Il est parti hier…
Je m’y attendais et
même, je crois que je le savais.
Mais ça m’a valu
une journée sonnée, à carburer au café serré.
Il est parti hier…
Je crois que je ne
réalise pas bien encore.
Pour l’heure, à la
paroisse, je m’attends encore à le trouver là, dans son fauteuil ;
Je vois presque
encore sa démarche, ses gestes là, à poser sa canne contre l’autel, à saisir le
pied du micro pour s’aider à marcher…
Tout à l’heure,
j’ai fermé les yeux quelques instants devant le chœur,
Je pouvais réentendre
en moi sa voix assez rauque,
J’y suis toujours
sensible aux voix parce qu’elles portent beaucoup de la vie d’une personne en
elles :
Chez lui, c’était
beaucoup de souffrances.
Puis je suis allée
discrétos devant le tabernacle, Te le confier.
Cela doit faire une
dizaine d’années qu’on se connaissait
Et qu’on a beaucoup
partagé : juste quelques mots quand on se croisait puis bien plus quand, en septembre 2006 je
suis devenue responsable des servants d’autel avec deux autres et lui
l’aumônier.
Au fil des ans, il
était devenu un ami.
Pourtant, je ne me
suis jamais sentie pleinement en « harmonie » sur le plan spirituel
avec lui,
Préférant le léger
retrait contemplatif à la fougue de la harangue : question de sensibilité.
Et finalement, on
n’en a toujours que peu parlé, ou avec beaucoup de pudeur,
Mais on a bossé
ensemble, des heures et des heures durant,
Mais on partageait
la même passion de la croissance des jeunes,
A plein cœur,
A Ton service,
Seigneur…
Devant le
tabernacle me reviennent tant d’images :
De pèlerinages, de
célébrations, de coups de gueule aussi.
Tous ces souvenirs
de groupe, ici et ailleurs, tellement heureux ;
Puis aussi tous ces
souvenirs plus personnels :
Cette fois-là où il
m’avait raconté une partie très douloureuse de sa vie,
Ces divers moments
où tout le monde croyait qu’il allait mourir et où il était déjà si faible à
l’hôpital, branché de partout ;
Cette annonce-là
que j’ai tant tardé et peiné à faire et qu’il avait devinée ;
Ces communions
portées à l’hôpital ou chez lui quand il était très bas – c’est à lui que j’ai
porté pour la 1ère fois la communion à un malade et je ne saurais l'oublier – si pleines de
Dieu ;
Ces coopérations
entre nous quand on repérait qu’un de nos jeunes n’allait pas bien,
Et tant d’autres.
Enfin, c’était une
vie, et une vie de prêtre.
Aujourd’hui, il y a
à prier ;
Aujourd’hui, il y a notamment les larmes d’une cinquantaine de jeunes à essuyer, pour continuer.
Aujourd’hui, il y a
désormais à s’appuyer sur son intercession pour que ce qu’il a entrepris puisse
croître et se multiplier,
Fécondité de sa vie
chez les autres, dans la Paix et l’Amour du Seigneur,
En attendant de
nous y retrouver : à Dieu, père.