Zabou the terrible

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Et si, entre le silence et les bruits... ?

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Comment ne pas être touchée par ce qui se passe actuellement autour du Primat des Gaules ? Comment ne pas être touchée dans le même temps dès qu’un scandale de pédophilie éclabousse notre Église ?

 

Je ne peux pas être d’accord avec ce qui s’apparente présentement à un lynchage en bonne et due forme du cardinal, un lynchage où les médias et les politiques semblent se répondre avec une escalade de violence jusqu’à demander, sans forcément connaître l’affaire, une démission de cet homme. Que diable, il est cardinal : c’est clerc et forcément pas clair ces bestioles-là.

 

Mais que cela soit clair, justement, je ne peux en aucun cas non plus cautionner un acte aussi grave que la pédophilie. C'est une honte ! Un acte gravissime qui brise des vies ! 

Je ne peux que reconnaître que, dans l’Église, il a trop souvent régné sur ces affaires la loi du silence. Pour étouffer tout cela et ne pas nuire à la réputation de... C’est grave et il faut le dire : nous n’avons pas le droit au silence ! Ne pas se taire : pour les victimes, avant tout, pour les aider à se reconstruire. Mais il faut le dire aussi pour les chrétiens : un chrétien, ce n’est pas quelqu’un appelé à une vie médiocre, c’est quelqu’un qui est appelé à la sainteté… un chrétien qui n’aide pas son frère en détresse, c’est un contre-témoignage. Un chrétien qui se tairait sur ce genre d’affaires, c’est pire qu’un contre-témoignage : c'est un complice, en état de péché grave.

 

Le chrétien n’est pas appelé au silence : il est appelé à écouter, à suivre le Verbe de Dieu et à Le proclamer.

 

En revanche, si je ne suis pas d’accord avec le silence, je ne suis pas d’accord non plus avec les « bruits », ces choses qui courent, qui se disent sans fondement et qui ne provoquent que médisance et mépris croissants. On attaque comme si c’était le cardinal qui avait commis les actes en personne, on attaque comme si la présomption d’innocence n’existait pas, on attaque comme si l’affaire était déjà entendue, jaugée et jugée et qu’on avait déjà à prononcer un verdict.

 

Je ne connais pas l’affaire et ne m'étendrai donc pas sur ce que j'ignore : mais il faut tout de même reconnaître que Mgr Barbarin n’était pas archevêque de Lyon au moment des faits… on ne demanderait pas la démission du ministre actuel de l’Éducation Nationale ou du recteur de telle académie lors de la découverte de cas de pédophilie d’un prof remontant à des années où il ne l’était pas encore. Pas pareil ? Certes : le chrétien a un idéal de sainteté et, par là même, une exigence d’exemplarité s’il veut témoigner. Mais il y a aussi une exigence d’humanité et c’est à nous tous de la respecter.

 

Je ne sais pas quelle est la part de responsabilité de cet homme :

Ce que je sais, c’est que je lis des réactions aux tons de plus en plus énervés, partant inconsidérées.

Ce que je sais, c’est que j’ai reçu une proposition de pétition à signer demandant la démission du cardinal.

Ce que je sais, c’est que les bruits ne font jamais de bien : ils sont cacophonie et n’éclaircissent jamais les esprits.

 

Il me semble qu’entre le silence oppressant et le bruit médisant, il devrait y avoir place à l’écoute et à la parole. Celles des victimes, celles des témoins, celles des accusés et celles des juges.

 

C’est un peu comme dans l’Évangile de dimanche dernier avec la femme adultère : il a fallu écarter les bruits véhéments pour accéder à la Parole… Il a fallu écarter les bruits pour que le silence de la pécheresse s’ouvre aussi à la Parole et qu’elle puisse entendre et s’exprimer.

 

Laissons la justice faire son travail.

Et nous, prions pour les victimes et pour leurs agresseurs,

Prions pour les juges et pour le cardinal Barbarin ;

Et que chacun d’entre nous grandisse sur son propre chemin de conversion, en écoutant Sa parole. 

