J.-M.
Guénois a publié un tout récent article fort intéressant sur son blogue, intitulé « faut-il encadrer les blogueurs cathos ? ».
Les connaisseurs de la #FASM savent qu’ils s’encadrent très bien les uns
les autres autour de la matérialité de leur devise ora et bibe !
Enfin,
revenons à nos moutons non de Panurge mais de blogues, brebis catholiques, et
citons l’article :
« les
conclusions de la conférence de l'expert théologique, le P. Henri-Jérôme Gagey
de l'institut catholique de Paris m'ont laissée perplexes quand il a affirmé et
confirmé en conférence de presse, qu'il convenait « de former les blogueurs
catholiques ». Il existe en effet, comme dans toutes les religions, une petite
centaine de blogueurs catholiques en France, un phénomène très actif à prendre
en compte. Ils sont particulièrement dynamiques et de sensibilité plutôt
classique. Ils échappent en tout état de cause à la hiérarchie épiscopale. […]
Beaucoup d'évêques ont heureusement aussitôt compris l'inanité de cette idée en
mettant en garde le P. Gagey contre le risque de « caporalisme » (sic) »
Bon,
déjà, c’est faux, parce que Mgr Giraud, avec son
diaire, ses délicieuses twittomélies,
et ses messages privés sur twitter qui donnent le sourire, je ne crois pas que
les blogueurs catholiques lui échappent réellement au tout nouveau président du
Conseil pour la communication des évêques de France… et c’est heureux !
Plus
sérieusement, je connais « en vrai »,
une bonne partie des blogueurs catholiques français et l’affirmation du père
Gagey me fait plutôt sourire… Avant tout parce que le blogueur catholique moyen
– s’il existe ! – il est plutôt du genre « très engagé dans sa
paroisse / dans un mouvement » et qu’il se forme le plus possible, avec ce
qui lui est donné et ce qu’il est.
Mais
je crois qu’il y a dans ces propos - s’ils sont toutefois justement rapportés -
une méconnaissance plus profonde de ce qu’est la blogosphère catholique.
Diverse dans ses sensibilités comme dans ses formes, elle converge pourtant
dans le même désir de dire une Foi commune qui les anime. C’est le point de
départ, l’Essentiel.
Si
la blogosphère n’était faite que d’universitaires,
ce serait une catastrophe : ce serait un peu comme dire que l’évangélisation,
elle ne doit passer que par des docteurs en théologie. Ben… ben non. Sinon, ouch à l’Evangile !
La
chance des blogues catholiques, c’est qu’ils ouvrent une possibilité inédite de
dire le Christ avec des mots personnels, des mots de nos vies pour laisser y
transparaître Celui qui est la Vie. Pour dire aussi aux absents de la messe
dominicale, que Le suivre est un chemin de bonheur, qui n’est pas réservé aux coincés
d’un autre âge qu’ils imaginent, semi-extraterrestres croyant en des valeurs aussi
rigoristes qu’inaccessibles.
S’il
est pourtant certain que nous sommes les uns et les autres principalement lus
par des catholiques, je suis touchée depuis que j’ai ouvert ce blogue
par tous les échanges qu’il a permis. Je ne compte plus le nombre de
conversations qui ont prolongé tel ou tel article, lu par des personnes souvent
assez éloignées de l’Eglise et qui l’avaient croisé au détour d’un lien
Facebook. Nous sommes, blogueurs, aux avant-postes… Je n’ai pas toujours la
réponse à leurs questions mais ce que je peux partager avec eux, ce sont ma Foi, ma joie, ma vie, ma propre recherche et la croiser avec la leur : je peux vous dire que je
garde vraiment en mon cœur certaines de ces conversations.
Il
est bien sûr évident que chaque catholique doit avoir à cœur de se former, et
en particulier tous ceux qui sont amenés à dire leur Foi d’une manière plus
publique : mais cela procède d’une nécessité intérieure, de notre Foi
elle-même dirais-je, d’un mouvement d’Amour qui pousse à mieux connaître Celui
que nous servons. Mais cela n’est pas parce que nous aurons oublié le numéro
d’un paragraphe pour citer le Catéchisme
que nous n’aurons pas porté témoignage. Le plus souvent à notre insu, et c’est
tant mieux.
J’aime
bien la conclusion de J.-M. Guénois, alors je vous la cite pour finir :
Cette armée d'électrons libres
peut certes déplaire à l'Eglise catholique, l'embarrasser ou la gêner tels des
aiguillons. Mais elle lui rend un service qu'elle n'imagine pas sur la toile en
assurant une présence « catholique » non officielle et très tonique. Car le
propre des blogs et autres tweets est justement leur « a-institutionnalité ».
Ils sont nés libres et doivent le rester. Loin de s'opposer, ils complètent la
communication institutionnelle - elle-même en cours de réforme - de l'Eglise
catholique