Zabou the terrible

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mardi, mars 3 2015

L'offrande du mendiant : à l'école de Sa pauvreté

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Ai lu durant les vacances L'Offrande du mendiant : quelques pages, fioretti d'une "communauté nouvelle", la communauté de l'Agneau, rameau descendant du solide tronc des nombreuses fondations de saint Dominique. 

 

Un charisme, une intuition : retrouver et s'enraciner dans la pauvreté et la mendicité des origines. S'ensuivent de beaux récits, tous pleins de la grâce de Dieu qui aime tant à s'écrire en clins-Dieu, à l'aune de Sa Parole, souvent rappelée en épigraphe ou au gré des récits : car la Parole n'est pas ici simple illustration, elle est au contraire vécue, incarnée, dans ces différents récits. 

 

Et pour nous dans le monde "ordinaire", quel intérêt allez-vous me dire ? 

 

Je vous répondrais déjà que se souvenir de la grâce de DIeu agissant dans notre monde, c'est déjà une belle joie et un motif suffisant pour le lire. 

 

Mais sans doute pouvons-nous le lire à plus large vue. Ainsi, pour moi, aimant la marche au long cours, j'y ai redécouvert quelques belles réalités que j'ai pu vivre le long du chemin : notamment cette réalité si grandiose que Dieu pourvoit, que l'inquiétude est de trop, que la confiance seule est essentielle... 

Il ne s'agit pas de jouer au pauvre : il s'agit de savoir ne pas, ne plus être repus, d'apprendre à laisser de la place pour accueillir le don de Dieu chaque jour, "notre pain de ce jour"... En ce sens, c'est aussi un chemin de Carême, c'est aussi un chemin de vie pour chacun. 

 

vendredi, décembre 26 2014

Tendre Noël !

 

« Dieu qui nous regarde avec des yeux pleins d’affection, qui accepte notre misère, Dieu amoureux de notre petitesse. En cette sainte nuit, tandis que nous contemplons l’Enfant Jésus qui vient de naître et d’être déposé dans une mangeoire, nous sommes invités à réfléchir. Comment accueillons-nous la tendresse de Dieu ? Est-ce que je me laisse rejoindre par lui, est-ce que je me laisse embrasser, ou bien est-ce que je l’empêche de s’approcher ? ‘‘Mais je cherche le Seigneur’’ – pourrions-nous rétorquer. Toutefois, la chose la plus importante n’est pas de le chercher, mais plutôt de faire en sorte que ce soit lui qui me trouve et qui me caresse avec amour. Voici la question que nous pose l’Enfant par sa seule présence : est-ce que je permets à Dieu de m’aimer ? »

Pape François, homélie de la messe de la Nuit de Noël 2014

 

Comment accueillons-nous la tendresse de Dieu ?

… Très belle, très juste question… !

Quand on regarde des scènes de Nativité, des tableaux, des crèches, on est souvent pris de tendresse : c’est mignon, c’est beau et c’est pour le Christ qu’on ressent cette tendresse.

 

 

 

Mais comment accueillons-nous la tendresse de Dieu ? La question du pape me reste dans le cœur :

Quand je pense à tout ce qu’il y a à préparer avant Noël au lieu de me tourner vers l’immense don que Dieu nous fait,

Quand je me fais ma petite vision personnelle de Dieu, que je l’enferme dans mes limites,

Quand je pense à « moi » en y mettant plein de majuscules, emplie de mes préoccupations,

Quand je regarde les autres, leurs manières de faire ceci et cela en jugeant sans aimer…

… La liste est infinie :

Comment accueillir la tendresse de Dieu si mon cœur est plein de lui-même ?
Comment accueillir la tendresse de Dieu si je ne reconnais pas mon propre péché, ma propre fragilité ?

Comment accueillir la tendresse de Dieu si je ne laisse pas ma vie tout entière s’emplir de simplicité ?

 

Devant la fragilité de l’enfant de la crèche, les beaux propos ne peuvent que se taire, inutiles,

Les mensonges, les remparts bien bâtis pour protéger nos blessures, également : qu’en a à faire un nouveau-né ?

A genoux : non comme posture à se donner mais comme un appel à l’ouverture du cœur, à sa simplicité ;

A genoux : c’est se mettre à la hauteur du Nouveau Né et donc, si curieusement, accepter de se mettre à la hauteur d’un Dieu qui s’abaisse en s’abaissant devant Lui ;

A genoux : c’est, justement, laisser la possibilité de se laisser très tendrement toucher par la petite main de l’être tout fragile, qui vient juste pour te dire « je t’aime »,

Caresse de l’enfant qui ne sait encore que babiller.

