Zabou the terrible

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Mot-clé - Littérature(s)

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vendredi, janvier 23 2009

Ivresse

 
       En ces temps troublés, il convient de savoir revenir à l'essentiel. Baudelaire, essentiel ? Parfois, oui, je le crois volontiers, quand on le lit et qu'il vous saisit, c'est-à-dire souvent. Bêtement hédoniste, osez-vous dire ? Je ne crois pas. Et puis cela dépend de votre lecture : pour ma part, j'ai choisi mon ivresse et souhaite en être ivre longtemps, ma vie durant. Tout est là, même. Et vous ?
 
Enivrez-vous
 
       Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
 
       Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
 
       Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : "Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise."
 
in Charles BAUDELAIRE, Le Spleen de Paris
 

dimanche, janvier 18 2009

Si même Zola le dit !

 
          "Huysmans est un raffiné de la langue, un des stylistes les plus précieux, les plus délicats que nous ayons. Il a outré le rendu intense de ses aînés, il est allé plus avant dans la curiosité des tournures, dans la vie tourmentée des images, dans la traduction nerveuse des choses et des êtres. [...] Littérature morbide, dira-t-on. Oui, peut-être. Il y a là une recherche du cas pathologique, un goût pour les plaies humaines. Mais ce que personne ne veut voir, c'est que, si le romancier va à la bête dans l'homme, l'artiste est un sensitif des plus délicats et un merveilleux ouvrier de la langue."
 
in Emile Zola, "Céard et Huysmans", Le Figaro, 11 avril 1881
 

mardi, décembre 30 2008

Faire sensation avec la sensorialité ?

 
"On s'accorde assez communément aujourd'hui à reconnaître à la littérature une fonction et un pouvoir qui débordent largement son rôle ancien de divertissement, de glorification ou d'ornement. On aime à voir en elle une expression des choix, des obsessions et des problèmes qui se situent au coeur de l'existence personnelle. Bref la création littéraire apparaît désormais come une expérience, ou même comme une pratique de soi, comme un exercice d'appréhension et de genèse. [...]
 
Tel paysage, telle couleur de ciel, telle courbe de phrase éclairent l'intention de telle option morale, de tel engagement sentimental. Telle obscure rêverie de l'imagination dynamique ou matérielle rejoint en profondeur la spéculation la plus abstraitement conceptuelle. Et c'est dans les choses, parmi les hommes, au coeur de la sensation, du désir ou de la rencontre, que se vérifient les quelques thèmes essentiels qui orchestrent ainsi la vie la plus secrète, la méditation du temps ou de la mort. [...] Et la littérature est une aventure d'être."
 
In Jean-Pierre Richard, "Avant-propos", Littérature et sensation.
(repris en coll. points poche sous le titre Stendhal Flaubert)
 

samedi, décembre 20 2008

Peut-être...

 
"S'enfoncer dans l'érudition, c'est atteindre ces régions où l'on ne vous rejoint plus, s'avancer vers ces pointes extrêmes de la connaissance, ces fins fonds de tiroir où, peut-être, se trouverait Autre chose."
 
in Pierre Jourde, Huysmans : A rebours ou l'identité inchangée
 
Peut-être...
Et si... ?
 

mercredi, décembre 10 2008

Bâtir sa maison sur le roc

 
 
 "Sur toute chose je pleure et j'interroge tout.
Ce n'est point sur le sable, mais sur le roc du Verbe
Que j'ai bâti, moi, le château de mon coeur.
Il fallait, pour revivre, il fallait que je meure.
Tu m'as ressuscité et tu m'as bien voulu
Que je demeure là où tes pieds sont posés"
 
In "Askraios", La Vie Immuable, Costis PALAMAS
 

mardi, octobre 21 2008

Rencontre

 
Je vous l'avais dit qu'il y avait de l'écho dans le coin. Quelques extraits d'un livre sur lequel je travaille actuellement.

"Les livres sont notre mot de passe pour devenir plus que nous ne sommes. Leur capacité de produire cette transcendance a suscité, des discussions, des allégorisations et des déconstructions sans fin.

