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En reposant les choses : l’écoute dans le processus synodal ? – 2

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« Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. Leur communauté, en effet, s’édifie avec des hommes, rassemblés dans le Christ, conduits par l’Esprit Saint dans leur marche vers le Royaume du Père, et porteurs d’un message de salut qu’il faut proposer à tous. La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire » disait la constitution conciliaire Gaudium et spes dans ses premiers mots, comme un signe de cette présence plénière des chrétiens, à la suite du Christ, au cœur du monde de leur temps. 

 

         Quel rapport avec le synode sur la synodalité ? Tout ou presque je crois ! En effet, avant tout, celui-ci est un processus d’écoute : écoute de la parole de Dieu d’abord, écoute de cette voix de fin silence soufflant au fond du cœur de chacun mais aussi écoute entre nous, hommes et femmes de bonne volonté et de ce « sens de la foi », ce sensus fidei dont tous nous sommes porteurs, richesse qui nous est propre et dont la tonalité spécifique manquerait si nous n’étions pas présents. Les différentes phases de ce synode manifestent les écoutes successives, qui manqueraient si nous n’en restions qu’à une simple écoute dans notre mouvement ou dans notre communauté, renfermés un peu trop sur nous-mêmes et non pas ouverts à l’Église universelle. Mais là encore, y sommes-nous si habitués ? 

 

         Je suis surprise de lire tant de jugements péremptoires sur ce que diraient les gens en dehors de ce synode alors qu’ils ont finalement et justement bien dit des choses dans le cadre de la phase de consultation de ce synode. Je suis encore plus surprise qu’on puisse en avoir peur, qu’on puisse avant tout pointer une potentielle hétérodoxie avant de se réjouir que la parole circule librement. Où nous parlons-nous vraiment dans l’Église aujourd’hui, le tout dans un climat de prière ? Avec ceux dont nous sommes proches, oui, mais et les autres ? Tout ne se passe pas forcément bien et il est bon de l'entendre. 

 

Ceux qui ont pu vivre de vrais moments synodaux ont pu faire cette expérience de l’écoute, pour de vrai, à fond, d’un autre qui ne nous laisse jamais de marbre et nous transforme. Certes, pour parler plus personnellement, je ne suis pas clerc au service d’une communauté mais, que ce soit dans mon travail professionnel ou dans mes missions plus directement d’Église, je suis fréquemment dans une posture d’écoute et je sais combien tant d’échanges ont pu me changer, rendre mon cœur davantage de chair, davantage prompt à écouter battre le cœur d’autrui au lieu de me conduire à me murer dans mes certitudes. Il est des écoutes qui viennent fissurer notre cœur de pierre. Nous sommes chrétiens, nous sommes une religion de l’incarnation et rien de ce qui est humain ne doit et surtout ne peut être étranger à notre cœur : et si le synode sur la synodalité était une occasion de nous transformer vraiment en une Église de l’écoute, où la parole circule librement ? N’est-ce pas particulièrement urgent aujourd’hui, n’est-ce pas le moment favorable ? Car, derrière un moment, c’est bien un style de fonctionnement qui est visé par ce synode. 

 

         Revenons aux accusations d’hétérodoxie que l’on voit poindre ici ou là : déjà, il faudrait bien s’entendre sur ce qui est orthodoxe et sur ce qui ne l’est pas, tout n’est peut-être pas si simple. Mais, en dehors de cela, je me demande vraiment d’où vient cette peur de laisser des gens peut-être plus à la marge s’exprimer et tenir des propos inhabituels, hors du cadre ? Si nous n’écoutons que ce qui nous plaît, cela ne nous fait-il pas que nous durcir ? Je ne veux néanmoins pas accuser ceux qui sont dans ce cas mais je crois que cela doit nous interroger, tous : où en sommes-nous de notre aptitude d’écoute en chair et en os[1] ?

 

Il me semble, à vrai dire, que cette peur se double d’une confusion fréquente entre écoute et mise en action : écouter ne veut pas dire suivre absolument ! Écouter ne veut pas dire être à la mode ou suivre le sens du vent comme les feuilles mortes ainsi que l’affirme un célèbre dicton : écouter, c’est simplement laisser la parole à l’autre, se dire qu’il a aussi une parole importante à prononcer et y être disponible[2]. Or, ici, dans le cadre de ce synode, cette parole concerne notre Église, elle nous concerne donc tous, à des titres divers. C’est pour cela qu’il est si triste que certains n’aient pas souhaité participer ou le fassent en se plaçant eux-mêmes en dehors. 

 

De plus, l’organisation de ce synode avec l’écoute à différents niveaux – en différentes phases – assure un discernement progressif de ce qui a été écouté : il ne s’agit pas, parce que l’un d’entre nous ou tel groupe, a dit de ceci, de le suivre absolument mais, en revanche, de le rapporter comme tel puisque cela nous concerne tous. Le synode actuel n’est pas lobbying, même si, humains, nous sommes toujours tentés de penser en termes de rapport de force et qu’il y en a toujours car nous ne sommes pas éthérés, mais il est avant tout et certainement l’un des plus grands processus d’écoute jamais entrepris à l’échelle mondiale. 

Et cela est grand et plutôt beau, je crois. Et cela se fait, simplement, sans doute, parce que notre Dieu s’est fait proche, parce que notre Dieu s’est fait homme. 

(A suivre peut-être)

 

[1] Et pas seulement sur les réseaux sociaux... 

[2] En nous rappelant, comme le dit le pape François dans Evangelii gaudium qu’écouter est plus qu’entendre (EG, §171). 

Commentaires

1. Le jeudi, avril 25 2024, 03:34 par zoritoler imol

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