 

A vous tous, chers lecteurs, un tendre Noël :

que la venue du Seigneur en notre chair illumine vos jours de Sa clarté !

 

mercredi, septembre 24 2014

Les aimer ? En vérité : une réalité ?

– Madame, est-ce que vous aimez la classe dont vous êtes professeur principal ? 

– Madame, est-ce que vous nous aimez ?" 

Les 6èmes, ces champions haut comme trois pommes du plan affectif à tout va... 

Ce n'est pas si facile en réalité. 

Certains répondent qu'ils ne sont pas là pour les aimer - c'est vrai, d'ailleurs - d'autres répondent "Ben oui" risquant par là même ce que j'appellerais le "chantage affectif à la choupitude" quand il faut les punir. Plus tard, il y aura forcément des "madame, vous n'm'aimez pas !!!" lors d'heures de retenue : comme si, aimer, c'était cela, c'était être injuste et tout passer ! 

Bien sûr, je leur ai répondu "oui, j'aime toutes mes classes" devant leurs yeux épatés. Parce que, même si je ne suis pas là avant tout pour cela, c'est vrai que je les aime mais cela me renvoie toujours à cette question : que veut dire aimer ? 

Je ne pense pas qu'ils en aient vraiment conscience : sans doute que moi non plus, d'ailleurs. Et en plus, il serait plus juste d'ajouter que je ne sais pas les aimer : je m'efforce de les aimer, j'ai le désir de les aimer. 

Et cela n'enlève pas l'envie qui te prend parfois de leur coller une baffe bien appliquée, 

Et que cela n'enlève pas cette affinité qui te pousse vers l'un et moins facilement vers l'autre ; 

Et que cela n'enlève pas que le 4ème ado "de base" apparaîtra toujours plus comme un relou face au gnome naïf de 6eme ; 

Et que parfois, tu seras tellement énervée d'un comportement, qui viendra en plus s'ajouter à une journée exténuante que tu auras du mal à te dire "mais lui, il est aussi aimé de Dieu !" et encore plus à le vivre ; 

Et qu'aimer pour un être humain, cela ne veut pas forcément dire "réussir à aimer". 

Aimer, ce n'est pas enlever le poids de ton humanité et de ses inhérentes opacités ; 

Aimer, c'est Lui demander de le faire pour nous quand on en devient incapable, et, surtout, de le faire par nous, à travers nous ; 

Peut-être qu'alors, et seulement une fois l'année passée, on pourra vraiment leur dire avec un certaine réalisme et une relative justesse : "oui je vous aime" en ajoutant en esprit "mais je galérais tellement que j'ai pris le joker Dieu vous aime." 

dimanche, septembre 14 2014

Ô croix sublime folie

 

 

Il y a ces croix réalistes, où le Christ est représenté souffrant,

Où l’on peut lire dans les ravins de Son visage l’horreur de la douleur insoutenable.

 

Il y a ces croix stylisées, où le Christ a déjà les bras levés, comme tendus vers la Résurrection,

Où l’on peut lire Sa gloire, l’à-venir, le triomphe sur la mort : la Vie.

 

Il y a ces croix où il n’y a rien que le bois, telle l’empreinte d’un corps,

Où l’on peut contempler, longuement, le « signe indélébile de Son Amour ».

 

 

Il y a toutes ces croix,

Et puis il y a nos croix…

Nos croix petites et grandes, celles du quotidien et les exceptionnelles,

Ces croix qu’on n’a pas à rechercher mais qui arrivent à chacun, à sa mesure ;

Ces croix qui nous font mal, qui sont rugueuses, blessantes et lourdes. 

 

Mais, toutes, Il les a déjà portées ; 

Mais en toutes, en regardant dans le même temps Sa croix, on sait qu’on a un compagnon, un frère ; un Dieu fait homme qui a aussi connu cela, ce qui le rend tout proche : on peut alors tout Lui dire, tout Lui confier car Il n’est pas un Dieu lointain et éthéré ; Il sait.

