C’est vrai qu’on qualifie parfois/trop souvent/de temps à autre les personnes sur leurs noms de famille, sur leurs visages, sur leur manière d’être… avant même de les connaître un peu. On appelle cela « préjugés », parfois cela devient même du « racisme » qui existe sous tant de différentes sortes.
Lui, ce collègue, ça planait dans l’air depuis un bon petit bout de temps,
Les boutades, les questions, les répliques à l’ironie de plus en plus cinglante sur mon nom de famille, ma « grande famille », ma « noblesse » dont il semblait visiblement mieux connaître la réalité (!!!) que moi-même : idées reçues, parfois un peu blessantes, je l’avoue, mais enfin qu’importe.
Et là, j’annonçais que je ne prendrai pas de permanence samedi matin au lycée car j’allais à une ordination. Réaction des autres : « wahou, ça c’est rare ! » Et lui :
- Oh, ça doit être fréquent chez toi.
- ???
- Non, mais je veux dire dans ta famille, ça doit être fréquent.
- Euh, non, je n’ai pas de prêtre dans ma famille <ndlr : j’aurais pu préciser que j’avais une grand-tante religieuse, certes >, là, c’est une personne que je connais moi, et ça reste toujours extraordinaire une ordination !
- Nan, mais ce que je veux dire, c’est que dans les familles comme la tienne. Ben, ça va toujours avec la religion. Le roi et la religion !
- Euh alors, pour parler clairement, je suis croyante mais mes parents ne le sont pas.
- Tes parents, ils vont forcément à la messe pour se faire voir, parce que ça se fait c’est toujours le cas dans les grandes familles comme la tienne !
Là, un collègue d’intervenir : « elle t’a dit que non ! Les gens ils s’embêtent rarement à aller à la messe quand ils ne croient pas… »
Le collègue de reprendre : « Je te dis que c’est le cas dans les familles comme ça ! »
Moi de lui dire doucement : « non. Mes parents n’y vont pas… et personnellement, je ne vois pas pourquoi je m’embêterais à me lever si tôt le dimanche si je ne croyais pas ! »
Bon, on s’en moque de cette histoire mais cela montre – car ce collègue, ça pourrait être aussi moi devant d’autres situations ! - combien nous sommes pris dans nos vues d’avant, dans ce jugement a priori qui n’est pas le Sien parce qu’il n’est pas Amour : il est enfermement et non pas libération.
Le regard chrétien, c’est celui qui ne s’embarrasse pas de préjugés,
C’est celui qui cherche l’Autre en l’autre et qui le voit, déjà, malgré tous ses « non » qui cachent parfois Son Nom,
Conversion du préjugé, prêt-à-penser du cœur, à l’accueil, don donné.