 

Commentaires

1. Le mardi, mars 15 2016, 22:27 par Patrick Pique

Je me retrouve bien dans votre billet. Merci

2. Le mercredi, mars 16 2016, 09:28 par camille-madeleine

Les bruits ne font pas de bien ...
Alors, même si des paroles prononcées en leur temps par Mgr Barbarin m'ont profondément et durablement blessée, je choisis de me tenir à l'écart de cet emballement médiatique. Par ailleurs je sais, à titre personnel, combien la décision de faire un signalement au procureur pour des faits suspectés est chose difficile, délicate, douloureuse qui demande un grand discernement dans la discrétion.
D'autre part, il me semble que l'institution paye chèrement un dévoiement du message évangélique qui, des siècles durant, a confondu vie chrétienne et morale sexuelle.

3. Le mercredi, mars 16 2016, 10:37 par Chantal

Merci pour cette parole qui fait du bien au milieu de cette cacophonie médiatique. Prions pour que la lumière puisse se faire dans un climat d'écoute, que le discernement prenne le pas sur le jugement et que chacun puisse se reconstruire.

4. Le mercredi, mars 16 2016, 13:33 par Marie Coulon

D'accord sur tout.

Autre chose m'étonne. La Justice punit peu et réinsère. Ou essaie. Le père prof d'une gamine de 6e , abusée 1 an par son père, a été condamné à 4 ans de prison. Sorti avant. Je ne sais pas si c'est juste ou injuste. Mais pq la pédophilie serait-elle la seule faute "irrédimable"? Pcq ce serait le seul tabou qui reste, donc cristallisant la vindicte, la vengeance?

Des âmes croyantes et incroyantes m'ont parlé de castration, de peine de mort " dans ces cas", sans remords!
Je trouve que le bruit est, en effet, aussi grave que certains silences que l'on a dits "pieux"..

5. Le mercredi, mars 16 2016, 16:22 par Marie Coulon

Je reprécise ma pensée, envoyée maladroitement avant relecture.
Autre chose me préoccupe: la violence des réactions. Celle-ci est liée à l'anticléricalisme et à la volonté de faire payer ses positions anti MPT au Cardinal et à l'Eglise toute entière, mais pas seulement. Il y a autre chose.
Je ne peux m'empêcher de penser que, la pédophilie étant le dernier tabou qui nous reste, nous nous précipitons sur les personnes pédophiles en hurlant à la mort, à la castration et autres horreurs (Entendues ces jours-ci).
Bien sûr, il faut punir les actes de pédophilie, qui sont des actes graves. Mais je m'interroge sur la vindicte populaire. Dopée par l'anticléricalisme et hélas, par les silences de l'Eglise, cette vindicte sonne comme des appels à la vengeance personnelle. Un peu comme si, n'ayant plus de freins, de tabous, de lois, nous nous sentions investis de la mission de hurler avec les loups contre les personnes pédophiles.
Pourquoi ne pourrait-on pas évoquer à leur propos la réinsertion, le pardon? Pourquoi les personnes pédophiles incarneraient-elles le Mal absolu?
Il faut punir les actes, c'est évident. Mais il faut aussi laisser une place à la personne, la décoller de ses actes, pour lui laisser une chance.
Et alors que la justice parle de réinsertion, alors que les pères pédophiles sont peu condamnés (cf. un procès auquel j'ai assisté: un an de viols commis par un père (prof) sur sa fille de 11 ans= 4 ans de prison, dont trois effectuées), la rage de vengeance qui s'empare de personnes qui n'ont rien vécu de tel ni d'un côté ni de l'autre me paraît stupéfiante.

Alors que le reste du temps,notre justice est plutôt clémente et appelle à la réinsertion, et alors que nous, cathos, parlons de pardon, il y aurait, en matière de pédophilie un impardonnable?

Je ne parle volontairement pas des victimes ici, et je m'exprime sans doute de façon légère, voire maladroitement, parce que c'est une question très difficile; nous avons d'ailleurs tous un inconscient qui nous taraude (et à ce titre, juger le lapsus de Barbarin relève de la police de la pensée). Mais cette violence-là qui s'étale dans les journaux et Twitter me déplaît tout autant que la violence pédophile. Elle en est peut-être la soeur inavouée.