Alors toutes nos croix, on peut les mettre dans la perspective de la Sienne,

 

Dans Ta croix qui inscrit aussi un « plus », de Vie,

Dans Ta croix qui est croisement du monde et du ciel, pont que l’on a à laisser se réaliser en nous,

Dans Ta croix, nous recevons la vie, Ta vie ;  

Donne-nous, donne-moi, de savoir vivre ce mystère de la croix,

De nous y donner aussi avec et par Amour, comme on peut, même chancelant de souffrance, même tombant sous le poids de cette croix,

Parce qu’au-delà est l’horizon de la vie.

 

 

 

 

 

lundi, juillet 21 2014

Ici comme là et là-bas #prayforpeace


Le pèlerin ne peut être qu'instrument de paix : il marche, il prie comme il peut, il cause et rencontre. 

Il n'a rien que ce qu'il est - et les quelques pauvres affaires qu'il porte en son sac - et sa fatigue. 

Inconnu marchant dans l'inconnu, il n'apporte ni haine, ni ferment de division : 

Car le pèlerin est formidablement désarmé. 

Il n'attend rien, il reçoit tout et apprend à entrer dans une attitude de gratitude. 



Bien souvent, en quittant une maison où j'avais été si bien accueillie sur ce chemin, j'ai pensé à l'Evangile et à ce que le Seigneur demandait à ses disciples de faire... alors, je susurrais en partant un  : "que la paix soit sur cette maison". 


Un soir, dans un hébergement en famille, il y avait cette prière affichée dans la chambre qui m'était prêtée 

Alors que je portais particulièrement en mon coeur de prier pour la paix lors de mon pèlerinage, cela m'a touchée : 


Seigneur, que la paix soit sur ce monde, 

en ces temps où les conflits éclatent partout, où elle semble éteinte, éloignée, bannie de tant de pays, 

Seigneur, que Ta paix vienne ! 

Qu'elle vienne vite, habite et règne dans les coeurs ! 

Et aide-moi aussi à savoir la faire en moi pour qu'elle rayonne autour et commence ici ! 


"Que le Dieu de la paix suscite en tous un authentique désir de dialogue et de réconciliation. La violence ne peut être vaincue par la violence. La violence ne peut être vaincue que par la paix. Prions en silence pour demander la paix. Tous en silence" 

(pape François, à l'Angelus de ce dimanche 20 juillet 2014) 


mardi, juin 17 2014

En tout la paix du cœur

 



Les jours s’allongent, le temps se fait court ;

Les heures s’égrènent avec chaque classe, descendent sous la dizaine ;

Le travail, la to-do list se font montagne monstrueuse.

 

La mi-juin signe la bascule dans la fin d’année,

Dans ses presses, dans son soleil, invitation à la paresse,

Dans la fatigue des semaines accumulées.

 

Et même dans ma prière, les intentions se font nombreuses mais surtout sont bien lourdes… il y faut bien l’Esprit Saint pour les élever car j’en serais encore plus incapable que d’habitude !  

 

Il y a du stress et ce qu’il faut de fatigue.

Mais il est, au-delà, une paix de l’inachèvement des choses,

Mais il serait presque une paix des mails accumulés en retard,

Mais il est une paix de l’office prié quand même juste après avoir jeté un coup d’œil inquiet à sa montre,

Mais il est une paix des oraisons qui se finissent à moitié endormie, quand même.

 

Quand même.

 

Car, au plus profond des cavalcades effrénées, il y a cette paix, cette paix-là :

Elle a la saveur du silence, des retrouvailles, du cœur-à-cœur de profondeur,

Elle porte, ô combien, la saveur de tout ce qui émaille le quotidien,

Mais cette paix-là, elle diffuse à tout à son tour, la saveur du divin,

Portant Son empreinte et nous faisant y deviner, dans ce quotidien, la marque de Son pas.

 

 

samedi, mai 10 2014

Dans le secret du coeur


L'oratoire est simple : 

Une Bible, 

Une icône, 

Une bougie, 

Cette image-ci et, sur un bout de tissu, une croix : 

Rien de superflu ; 

Du silence pour conduire au secret du coeur. 

Dans le secret du coeur, que se murmure-t-il ? 

Autrui : pas toujours très en bien, j'en suis triste, honteuse... 

Mais Autrui aussi porté devant Toi, comme je le peux ; 

Moi : trop souvent, trop nombriliste, 

Et puis, tout de même, surtout Toi ; 

Du monologue trop verbeux au dialogue fructueux en passant par le nécessaire désert, long et fréquent. 

Dans le secret du coeur, 

Des mots qu'on n'entend pas, 

Des mots de silence, 

Des mots qui parlent de Vie, qui parlent d'Amour, 

Des regards yeux fermés, 

Des attitudes, des sourires, parfois des larmes. 