La rencontre avec le livre, comme avec l'homme ou la femme, qui va changer notre vie, souvent dans un instant de reconnaissance qui s'ignore, peut être pur hasard. Le texte qui nous convertira à une foi, nous ralliera à une idéologie, donnera à notre existence une fin et un critère, pouvait nous attendre au rayon des occasions, des livres défraîchis, des soldes. Il peut se trouver, poussiéreux et oublié, sur un rayon juste à côté du volume que nous cherchons. "

"Ceux qui brûlent les livres, qui bannissent et tuent les poètes, savent exactement ce qu'ils font. Le pouvoir indéterminé des livres est incalculable. "
 
in George Steiner, Ceux qui brûlent les livres
 

samedi, octobre 4 2008

Du destin des livres

 
"Je me demande ce qu'est devenue la seule propriété à laquelle Achille tînt, tous ces bouquins sans héritier ; je me demande dans quelle salle des ventes, dans quel grenier se pulvérisant ou dans quelle cave pourrissant, reposent comme des morts mais que n'importe quelle main amie peut ressusciter, les livres niais qu'il destinait encore à Roland et n'eut pas le temps de lui offrir, et les autres livres, pompeux, ingénument humanistes et tautologiques, dont il se promettait d'égayer ses derniers ans. Mais peut-être que Là-Haut les vieux auteurs, les vrais dont on est toujours indigne, et leurs intercesseurs, les benoîts exégètes à barbiche début de siècle, lui disent eux-mêmes leurs textes, d'une plus vive voix que les voix des vivants."
 
in Pierre Michon, Vies minuscules
 
Se soucier du destin des livres ?  
Peut-être sont-ils, ces livres, échos du Livre d'où sort un jour une vive voix qui marque à jamais ?   
 

lundi, septembre 1 2008

La littérature, pourquoi faire ?

            Chaque étudiant en lettres, ou même passionné de littérature, a déjà entendu cette question au moins une fois dans sa vie si ce n’est au quotidien qu’il doit la subir, pauvre martyr d’une matière dépréciée.

 

            La force de l’habitude aidant, l’étudiant finit par en rire et trouve des réponses farfelues pour montrer à son interlocuteur qu’effectivement il ne sert à rien et n’en fait guère plus car, après tout, la littérature ne fait que servir la conception kantienne du Beau ou encore, ce qui revient au même, l’Art vu comme « finalité sans fin » (encore du Kant !). Cela ne sert peut-être au fond qu’à camoufler l’angoisse qui, parfois, nous étreint, quand l’itération des questions « pourquoi » ébranle notre confiance en nous-même.  

 

            La lecture d’un bon livre fait relever la tête et les traits retrouvent leur expression habituelle, enjouée, mais légèrement empreinte de défi et de distance ironique, pudeur de celui qui aime trop sa matière, chérie entre toutes.

 

            Dans ce contexte, vous comprendrez que cette simple phrase lue sur un ouvrage « La littérature, pour quoi faire ? » fasse mouche et attire l’étudiant  espérant y trouver de quoi fourbir ses armes contre ses détracteurs. Bien sûr, ce n’est pas tout à fait ce qu’il y trouve puisque l’ouvrage en question est la leçon inaugurale d’Antoine Compagnon au Collège de France. Dans des pages enlevées, pleines de délicieuse culture, l’auteur y clame avec force sa passion pour la littérature, lui, l’ancien polytechnicien. Et, s’il parcourt l’histoire, il sème surtout de multiples champs de réflexion possibles dans l’esprit de son lecteur. Parce que la littérature même ultra-ancienne  n’est pas morte mais bien vivante.

 

Parce que la littérature, c’est bien.

Mais toi, "hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère",

Comme moi, jamais tu ne finiras de te la poser, cette perfide question,

et chaque jour te donnera une raison de plus de caresser, de tourner,

La douce page de soi(e).

