu’aux oreilles.

 

 

 

A me demander profondément si je fus placée là ainsi, sans raison particulière, pour le simple plaisir de la contrepèterie décliné à toutes les tables différemment ; pour une raison intellectuelle, celle de l’histoire littéraire qui la signale comme la première connue chez messire Alcofribas Nasier en son Pantagruel ;  ou si c’était pour une autre raison, une raison qui a simplement nom sens propre, sans aucune contrepèterie… ?

 

Le lendemain, rentrée chez moi, je n’ai toujours pas tranché… : merci les mariés ! ;)

  

jeudi, février 2 2012

Bref : long merci

 

Bref, j’en avais marre des parodies de bref.

Ouais, bien sûr, dans la vie, on naît, on meurt et il se passe des trucs entre.

Mais pas que.

 

Bref, c’était le matin tôt,

J’ai ouvert un œil ; je devais travailler,

J’ai regardé mon réveil, l’heure m’a regardée,

J’ai refermé mon œil, j’ai redormi.

 

Bref, c’était plus vraiment le matin tôt.

J’ai ouvert les deux yeux : trop tard pour réviser.

J’ai regardé l’heure : oui, pour ça, ça l’faisait.

 

Bref, je suis allée à la messe dans ma paroisse.  

Il faisait froid, très froid, trop froid.

Le prêtre a pris la messe pour les catastrophes naturelles au lieu de la St Jean Bosco.

Pas les textes que j’avais médités la veille : pas merci mon père.  

Tant pis, j’ai été surprise,

Je me suis laissée surprendre, j’ai écouté.

 

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mardi, novembre 29 2011

Faibles forts


Je m’attendais ce matin à écouter la si belle 1ère lecture du jour (Is XI, 1-10) que j’apprécie tant. Raté : le prêtre choisit de célébrer la messe votive pour les malades et les handicapés.

 

Au lieu de prier avec les textes attendus, j’ai dû en écouter d’autres qui se répondaient et me laisser surprendre par eux. Et, parce que les circonstances le voulaient, me laisser toucher et porter par eux : clin-Dieu…

 

« Mais il m'a déclaré :

« Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. »

Je n'hésiterai donc pas à mettre mon orgueil dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi. C'est pourquoi j'accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort. »

 

Paroles de folie ; paroles de Foi ! 

 

Nous faisons tous, un jour ou l’autre, l’expérience de la faiblesse,

Chez l’autre, mais aussi en nous ;

Expérience de l’inquiétude, expérience de l’angoisse,

De se sentir dépassé, sans pouvoir faire ce que l’on avait prévu ; 

C’est la maladie ; c’est la blessure ;

C’est la faiblesse insupportable.

 

Et c’est le moment favorable pour se confier et se reconfier à Dieu

C’est le moment non de la résignation mais de l’accueil en une confiance renouvelée :

Le moment, souvent craintif, souvent dans le noir, du « que vivrai-je ? Je ne sais… mais avec Toi, mon Dieu ; avec Toi ».

 

Ce matin, cette messe si priante,

C’était le moment de prier pour tous les malades de ma paroisse, puis pour tous ceux que je connais, mais aussi pour chaque être humain, si vulnérable…  

Et donc pour moi, aussi :

Que Sa Force donne chaque jour sa mesure dans ma faiblesse !

 

C’est cette présence du Christ que nous nous préparons à accueillir par cet Avent,

De ce Christ si petit, si vulnérable, qui n’aura d’autre force que celle de l’Amour

Qui nous dira qu’il n’y en a pas de plus forte que celle-ci, si admirablement faible,

Dans l’humilité de la crèche à laquelle répondra la souffrance de la croix.

 

Dans ce temps de l’Attente, dans ce temps de l’Avènement,

Que Sa Force résonne dans notre faible humanité

Dans notre faible mais belle humanité,

Qu’il n’a pas dédaigné de prendre pour nous illuminer,

Et, surtout, pour nous sauver.

 

mercredi, août 3 2011

« La France, pays de mission » : pour nous tous, ici comme là !

croisement inattendu de vies à la rencontre du Christ

 

Je n’aime pas le jeunisme, particulièrement dans l’Eglise catholique. Si je trouve bon que chaque tranche d’âge puisse se retrouver périodiquement pour grandir et vivre leur Foi avec les problématiques propres au moment de leur vie, je trouve important que tout le monde soit réuni pour prier ensemble, surtout pour la messe. Par définition, je ne vais donc pas là où « c’est cool parce qu’il y a des jeunes », je vais simplement à la messe paroissiale tant je trouve belle et tellement importante cette diversité du peuple de Dieu. Richesse infinie que nos pauvretés et nos dons partagés !


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mercredi, avril 20 2011

Des coquillages dans la cathédrale...

Il est 6h45. Je traverse les ruelles d’une ville encore tout ensommeillée que je connais seulement de l’avant-veille.

 

Le cœur léger et joyeux de cette escapade matinale, je monte peu à peu les degrés qui me séparent de cet édifice qui m’a tant impressionnée. Un escalier gigantesque vers cette cathédrale que les siècles ont façonnée par l’intermédiaire de milliers et de milliers de pèlerins…

 

Je pousse une porte, doucement : l’intérieur est illuminé, mais calme et silencieux. Au fond du chœur, une vierge noire. Dans la nef, déjà, des fidèles : des personnes assises curieusement, avec un gros sac à dos et un look à frémir. Ils sont une bonne quarantaine et, entre deux dos, l’on aperçoit quelques coquilles saint Jacques... j’en souris.  