Dans le secret du coeur, 

Tout dire, tout confier. 

Secret du coeur : 

Face-à-face unique de silence, 

Ce silence-là même où s'allument et se contemplent les plus beaux feux, 

Face-à-face pour l'entretenir : 

pour qu'un jour, ses flammèches sachent réchauffer, voire embraser ceux qui passent à proximité ; 

Face-à-face de secret, 

Secret du coeur, 

Secret de la Vie. 

samedi, octobre 19 2013

Durant une semaine mais pour que ce soit pour la vie


"Mettez-vous à mon école car je suis doux et humble de coeur" (Matt. 11, 29) 


vendredi, septembre 13 2013

Suscipe de rentrée

Prends Seigneur et reçois, 

Tout ce début d’année, tout que cette année porte en germe, 

Tout ce que cela promet, tout ce qu’elle interdit ;  

Tous mes élèves, du dernier au premier rang, 

Tous mes collègues, mes amis, 

Tous ceux que je côtoie et côtoierai. 


Prends, Seigneur et reçois mon travail, 

Mes joies, mes peines et mes énervements, 

Mes prières, mes mots, mes regards et mes gestes, 

Mes réussites, mes échecs et mes maladresses ;  

Mon tempérament : que le souffle qui m'anime soit (le) Tien

Comme tout ce que je suis et serai. 


C’est Toi Seigneur qui m’a donné tout cela, 

Qui me le donnera chaque jour, 

Comme tout ce que je possède, comme Tu le veux. 


Alors, je Te le représente, 

Je Te le rends pour que Tu en fasses ce que Tu veux, 

Car tout est à Toi. 

Mais n’oublie pas, s’il te plaît, 

Chaque jour, donne-moi Ton Amour, qu’Il me fasse vivre ; 

Donne-moi Ta grâce, elle seule me suffit. 



Librement inspiré du Suscipe Domine de saint Ignace

jeudi, mai 30 2013

Dieu en grammaire comme dans le reste

 

 

Je me dis souvent qu’il faudrait savoir Le dire,

Malgré nos manques, nos imperfections, nos achoppements devant Lui ;

 

Qu’il faudrait certes savoir Le clamer, Le proclamer, L’annoncer,  

Avec des grands et beaux mots qui sonnent juste et vrai ; 

Mais encore plus Le laisser transparaître en nos mots à nous,

Les choisir, tous, pour qu’ils disent à chacun

« Tu sais … - ou peut-être tu ne le sais pas -  

… mais tu es aimé » !

 

Il faudrait encore et surtout laisser nos mots se convertir, s’adoucir,

Enlever toute moquerie, toute parole tueuse,

Pour qu’ils disent sans forcément l’expliciter,

Qu’Il y a un Amour qui les attend, là, tout le temps.

 

Il faudrait Le laisser se glisser en nos mots,

Lui laisser être le Verbe de nos phrases,

Pivot de celles-ci, comme de nos vies.

 

vendredi, mars 22 2013

En joyeux compagnons

 

 

 

Larges sourires à s’apercevoir,

Joie de se saluer,  chaleureusement.

 

Paroles murmurées,

Paroles affirmées,

Paroles échangées.

 

Traces de vie,

Traces de Toi,

Sur les cimes et dans les creux

Du quotidien relu, narré, prié.

 

Mots cherchant à Te connaître :

Questions bafouillées,

Coups de gueule et coups de cœur,

Liberté totale de parole,

Et de ton, et de sujets ;

Liberté totale d’écoute.

 

Mots cherchant ensemble le Verbe,

Dans le dia-Logos,

Et ces silences si denses en guise de ponctuation,

Qui T’écoutent et Te disent en même temps.

 

Mots cherchant à Te vivre :

Pardon demandé au détour d’un rdv,

Pardon donné, tête inclinée,

Pardon reçu, toujours si bouleversant de gratuité.

 

Mots cherchant à Te dire :

Quatre mains tendues humblement ensemble le temps d’un Notre Père

Pour redire ensemble leur Essentiel,

Et ce même lien filial qui les unit avant tout.

 

Béni sois-Tu Seigneur,

Pour le don de l’accompagnement spirituel,

Pour sa justesse, pour sa délicatesse,

Pour cette aide qui nous aide tant à marcher,

Un peu moins bancalement, vers Toi,

Et qui nous redit comment Toi, joyeux compagnon des routes de nos jours comme de nos nuits, Tu marches sans cesse avec nous.  