En conclusion, nous pouvons dire que « finalement, c’est Eric le porc-épic qui avait raison ». (et ne me demandez pas pourquoi, cela reste et restera mystère)

 

mercredi, août 27 2008

Pourquoi la littérature ?

 
"Ma confiance en l'avenir de la littérature repose sur la certitude qu'il y a des choses que seule la littérature peut nous donner."
 
Italo Calvino
 

samedi, août 16 2008

Le Credo de Dostoïevski

 
        On sait le combat que Claudel mena durant 4 ans, tiraillé entre son expérience spirituelle et les objections de sa raison, construite au sein de ce qu'il appelle un "bagne matérialiste". On connaît moins l'attitude d'autres écrivains face à cette "Raison" qui semble contredire leur foi... en apparence.
 

           "Je vous dirais à mon sujet que je suis un enfant du siècle, enfant de l'incroyance et du doute jusqu'à ce jour et le serai même (je le sais) jusqu'à la tombe. Que de souffrances effrayantes m'a coûtées et me coûte aujourd'hui cette soif de croire, qui est dans mon âme d'autant plus forte qu'il y a davantage en moi d'arguments contraires. Et cependant Dieu m'envoie parfois des instants où je suis parfaitement tranquille : dans ces instants j'aime et je trouve que les autres m'aiment, et c'est dans ces instants-là que je me suis composé un Credo dans lequel tout pour moi est clair et sacré. Ce Credo est simple, le voici : croire qu'il n'est rien de plus beau, plus profond, plus sympathique, plus raisonnable, plus viril et plus parfait que le Christ, et non seulement qu'il n'est rien, mais -je me le dis avec un amour jaloux- qu'il ne peut rien être. Bien plus, si quelqu'un me prouvait que le Christ est hors de la vérité, et qu'il fût réel que la vérité soit hors du Christ, je voudrais plutôt rester avec le Christ qu'avec la vérité."

Extrait d'une lettre particulière, Fédor Dostoïevski, 1854

 

lundi, juillet 7 2008

Bernanos, l'enfance et la poésie

 
    En guise d'au revoir, je vous livre un texte retrouvé il y a quelques semaines tandis que je fouillais un grenier familial poussiéreux. Il apparaissait sur une antique coupure de journal, reproduisant quelques mots de Bernanos écrits sur l'album d'une jeune demoiselle. Leçon d'un aîné, cri d'un coeur brûlant.   
 
Mademoiselle,
 
        Il y a cinq minutes, je me demandais ce que j'allais écrire sur votre album parce que je suis naturellement paresseux. Et puis, j'ai pensé tout à coup que cette idée d'avoir un album était, au fond, bien touchante, bien émouvante -que c'était une idée d'enfant. Et comme toutes les idées d'enfant, elle est généralement bafouée, parce que le monde ne comprend rien à l'enfance. Je ne dis pas que le monde hait l'enfance, mais elle l'embête, et le monde, qui tolère tout, ne supporte pas qu'on l'embête.
 
        Bref, les jeunes filles tendent leur album aux "grandes personnes" comme les pauvres tendent la main. Et ils sont généralement déçus l'un etutre, car il n'y a jamais eu de réellement déçus dans l'univers que les privilégiés des béatitudes, c'est-à-dire les pauvres et les enfants.
 
        La plupart de ces grandes personnes auxquelles vous avez tendu la main -cardinaux, théologiens, historiens, essayistes, romanciers- vous ont donné tout juste une signature. La signature est ici l'équivalent du petit sou qu'on donne aux pauvres. Entre parenthèses, si le régime totalitaire triomphe, ils n'auront même plus besoin d'écrire leur nom, ils inscriront seulement leur numéro matricule comme les militaires ou les forçats.
 
        Mais vous n'avez pas tendu la main qu'aux grandes personnes, vous l'avez aussi tendue aux poètes. Et je crois que les poètes -ô miracle !- vous ont donné sans compter, parce que les poètes sont par nature libéraux et magnifiques. N'oubliez pas désormais que ce monde hideux ne se soutient encore que par la doce complicité -toujours combattue, toujours renaissante- des poètes et des enfants.
 
