Zabou the terrible

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lundi, mars 11 2019

Lire Sodoma ou ne pas lire Sodoma ?

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C’est le livre « scandale » du moment, sur toile de fond de scandales, autant dire un livre ton sur ton. Je ne l’ai pas lu par goût du choc ou de la sensation mais, simplement, pour pouvoir en discuter et répondre aux remarques qui me seront faites ici ou là, parfois avec une large finesse ( « les cathos, tous pédophiles ou tous homos ? »). Je vous l’avoue, la lecture fut éprouvante : tenir ces centaines de pages sans lâcher le livre fut dur. 

 

            Non parce que ce livre suinte de sexualité mal digérée – tout littéraire a lu bien pire – mais parce que ce livre mêle réalité et illusion sans cesse. 

 

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mercredi, janvier 24 2018

Pierre et Mohamed, semence d'espérance

 

 

          En général, on connaît Mgr Pierre Claverie, évêque d’Oran, au moins de nom… Parfois, l’on sait qu’il fut assassiné (on peut en savoir plus en lisant ce dossier de La Croix qui lui est consacré) mais on sait rarement qu’il était accompagné de son jeune chauffeur musulman, Mohamed. C’est à cette rencontre entre deux hommes que ce petit livre, Pierre et Mohamed, est consacré : quelques pensées, de part et d’autre ; quelques réflexions de chaque côté, non isolées mais bien conçues en lien, en pont, bref, en amitié. Quand on se frotte par la quotidienneté de sa vie au dialogue islamo-chrétien, on ne peut que se sentir concerné. 

 

          Dans ce livre, dont le texte est joué au théâtre depuis plusieurs années, il ne s’agit pas d’une tragédie devant laquelle pousser des hauts cris, ni d’une dénonciation de la violence aveugle qui ne fait qu’empirer mais bien plutôt de graines de réflexion qui ne demandent qu’à germer. Ce dont il s’agit ici, c’est d’un appel : non à la tolérance souvent si condescendante mais bien à l’amitié vraie, celle qui nous permet d’entrer en dialogue avec l’autre, en restant nous-mêmes. Cultiver cette culture du dialogue en ces temps troublés, c’est très certainement d’une réelle actualité : on le perçoit a fortiori dans la postface inédite de l’auteur. Merci frère Adrien de ce bel ouvrage !

 

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« Toutes les religions sont sans cesse exposées à devenir des instruments d’oppression et d’aliénation. Ne laissons pas l’esprit être étouffé par la lettre. Nous pouvons lutter contre ces dénaturations de la foi, la nôtre comme celle des autres, en maintenant le dialogue malgré les remous de surface et les apparents durcissements. Le dialogue est une œuvre sans cesse à reprendre : lui seul nous permet de désarmer le fanatisme, en nous et chez l’autre. C'est par lui que nous sommes appelés à exprimer notre foi en l'amour de Dieu qui aura le dernier mot sur toutes les puissances de division et de mort. » (p. 37)

 

fr. Adrien Candiard (o.p.), Pierre et Mohamed, éd. Tallandier, 2018, 77 p.

vendredi, avril 26 2013

L’aventure étrange de la vie au prisme de la survie


Les éditions JC Lattès ont eu l’amabilité de m’envoyer le dernier livre d’Olivier Le Gendre, C’est une étrange aventure que de survivre en service presse il y a quelques semaines et c’est fort aimable à eux !

 

Et c’est avec intérêt que j’ai ouvert ce livre car le thème de la faiblesse, de la Foi et de la vie dans celle-ci me touche et me parle énormément. Ce livre, c’est l’éloge de la Puissance de Dieu dans nos faiblesses : non seulement dans les « vases d’argile » que nous sommes chacun d’entre nous mais aussi pour la fragilité de l’humanité en général qu’Il vient sauver, au-delà de toutes nos incompréhensions.

 

Cette confiance, cette force qu’Il donne, malgré tout, c’est une des choses les plus belles et les plus intimement touchantes, qu’il nous est donné d’expérimenter quand nous sommes au plus bas. C’est ce que l’auteur balbutie avec ses mots, vers la fin :

 

« Dieu manifeste sa tendresse de multiples façons. Je vous l’assure : je l’ai constaté. Il n’a cessé d’être auprès de moi. Cela ne souffre aucun débat. »

 

Le problème de ce livre, ce qui est extrêmement agaçant, même si cela va en s’atténuant au fil du récit, ce sont les piques perpétuelles contre l’Église. Autant il me semble essentiel d’avoir une parole libre au sein de cette dernière, quitte à dire son désaccord, autant attaquer ou subodorer sans cesse une rigidité derrière des attitudes me paraît manquer de justesse. Car dire son désaccord avec sincérité, c’est ouvrir la possibilité d’un dialogue où l’on accepte d’avoir à terme peut-être soi-même à revoir son point de vue, c’est se mettre en danger mutuellement pour progresser ; tandis que la pique perpétuelle finit par rater son rôle de poil à gratter pour simplement blesser inutilement.

 

Réclamer une bienveillance plus importante de l’Église vis-à-vis de chacun, c’est très juste mais seulement si soi-même on adopte cette attitude envers l’Église, c’est-à-dire vis-à-vis autant de son « impression d’ensemble » que de chacun des membres qui la constitue. C’est d’autant plus dommage qu’on sent bien qu’au fond – et de manière certaine même – l’auteur aime profondément l’Église : mais faut-il craindre de le dire plus clairement, même en face de sensibilités différentes de la sienne propre ?