 

dimanche, janvier 27 2013

Jésus le Christ, notre lumière intérieure


 

Heure des Vêpres…

Tiens, il ne fait plus tout à fait nuit, les jours commencent à augmenter !

 

Entonner l’hymne au lieu de prier silencieusement,

Comme pour se donner du cœur à l’ouvrage,  

Et psalmodier de même,

En jetant de temps à autre un œil sur le ciel par la fenêtre et l’autre sur la petite croix de ma chambre.

 

Ne pouvoir se défendre de ce drôle de double sentiment d’amertume et de joie qui est en moi  quand je chante le Magnificat,

Mais me sentir tout à fait là où je devais être quand vient le moment de l’intercession,

Parce qu’elle peut venir, en écho des psaumes, exprimer toutes les prières qui m’habitent,

Qui se bousculent trop souvent en brouhaha en ce moment ;

Alors utiliser d’autres mots, pour dire autrement, pour dire mieux.

 

Et rester sur celle-ci :

« Jésus, soleil de nos vies, tandis que baisse le jour, nous te prions pour tous les hommes : qu’ils se confient toujours à Ta lumière sans déclin. »

 

Regarder le ciel devenu presque nocturne en souriant ;

Et prier encore…

 

Que le Christ soit la lumière de toutes nos vies,

Qu’Il éclaire nos obscurités multiples,

Nos zones d’ombre,

Nos coins laissés flous de tristesse,

Les miens,

Et les vôtres,

Et les leurs ;

 

Qu’Il réchauffe nos amertumes,

Qu’Il transmette la flamme chaleureuse de l’amour fraternel,

Qu’Il ranime sans cesse la joie de nos cœurs,

Qu’Il fasse grand jour ou grande nuit pour nous, 

Au brasier toujours luminescent,

Au brasier sans cesse incandescent de Son amour.

 

 

dimanche, janvier 13 2013

Bernanos, ou la joie éclatante au cœur des ténèbres


 

Mettre une simple citation de Bernanos sur Facebook éveille parfois une discussion inattendue… d’autant plus quand elle est avec un de ses oncles ! Je ne vais pas rentrer dans les détails ici mais tout a eu pour source cette citation du Journal d’un curé de campagne que je trouve magnifique et qui s’adaptait à mon état d’esprit. Je cite donc :

 

« Mais c’est du sentiment de sa propre impuissance que l’enfant tire humblement le principe même de sa joie. »

 

Mon oncle a rebondi sur différents points mais, quant à l’auteur en lui-même, il disait : « Bernanos est un romancier du ressentiment, de la culpabilité et du désespoir » alors, que pour moi, Bernanos est le romancier de la joie ! D’ailleurs, l’un de ses romans porte même ce titre et je ne crois pas que ce soit un hasard.

 

L’ambiance des romans de Bernanos est certes lourde et pesante à chaque ligne comme si la bourbe du Mal et du péché empêchait aux phrases de prendre leur envol. Y percevoir la joie semble peu aisé car il ne s’agit pas d’une joie légère ou superficielle, il ne s’agit même quasiment pas d’humour dans ses romans et dans celui-ci en particulier – quel triste sire en apparence que le pauvre curé d’Ambricourt !

 

Et pourtant, et pourtant … « l’enfer, c’est de ne plus aimer » dit-il à la comtesse lors de leur mémorable entretien ! Et que lui répond-elle dans sa dernière lettre ? « Je ne suis pas résignée, je suis heureuse. […] J’irai me confesser demain à l’abbé X… [ …] J’ai péché volontairement contre l’espérance, à chaque heure du jour. » N’est-ce donc pas le curé qui la rend à la vraie joie ? En lui montrant qu’elle peut déposer, et donc dépasser aussi bien sa douleur de mère que le poids de son péché ? Que l’espérance est plus grande, que le bonheur est plus vaste ?

 

Et le curé est-il si triste pour s’exclamer en mourant, à l’instar de la petite Thérèse : « tout est grâce » ?

 

Alors que dire de cette citation si ce n’est que je la lis comme un appel à nous tourner humblement, les mains vides vers Dieu pour qu’il nous comble de joie ?

Encore plus profondément : comme un appel à savoir que nous n’avons rien à nous pour Le laisser emplir notre existence ?