        Soyez fidèle aux poètes, restez fidèle à l'enfance ! Ne devenez jamais une grande personne ! Il y a un complot des grandes personnes contre l'enfance, et il suffit de lire l'Evangile pour s'en rendre compte. Le Bon Dieu a dit aux cardinaux, théologiens, essayistes, romanciers, à tous enfin : "Devenez semblables aux enfants." Et les cardinaux, théologiens, historiens, essayistes, romanciers, répètent de siècle en siècle à l'enfance trahie : "Devenez semblable à nous."
 
       Lorsque vous relirez ces lignes, dans bien des années, donnez un souvenir au vieil écrivain qui croit de plus en plus à l'impuissance des Puissants, à l'ignorance des Docteurs, à la niaiserie des Machiavels, à l'incurable frivolité des gens sérieux. Tout ce qu'il y a de beau dans l'histoire du monde s'est fait à l'insu de nous par le mystérieux accord de l'humble et ardente patience de l'homme avec la douce Pitié de Dieu.
 
       Bon courage et bonne chance ! Il nous faut tous surmonter la vie. Mais la seule manière de supporter la vie, c'est de l'aimer. Tous les péchés capitaux damnent moins d'hommes que l'Avarice et l'Ennui.
 
G. BERNANOS
 

samedi, juin 14 2008

Sujet

 
Ce matin 8h30, Sorbonne, amphi Milne-Edwards :
 
              Comment comprenez-vous ces quelques phrases de Claudel, à propos du Soulier de satin ? "Dans un drame, c'est l'action elle-même qui crée le monde autour d'elle. Elle ne se déploie pas dans un monde voulu. Elle n'a pas [...] à se servir de tel ou tel événement historique pour y déplacer une action plus ou moins historique. C'est le drame lui-même qui, par sa logique intrinsèque, crée, pour ainsi dire, le monde autour de lui, que ce monde emprunte des éléments à la réalité ou qu'il soit purement imaginaire." (Mémoires improvisés, entretiens avec Jean Amrouche [1951], Gallimard, 2001, p. 325)
 
 
P.S 1 : Maggy, j'ai fait une référence à ce bon vieux Tête d'Or ! Pas réussi à en faire à Harry Potter et à ce cher Baldinouchet en revanche...
P.S 2 : Ca sert à rien puisqu'il n'était pas apparent mais, mon plan :
 
I Le petit grand monde du Soulier de satin.
II L'action comme principium.
III Du theatrum mundi au mundum theatri.
 
Ca vous fait une belle jambe ? Bah, je me suis tellement amusée à le faire qu'il fallait bien que je l'écrive quelque part.
 
P.S 3 : Encore un...
 

jeudi, juin 12 2008

Lyrisme et enthousiasme

 
    Sur ce blog s'est récemment tenue une discussion sur l'enthousiasme dans la vie d'une étudiante sorbonnarde. Je ne dispose malheureusement pas actuellement du temps nécessaire pour écrire un billet sur cette question essentielle mais cela m'a fait repenser à un p'tit bout de dissert' écrit ce semestre, approfondissant une réflexion de madame de Staël sur les liens entre création poétique et enthousiasme à l'aide de textes poétiques du XXe. Du coup, je le livre "tel quel" à ceux que la question intéresse :
 

             Il ne s'agit nullement d'un simple phénomène de surface mais bien de quelque chose de plus profond, impliquant la part la  plus intime du poète et, de là, tout l'être.

