Zabou the terrible

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Qui jettera la pierre ?

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croix soleil levant

                J’en ai marre de ces pseudo-débats sur le rôle de la femme… surtout en liturgie. Où les tensions théoriques sont plus présentes que l’expérience, que le vécu. Alors, puisque quelqu’un en plaisantant sur le questionnant billet « où sont les femmes ? » des sacristains en faisait la remarque : « pourquoi pas un prochain billet sur la liturgie écrit par une femme ? », je le fais, de façon un peu lointaine, et chez moi encore.  Parce que c’est brûlant comme le montrent les commentaires du pourtant beau billet du P. Emmanuel Pic, je parle, et pas dans une optique de combat mais dans celle d’un témoignage : celui d’une « fille servante d’autel ».



                Et pour une fois, au lieu d’effleurer simplement mon « moi », ce billet en sera barbouillé jusqu’à plus soif… à moins qu’il ne le soit de la grâce de Dieu. Ou des deux.

 

                Je suis née dans une famille catho-aristo-pas-croyante-pour-2-poils, avec en sus des parents divorcés en bas-âge, pas trop contents de ce que l’Eglise disait d’eux (enfin, ce qu’ils croyaient que l’Eglise disait d’eux, mais c’est un autre débat).  C’est dire si la foi, à la maison, c’était ça… La messe étant gamine, c’était celle de Noël quand j’étais chez maman sinon non ou parfois avec les grands-parents l’été. Bref, je ne vais pas vous raconter ma vie quand même. Quand j’ai eu l’âge, avec un an d’avance comme à l’école pour faire pareil, l’on m’a mise au caté parce que « ça permet d’avoir des valeurs et une culture », puis parce que ça se faisait dans ma famille : « ma fille, je t’oblige juste à aller jusqu’à ta profession de foi ». Ok.

 

                Bon, le caté, c’était cool, mais, entre nous, j’ai jamais vraiment accroché, je m’éclatais à apprendre par cœur les prières affichées au mur. Et, en CM2, le vicaire qui nous faisait le caté a demandé des jeunes pour servir la messe. Je me suis dit : « Ah tiens ? ». Inutile de dire que je n’en étais pas à me dire « oulàlàlà, ça va être rigolo de prendre la place des garçons ! », ça me semblait naturel, logique. Alors, je me suis installée dans la sacristie et, depuis, je ne l’ai jamais plus vraiment quittée.

 

                Dans le groupe qui se constituait et que je rejoignais, il y avait des filles et des garçons. Et, non, messieurs-dames qui en êtes persuadés, les gentes demoiselles n’ont pas fait fuir les garçons… et réciproquement d’ailleurs. Et cela dure depuis 1994 ! Donc, alléluia, c’est possible !

 

                Ce que je découvrais ? Ca fait trop de dire « Dieu » ? C’est pourtant cela, ou plutôt, c’est bien Lui. C’est là, au pied de l’autel, que j’ai grandi, c’est là, proche de Jésus dans l’Eucharistie que j’ai découvert la Foi catholique. Vous qui prêchez la séparation des rôles, inutile de vous dire que je ne conteste pas la beauté, ni l’utilité d’un « service d’assemblée » mais… quid des cas comme le mien ? On m’aurait proposé cela, je ne serais pas venue, c’est évident. Et je ne suis pas isolée : la richesse du groupe dont je suis aujourd’hui l’humble et heureuse responsable, c’est d’avoir ces jeunes aux parcours différents. Garçons et filles, petits et grands, venus de milieux ultra-cathos ou… pas du tout. Une de nos jeunes s’est faite baptiser au caté parce qu’elle avait vu les jeunes de notre groupe servir à l’autel et qu’elle voulait les rejoindre.

 

                Ca, c’est du vécu. Après, on peut creuser : excusez-moi, mais pourquoi est-ce ici précisément que l’on tiendrait à instaurer une différence hommes-femmes ? Pourquoi la complémentarité hommes-femmes se situerait-elle explicitement au niveau du service de l’autel (service de l’autel autorisé aux filles sous certaines conditions, mais permis tout de même, rappelons-le : nous sommes dans l’obéissance de ce côté-là) qui serait une prérogative spécifiquement masculine ? Cela me semble un argument spécieux… qui tient, souvent, à plus de peur qu’autre chose.

