Dans les offices monastiques, il y a toujours du silence : un beau silence, un silence plein de densité, du côté des moines comme du côté de leurs hôtes.
Ce n’est pas que les gens se font la tronche ou qu’ils ne savent pas quoi se dire, encore moins qu’ils se cachent des choses. Ou plutôt, ce n’est pas tout à fait qu’ils se cachent, ils sont pleinement présents, c’est que ce silence est révélateur de quelque chose de plus profond. Un silence extérieur qui révèle en intérieur une écoute, un babil amoureux, parfois suppliant, un colloque avec Celui qui est au plus profond de nous-même : un espace, un temps, un blanc juste pour le Seigneur.
Et, dans ces offices, le silence des uns veille sur le silence des autres, qu’on y soit pleinement ou parfois un peu distrait, pas franchement présent, avec l’esprit qui rêvasse. Ce n’est pourtant pas le silence contraint d’un groupe avec un enseignant pour dire « chut les enfants » ou le silence mêlé de nos réseaux qui bruissent : c’est plutôt le silence des amoureux qui savent qu’il y a du temps à savourer simplement ensemble. Là, le silence amoureux s’est répandu et se garde comme un cadeau à s’offrir les uns aux autres avant de chanter, de parler ou de repartir dans le vaste monde : il est une source que tous s’entraident à garder la plus désensablée possible, l’oasis pour savoir mieux traverser les déserts de nos existences.
Et demain, je repartirai vers ma vie quotidienne pleine de ce beau silence qui viendra faire résonner autrement mes paroles et mes gestes, en les accordant un peu plus justement à Lui.