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Covid et coeur abattu

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            C’est vrai que, pendant le confinement, des liens différents se sont tissés avec nos élèves, au gré de confidences qui excédaient parfois de loin les échanges que nous aurions eus en temps plus ordinaire : la vulnérabilité commune et l’éloignement physique, induit par les écrans et le téléphone, autorisaient des conversations profondes, où la pudeur s’estompait de temps à autre pour parler de ce qui était trop dur dans leurs vies. Il serait d’ailleurs intéressant de relire à cette aune le confinement et je me demandais également, après avoir traversé ensemble tout cela, comment seraient les relations à la rentrée. 

 

            Dans les couloirs, c’est facile en échangeant quelques mots ; dans ma propre classe, j’en ai quelques-uns qui sont « anciens » élèves de l’an passé mais pas trop : cela va bien mais il est vrai qu’il y a quelque chose d’une confiance plus profonde qui s’est établie. Parmi ceux-ci, il y a un filou au grand cœur, malin, intelligent, quelques soucis de discipline mais jamais rien de grave et plutôt envie de lui tirer les oreilles quand ça lui arrive pour le remettre sur le droit chemin. Sa situation personnelle, comme beaucoup de mes élèves, comporte des traits à faire pleurer dans les chaumières : sauf qu’il ne s’agit pas d’un moyen télévisuel facile pour provoquer la compassion, c’est juste la vérité. 

 

            Nous avions parlé ensemble déjà du virus qui nous préoccupe parce qu’on savait, lui comme moi, à quel point dans son cas c’était particulièrement dangereux : sa mère l’élève seule et elle est malade. Alors s’il y en a bien un qui ne rigole pas quand je grogne et vitupère avec ardeur dans les salles pour obtenir le port du masque par tous -et-pas-en-mode-glissé-par-dessous-le-menton-zut-à-la-fin !, c’est bien lui. 

 

            Or, vous voyez, c’est notamment un de ces gars que j’ai embarqués sous le bras (enfin, euh, métaphoriquement) tout à l’heure parce qu’il n’allait pas bien du tout et que cela ressemblait bigrement toujours à un certain virus. J’étais bien embêtée et j’ai carrément eu le cœur fendu quand il m’a dit ce à quoi je pensais déjà : « Madame, vous savez… enfin, vous savez : si j’ai ça, je ne veux vraiment pas le transmettre à ma mère ».  

 

Alors, oui, je râle et continuerai à râler sur les mesures non prises ou non respectées, sur la croissance du virus dans nos établissements scolaires (tenez, allez voir cette carte collaborative par exemple : https://www.google.com/maps/d/u/0/viewer?mid=1qSrisw1eZhc_imfnmmIvqeq9jjZG7VY1&ll=48.390625604709925%2C6.537248840773245&z=4 ) mais ce n’est pas que pour le principe : c’est aussi parce qu’au-delà de la santé qui reste un enjeu crucial et clairement urgentissime, ils broient les cœurs de ces sacrés lascars qui sont mes élèves, qui peuvent être les vôtres, vos enfants ou ceux de vos proches. 

 

Je crois d’ailleurs aussi que, dans cet amour manifesté, il y a quelque chose de sacré, un peu du Seigneur à travers les plaies de l’inquiétude, et sans doute cela me donne-t-il de l’espérance : parce que ma foi me dit que cet amour-là ne sera jamais perdu ; parce que je crois aussi que le Seigneur, même s’ils ne Le connaissent pas, est auprès d’eux deux, comme de tous ces « petits » qui sont Siens, même si c’est de nuit, même si c’est en apparence de loin, mais Il n’en demeure pas moins là, tout proche du cœur brisé et de l’esprit abattu. 

 

Commentaires

1. Le mardi, septembre 22 2020, 08:02 par Cat Bagory

Merci Isabelle de ton témoignage. Sois assurée de ma prière pour ta mission de professeur. Sois assurée de ma prière pour ton grand gaillard. Que le Seigneur vienne le rassurer lui et sa maman.

2. Le mardi, septembre 22 2020, 18:28 par Yayon

Je suis partagée et un poil en colère par le discours des "gens" (souvent le gouvernement mais pas que) on annonce un relâchement des dits protocole alors que dans pleins d'écoles de maternelle au lycée on note une foule de malades peut-être pas de C19 certes mais qd même nos enfants sont avec leurs enseignants et aides scolaires personnel d'entretien en première ligne et eux qui les applaudis? qui les respectent?

Nous sommes tous les 5 pathologies à risques surtout mon mari et moi vu que nous sommes"adultes" mais honnêtement est ce que ça vaut vraiment le coup ?
J'ai parfois quand j'entends le nombre de covid envie de dire stop je garde tout le monde à la maison avant qu'il soit trop tard. Mais moralement je ne pourrai pas tenir mes enfants non plus alors on vit écartelé et en perpétuel conflit intérieur entre sauver sa santé physique et sa santé moral et psychique.

Honnêtement c'est ce qui mepuise et me révolte le plus cette sensation d'évoluer sur un fil tendu au dessus du vide et que un grain de sable nous face basculer dans le vide. Cette tension perpétuelle ne trouve d'apaisement que dans la prière puisque je n'ai tjs pas pu retrouver le chemin des sacrements...foutu covid

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