 

                Il ne s’agit pas de faire miroiter aux filles de « faire comme les garçons », encore moins de leur croire qu’un jour, elles seront prêtres. Non. Comme j’avais commencé à l’écrire dans un commentaire, il s’agit ici d’accueil, d’exigence et, bien sûr, de liturgie. Accueillir chacun en plénitude, c’est-à-dire comme l’être humain formidable qu’il est, à l’image de Dieu, homme ou femme, avec ses qualités et ses défauts. Accueillir ainsi le jeune qui nous est confié et, peu à peu, le faire entrer dans cette formidable catéchèse « en images et en paroles » qu’est la liturgie.

 

                Mais cela ne se fait pas sans exigence : chacun, garçon ou fille, s’engage pour de bon dans ce groupe qui se veut une petite école de vie chrétienne. Au bout d’un an, s’il ou elle le souhaite, il est possible de solenniser cet engagement « au service », dans notre petit groupe… il s’engage à un service régulier et à participer à tout ce qui fait notre vie de groupe : réunions de formations, réunions festives, sorties, pèlerinages. Ce n’est pas rien dans la vie d’un jeune que tout cela ! Exigence aussi au niveau de la liturgie : assurer une formation sérieuse et servir avec sérieux, en s’apercevant combien cela aide aussi l’assemblée à prier ! Personnellement, la liturgie, c’est devenu ma passion (...avec la littérature) et j’ai été vite passionnée par les richesses des rites offerts par l’Eglise !

 

Quant à la question vocationnelle, un accueil comme celui dont je parle prouve que cela n’empêche pas les questions de ce côté-là et loin de là même ! Penser qu’un garçon qui ne verra jamais de filles pensera de façon plus simple au sacerdoce me semble tout simplement… dangereux ! Vivre la mixité confiante au sein d’un groupe me semble préférable, et de beaucoup. Et, aussi proches de l’autel, les uns comme les autres, comment ne pas penser que cela aidera à discerner l’endroit où ils seront un jour le plus heureux ?

 

                Voilà quelques éléments d’une jeune adulte qui regarde son parcours avec joie. Qui regarde grandir « ses » jeunes (ils sont pas à moi, hein, mais…) avec joie. Qui regarde toujours avec un peu d’anxiété les effectifs grandir d’année en année – car  c’est 45 que nous serons cette année – mais aussi avec de la joie : le Seigneur appelle encore et toujours à son service ! Et cela concerne tout le monde !

 

Et moi ? J’ai grandi là, dans cette sacristie, dans cette petite famille sur laquelle je savais toujours pouvoir compter : je la sers aujourd’hui comme responsable, heureuse de transmettre ce service qui a façonné ma jeunesse. Bien sûr, après cette expérience fondamentale, initiale et centrale du service, d’autres expériences spirituelles et des rencontres ont eu lieu qui, ensemble, m’ont peu à peu conduites à être celle que je suis aujourd’hui et celle que je deviendrai demain, là où Dieu me mènera.

 

Bref, Je ne suis pas féministe. Je ne suis pas progressiste, je ne suis pas traditionnaliste. J’essaye, difficilement, en chutant, d’aimer un Dieu qui m’aime : je suis juste catholique. Et c’est sans doute la plus belle chose de ma vie.

 

Isabelle


Commentaires

1. Le vendredi, septembre 25 2009, 19:18 par Quentin

Chère Isabelle,

Je sais que c'est un sujet très chaud, aussi, je serai light dans le commentaire...
Quand tu dis: "Penser qu’un garçon qui ne verra jamais de filles pensera de façon plus simple au sacerdoce me semble tout simplement… dangereux ! Vivre la mixité confiante au sein d’un groupe me semble préférable, et de beaucoup."
Je te répondrai juste que je suis entièrement d'accord avec ton point de vue sur la construction de soi, cela dit, pas besoin d'en côtoyer dans le groupe des servants d'autel pour en fréquenter...

2. Le vendredi, septembre 25 2009, 20:07 par koz

Intéressant billet, et témoignage personnel. J'avoue avoir du mal à saisir la raison pour laquelle les filles seraient écartées du service. Autant je peux saisir pourquoi les prêtres sont des hommes, autant je conçois mal les restrictions à cet égard - et pourquoi cela fait carrément dresser les cheveux sur la tête de certaines connaissances.