« Te ipsum tibi reddam quando te mihi reddidero » (« Je te rendrai à toi-même lorsque je t'aurai rendu à moi ») fait dire à Dieu saint Augustin.

Impuissants… mais pouvant tout en Dieu !

 

mardi, janvier 8 2013

Conduis-nous, Seigneur

 

Quelques mois maintenant que je prends la voiture tous les matins – hors vacances scolaires.

Quelques mois que je fais ce petit geste anodin de mettre, à chaque fois, la clef de la Zaboumobile dans le contact pour la démarrer.

 

Hier, c’était la rentrée, le premier jour de travail pour l’année civile 2013.

 

Pourtant, déjà, que de choses vécues pour cette nouvelle année :

Des belles joies,

Des propositions inattendues,

Des merveilles à vivre que je n’imagine pas encore,

Et cette foutue tristesse au coeur de proches extrêmement malades.

De l’humanité, de la bête humanité mais à fond, quoi.

 

En m’installant dans la Zaboumobile, je songeais à mes élèves, avec joie et je songeais à mes proches, avec peine ;

Et c’est alors qu’allumer le contact fut l’occasion d’un autre type de contact, pas du 3ème type, non, non mais simplement de Lui lancer un mot en mon cœur,

Peut-être comme des vœux que je Lui formulais en forme de supplique :

 

Seigneur,

Je ne sais pas de quoi demain sera fait mais j’y aurai besoin de Toi,

J’y ai besoin de Toi, au quotidien, :

Prends le volant des tempêtes comme des routes ensoleillées, Seigneur, pour que cela soit Toi qui y  conduises

Garde chacun et garde-moi sous Ta protection,

Et conduis nous tous à bon port, où Tu le veux, 

Et l'année sera belle. 

 

jeudi, décembre 27 2012

Aux éclats de Noël

- Messe du soir pour les familles, joyeux désordre de rires et d’enfants.

Être envoyée, au tout dernier moment, comme ministre extraordinaire de la communion. Service qui me bouleverse à chaque fois, je l’ai déjà écrit, et qui s’est retrouvé encore plus fort : de le faire à Noël, où Dieu se donne à nous dans la fragilité d’un enfant et puis de le faire pour certaines personnes. De donner ce pain que je crois Corps du Seigneur, Pain de Vie, à ces frères inconnus rarement là qui seraient surpris de savoir combien ils manquent, à ces frère paroissiens connus que je vois chaque semaine, à quelques-uns de ces jeunes dont je m’occupe, à la maman de ma future filleule avec un large sourire, à mon propre frère et puis aussi à ces membres de ma propre famille rarement là. 

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samedi, octobre 13 2012

Mains tendues : les miennes, les tiennes, les Siennes

 

Parce qu’en folâtrant dans ses papiers, on finit toujours par retomber sur de vieux textes, recopiés là comme ça, sans trop savoir pourquoi, à une époque indéterminée de notre vie. On ne s’en rappelle même plus vraiment. Un jour, on les retrouve, sous une feuille, par un concours de circonstances, et il deviennent étrangement loquaces. Au coeur. 

 

 

« La grâce des grâces serait de s’aimer humblement soi-même, comme n’importe lequel des membres souffrants de Jésus Christ.

Encore faut-il avoir appris ce que « tomber » veut dire, comme tombe une pierre dans la nuit de l’eau.

Ce que veut dire « craquer », comme un arbre éclate aux feux ardents du gel, sous l’éclair bleu de la cognée.

Que peuvent savoir de la miséricorde des matins, ceux dont les nuits ne furent jamais de tempêtes et d’angoisse ?

Qui n’a jamais tendu la main, en criant « au secours », ne sait pas qu’un autre main peut secourir.

Qui a tendu la main en criant « au secours », entendra le cri – silencieux – d’autres mains que la sienne.

Pour retentir à ces atteintes, il faut avoir vécu – et vivre encore – en haute mer, menacé sans doute, naufragé peut-être, mais à la crête des certitudes royales.

L’amour alors peut faire son œuvre, nous féconder, nous rajeunir, nous re-joindre.

Que nous soyons dans l’inquiétude, le doute et le chagrin ; que nous marchions, le cœur serré, dans la vallée de l’ombre et de la mort ; que nos visages n’aient d’autre éclat que ceux – épars – d’un beau miroir brisé. Un Amour nous précède, nous suit, nous enveloppe…

L’Inconnu d’Emmaüs met ses pas dans les nôtres et s’assied avec nous à la table des pauvres.