6. Le vendredi, mars 18 2016, 17:42 par L.

Hum, il y a un point avec lequel je ne suis pas d'accord : ton parallèle avec un ministre n'est pas juste car ce qu'on reproche au cardinal n'est pas qu'il n'ait pas condamné le prêtre pour des faits passés. Ce qui est reproché au cardinal en question (et devra effectivement être établi par l'enquête et la justice, car pour le moment, il est présumé innocent) est d'avoir laissé un prêtre en exercice alors qu'il avait connaissance de son passé d'attouchements sexuels : la connaissance de ce type de passé devrait donner lieu à des modalités d'écartement de toute activité impliquant des interactions avec des enfants et des jeunes extrêmement claires et précises, et les mêmes dans tous les diocèses. Est-ce un lynchage médiatique de le dire ?
Que les aveux du prêtre concerné n'aient pas conduit à faire cesser ses fonctions n'est ni admissible, ni compréhensible (Aucun accompagnement spirituel pour conduire le prêtre concerné à la sage décision de se retirer hors de responsabilités dans l'Église ?).
Le lynchage n'est absolument pas mon intention, mais ce type de retrait des fonctions est une volonté et une exigence minimale que pourrait avoir tout parent voulant inscrire son enfant à des activités organisées par des religieux.
Non ?

7. Le samedi, mars 19 2016, 00:07 par Zabou

Les commentaires sont riches et je n'ai malheureusement guère de temps devant moi pour y répondre de manière complète, ayant une inspection à préparer, et une Semaine Sainte dans laquelle entrer : veuillez par avance m'en excuser. 

 

De manière générale, je rappellerais que ma réponse principale est tout de même de laisser travailler la justice, en cessant de répercuter les affirmations médiatiques péremptoires et véhémentes. S'il y a lieu de s'indigner sur le cardinal (parce que pour la pédophilie, il y a toujours lieu de s'indigner, évidemment : je le redis au cas où car je ne minimise absolument pas les faits), il y aura l'occasion de le faire. 

 

Je ré-précise aussi que, si j'ai lu pas mal d'articles à ce sujet (en positif et en négatif), je n'ai quasiment aucune connaissance de première main sur cette affaire du côté judiciaire donc je ne m'embarquerai pas dans les détails donnés actuellement par les médias, visiblement trop souvent bien douteux. C'est à mon sens une question d'honnêteté intellectuelle. 

 

En revanche, l'excellent ami Koz fait de belles recherches là-dessus et met à jour que les choses ne sont pas aussi simples qu'elles en ont l'air avec une affaire toute cuite. Lire sa page facebook à ce sujet n'est donc pas un péché : https://www.facebook.com/koztoujours/ 

voir aussi le récapitulatif fait par le journal 'La Vie' : http://www.lavie.fr/actualite/france/affaire-barbarin-ce-que-l-on-sait-18-03-2016-71582_4.php

 

@camille-Madeleine : pour les premiers points, c'est à vous de voir si vous souhaitez en parler ou pas... Mais je suis en tout cas désolée des blessures que vous avez pu connaître. Pour la dernière remarque, c'est à mon sens se focaliser sur une partie de l'Église en oubliant le reste. Certes, il y a bien souvent eu une tendance au puritanisme... Et, dans le même temps, certains se passionnaient/vivaient pour la mystique ou traduisaient toujours plus le cantique des cantiques ! Je caricature aussi un peu, il est vrai, en disant cela mais je pense qu'il y a là aussi eu de véritables jeux médiatiques à vouloir se focaliser sur "Église et sexualité" dans ses aspects négatifs, en oubliant tout ce qu'elle dit d'une part de beau à ce sujet et d'autre part en oubliant de diffuser le cœur du message christique qu'elle a charge de vivre (enfin, c'est tout au moins son but) et de répandre. 

 

@ Marie coulon : tout à fait d'accord. Les propos de Mgr Daucourt dans son récent ouvrage 'La miséricorde pour tous... Sauf pour les prêtres ?' – dont le seul défaut est à mon sens son titre qui peut prêter à confusion alors qu'il y a une vraie recherche de justice et de justesse – consonnent bien aussi ! 

 

@L. : sur l'affaire, attention, ce n'est pas aussi clair... Je préfère attendre d'y voir plus clair pour me prononcer : regardons si dans le cas évoqués, le prêtre a avant tout été écarté du contact de mineurs car c'est cela l'essentiel. S'il y a lieu que la justice fasse son travail et qu'il y ait sanction, réparation, soin, etc. et que c'est prioritaire, il faut aussi rappeler que si certains cas nécessitent de fait la réduction à l'état laïc, ça dépend pour d'autres : Prêtre n'est pas un métier, c'est une vocation, un grand amour qui prend normalement toute la vie... Attendons là encore, avec prudence et discernement de voir ce qui fut et fut fait. 

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