
L’horreur, à nouveau… Et tous, à nouveau, sommes et serons unis dans la douleur, dans la terreur, dans la détestation d’un acte qui nous fera à nouveau nous méfier de vivre, tout simplement. Ces actes qui grèvent notre confiance dans la vie, qui ôtent toute légèreté, qui semblent poser une chape de plomb sur l’humanité : comment redonner saveur à la vie quand l’horizon s’assombrit chaque jour un peu plus ?
Nous, les chrétiens, avons une intention de prière toute trouvée : pour les victimes, pour leurs familles mais aussi pour le bourreau qui a commis on ne sait vraiment pourquoi cet acte insensé aux conséquences fatales. Àl’heure où j’écris, il n’est pas encore trouvé ; demain, il sera peut-être tué durant sa fuite. La violence engendre la violence.
Il y a encore quelques jours, nous étions un pays divisé, hurlant les uns sur les autres : cri des détresses, essentiel à entendre, mais aussi révélateur des dissensions et d’un cruel manque d’écoute, partant de fraternité. Aujourd’hui, dans la douleur, nous saurons retrouver ce chemin, j’en suis certaine mais, quid de demain ? Le perdons-nous à chaque fois, en dehors des circonstances tragiques ? Sont-elles les seuls événements fédérateurs d’une humanité erratique peinant à se trouver et à se comprendre ?
Savons-nous nous encore aujourd’hui nous rassembler pour nous rencontrer ? Pour écouter la différence de l’autre et, peut-être, découvrir aussi ce en quoi il m’est proche.
Ce soir, j’avais le conseil d’une classe bien sympathique mais souffrant souvent de la division entre ceux qui font telle option et ceux qui ne la suivent pas : c’est au sein d’une classe, d’heures passées ensemble, qu’ils auront à se découvrir proches, prochains, les uns des autres et cet apprentissage-là me semble plus que jamais d’actualité, a fortiori quand même l’école publique n’offre plus guère de mixité sociale.
Ce soir, que notre fraternité ne soit pas que de douleur, que notre prière s’élevant dans la circonstance de l’attentat ne s’y limite pas mais s’élargisse pour demander au Seigneur l’art et la manière : l’art de l’écoute, la manière de la rencontre entre chacun de nos frères les hommes, prochains, même quand ils semblent lointains.
(Dans la même veine, on lira avec profit l'appel aux catholiques de France et à nos concitoyens du Conseil permanent des évêques de France sorti aujourd'hui >>)