 

Malgré tous les poisons mêlés au sang du cœur, au creux de ces hivers dont on n’attend plus rien, rayonne désormais un invincible été.

Morts de fatigue, nous ne saurions rouler que dans les bras de Dieu.

Nous avons rendez-vous « sur un lac d’or » !

Le miroir est sans ride.

Du fond de toute détresse émerge un vrai Visage. […]

Du fond des terres où rayonnent ces images, le Père des Miséricordes ne cesse de s’engendrer des fils, sous le couvert annonciateur et fécondant de mains plus vastes que des ailes.

L’ombre d’un grand oiseau nous passe sur la face.

Les vrais regards d’amour sont ceux qui nous espèrent. »

 

P. Paul Baudiquey

 

 

dimanche, septembre 23 2012

Dans le rétroviseur de la semaine…

 

 

 

Journée de labeur, donnée à enseigner

Journée studieuse, passée à corriger, à lire, à étudier

Journée souriante et joyeuse, dédiée à l’amitié

Journée heureuse de voir ces liens se créer, ces deux-là un peu plus s’engager,

Journée orante, à Toi seul consacrée

Journée pluvieusement orageuse, de celui-là proche, salement amoché,

Dimanche… dimanche.

 

Chaque jour est tantôt l’un, tantôt l’autre,

Tantôt aux thèmes tous mêlés, harmonieusement ou en dysharmonie brouillonne ;

Tantôt à dominante, à coloration unique et inattendue.

 

Semaine parvenant au sommet dominical : fin et début,

Aboutissement de la semaine et force pour la commencer.

 

Et, avant dimanche, regarder la semaine passée, le samedi soir, dans la prière ;

Te rendre grâce, Te demander pardon,

Te dire qu’il y a des trucs qui se passent dans ma vie que je ne comprends pas, où j’aimerais bien que Tu m’expliques ;

T’avouer qu’il y a des domaines dans ma vie où je galère grave ;

Mais m’émerveiller de la diversité de ce que Tu me donnes de vivre ;

Et de ces moments où j’aperçois Ton éclat quand je m’y attendais le moins ;

Et Te redonner ces jours, à Toi qui me les as donnés :

Sache lier, sache relier ensemble tant d’éléments disparates, parfois un peu de guingois, qui, en Toi seul, trouvent leur unité ;

 

Et donne-leur, à ces jours, d’avoir su, un peu, de savoir, un peu plus, Te refléter, même a posteriori, dans leurs fruits, comme pour donner l’exemple, l’élan, à ceux qui viendront !

 

samedi, juillet 28 2012

Brèche de surnaturel


Tu m’as dit avec une sorte d’avidité : « Raconte-moi »…

Alors, j’ai cherché mes mots, spécialement pour toi.

 

J’ai dit des choses,

J’ai tâché de te décrire

Des lieux, une expérience, des rencontres.

 

Je t’ai montré quelques photos,

Je t’ai parlé de la fabuleuse lumière de ce champ,

Je t’ai dit mon amour de l’art roman et ce qu’il laisse toujours passer pour moi,

Je t’ai dit des visages, des discussions à n’en plus finir, des sourires qui allaient au-delà de la barrière de la langue.

 

J’ai tenté de te donner quelques fragments de ce que j’avais pu vivre, là-bas ;

Avec le plus de franchise, avec le plus de cœur possible.

 

Pourtant, malgré mon enjouement, cela ne reste bien que fragments,

D’abord parce que la parole reste toujours – et heureusement ! – en deçà de la vie

Mais aussi parce que tu ne crois pas,

Et que tu ne veux pas que j’en parle.

 

Alors, je ne t’ai pas dit mes moments de prière,

Je ne t’ai pas dit les messes quotidiennes sauf pour ces moments plus originaux qui t’ont fait sourire,

Je ne t’ai pas dit la louange qui m’emplissait le cœur quotidiennement face à la Création ;

Je ne t’ai pas dit…

 

Du coup, je n'ai su que t’indiquer d'une parole ces brèches dans lesquelles je vois Dieu,

Te sourire pour te montrer que ces brèches me font vivre.

 

Et puis, un autre truc que je ne t’ai pas dit, à toi,

Par pudeur autant que par respect de ta volonté,

C’est que dans ces jours-là,

Au détour du chemin, j’ai moi aussi cherché à ouvrir comme une brèche de surnaturel :

J’ai prié avec mes pauvres moyens, oui, et j’y ai aussi prié pour toi.


vendredi, juillet 6 2012

Chrétiens, n'hésitons pas à demander plus de transparence !