 

De ce livre, ce sont donc ses pages de confiance que je veux garder. Car l’auteur bafouillait encore, comme un "Seigneur, Tu sais tout, Tu sais bien que je T'aime", ces belles phrases :

 

 « En vérité, je l’atteste, je croisais tous les jours Dieu dans la présence attentionnée des gens, dans un message, dans le souvenir imprécis d’un verset de psaume. François d’Assise voyait bien dans les fleurs et les animaux une présence fraternelle. […]

Dieu est dans notre monde sous des formes ordinaires ou sous des formes extraordinaires, alors qu’Il aurait pu se contenter de vivre à l’écart dans un lieu inaccessible. Il était là, près de moi, Il ne m’a jamais manqué. Point barre. Je n’en démordrai pas. »

 

samedi, janvier 19 2013

Dali et Dali

 

     Courant décembre, j’étais allée voir avec une amie la fabuleuse exposition Dali au centre Georges Pompidou[1]. Je connaissais assez mal Dali, en dehors de quelques poncifs qu’on peut lire et dire à peu près partout : je fus assez séduite. Et je ne parle pas de l’habituel et délicieux spectacle-dans-la-salle-d’expo consistant à écouter parler les différents visiteurs et qui prend des saveurs encore plus goûtues quand il s’agit de surréalisme, mais bien de son œuvre à lui.

 

Bien sûr, je ne prétends pas comprendre sa peinture, ni l’interpréter, ni piger tout ses délires dont certains me laissent fort dubitative mais tout de même, c’est quelque chose ! De la couleur, une vision autant déformée que reformée, des idées originales et, parfois, cela touche, on ne sait pas bien comment. Mystère de l’art !

 

Mais pourquoi est-ce que je ne vous parle de cela que maintenant ? Car je viens enfin de lire et finir la BD Dali par Baudouin, offerte à Noël par mon frère.

 

Simple biographie ? Pas que.

 



[1] Jusqu’au 25 mars 2013, si vous souhaitez y aller. 

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mercredi, décembre 22 2010

C’est évident mais pas tant…

 

Quand un livre commence par « contre », j’ai tendance à me méfier, à me demander quel manifeste étrange l’on me proposera encore pour démolir ce qui semblait tenir debout jusque là : comme s’il était honteux d’oser affirmer un jour que l’on est « pour » ! Pourtant, ce livre-là, je tenais à le lire tant j’avais apprécié l’auteur d’une parole osant la différence et dont le ton sonnait si juste dans Le Corps bouleversé, sur un tout autre sujet, pas vraiment évident pour le coup. Alors, j’ai ouvert Contre le Dieu des évidences.

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samedi, janvier 23 2010

Décapant Décapage

                Connaissez-vous l’excellent blogue du non moins excellentissime Pierre Jourde ? Outre le fait qu’il soit un grand écrivain, un critique littéraire féroce (Ah La Littérature sans estomac !) et un universitaire aux centres d’intérêt plaisants – dont les travaux huysmansiens ont d’ailleurs grandement inspiré une partie de mon mémoire de l’an passé – ce monsieur [de la] littérature a la charmante idée d’être le tenancier d’un blogue intitulé « Confitures de culture ». Comme la confiture, l’on s’en délecte volontiers malgré des saveurs parfois originales qui peuvent surprendre nos papilles habituées au soporifique ronronnement des médias classiques : c’est avec grand plaisir que j’y fais régulièrement un tour.

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mercredi, octobre 28 2009

Critique des critiques, par Sainte-Beuve


Sans l’aspect « faites ce que je dis et pas ce que je fais » qui fera tiquer les connaisseurs (qu’on peut toutefois compenser par sa conscience aigüe de ce qu’est le métier de critique), ce texte me semble d’une actualité… frappante.


Sainte-Beuve

" Le don du jugement est la chose du monde que les hommes possèdent de plus diverse mesure." Cela est vrai en matière de goût principalement, et dans tout ce qui touche à la poésie et à l'imagination. Nous vivons dans un temps où chacun se croit critique et se pose comme tel. C'est le pis-aller du moindre grimaud (comme on disait du temps de Boileau), du moindre apprenti littéraire, que de trancher de l'Aristarque en feuilleton. "Les arts les plus mécaniques sont traités avec plus d'honneur que les ouvrages d'esprit ; car ceux qui les ignorent ne se mêlent pas d'en juger, ou ils suivent le sentiment des autres qui les entendent : au contraire, en matière de livres, le plus impertinent est le plus hardi critique." - Le don de critique véritable n'a été pourtant accordé qu'à quelques-uns. Ce don devient même du génie lorsqu'au milieu des révolutions du goût, entre les ruines d'un vieux genre qui s'écroule et les innovations qui se tentent, il s'agit de discerner avec netteté, avec certitude, sans aucune mollesse, ce qui est bon et ce qui vivra ; si, dans une oeuvre nouvelle, l'originalité réelle suffit à racheter les défauts ? de quel ordre est l'ouvrage ? de quelle portée et de quelle voléee est l'auteur ? et oser dire tout cela avec tout, et le dire d'un ton qui impose et se fasse écouter.

in Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littéraire (cours donné à Liège en 1848-1849).