Cela m'intéresserait d'en savoir davantage sur ce que la liturgie t'apporte.

3. Le vendredi, septembre 25 2009, 22:29 par Henri

Nous n'en sortirons jamais, de tout mon coeur avec toi. Je m'inquiète ici tu sais. Mais je veille. Bises et courage

4. Le vendredi, septembre 25 2009, 22:44 par Anne-Claire

Voilà un billet qui me plait...loin d'un combat inutile et stérile et pénible, juste un témoignage éclairant de lucidité et de simplicité !
Il est où le bouton "j'aime" pour ta jolie conclusion ? ;-)
Merci Zabou !

5. Le samedi, septembre 26 2009, 00:48 par Henri

@ Bonsoir Anne-Claire, je comprends l’exaspération d’Isabelle, car sur ce sujet là, elle a suffisamment donné et Ô combien souffert; lorsque l’on voit l’amour et l’énergie qu’elle donne à tout le groupe « mixte » de SMDV, l’abnégation dont elle est capable pour que celui-ci vive, afin que tous, garçons et filles, enrichissent leur Foi, en servant à l’autel, dans la proximité et cette intimité privilégiée avec le Seigneur, que permet le « Service de l’autel ». Chère Anne-Claire oui nous pouvons aimer sa conclusion qui nous montre le difficile Chemin « aimer un Dieu qui m’aime » qu’elle nous invite, nous aussi, à suivre humblement, au service du Seigneur et loin des querelles.
Merci Isabelle

6. Le samedi, septembre 26 2009, 11:03 par emmanuel pic

Merci Zabou, je bois du petit lait que je vous lis, j'abonde j'abonde j'abonde dans votre sens mais j'avoue que j'ai parfois l'impression de me battre pour une cause perdue quand j'apprends par exemple que dans certaines paroisses les femmes n'ont plus le droit de lire la Parole de Dieu ni de donner la communion... Allez on va se serrer les coudes !

7. Le samedi, septembre 26 2009, 12:06 par Maggy

Je me contenterai humblement de plussoyer :-)
Keep going !

8. Le samedi, septembre 26 2009, 15:29 par Zabou

Bon, à tous : allant justement retrouver tous ces p'tits jeunes dans quelques minutes, je vous réponds rapidement. Si je passe trop vite, râlez et je viendrai préciser ce soir, ok, on marche comme ça ? (Enfin, z'êtes pas obligés de râler, vous pouvez aussi demander gentiment, si si)

@ Quentin : Ma phrase n'a guère de sens hors contexte. Il s'agit là d'une réponse à l'objection souvent rencontrée de "la mixité empêche les vocations sacerdotales" qui me semble mal ciblée. D'ailleurs, d'après ce que j'ai pu remarquer, les gens le disant favorisent aussi la non-mixité ailleurs pour leur enfant : école, scoutisme... Mais cela nous entraîne sur une question bien plus vaste : celle de la formation psychologique et affective de l'enfant ! 

@ Koz : je suis bien d'accord. Pour la liturgie, volontiers, mais ce serait dommage de le faire simplement en commentaire... un ou plusieurs p'tits billets sur la chose, ça t'irait ? :-)

@ Henri : ici, pas de "combat" : simplement un témoignage. Oki d'acc ?

@ Anne-Claire : Heureuse que cela puisse trouver de l'écho !

@ Padre Emmanuel : c'est moi qui vous remercie pour votre billet initial, au ton si différent de ce qu'on a l'habitude d'entendre ! Au lieu d'idées ressassées tenues par un camp et son adversaire, vous avez osé lancer une approche différente, même si les commentaires suivants ont parfois tendance à retomber dans l'opposition classique... En tout cas, d'accord avec vous, ce genre de nouvelles, j'en entends aussi et cela me désole... Voire me donne envie de tout laisser tomber. Alors, je regarde le sourire et les regards de ces p'tits jeunes qui me sont confiés.. et ça repart :-) Bref, serrage de coudes, ça me va !

@ Maggy : thanks chère collègue !

9. Le samedi, septembre 26 2009, 17:34 par Henri

N'aie aucune crainte Isabelle.