 

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mercredi, février 23 2011

Espace de liberté + espace de fragilité = espace christifié

 

Les espaces de liberté se font rares lorsque les mois filent et approchent de l’échéance : il est du devoir de l’agrégatif de les recréer pour parvenir à respirer. L’un des miens est d’aller – oh, quand je le peux, certains jours – à ces messes de semaine : courtes, petites, sans gloriole ni trompette mais que j’apprécie tellement parce qu’elles m’aident à réinscrire sans cesse l’Essentiel dans ma vie.

 

Le 22 février, c’est une date un peu particulière pour moi et la messe y fait toujours partie de mon agenda, aussi chargé soit-il. Hier en fin de matinée, une panne d’oreiller, un concours de circonstances me fit aller non dans une de mes « paroisses de semaine » mais dans la mienne : ce concours de circonstances était finalement heureux ou, comme l’a dit mon vicaire conceptuel d’un sourire en me voyant arriver, avec une formule lapidaire dont il a le secret : « t’as bien fait ».

 

On fait toujours bien d’aller à la messe, je le sais bien, pas la peine de me le redire, padre enfin !

 

Ma présence rajeunissait de quelques décennies l’assemblée du jour, qui se comptait hélas sur les doigts des deux mains, dans une paroisse désertifiée (ah, les vacances scolaires !). Là, je sentis combien c’était bien ainsi, que j’avais eu vraiment raison de venir ici prier avec eux, les fidèles parmi les fidèles. Prendre exemple sur leur fidélité et leur apporter par ma petite présence l’inattendu de la jeunesse.

 

Sourires mutuels, salutations à chacun : petite communauté aux liens solides, tissés dans la fidélité et dans l’amitié.

 

Et puis, surtout, elle, là assise, sans force pour se lever.

Elle qui avait la tête baissée, les mains empêtrées dans son chapelet.

Elle dont les cheveux à moitié en bataille recouvraient le regard, visiblement perdu, un peu égaré.

Elle, qui allait recevoir le sacrement des malades, ce jour, maintenant, à cette messe.

 

« Zabou, viens m’aider »

Tenir le rituel pendant l’imposition des mains.

Tenir l’huile pendant que son front et ses mains étaient oints.

Regarder, admirer de toutes ses forces ce qui se jouait là.

Et prier, surtout, pour que le Christ soit sa Force,

Prier de toutes ses pauvres forces.

 

Être émue, profondément émue

De la confiance tranquille de celle qui recevait ce sacrement.

De la douceur de celui qui le lui donnait…

Quelque chose de tellement grand et de tellement simple se passait à côté de moi et j’avais la chance d’en être témoin.

 

Et puis surtout voir ce regard  fuyant se transformer soudain en regard rayonnant,

Un sourire aux lèvres revenu, des yeux emplis de gratitude.

Fantastique simplicité du geste où  le Christ advient :

Que le Christ soit sa force, toujours !

 

J’avais bien fait de venir, ici et non ailleurs, ce matin-là, oui.

 

vendredi, octobre 22 2010

Flambée furtive en mon cœur

  

Que de bruit soudain ! Elle était en retard. Et moi qui tentais de me recueillir ! De prier au milieu d’une journée pleine de cours et de stress en venant vivre cette messe de semaine, cette messe de midi, dans le calme. Elle arriva en boitant un peu, s’assit à côté de moi, juste à côté même, et je dois dire que cela m’agaça: il y avait pourtant de la place ! 

 

La messe avait déjà commencé et nous approchions de l’Evangile, de cette Parole de Dieu qui, quand on y prête attention « de l’intérieur », a toujours une petite chose à nous dire. Surtout quand on ne s’y attend guère. Et, comme toujours, ce fut le cas tandis que ma voisine se mit à renifler assez bruyamment. (Ne pas s’énerver, ne pas s’énerver… méditer la Parole, prier, dans le calme). Intriguée tout de même, je jetai un rapide regard à gauche pour voir de qui il s’agissait et je fus un peu surprise de son âge : les rides marquaient son visage avec une profondeur douce, telle que seul sait donner le grand âge. Je me calmai un peu.

 

Offertoire : s’y associer par son être. Se laisser porter par la prière eucharistique. Sanctus : prier par sa voix, avec ceux ici présents, y compris ceux qui ne sont pas visibles. Epiclèse et consécration : prier avec son corps et se mettre à genoux, devant un si grand Sacrement.

 

Ma voisine restait assise. C’est alors que son téléphone portable sonna. Encore du bruit… Bon, c’est vrai, cela arrive à tout le monde mais elle, elle ne l’arrêtait pas. Je détournai mes yeux de ce qui se passait à l’autel tant le téléphone continuait à sonner : en réalité, c’est tout simplement qu’elle n’entendait pas. Et c’est là que je la vis, elle qui était assise, faire un effort pour se lever. Un effort difficile, qui lui coûtait visiblement mais qu’elle tenait à faire. Elle s’y prit à deux reprises et, une fois levée, inclina la tête pour retomber sur sa chaise. Elle recommença la même manœuvre pour l’élévation du calice alors qu’elle ne devait pas entendre les paroles de la Consécration. De mon côté, je n’entendais plus le portable : j’étais dans l’admiration d’un Amour que je devinais à ses quelques gestes.

 

Son pas incertain pour aller communier n’avait alors plus la même saveur : il était non pas celui quelconque d’une qui suivrait simplement un flot, mais bien la marche d’une aimée, aimante. Elle partit dès la bénédiction finale, effacée, regagnant sans doute un chez-soi pas trop lointain mais qu’elle avait fait l’effort de quitter juste le temps d’une messe.

 

Quand le Christ viendra, trouvera-t-il la Foi sur la terre ? Je ne sais pas… mais chez cette femme, certainement, oui, et malgré tout, je le crois.

 

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