            C'est bien autour de cette part intime que se situe le deuxième volet des réflexions de la critique. Madame de Staël parle en effet de recherche « en soi-même » puis d’ « enthousiasme », mot à considérer ici dans son acception étymologique grecque formée sur εν Θεος, c’est-à-dire en Dieu,  et sur un verbe impliquant l’idée d’un mouvement passif : l’inspiration est alors considérée comme transport divin, trouvant sa source au cœur même du Poète. Le champ lexical du sacré et du religieux, voire du mystique, omniprésent dans ce texte se trouve ainsi expliqué, avec des expressions comme « odes religieuses », « foi vive », « abandon », « dieu », « harmonie céleste », « divinisé » ou encore « âme ». Mystique car le poète écoute un dieu qu’il trouve en lui-même, nourri qu’il est d’une « foi vive », à la façon d’un saint Augustin parlant de ce qu’il possède « de plus intime à lui-même que lui-même ». Madame de Staël se trouve ici à la croisée de l’histoire littéraire. Héritière de celle-ci, elle se situe dans la lignée de l’Antiquité où le lyrisme avait trait aux odes religieuses avant toute chose : elle utilise même les termes d’ « ode » et de « psaume », assurant par là son adéquation avec l’héritage des Anciens. Novatrice car elle se pose en initiatrice d’une conception du poète chère aux Romantiques : celle du Poète inspiré. Notion essentielle se retrouvant chez les auteurs du XXème siècle, comme par exemple chez Jaccottet dans « Le mot joie » du recueil A la lumière d’hiver : le titre déjà semble être un lointain écho à l’enthousiasme… Et l’on songe à une joie pleine, quasi-religieuse, d’autant plus à la lecture de ces mots : « il me venait d’une langue étrangère, ou morte. » renvoyant à une langue divinisée qui serait transcrite dans le poème. Cette idée de langue divine se retrouve également chez Eugène Guillevic où l’on remarque ces vers :

Je veux dire : ces moments

Quand tu ne sais pas qui parle,

Ni de quoi, ni dans quelle espèce de langue. 

Langue qu’il convient de « déchiffrer » et ce, tout au long de sa vie assure-t-il plus loin. Le poète endosse alors un statut de prophète, percevant et accueillant cette langue divine. Cette certaine passivité se retrouve par l’usage de verbes de perceptions –principalement « écouter » et « entendre »- que cela soit chez Apollinaire, Reverdy, Jaccottet ou encore Guillevic, souvent dans des tournures impersonnelles.

      Approche "tout enthousiasme" du "Poète inspiré" que je me permets toutefois de nuancer un peu plus loin, sans en nier l'importance :

           Le poète est en réalité dans une quête permanente où activité et passivité de sa part doivent se rejoindre pour donner au lyrisme toute sa force dans la naissance d’un nouveau poème.

 

mardi, mars 11 2008

Quizz littéraire !

 
Parce que cela faisait longtemps, parce que cela vous manquait (oui, je le sais), voilà pour vous, amis lecteurs, un nouveau quizz littéraire. Je ne me suis pas moquée de vous : c'est pour une fois un extrait conséquent et non une poésie ou une simple citation. Comme à l'habitude, les moteurs de recherche sont interdits car ils ôteraient tout intérêt à la recherche... d'ailleurs, que faut-il trouver ?
 
L'AUTEUR
LE TITRE
Et, si possible,
POURQUOI CE TEXTE EST-IL IMPORTANT DANS L'HISTOIRE DE LA THEORIE LITTERAIRE ?
 
Vous ne savez pas ? Qu'importe, tentez tout de même votre chance Clin d'oeil
 
    "C'est dans le détail du style, surtout, que vous pourrez juger la manière polie dont on s'ennuie si parfaitement aujoud'hui. Je ne crois pas qu'un étranger puisse facilement arriver à comprendre à quel degré de faux étaient parvenus quelques versificateurs pour la scène, je ne veux pas dire poètes. Pour vous en donner quelques exemples entre cent mille, quand on voulait dire des espions, on disait comme Ducis :
 
Ces mortels dont l'Etat gage la vigilance.
 
    Vous sentez qu'une extrême politesse envers la corporation des espions a pu seule donner naissance à une périphrase aussi élégante, et que ceux de ces mortels qui, d'aventure, se trouvaient alors dans la salle en étaient assurément reconnaissants. Style naturel d'ailleurs ; car ne concevez-vous pas facilement qu'un roi, au lieu de faire dire tout simplement au ministre de la police : Vous enverrez cent espions à la frontière dise : Seigneur, vous enverrez cent mortels dont l'Etat gage la vigilance ? Voilà qui est noble, poli et harmonieux. [...]
 
