Zabou the terrible

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Il changeait la vie

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            Vous connaissez sans doute cette chanson de Jean-Jacques Goldman « il changeait la vie », probablement un peu optimiste et simpliste mais je l’aime bien et je me dois de vous avouer qu’il m’arrive souvent d’en fredonner intérieurement le couplet sur les profs en franchissant les grilles du lycée le matin comme une manière de me donner du cœur à l’ouvrage quand la situation semble bloquée avec tel élève, que j’ai touché mes limites dans une situation d’enseignement complexe ou encore que j’ai capitulé d’un sourire devant tous ceux qui m’assènent leur avis avec assurance sur mon métier ou « la banlieue » et que j’en ai le cœur peiné. J’aime bien cette chanson parce qu’elle me redit de manière simple l’essentiel de mon job comme une bonne vitamine matinale : 

 

            « C’était un professeur, un simple professeur, qui croyait que savoir était un grand trésor ; que tous les moins que rien, n’avaient pour s’en sortir, que l’école et le droit qu’a chacun de s’instruire. Il y mettait du temps, du talent et du cœur, ainsi passait sa vie au milieu de nos heures. Et loin des beaux discours des grandes théories, à sa tâche chaque jour, on pouvait dire de lui : il changeait la vie ». 

 

            Le plus beau d’un métier de prof, vous savez, ce n’est peut-être pas tant ces « merci » que l’on reçoit parfois mais probablement plus, dans les moments partagés, ces instants fugaces mais nombreux où nous avons vu une conscience s’éclairer, comme une lueur au fond d’un regard : Untel a compris un truc et sa vie n’en sera jamais plus tout à fait la même. C’est une joie immense de voir ces traces fugitives d’une croissance de l’être et, pour nous, c’est vraiment le cœur de notre métier : donner tous les outils possibles pour que nos élèves soient de futurs beaux humains, libres et éclairés dans leurs choix, même si nous ne sommes que de simples moyens au service de cette croissance, nous relayant les uns et les autres au fil d’une scolarité. 

 

            Ce collègue assassiné ce soir, Samuel, était un professeur, un simple professeur… S’il a donné sa vie, je suis sûre aussi qu’il en a marqué de nombreuses. C’est pour la sienne mais c’est aussi pour toutes celles-là que je veux prier ce soir : car sa mort, au-delà de l’horreur et de tout le processus judiciaire qui devra suivre son cours, est aussi un rappel de l’importance de notre métier, de son urgence fondamentale dans la société pour la vie de tous les « petits » qui nous sont confiés. Alors, merci Samuel de ce que tu as fait dans ce métier bien plus beau et grand que toutes les « caricatures » qu’on en fait : merci d’avoir été un vrai prof, à ta place chaque jour, à ouvrir tes élèves au monde qui les entoure, simplement à changer leur vie.  

 

Commentaires

1. Le samedi, octobre 17 2020, 07:42 par Chantal

Merci Zabou pour ton billet. Je crois que je vais le lire ce matin pour ouvrir l'Assemblée Générale de Chrétiens dans l'Enseignement Public, si j'y arrive, tellement il me prend aux tripes. En union de prière.

2. Le samedi, octobre 17 2020, 16:29 par Yayon

Votre métier passionnant passionnés dans tous les sens du terme même celui de la croix comme celle de ce professeur.

Merci et courage. Pourvu que l'on oublie pas qu'il ya des gens à protéger en France, on paye le prix de nombreuses années de permissivité.