10. Le samedi, septembre 26 2009, 18:50 par le chafouin

@l'auteure

Je trouve ce billet très bien écrit, et qu'il traduit une belle foi. Ceci dit, si je puis me permettre, je pense qu'on ne peut pas mettre tout le monde servant d'autel pour la simple raison qu'il va pouvoir découvrir plsu ardemment la foi catholique... L'argument me paraît court. Mais je me retrouve tout à fait dans ce que vous écrivez sur la relation très paritculière du servant et de la messe : il fait plus attention à la liturgie, aux lectures, il est à l'écoute des différentes phases de la messe, là omù nombre d'enfants de l'assistance rêvassent ou lisent des BD.
Je ne suis pas hostile avec un grand H aux filles enfants de choeur, mais je trouve globalement que c'est mieux quand ce sont des garçons. Cela me semble un "combat" dérisoire en réalité.

@Emmanuel Pic

Je ne comprends pas pourquoi on excluerait par principe les femmes du choeur, hormis le cas des enfants de choeur. Ceci dit, puisqu'on parle liturgie et que tu évoques le cas des femmes qui donnent la communion, je me demande tout court pourquoi les laïcs participent à la ditribution de la communion. Cela me semble souvent inutile d'un point de vue pratique. Et le côté "faire participer" les gens me paraît vraiment être de la démagogie.

11. Le dimanche, septembre 27 2009, 13:08 par Zabou

@ le chafouin :

                Merci pour votre commentaire. Je crois que là est aussi une des limites de la forme « témoignage » donnée à ce billet : ne pas être exhaustive, être parfois légère sur la partie argumentaire au profit de ce qu’on a vécu, d’une certaine subjectivité… Enfin, cela me donne l’occasion de vous répondre.

                Ce billet ne se veut pas : « tout le monde enfin une aube et hop, tout le monde au service de l’autel ! » mais il se veut pierre pour permettre à tous ceux qui s’y sentent appelés de le faire, garçons et filles. J’ai un (gros) petit faible pour le texte d’1 Cor XII, sur la diversité des dons et l’unicité du Corps. Chacun peut servir selon ce qui lui est donné, dans le grand corps de l’Eglise, alors permettons à tous ceux qui le souhaitent de servir le Christ dans l’Eucharistie comme servant d’autel ! Que certains se sentent plus à l’aise à l’animation, à l’accueil, à la proclamation de la Parole, à l’annonce, c’est tant mieux et là aussi, on recrute !

                Je ne suis pas d’accord sur le côté « dérisoire » de cela même si, bien évidemment, cela ne concerne que quelques uns sur un milliard de catholiques. Mais peut-on juger dérisoire quelque chose pour quelques âmes qui trouveront là la substance de leur Foi et une école de vie chrétienne ? Je ne le crois pas, tant c’est à notre niveau que l’on peut agir avant tout, en tant que « chrétiens de base » et que, dans le « quelques uns », l’on peut retrouver des traces de l’Universel.

 

P.S. 1 : puisque je vous tiens là, je tiens à vous dire que j’suis fan de votre pseudo. Si, si, fallait oser !

P.S. 2 : svp, svp, svp, « l’auteur » ou Zabou, mais pas cette immonde forme qui me donne de la conjonctivite… enfin, presque, mais voilà, sorbonnarda sum et certaines formes me hérissent le poil, désolée ;-)

 

12. Le lundi, septembre 28 2009, 09:05 par Isabelle

Merci pour cet article si personnel, qui éclaire beaucoup de choses. En ce qui me concerne, Zabou, ce qui me gêne la dedans, ce n'est pas les arguments que vous avez si bien démontés. Je suis entièrement d'accord avec presque tout ce que vous avez dit. Mais vous avez écrit " Il ne s’agit pas de faire miroiter aux filles de « faire comme les garçons », encore moins de leur faire croire qu’un jour, elles seront prêtres". C'est là que cela me gêne: beaucoup de prêtres disent avoir compris la beauté et la grandeur du sacerdoce et avoir entendu le premier appel à être prêtre en servant la messe. Or certaines jeunes filles se sentent appelées elles aussi au sacerdoce, et bien sûr, ne le sont pas. Le parcours est alors long et douloureux. Pour en avoir rencontré (pas beaucoup, mais tout de même!) je me pose la question de savoir si ce n'est pas risqué pour elles de servir la messe de cette manière. Avez-vous rencontré ce genre de cas dans votre groupe? Comment le gérez-vous ou le gèreriez-vous s'il se présentait?
Ne voyez aucune agressivité ni certitude dans ce que je vous écrit. Il s'agit simplement d'une question qui m'habite, pour laquelle je n'ai pas de réponse autre que de regarder ce qui se passe dans les différentes paroisses que je connais, avec beaucoup de respect dans un cas comme dans l'autre, et que votre article a réveillée...