    Croiriez-vous, par exemple, vous, Anglais ! vous qui savez quels mots se disent dans les tragédies de Shakespeare, que la muse tragique française ou Melpomène a été 98 ans avant de se décider à dire tout haut : un mouchoir, elle qui disait chien et éponge très franchement ? Voici les degrés par lesquels elle a passé avec une pruderie et un embarras assez plaisants. [...]
 
    Enfin, on rit de cette pruderie, Dieu soit loué ! le poète pourra suivre son inspiration aussi librement dans la prose, et parcourir sans obstacle l'échelle entière de ses idées sans craindre de sentir les degrés manquer sous lui. Nous ne sommes pas assez heureux pour mêler dans la même scène la prose aux vers blancs et aux vers rimés : vous avez en Angleterre ces trois octaves à parcourir, et elles ont entre elles une harmonie qui ne peut s'établir en français. Il fallait pour les traduire détendre le vers alexandrin jusqu'à la négligence la plus familière (le récitatif), puis le remonter jusqu'au lyrisme le plus haut (le chant), c'est ce que j'ai tenté. La prose, lorsqu'elle traduit les passages épiques, a un défaut bien grand, et visible surtout sur la scène, c'est de paraître tout à coup boursouflée, guindée et mélodramatique, tandis que le vers, plus élastique, se ploie à toutes les formes : lorsqu'il vole, on ne s'en étonne pas, car lorsqu'il marche, on sent qu'il a des ailes."
 
 
Un indice ? Texte écrit entre 1800 et 2000.
 

mardi, août 9 2005

Encore un extrait de Gibran


Et un vieux prêtre dit : Parlez-nous de la Religion
Et il dit :
Ai-je parlé aujourd’hui de quelque autre chose ?
La religion, n’est-ce pas tout acte et toute réflexion,
Et ce qui n’est ni acte ni réflexion, mais un étonnement et une surprise toujours naissant dans l’âme, même lorsque les mains taillent la pierre ou tendent le métier ?
Qui peut séparer sa foi de ses actions, ou sa croyance de ses occupations ?
Qui peut étendre ses heures devant lui, disant,
"Ceci est pour Dieu et ceci pour moi-même;
Ceci pour mon âme et ceci pour mon corps" ?
Toutes vos heures sont des ailes qui battent à travers l’espace d’un moi à un moi.
 
Tiré de Le Prophète de Khalil GIBRAN

vendredi, juillet 29 2005

Pas besoin d’un moment particulier pour méditer

Nous avons beau être en vacances, ce ne doit pas être celles de l’esprit ! Alors, je vous propose un magnifique texte (selon moi) pour méditer, penser, réagir… Faîtes-en ce que vous voulez   !
 
Quand l’Amour vous fait signe, suivez-le,
bien que ses voies soient dures et escarpées.
Et lorsque ses ailes vous enveloppent, cédez-lui,
Bien que l’épée cachée dans son pennage puisse vous blesser.
Et lorsqu’il vous parle, croyez en lu,
Malgré que sa voix puisse briser vos rêves comme le vent du nord saccage vos jardins.
 
[...]
 
Comme des gerbes de blé, il vous emporte.
il vous bat pour vous mettre à nu.
il vous tamise pour vous libérer de votre bale.
il vous broie jusqu’à la blancheur.
il vous pétrit jusqu’à ce que vous soyez souples ;
Et alors il vous livre à son feu, pour que vous puissiez devenir le pain sacré du festin de Dieu.
 
Toutes ces chose, l’amour vous les fera pour que vous puissiez connaître les secrets de votre coeur et devenir, en cette connaissance, un fragment du coeur de la Vie.
 
[...]
 
L’Amour ne donne que de lui-même et ne prend que de lui-même.
L’Amour ne possède pas, et ne veut pas être possédé ;
Car l’Amour suffit à l’Amour.
 
 
Extrait de : Le prophète, Khalil Gibran

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