Entre lui et moi, tout a commencé par une
confession. Une confession toute simple et pourtant des conséquences de
laquelle je pourrais parler durant des heures, voire durant une vie.
Cela fait pas loin de 8 ans désormais que nous
marchons ensemble, lui cherchant à m’aider à mettre mon pas au rythme de celui
du Seigneur.
Rien ne nous rapprochait concrètement – ni âge,
ni lieu, ni formation – et, pourtant, nous sommes devenus de joyeux compagnons
de route.
Ici n’est pas le lieu de narrer cette route, et
il n’est pas l’heure de rendre hommage mais c’est un moment favorable pour
constater la profondeur de cette réalité qu’est l’accompagnement spirituel.
De la route
parcourue,
De l’ouverture
de cœur qui s’est élargie jusqu’à une liberté joyeuse de confiance,
D’une amitié
imprévisible et incommensurablement profonde,
Des conseils
mine de rien, sans avoir l’air d’y toucher, qui font simplement, mais vraiment,
grandir.
Je
pourrais en parler des heures là encore, surtout à ceux qui aiment se faire de
l’accompagnement spirituel les contempteurs mais, alors que le grand âge et ses
maladies viennent rudement toucher ce compagnon, je préfère regarder,
contempler, étonnée, admirative, la justesse de cette relation qui dépasse.
On peut dire ce qu’on veut sur la « paternité
spirituelle »… Lui-même me disait il y a quelques mois, alors que nous
parlions de « fécondité spirituelle », quelque chose comme « tu
sais, je ne me sens pas le père de ceux que j’accompagne, non… Mais il faut
bien avouer qu’il y a quelque chose de la Vie qui se joue. Qui nous dépasse
surtout et dont on n’est jamais propriétaire. »
Oui, on peut
dire ce que l’on veut sur cela.
Mais, hier,
en discutant avec simplicité et vérité avec ce compagnon tourné déjà vers la
Vie,
En ayant le cœur
tout barbouillé d’émotion, je l’avoue,
Je
constatais, au-delà de la circonstance, la profondeur d’un lien qui nous
unissait, qui nous dépassait : la grâce était là, dans la faiblesse,
guidant le tout.
Et j’en suis
restée à rendre grâce.
Hier, vos
mains, décharnées et tremblantes, se sont posées sur ma tête pour me donner l’absolution.
Car le
Seigneur agit malgré, et dans, et au travers de la faiblesse.
Oh, on dit
souvent – et c’est vrai – que la chair est faible
Mais, tout de
même… qu’est-ce que la grâce est forte !