 

Il a les yeux brillants de joie.

Il n’arrive pas à la contenir cette joie, tant cette réussite lui tenait à cœur.

Il a besoin d’en parler, il ne peut pas en rester là : il en parle, longuement…

Il en parle avec emphase, il a les yeux un peu perdus au loin et l’on sent à chacun de ses mots combien cela lui a coûté, tout ce qu’il a pu mettre de lui dans cette épreuve.

La joie se transforme en confidence, en émotion.

Emerveillée et désemparée, entre balbutiement et mutisme : je me contente de prier.

 

 

On se connaît depuis peu et l’on se parle à l’occasion d’un trajet en train.

Et soudain, à la grande vitesse de l’imprévu, elle me confie la grande douleur, le grand malheur de sa vie. Elle a les yeux rouges… Et en même temps, elle témoigne d’une folle et d’une formidable Espérance.

Je suis à côté d’elle, on ne se regarde pas : je ne sais qu’oser dire.

Je me sens maladroite et, là encore, je ne peux que prier.

 

 

Des moments intenses et inattendus comme ceux-là, nous en connaissons tous.

 

Y être témoin alors, ce n’est sans doute pas simplement dire, ce n’est même peut-être pas simplement être.

 C’est sans doute aussi simplement écouter ce que la vie nous présente, moments souvent cachés dans le plus prévisible de nos vies : être attentifs et prendre ce temps-là où Dieu nous appelle, où Il nous attend, très précisément.

A chaque fois, prier, et, peu à peu, demander à Dieu la transparence pour Le révéler quand nos pauvres moyens humains se trouvent tout débordés.

 

lundi, février 20 2012

Grandeur et pauvreté de la prière


 

 C’était hier à table, les circonstances difficiles qui nous entouraient faisaient qu’on parlait de la prière.

 

Je ne sais pas si vous avez déjà essayé mais il est difficile de parler profondément de la prière en dehors de quelques personnes choisies et dans un cadre plus vaste qu’un dialogue en tête-à-tête.

Enfin, moi j’ai du mal en tout cas.

 

Dire « je prie » avec un grand sourire, oh, ça, c’est facile mais dire comment !

Dire ce qu’est ce moment si particulier, c’est difficile parce que tout se situe entre ce qui nous dépasse, cette relation de cœur à cœur avec Dieu alimentée par cet « Esprit Saint qui vient au secours de notre faiblesse car nous ne savons pas prier comme il faut », et la pudeur de notre âme.

Grandeur et force indicible de la prière…

 

Quand la situation évoquée est si absurdement terrible,

Quand les mots et gestes humains semblent si ridiculement petits,

Quand les larmes affleurent au coin des yeux des uns et des autres,

La conversation se fait aporie et glisse facilement vers la prière…

 

Seule solution ? Pourtant la prière, elle n’est pas claquement de doigts superstitieux !

Elle aussi, elle ne sait que s’avouer pauvreté face à la souffrance humaine.

Elle est confiance mais, face au monde, elle ne saurait se dire que pauvreté.

 

Dire cela, c’est s’exposer à s’entendre nous répondre : « Non, ne me dis pas que ta prière est pauvre, que c’est un désert ! Pas toi, la catholique pratiquante ! »

 

Dans la vie de prière, il y a des hauts, il y a des bas – et le pire c’est que cela ne correspond pas forcément à nos « hauts » et à nos « bas » dans notre relation avec le Seigneur.

La vie de prière, ce n’est pas un long fleuve tranquille où  tout irait bien dans le pays des bisounours, de préférence peint en rose bonbon parce que c’est plus mièvre : la vie de prière, c’est l’épreuve de la fidélité et de l’amour, au jour le jour.

Avec Dieu qui conduit la barque et par qui il faut accepter de se laisser mener même dans les coins arides, dans ces coins perdus, la nuit, où tu ne vois et ne comprends rien.

 

Oui, finalement, je n’ai pas peur de dire cela : face à la souffrance humaine, ma prière, bien que confiante, est pauvreté et désert.

Mais l’Esprit Saint m’aide à la porter à Son cœur en gémissant à l’unisson avec moi, comme pour me donner le ton ;

Et Dieu est là pour l’écouter ce gémissement, même si je ne comprends pas.

Grandeur et force indicible de la prière. 

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