13. Le lundi, septembre 28 2009, 09:49 par Zabou

@ Isabelle : la discussion est toujours la bienvenue, surtout que je vous connais assez pour savoir que c’est plein de bienveillance :-)

                Oui, des prêtres entendent l’appel au sacerdoce dans le service de l’autel : le « membre fondateur » de notre groupe est désormais curé dans le sud du diocèse et plusieurs de mes garçons y pensent : à accompagner, à voir et à aider à grandir.

                Quant aux filles, eh bien, non, je n’ai jamais eu (et pourtant Dieu sait s’ils nous causent ces petits !) de questions en ce genre, d’où ma difficulté à vous répondre. Il me semble, mais peut-être me trompé-je, que, si l’on est clair depuis le départ, si l’on sait qu’on a garçons et filles et non pas des filles qui veulent faire comme les garçons, tout se déroule dans la paix. Qu’il n’y a pas de revendications mal venues et qui seraient en outre pleines de souffrance pour les jeunes.

De toute façon, peut-on transmettre autre chose que ce en quoi l’on croit soi-même ? Alors, peut-être faut-il être simplement au clair là-dessus dans l’équipe des responsables ? Cela me semble être notre cas (je m’occupe du groupe avec 2 co-responsables… garçons, ayant eux aussi grandi au sein du groupe). Et que cela n’empêche pas les filles de ressentir dans leur cœur des appels au mariage ou à la vie consacrée : la proximité avec le Christ doit et peut aider à discerner et écouter au plus profond de son cœur… et cela fait aussi partie des choses auxquelles je crois !

14. Le lundi, septembre 28 2009, 12:09 par Hervé

Merci Zabou pour cet article très personnel et intéressant. Comme ancien servant d'autel, je suis plutôt d'accord avec toi : les filles peuvent trouver aussi leur place dans le choeur. Mais il me semble qu'au-delà de 12 ans, c'est + compliqué de gérer la coexistence garçons-filles et là, il serait peut-être bon de proposer autre chose aux filles, comme l'accueil à l'entrée de la Messe, des lectures, etc. C'est bien que dans ta paroisse, tout le monde cohabite, mais c'est peut-être dû à la taille importante de ton groupe (et à la qualité des responsables ;-) ). Quand il y a 3 garçons et que plusieurs jeunes filles arrivent, cela peut être + déstabilisant et conduire les p'tits gars à arrêter.
Les situations sont variées, dans certains secteurs sans les filles, il n'y aurait personne alors qu'à Paris, les garçons sont seuls autorisés à servir et ça "fonctionne" car il y en a une grande quantité. Je ne suis pas pour une règle unique pour toute l'Eglise.

Par ailleurs, ayant distribué très régulièrement la Communion dans ma paroisse, j'aimerais dire au "chafouin" qu'il y a de nombreuses assemblées où sans ministres extraordinaires de l'Eucharistie (laïcs), le prêtre passerait 1/2H à donner la Communion. Quand il y a 1000 personnes à la Messe, le curé nomme souvent 7-8 laïcs pour l'aider et ce n'est en rien de la promotion démagogique du laïcat : c'est utile ! Le Code Canonique prévoit lui-même qu'en cas d'affluence et de pénurie de prêtres, cela se passe ainsi. Et les femmes ont la même dignité que nous à distribuer l'Eucharistie, recevant le même Baptême !

