Vatican vertigo
Par Zabou le mardi, septembre 13 2011, 23:59 - Lien permanent
Habemus papam ! Je ne me prends pas pour le cardinal protodiacre mais je parle bien évidemment du récent film de Nanni Moretti.
Habemus papam : je n’aime pas non plus que le film se termine par le retrait du pape, par le début d’une vacance puis ce titre apparaissant immédiatement sur l’écran, suggérant que le seul pape possible, le seul pape régnant déjà dans un monde empli de vacuité et de psittacisme théâtral, c’est le vide…
Et pourtant, pourtant, j’ai été touchée par ce pape qui ne veut pas l’être incarné à l’écran par un immense Michel Piccoli.
Mais il n’y a pas que la charge pontificale qui peut sembler écrasante : chacun d’entre nous, pour accueillir une mission, pouvons nous sentir comme ce pape, d’abord écrasé, puis fuyant ce qui est demandé.
Oubliant que ce qui est demandé est aussi donné…
Donne ce que Tu commandes ; commande ce que Tu veux. » (Saint Augustin)
Cela est suggéré dans le film mais comme noyé par le frou-frou des cappa magna se frottant aux envolées lyriques du psychanalyste ayant un grain alors qu’il s’agit de l’essentiel.
On dit que le pape a une salle des pleurs à côté de la chapelle Sixtine quand il accepte sa charge… Cela a dû arriver à plusieurs cardinaux de pleurer en s’habillant pour la première fois tout de blanc mais ils ont prié, ils ont dit oui et ont alors avancé, confiants, pour répondre à l’appel qui leur était lancé. Parce qu’ils savaient que ce n’était pas sur leurs propres forces qu’ils allaient devoir et pouvoir s’appuyer.
Finalement, en forçant trop les traits d’un monde d’où la Transcendance semble en exil – et a fortiori, ce Quelqu’un en qui nous croyons – le film de Nanni Moretti a, au-delà du réel plaisir esthétique qu’il nous offre, le mérite de nous renvoyer, chacun, à notre condition de pécheurs indignes et incapables, certes, mais pécheurs pardonnés et rendus capables de tout en Celui qui nous appelle.
Commentaires
Oh, c'est vrai? ça arrive qu'on ait envie de fuir ce qui nous est demandé?
Voilà pour le mode plaisanterie; plus sérieusement, merci pour ce billet!
J'ai, comme vous, beaucoup apprécié le film, mais bizarrement ? (hum !) occulté l'écho qu'il pourrait nous renvoyer quand nous refusons, nous aussi, une mission, aussi humble soit-elle... Merci de votre éclairage en ces temps de rentrée plus ou moins vigilante... - et merci à Nanni Moretti pour l'effet paradoxal de son film ?!!!
Monseigneur Podvin : c'est un pseudo ça !
@ Isabelle : ben jamais, c'est bien connu justement ;-)
@ Fanfan : je ne pense pas que cela ait été le but de l'auteur mais cela m'a "renvoyé" à cela pour ma part : l'occasion de vous le partager !
@ Christophe : les ouvriers de la vigne, tout ça, tout ça... ;-)
à CRISTOPHE : non j'le connais, c'est le cousin germain de ma copine, et c'est vraiment son nom : il est porte-parole des évêques de France !
Comme d hab... Intéressantes et éveillant es tes pensées... Une dimension toute humaine à une histoire qui ne l'est pas moins et qui aurait, sans doute,