Bonne journée,

15. Le lundi, septembre 28 2009, 12:33 par Henri

Laïc très engagé je voudrais, Isabelle, vous apporter mon témoignage personnel de très vieux servant concernant l’appel au sacerdoce du servant de messe. S’il est vrai que beaucoup de prêtres ont entendu l’appel de leur vocation en servant à l’autel, gardons-nous de généraliser, à titre perso j’ai commencé à servir à l’âge de 6ans1/2 bien avant le concile Vatican II en 1945, jusqu’à l’âge de 23 ans avec à 17 ans une interruption de 5 ans pour servir mon pays. (élevé dans une école privée catholique des frères des écoles chrétiennes) , me posant beaucoup de questions , je n’ai jamais, mais jamais, ni entendu ni ressenti l’appel au sacerdoce me contentant du service . De ma promotion beaucoup servirent la messe, pour l’anecdote, même la messe télévisée en studio en noir et blanc de feu, l’ORTF , aucun de ma promotion ne devinrent prêtre à l’exception de l’un qui ne fut jamais servant.
Plus récemment un de mes cousins, entendit l’appel à 28 ans en pleine activité professionnelle et est maintenant prêtre, et n’accepte pas les servantes. Un autre cas, qui nous est très proche est un séminariste qui à 56 ans, en retraite professionnelle il avait entendu l’appel à devenir prêtre à 6 ans mais n’avait pu réaliser sa vocation étant le soutien d’une famille nombreuse dont le Père était décédé, il a patienté célibataire pendant toute ces années professionnelles avant de pouvoir réaliser sa vocation, il sera ordonné diacre cette année et prêtre l’année prochaine. Un prêtre Béninois qui n’a jamais été servant, est venu cet été nous aider dans notre paroisse. S’il est vrai comme le dit maintenant le magistère que le service de l’autel peut favoriser l’éclosion de vocations, et que l’on doit favoriser ce service par les garçons, personnellement je pense que l’appel au sacerdoce ne doit pas être « Incité » mais aidé s’il est ressenti, c’est un appel trop personnel. Cet argument de favoriser les vocations par le service de l’autel n’existait bien sûr pas avant le concile puisque seul les garçons servaient.
Dans notre paroisse, les filles servent sans limite d’âge depuis + de 30 ans, ma fille elle-même ancienne servante est responsable et formatrice du groupe mixte de servant de notre paroisse dans lequel filles et garçons remplissent sans distinction de sexe « toutes les fonctions » et nous n’avons jamais eu aucun problème avec une jeune fille regrettant de ne pouvoir être prêtre elles sont parfaitement consciente que le sacerdoce est réservé aux hommes , mais nous en avons qui souhaitent devenir religieuse. Reste néanmoins que le manque de vocation est un problème crucial. Je vous prie de me pardonner d’avoir été si long.

16. Le lundi, septembre 28 2009, 13:36 par Isabelle

Merci, Zabou et Henri pour votre réponse. Je ne voulais pas, Henri, dire que les prêtres étaient tous d'anciens servants d'autel, loin de là et heureusement! Je voulais seulement soulever une objection qui s'est déjà présentée à moi, au moins à deux reprises...

17. Le lundi, septembre 28 2009, 13:59 par Henri

PS : J’ai oublié la conclusion: Dieu appelle « qui Il veut » « Où Il veut » et « quand Il veut , avec l’aide de l’Esprit-Saint que celui qu’Il appelle, entende et réponde.

18. Le lundi, septembre 28 2009, 19:48 par Zabou

@ Hervé : Bon, alors, le "terrible" passage 12-13 ans se gère très bien chez nous (oui, ben, ça se voit que c'sont des filles quoi, mais après ? Enfin, on leur autorise pas le maquillage, le débraillage & Co pour servir, hein, bien sûr). Pour le reste, je ne sais pas trop mais le groupe peu nombreux, c'était tout de même ça au départ, et il ne me semble pas que les garçons l'aient mal vécu ? L'un de ceux-là est co-responsable du groupe avec moi aujourd'hui mais est terriblement commentatophobe : peut-être, Nono, accepterais-tu de faire une exception pour tout nous dire quant à ton ressenti lors de l'arrivée des filles ?

Je ne suis pas non plus pour quelque chose de rigide. (Ah et sinon, si, il y a quelques paroisses qui autorisent les filles à servir à Paris : nombre infime, certes, mais elles existent, je les ai rencontrés - enfin, pas les filles mais leurs curés d'où l'accord -)

@ Henri : merci de ton témoignage.

19. Le lundi, septembre 28 2009, 20:59 par Tigreek

Chère Isabelle,

pardonne-moi d'arriver un peu à la bourre sur ce billet... Il me fallait prendre le temps de le lire en entier, tranquillement, au calme. Le relire, m'émerveiller de la richesse de cette relation que tu as construite par le biais du service d'autel. Je dois avouer, dans ma petite paroisse de campagne, où je ne pouvais pas me déplacer à la messe sans qu'un de mes parents m'emmène en voiture, je n'ai pas eu l'occasion de servir à l'autel... Un regret ? Oui, parfois, lorsque je lis des témoignages comme le tien ! J'ai juste suivi un autre chemin.

Si je ne m'abuse, c'est moi qui avait proposé un billet sur la liturgie. Contrairement à ce que tu sembles croire, ce n'était pas du tout ironique, c'était sincère ! C'est une observation de ce qui se fait dans ma paroisse, où les hommes sont bien peu nombreux dans l'équipe de préparation liturgique ; une perche tendue que tu as attrapée avec brio !

Merci encore pour ce beau texte !

20. Le lundi, septembre 28 2009, 22:24 par Arnaud

Je suis co-responsable avec Zabou d'un groupe de servants d'autel mixte. J'ai débuté à l'âge de 7 ans ce service au sein d'un très petit groupe (6 personnes maximum si mes souvenirs sont bons) mêlant garçons et filles. Cette présence féminine ne m’a jamais posé de problème ; au contraire il me semble même qu’elle a été enrichissante car elle est source de différences permettant de se poser de nouvelles questions ou d’aborder les questions d’un autre point de vue. Au-delà de l’aspect service de l’autel, j’ai eu la chance de rencontrer plusieurs personnes, dont Zabou, qui sont devenues des amis proches : un groupe de servants d’autel n’est pas qu’une simple « école de la messe », c’est un endroit où l’on peut rencontrer d’autres chrétiens qui nous donnent l’occasion à maintes reprises d’approfondir notre foi. Le fait de permettre aux filles de servir enrichit ainsi le groupe de nombreuses personnes, ce qui dans mon cas s’est révélé très positif.
Un chrétien grandit au contact des autres, garçons et filles, et je doute que l’absence de demoiselles m’aurait apporté plus que leur présence a pu le faire en apportant plus de diversité dans les idées, dans les regards sur le monde.

Il me semble que créer une barrière entre filles et garçons dès le plus jeune âge n’est pas indispensable, même dans le cas de jeunes qui se poseraient la question du sacerdoce : leur ministère les mènera à côtoyer des femmes tout au long de leur vie, apprendre à se placer par rapport aux filles au sein d’un groupe chrétien dès son plus jeune âge peut être largement bénéfique. Des servants envisagent un avenir religieux et pourtant « cohabitent » avec les filles sans en souffrir.

J’avoue mon incompréhension face aux arguments que j’ai pu entendre contre les servantes d’autel. Ma propre expérience m’a montré que la mixité apportait à un groupe une nouvelle richesse, comparable à ce qu’on peut voir dans la diversité d’un monde chrétien sans pour autant exclure l’idée de se donner pleinement au Christ dans l’esprit de ceux qui entendent un tel appel.

21. Le mardi, septembre 29 2009, 00:03 par Zabou

@ Tigreek : bienvenue ici ! :-) Non, on n'est jamais à la bourre et on a le droit d'intervenir n'importe où dans ces parages. En tout cas, je me répète mais heureuse que ce témoignage puisse trouver de l'écho dans les cœurs !

@ Nono : Merci de "l'"avoir fait ! Et merci aussi, encore une fois, de ta présence tout au long de ces années où nous avons cheminé de concert.

22. Le mardi, septembre 29 2009, 09:48 par Vio

Bon, j'arrive un peu tard, car je ne vous découvre que maintenant que vous êtes aux sacristains (ceux d'internet pas ceux de la paroisse.), mais vraiment ça promet.
Très beau témoignage de vie, et de possibilités de faire bouger les sacristies dans le respect des uns et des autres.
Et puis si nous servons tous quelques soit nos moyens le même Dieu et qu'il est réellement pour chacun de nous la plus belle chose de notre vie, tout est possible !

23. Le mardi, septembre 29 2009, 10:16 par Zabou

@ Vio : tout à fait d'accord avec votre dernière phrase ! Pour le reste, il faudra voir si on arrive à tenir nos promesses de sacristines ! ;-)

24. Le vendredi, octobre 2 2009, 23:09 par claire

Merci pour ce beau billet !!! Ma fille a été servante de messe et pour elle cela a vraiment été important dans sa vie de foi, mais je dois dire que j'ai eu à faire face à de très nombreuses remarques d'incompréhension, voire parfois d'hostilité, heureusement pas de la paroisse !!!

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